Au Soudan, les combats continuent et l'aide n'arrive toujours pas

Cette photo publiée sur la page Facebook de l'armée soudanaise le 30 mai 2023 montre le chef de l'armée Abdel Fattah al-Burhan applaudissant avec des soldats alors qu'il visite certaines de leurs positions à Khartoum. (Photo page Facebook SUDAN'S ARMED FORCES / AFP)
Cette photo publiée sur la page Facebook de l'armée soudanaise le 30 mai 2023 montre le chef de l'armée Abdel Fattah al-Burhan applaudissant avec des soldats alors qu'il visite certaines de leurs positions à Khartoum. (Photo page Facebook SUDAN'S ARMED FORCES / AFP)
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Publié le Mercredi 31 mai 2023

Au Soudan, les combats continuent et l'aide n'arrive toujours pas

  • Mardi, raids aériens et combats ont continué jusque tard dans la nuit à Khartoum et au Darfour, vaste région frontalière du Tchad
  • La guerre a déjà fait plus de 1.800 morts, selon l'ONG ACLED, et près d'un million et demi de déplacés et de réfugiés selon l'ONU

KHARTOUM: Raids aériens et combats ont encore fait rage mardi au Soudan, malgré une nouvelle prolongation de la trêve pour tenter d'acheminer une aide humanitaire vitale dans ce pays au bord de la famine.

En guerre depuis le 15 avril, l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo, ont accepté lundi soir de prolonger de cinq jours un cessez-le-feu théoriquement en vigueur depuis le 22 mai.

Mais sur le terrain, les raids aériens, tirs d'artillerie et mouvements de blindés n'ont jamais cessé.

Mardi, raids aériens et combats ont continué jusque tard dans la nuit à Khartoum et au Darfour, vaste région frontalière du Tchad, ont raconté des habitants à l'AFP.

"Il n'y a pas de cessez-le-feu au Soudan", affirme le chercheur Rashid Abdi, du Rift Valley Institute.

La guerre a déjà fait plus de 1.800 morts, selon l'ONG ACLED, et près d'un million et demi de déplacés et de réfugiés selon l'ONU.

"Les pillages sont devenus monnaie courante à Khartoum, avec des quartiers entièrement ratissés", témoigne un humanitaire du Norwegian refugee council (NRC).

Et les deux belligérants ne semblent pas vouloir faire taire les armes.

"L'armée est prête à se battre jusqu'à la victoire", a lancé le général Burhane en visitant ses troupes à Khartoum mardi.

Les FSR, elles, disent continuer à exercer "leur droit de se défendre" face "aux violations de la trêve par l'armée".

«Malnutrition aiguë»

Le Soudan était déjà avant la guerre l'un des pays les plus pauvres du monde. Un habitant sur trois y souffrait de la faim, les longues coupures d'électricité étaient quotidiennes et le système de santé au bord de l'écroulement.

Après près de sept semaines de guerre, 25 des 45 millions de Soudanais ont besoin d'aide humanitaire pour survivre, selon l'ONU.

Parmi eux, plus de 13,6 millions d'enfants, souligne l'Unicef, dont "620.000 en état de malnutrition aiguë qui, pour moitié, pourraient mourir s'ils ne sont pas aidés à temps".

Les trois-quarts des hôpitaux des zones de combat sont hors d'usage, les autres n'ont quasiment plus d'équipements ni de médicaments.

Jusqu'ici, les humanitaires n'ont pu acheminer que de petites quantités de nourriture ou de médicaments car leurs employés ne peuvent se déplacer et leurs cargaisons sont bloquées aux douanes.

"L'aide alimentaire distribuée il y a des semaines ne suffisait que pour quelques jours" à Madani, une ville au sud de Khartoum qui accueille les déplacés de la capitale, raconte Ahmed Omer, du NRC, en décrivant ceux qui "dorment par terre, les enfants malades, les femmes enceintes et les personnes âgées qui ont besoin de soins vitaux".

Au Darfour, certaines régions sont coupées du monde, sans électricité, sans internet ni téléphone et les militants disent redouter le pire alors que des réfugiés au Tchad racontent les tueries et les incendies nés des combats.

Si Ryad et Washington se félicitent régulièrement d'une baisse des violences, d'autres envisagent déjà une guerre longue et des destructions sur le long terme. Le groupe Haggar, un poids-lourd du secteur agricole, le premier employeur du Soudan, a annoncé suspendre ses activités et investissements dans le pays.

«Irresponsable»

De nombreux Soudanais redoutent désormais "une guerre civile totale", selon les Forces de la liberté et du changement (FLC), le bloc civil évincé du pouvoir lors du putsch mené en 2021 par les deux généraux, alors alliés et aujourd'hui en guerre.

