A Montpellier, la gauche anti-Mélenchon veut passer la vitesse supérieure

Le patron des socialistes Olivier Faure à Saint-Brevin-les-Pins, dans l'ouest de la France, le 24 mai 2023 (Photo, AFP).
Le patron des socialistes Olivier Faure à Saint-Brevin-les-Pins, dans l'ouest de la France, le 24 mai 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 03 juin 2023

A Montpellier, la gauche anti-Mélenchon veut passer la vitesse supérieure

  • Anne Hidalgo souligne que le PS «ne va pas bien du tout, mais nous lui redonnons de l'énergie par le travail»
  • Depuis sa douloureuse naissance en mai 2022, dans le sillage du premier tour de la présidentielle, l'union de la gauche Nupes a beaucoup offert le spectacle de ses divergences

MONTPELLIER : La gauche anti-Mélenchon est réunie samedi à Montpellier pour tenter d'offrir une alternative à la ligne pro-Nupes défendue par le patron des socialistes Olivier Faure. Mais certaines de ses figures nourrissent leurs propres ambitions et pourraient se retrouver rapidement en concurrence.

Ce raout est organisé par le courant Refondations du maire de Rouen, numéro 2 du PS et principal opposant à Olivier Faure, Nicolas Mayer-Rossignol.

A la tribune, la présidente de la région Occitanie, Carole Delga, la maire de Paris, Anne Hidalgo, celui de Montpellier, Michaël Delafosse, l'ex-candidat à la présidentielle Benoît Hamon... L'ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve n'a pas fait le déplacement, mais doit s'exprimer en vidéo.

Stratégie parlementaire contre la réforme des retraites, affaire Quatennens, élections européennes: depuis sa douloureuse naissance en mai 2022, dans le sillage du premier tour de la présidentielle, l'union de la gauche Nupes a beaucoup offert le spectacle de ses divergences.

Et les initiatives se multiplient pour tenter de fédérer ceux qui critiquent l'accord conclu entre La France insoumise, les socialistes, les écologistes et les communistes.

Mi-mai, l'ex-Premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadelis a organisé un rassemblement de la social-démocratie. Samedi prochain, Bernard Cazeneuve, qui a lancé son propre mouvement, la Convention, sera en meeting à Créteil.

Nicolas Mayer-Rossignol veut lui peser de l'intérieur du PS avec Anne Hidalgo, Carole Delga ou Michael Delafosse.

Mais tous nourrissent, à des degrés divers, des ambitions nationales et pourraient rapidement se retrouver en concurrence.

Pour le moment, il s'agit "de travailler sur le fond", d'"élargir le rassemblement de la gauche, l'approfondir et l'équilibrer", explique Nicolas Mayer-Rossignol, co-président de Refondations, courant qui pèse 30% au sein du PS.

Nommé Premier secrétaire délégué à l'issue d'un congrès tendu en janvier à Marseille, ses relations avec le patron du PS se sont détériorées au point que les deux hommes ne se parlent plus.

Le maire de Rouen affirme ne "pas être anti-Nupes" et avoir convié à Montpellier "toutes les sensibilités de gauche, y compris plusieurs responsables de LFI qui ont tous décliné, tout comme Olivier Faure.

Ce dernier a même, selon plusieurs proches de Nicolas Mayer-Rossignol, appelé plusieurs invités pour les inciter à décommander.

Pour Lamia El Aaraje, co-présidente de Refondations, "Olivier Faure aurait dû venir. Cela aurait été l'occasion de dire que les dissensions du congrès de Marseille étaient terminées et que nous allons construire ensemble".

«Saisir la balle»

"C'était le moment de saisir la balle", abonde le sénateur David Assouline, " mais ce n'est qu'un début, ils viendront".

Belle prise de guerre, Benoît Hamon, qui n'avait "pas reparlé dans une enceinte socialiste depuis 2017", explique sa présence: "Vous êtes un courant du PS avec lequel il faut parler et commencer à poser les bribes de ce qui pourrait demain nous amener au succès".

"Refondations est dans une dynamique" car l'opinion publique associe Olivier Faure "aux outrances de Jean-Luc Mélenchon", estime l'ex-député socialiste européen Lièm Hoang-Ngoc, un temps rallié au tribun Insoumis, avant de le quitter avec fracas. Il faut "rassurer les gens, proposer un programme crédible, mais pas social-libéral".

La gauche est "en train de désespérer la population", relève de son côté Carole Delga, invitant à proposer "un projet cohérent et sincère".

Anne Hidalgo souligne que le PS "ne va pas bien du tout, mais nous lui redonnons de l'énergie par le travail", tandis que Michaël Delafosse assure que "la gauche de la raison n'a pas dit son dernier mot".

Au menu, des ateliers et plénières sur l'unité de la gauche, la social-écologie, la promesse républicaine ou l'Europe, l'un des principaux sujets de tension avec Olivier Faure, qui dit vouloir discuter d'une liste commune avec LFI aux élections européennes de 2024.

S'il y avait un candidat unique, "cela casserait le PS en deux, c'est la stratégie de Mélenchon", dénonce le sénateur Rémi Féraud.

"Il y a une forme de soumission à LFI qui nous mène droit dans le mur", abonde le maire de Bourg-en-Bresse, Jean-François Debat. Selon lui, les européennes doivent être "le moment possible pour modifier le rapport de force" au sein de la Nupes.


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.