Le sort d'un trésor médiéval acquis par les nazis devant la Cour suprême des États-Unis

La Cour suprême des Etats-Unis (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 08 décembre 2020

Le sort d'un trésor médiéval acquis par les nazis devant la Cour suprême des États-Unis

  • Croix en or finement ciselée, pièces d'orfèvrerie, somptueux reliquaires... L'objet du conflit porte sur des oeuvres religieuses créées entre le XIe et le XIVe siècles
  •  «Ce n'était pas une vente forcée», estime la Fondation pour l'héritage culturel prussien

WASHINGTON: La Cour suprême des États-Unis a paru hésiter lundi à laisser la justice américaine trancher le sort du trésor des Guelfes, une collection d'oeuvres médiévales acquise par le régime nazi auprès de marchands d'art juifs. 

Croix en or finement ciselée, pièces d'orfèvrerie, somptueux reliquaires... L'objet du conflit porte sur des oeuvres religieuses créées entre le XIe et le XIVe siècle, aujourd'hui exposées dans un musée berlinois. 

« Ce dossier est une affaire de restitution, de réparations pour une vente forcée avec de grandes implications financières, mais c'est d'abord une affaire de justice », a déclaré avant l'audience Jed Leiber, un musicien californien qui poursuit l'Allemagne en mémoire de son grand-père. 

Ce dernier, Saemy Rosenberg, était marchand d'art à Francfort dans les années 1920. Avec d'autres confrères juifs, il avait acheté peu avant le krach boursier de 1929 l'intégralité de son trésor au duc de Brunswick, descendant de la maison des Guelfes.  

Sur un marché sinistré, ils avaient réussi à revendre en 1932 la moitié des pièces à des collectionneurs américains, et avaient mis la quarantaine restante à l'abri dans des coffre-forts aux Pays-Bas. 

En 1935, deux ans après l'accession au pouvoir d'Adolf Hitler, ils l'avaient cédée à bas prix à l'État prussien, alors dirigé par Hermann Goering, le fondateur de la Gestapo.  

Pour M. Leiber, « c'était simplement impossible en 1935 pour un commerçant juif, et encore moins pour ceux en possession d'un trésor national allemand, d'obtenir un accord honnête avec celui qui a peut-être été le plus grand voleur d'art de toute l'histoire ».   

200 millions d'euros  

Mais l'Allemagne ne voit pas les choses ainsi. « Ce n'était pas une vente forcée », estime la Fondation pour l'héritage culturel prussien, une institution publique qui gère de nombreux musées, dont celui où est exposé le trésor des Guelfes (« Welfenschatz » en allemand). 

Berlin se fonde sur l'avis d'une commission consultative saisie après réception d'une demande de restitution en 2014. Cette instance avait estimé que le prix de la vente reflétait la situation du marché de l'art et qu'il n'existait pas de preuves de « pressions » exercées par les nazis. 

À la suite de cet avis, plusieurs descendants des marchands juifs se sont tournés vers la justice américaine pour récupérer le trésor, dont ils estiment la valeur à 250 millions de dollars minimum (plus de 200 millions d'euros). 

Ils se sont appuyés sur une loi américaine de 1976 qui interdit les poursuites au civil contre un gouvernement étranger, sauf en cas de « violations des droits à la propriété tels que définis par le droit international ». 

L'Allemagne a immédiatement introduit des recours pour stopper la procédure, arguant que cette loi ne s'appliquait pas à ce dossier puisqu'il s'agissait d'une vente entre Allemands sur le sol allemand. 

Après des revers en première instance et en appel, elle s'est tournée vers la Cour suprême des États-Unis. 

« Représailles » 

Ses neuf sages ont examiné lundi par téléphone ce débat juridique pour une décision d'ici juin 2021, qui dira seulement si les tribunaux américains sont compétents. 

Lors de l'audience, l'avocat du gouvernement allemand, Jonathan Freiman, a rappelé que la loi de 1976 avait été adoptée pour permettre aux Américains lésés par des campagnes d'expropriation dans des pays communistes, comme Cuba, de demander des dédommagements.  