Les appels à armer les civils se multiplient.

Au Darfour, déjà ravagé dans les années 2000 par une guerre meurtrière, des milices locales, combattants tribaux et civils armés ont rejoint les combats. Le gouverneur Minni Minnawi, un ancien chef rebelle aujourd'hui proche de l'armée, a appelé dimanche la population à prendre les armes "pour protéger ses biens".

"Il faut s'armer, car tout le monde est en danger", plaide Aboubaker Ismaïl, un habitant de la région, parlant d'attaques contre des habitants chez eux, ou de pillages.

Mais, rétorque Mohammed Hassan, un habitant de Nyala, la capitale du Darfour-Sud, appeler les civils à s'armer est "totalement irresponsable: c'est un appel très dangereux qui peut nous mener à la guerre civile".

Le Tchad, le Soudan du Sud ou l'Ethiopie, des Etats voisins eux-mêmes en proie à des violences, redoutent une contagion et réclament des aides à l'ONU, qui en retour répète n'avoir reçu qu'une infime part des fonds de ses bailleurs.

Et dans quelques jours, la saison des pluies commencera et avec elle la crainte d'épidémies de paludisme ou de choléra.


«Peuple, Planète, prosperité»: les maîtres mots de la Journée mondiale du tourisme en Arabie saoudite

La Journée mondiale du tourisme 2023 est une plate-forme importante qui permet au monde entier de célébrer les succès du secteur (Photo, Shutterstock).
La Journée mondiale du tourisme 2023 est une plate-forme importante qui permet au monde entier de célébrer les succès du secteur (Photo, Shutterstock).
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  • Plus de 500 responsables gouvernementaux et industriels de 120 pays sont présents à Riyad les 27 et 28 septembre
  • L'Arabie saoudite préside le Conseil exécutif de l'OMT pour 2023 et accueille son siège au Moyen-Orient

RIYAD: Depuis qu'elle a totalement ouvert ses frontières aux visiteurs, lancé un système flexible de visas électroniques et commencé à développer une large gamme d'attractions touristiques de luxe, de patrimoine et d'aventure, l'Arabie saoudite s'est réinventée en quelques années seulement pour devenir un marché touristique émergent majeur.

L’Arabie saoudite est donc considéré par beaucoup comme le choix naturel pour accueillir plusieurs événements à l'occasion de la Journée mondiale du tourisme 2023, une journée internationale (27 septembre) qui a été créée par l'Organisation mondiale du tourisme des Nations unies (OMT) pour célébrer le pouvoir du secteur à rapprocher les cultures.

Les réunions et discussions de cette année, qui se tiendront à Riyad les 27 et 28 septembre, porteront sur les défis et les opportunités pour l'industrie, dans le cadre des thèmes centraux de l'organisation, à savoir «les personnes, la planète et la prospérité».

L'Arabie saoudite préside cette année le Conseil exécutif de l'organisation, et Riyad accueille son premier bureau régional au Moyen-Orient, ce qui fait du Royaume un ambassadeur important pour le tourisme dans la région.

L'Arabie saoudite a ouvert plus largement ses frontières aux touristes étrangers en 2019 et a introduit son système de visa électronique (Photo, Commission royale pour Alula).

Plus de 500 fonctionnaires gouvernementaux se joindront à des experts et à des chefs d'entreprise de 120 pays pour participer à ces évènements, qui examineront les moyens mis en œuvre par le secteur pour se remettre des répercussions économiques de la pandémie de la Covid-19 et pour répondre aux appels à une plus grande durabilité environnementale et sociale.

«Nous avons une occasion historique de tracer une nouvelle voie pour le secteur mondial du tourisme, axée sur le développement durable, la création d'emplois et la résilience économique», a déclaré Ahmad al-Khateeb, le ministre saoudien du Tourisme.

«Le tourisme, en tant que catalyseur du changement, favorise la compréhension mutuelle, jette des ponts et préserve le patrimoine culturel et l'environnement, contribuant ainsi à un monde plus harmonieux», a-t-il ajouté.

«La Journée mondiale du tourisme 2023 est une plate-forme importante qui permet au monde entier de célébrer les succès du secteur et d'explorer des solutions à ses défis. L'Arabie saoudite est honorée d'accueillir cet événement prestigieux et nous sommes impatients de recevoir à Riyad les leaders du tourisme des secteurs public et privé.»

Selon les organisateurs, la Journée mondiale du tourisme de cette année devrait être la plus importante et la plus marquante des quarante-trois années d'existence de l'événement.