Il a estimé qu'utiliser « cette modeste exception pour poursuivre des Etats souverains pour des violations des droits humains sur leur propre sol » risquait de créer des « frictions dans les relations internationales et des représailles ». 

Cet argument a semblé porter auprès de plusieurs juges, dont le progressiste Stephen Breyer. « L'esclavage, les discriminations systématiques, les traitements cruels » violent aussi le droit international a-t-il souligné, mettant en garde contre un possible « chaos » si de telles plaintes proliféraient. 

« Cette large interprétation de la loi est problématique car les quelque 700 juges fédéraux risquent d'avoir à trancher toutes sortes de plaintes », a renchéri sa consœur conservatrice Amy Coney Barrett. 

« Les nazis ne considéraient pas les Juifs allemands comme des Allemands », a rétorqué l'avocat des plaignants Michael O'Donnell, pour qui « l'Holocauste n'était pas une politique intérieure ». 

« Mon grand-père était fier d'être allemand », il avait été décoré pour ses faits d'armes pendant la Première Guerre mondiale, a rappelé M. Leiber lors d'un entretien avant l'audience. « Et pourtant il a perdu sa nationalité quand Hitler est arrivé au pouvoir ». 

« Je sais qu'il y a des débats juridiques, mais à un niveau humain, tout cela ne fait aucun sens et cela ressemble à une forme de déni de l'Holocauste », estime-t-il. « Je trouve ça dangereux ». 


La réalisatrice marocaine Asmae El-Moudir rejoint le jury Un Certain Regard à Cannes

Asmae El-Moudir est la réalisatrice du film « La Mère de tous les mensonges » (AFP)
Asmae El-Moudir est la réalisatrice du film « La Mère de tous les mensonges » (AFP)
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  • Le Festival de Cannes a annoncé jeudi que Asmae El-Moudir fera partie du jury Un Certain Regard lors de la 77e édition de l'événement
  • Un Certain Regard met en valeur les films d'art et de découverte d'auteurs émergents

DUBAÏ: Le Festival de Cannes a annoncé jeudi que la réalisatrice, scénariste et productrice marocaine Asmae El-Moudir fera partie du jury Un Certain Regard lors de la 77e édition de l'événement, qui se tiendra du 14 au 25 mai.

Elle sera accompagnée de la scénariste et réalisatrice sénégalaise Maïmouna Doucouré, de l'actrice luxembourgeoise Vicky Krieps et du critique de cinéma, réalisateur et écrivain américain Todd McCarthy.

Xavier Dolan sera le président du jury Un Certain Regard.

L'équipe supervisera l'attribution des prix de la section Un Certain Regard, qui met en valeur les films d'art et de découverte d'auteurs émergents, à partir d'une sélection de 18 œuvres, dont huit premiers films.

Asmae El-Moudir est la réalisatrice du film « La Mère de tous les mensonges », acclamé par la critique.

Le film a remporté les honneurs de la section Un Certain Regard, ainsi que le prestigieux prix L'œil d'Or du meilleur documentaire au festival de 2023. Le film explore le parcours personnel de la réalisatrice, élucidant les mystères de l'histoire de sa famille avec pour toile de fond les émeutes du pain de 1981 à Casablanca.

Asmae El-Moudir n'est pas la seule Arabe à rejoindre l'équipe de Cannes. 