Outre Al-Khateeb, le secrétaire général de l'OMT, Zurab Pololikashvili, le ministre saoudien des Investissements, Khaled al-Falih, la vice-ministre du Tourisme, la princesse Haifa bent Mohammed, la secrétaire d'État espagnole à l'industrie, au commerce et au tourisme, Rosa Ana Morillo Rodriguez, la ministre sud-africaine du Tourisme, Patricia de Lille, la ministre croate du Tourisme et des Sports, Nikolina Brnjac, et le ministre turc de la Culture et du Tourisme, Mehmet Ersoy, figureront parmi les autres participants.

Le ministère du Tourisme de l’Arabie saoudite a été créé en 2020 pour placer le secteur au premier plan de la Vision 2030 (Photo, SPA).

La liste des intervenants comprend également Pansy Ho, secrétaire générale du Global Tourism Economy Forum, et les PDG d'un certain nombre d'entreprises et d'organisations, dont Ibrahim Koshy de Saudi Arabian Airlines, Pierfrancesco Vago de MSC Cruises, Greg Webb de Travelport, Ritesh Agarwal de OYO, Julia Simpson du World Travel and Tourism Council, et Matthew Upchurch de Virtuoso.

«En cette Journée mondiale du tourisme, nous nous concentrons sur la nécessité vitale d'investir dans l’élaboration d'un secteur plus durable pour les hommes, la planète et la prospérité», a déclaré Pololikashvili.

«Cette journée montre aussi clairement pourquoi l'OMT souligne la nécessité d'investir dans l'éducation et d'accroître l'innovation comme fondements de la croissance et de la transformation à long terme. La célébration officielle de cette année en Arabie saoudite reflète la manière dont le tourisme est adopté pour diversifier les économies et générer des opportunités pour tous», a- t-il précisé.

 L'industrie touristique saoudienne, qui connaît une croissance rapide, est stimulée par le programme de réforme sociale et de diversification économique, la Vision 2030 du gouvernement. Le secteur devrait représenter 10% du produit intérieur brut du pays d'ici 2030 et créer 1,6 million d'emplois.

Plus de 500 responsables gouvernementaux se joindront à des experts et à des chefs d'entreprise de 120 pays lors des évènements organisés dans le cadre de la Journée mondiale du tourisme 2023 (Photo, Diriyah).

Le tourisme est l'un des principaux moteurs de la croissance économique mondiale et devrait contribuer à hauteur de 9 500 milliards de dollars (1 dollar américain = 0,95 euro) au PIB mondial rien que cette année, selon le Conseil mondial du voyage et du tourisme.

Cela correspond aux prévisions de l'OMT selon lesquelles le tourisme est en passe de retrouver entre 80 et 95% des niveaux d'avant la pandémie cette année, et de dépasser les niveaux de 2019 en 2024.

C'est une très bonne nouvelle pour les économies nationales des marchés touristiques traditionnels et émergents, car le secteur n'offre pas seulement une multitude d'emplois et d'opportunités commerciales, il joue également un rôle important de «manière douce» en promouvant la compréhension interculturelle.

«Le tourisme est un puissant vecteur de progrès et de compréhension mutuelle», a déclaré Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies. «Mais pour en tirer tous les bénéfices, cette force doit être protégée et entretenue.»

«En cette Journée mondiale du tourisme, nous reconnaissons le besoin vital d'investissements verts pour construire un secteur du tourisme qui soit bénéfique aux personnes et à la planète. Faisons donc tous davantage pour exploiter tout le potentiel du tourisme durable. Car investir dans le tourisme durable, c'est investir dans un avenir meilleur pour tous», a-t-il indiqué.


Mort de militaires: Mohammed ben Salmane présente ses condoléances au roi de Bahreïn

Le prince héritier saoudien présente ses condoléances au roi de Bahreïn après la mort de militaires (Photo, SPA/BNA).
Le prince héritier saoudien présente ses condoléances au roi de Bahreïn après la mort de militaires (Photo, SPA/BNA).
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  • Deux militaires bahreïnis ont été tués près de la frontière sud de l'Arabie saoudite avec le Yémen
  • Le commandement militaire de Bahreïn a déclaré qu'une attaque de drone menée par les rebelles houthis du Yémen en était la cause

RIYAD: Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, a passé un appel téléphonique au roi de Bahreïn, Hamad ben Issa al-Khalifa, a rapporté mercredi l'Agence de presse saoudienne.

Le prince héritier a présenté ses condoléances pour les deux militaires bahreïnis tués près de la frontière sud de l'Arabie saoudite avec le Yémen et a souhaité un prompt rétablissement aux blessés.

Le roi Hamad a exprimé ses remerciements et sa reconnaissance au prince héritier et a affirmé que Bahreïn était fier des deux soldats, qui accomplissaient leur devoir national.

Les corps des militaires décédés, le lieutenant Moubarak Hachel Zayed al-Kubaisi et le caporal Yaqoub Rahmat Moulai Mohammed, sont arrivés lundi à la base aérienne d'Issa à bord d'un avion de l'armée de l'air royale bahreïnienne, a déclaré l’agence de presse de Bahreïn.

«Attaque perfide»

Le commandement militaire de Bahreïn a déclaré qu'une attaque de drone menée par les rebelles houthis du Yémen avait tué les deux soldats bahreïnis – dont un officier – à la frontière méridionale de l'Arabie saoudite tôt lundi. Les soldats patrouillaient dans la région.

Auparavant, le ministère saoudien des Affaires étrangères avait exprimé sa «condamnation et sa dénonciation» de «l'attaque perfide contre les forces de défense du Royaume de Bahreïn stationnées à la frontière sud de l’Arabie saoudite, qui a entrainé la mort d’un nombre de ses braves soldats et la blessure d'autres».

«Le Royaume d'Arabie saoudite se tient aux côtés de Bahreïn et réitère sa position de rejet de la poursuite des livraisons d'armes à la milice terroriste houthie, ainsi que ses appels à l'interdiction des exportations d'armes vers les territoires yéménites», a déclaré le ministère dans un communiqué.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les experts de l'ONU exhortent l'Autorité palestinienne à prévenir l’usage de la torture

Des membres arrêtés du mouvement Hamas dans leur cellule dans une prison de l'Autorité palestinienne, à Jénine (Photo, AFP).
Des membres arrêtés du mouvement Hamas dans leur cellule dans une prison de l'Autorité palestinienne, à Jénine (Photo, AFP).
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  • Les experts préoccupés par la mise en œuvre de mesures de prévention de la torture pendant la détention et par la mise en place d'un mécanisme national de prévention
  • «Nous regrettons que, malgré tous nos efforts, nous n'ayons pas pu visiter les centres de détention à Gaza», a signalé Fink

LONDRES: L'Autorité palestinienne doit améliorer les garanties juridiques fondamentales contre la torture et les mauvais traitements, ont déclaré les experts des droits de l'homme des Nations unies.

Une déclaration a été publiée lundi par les membres du sous-comité des Nations unies pour la prévention de la torture à la suite d'une visite en Palestine du 10 au 21 septembre.

La délégation a visité 18 lieux de détention en Cisjordanie, notamment des prisons, des postes de police, des locaux des forces de sécurité, un hôpital psychiatrique et un centre de détention militaire.

Elle a pris note des efforts récents du gouvernement, soulignant les modifications positives apportées au code pénal, mais reste préoccupée par la mise en œuvre de mesures de prévention de la torture pendant la détention et par la mise en place d'un mécanisme national de prévention.

Les membres de la délégation ont rencontré des responsables de haut niveau, notamment le Premier ministre et le ministre de l'Intérieur, qui coordonne l'équipe nationale de suivi des engagements de l'État.

Ils ont également rencontré la Commission indépendante des droits de l'homme, en coordination avec son antenne de Gaza.

Centres à Gaza inaccessibles 

Le groupe s'est aussi entretenu avec des organismes travaillant sur la législation relative au mécanisme national de prévention. Daniel Fink, le chef de la délégation, a exprimé l'espoir que la visite encouragerait la création de ce mécanisme.

«En particulier, nous attendons avec impatience la mise en place d'un organe indépendant capable de remplir son mandat conformément aux obligations juridiques internationales de l'État, notamment des visites improvisées dans tous les lieux de privation de liberté.»

La Palestine est partie à la Convention contre la torture et à son protocole facultatif depuis 2014 et 2017, respectivement.

Les États qui ratifient le protocole donnent au sous-Comité pour la prévention de la torture le droit de visiter les lieux de détention et d'enquêter sur le traitement des personnes qui y sont détenues.

Fink a indiqué que le groupe avait reçu l'entière coopération de l'Autorité palestinienne pour visiter des sites en Cisjordanie.

«Nous regrettons que, malgré tous nos efforts, nous n'ayons pas pu visiter les centres de détention à Gaza», a-t-il cependant signalé.

Le sous-comité pour la prévention de la torture est composé de 25 experts indépendants et impartiaux du monde entier qui veillent au respect du protocole facultatif.

La délégation devrait présenter un rapport confidentiel à l'Autorité palestinienne dans les prochains mois.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com