L'actrice maroco-belge Lubna Azabal a été nommée cette semaine présidente du jury des courts-métrages et de La Cinef lors du festival. Les prix La Cinef sont la sélection du festival dédiée aux écoles de cinéma.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


Le plus grand projet de restauration corallienne au monde dévoilé en mer Rouge

La pépinière, construite sur la côte de Neom, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, devrait transformer les efforts de restauration corallienne grâce à une capacité de production de 40 000 coraux par an. (SPA)
La pépinière, construite sur la côte de Neom, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, devrait transformer les efforts de restauration corallienne grâce à une capacité de production de 40 000 coraux par an. (SPA)
La pépinière, construite sur la côte de Neom, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, devrait transformer les efforts de restauration corallienne grâce à une capacité de production de 40 000 coraux par an. (SPA)
La pépinière, construite sur la côte de Neom, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, devrait transformer les efforts de restauration corallienne grâce à une capacité de production de 40 000 coraux par an. (SPA)
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  • «KCRI est le plus grand projet de restauration corallienne du monde et constitue une étape importante vers la restauration des récifs à l’échelle mondiale»
  • «Les événements récents nous rappellent brutalement la crise mondiale à laquelle sont confrontés les récifs coralliens»

RIYAD: Des scientifiques de l’université des sciences et technologies du roi Abdallah (Kaust), en collaboration avec Neom, ont inauguré la première pépinière de l’Initiative de restauration corallienne de la Kaust (KCRI).

«KCRI est le plus grand projet de restauration corallienne du monde et constitue une étape importante vers la restauration des récifs à l’échelle mondiale. Une première pépinière est officiellement opérationnelle et une seconde est en cours de construction. Elles sont toutes deux situées en mer Rouge», indique un communiqué publié jeudi.

La pépinière, construite sur la côte de Neom, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, devrait transformer les efforts de restauration corallienne grâce à une capacité de production de 40 000 coraux par an.

Les chercheurs se serviront de cette installation pilote pour lancer des initiatives de restauration corallienne à grande échelle, avec notamment la pépinière de coraux terrestre la plus grande et la plus avancée au monde.

Située sur le même site, cette dernière aura une capacité décuplée et pourra produire 400 000 coraux par an. Le projet devrait être achevé en décembre 2025.

Abritant 25% des espèces marines connues, bien qu’ils couvrent moins d’1% des fonds marins, les récifs coralliens sont le fondement de nombreux écosystèmes marins. Les experts estiment que jusqu’à 90% des récifs coralliens de la planète subiront un stress thermique grave d’ici à 2050.

«Les événements récents nous rappellent brutalement la crise mondiale à laquelle sont confrontés les récifs coralliens. Nous avons donc pour ambition de trouver un moyen de faire passer les efforts de restauration actuels, à forte intensité de main-d’œuvre, à des processus industriels afin d’inverser le rythme actuel de dégradation des récifs coralliens», a expliqué le professeur Tony Chan, président de la Kaust.

Cette initiative s’aligne sur la Vision 2030 de l’Arabie saoudite et sur ses efforts pour renforcer la conservation marine en tirant parti des recherches réalisées par la Kaust sur les écosystèmes marins et en servant de plate-forme pour tester des méthodes de restauration innovantes.

«Grâce à notre partenariat de longue date avec la Kaust, nous mettrons également en lumière le rôle des récifs coralliens, qui comptent parmi les systèmes environnementaux marins les plus importants, ainsi que l’importance de leur préservation pour les générations futures», a confié le PDG de Neom, Nadhmi al-Nasr.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L’Istituto Marangoni de Milan va ouvrir un campus à Riyad

Au centre, Stefania Valenti, directrice générale mondiale de l’Istituto Marangoni, et Burak Cakmak, directeur général de la Commission saoudienne de la mode. (Photo fournie)
Au centre, Stefania Valenti, directrice générale mondiale de l’Istituto Marangoni, et Burak Cakmak, directeur général de la Commission saoudienne de la mode. (Photo fournie)
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  • La mission de l’institut en Arabie saoudite sera d’explorer de nouvelles voies pour l’accompagnement des talents locaux et de générer des possibilités d’emploi
  • L’institut possède des campus à Milan, à Florence, à Dubaï, à Paris, à Londres et à Miami

RIYAD: L’Istituto Marangoni, basé à Milan, en collaboration avec la Commission saoudienne de la mode, ouvrira à Riyad un institut de formation supérieure proposant des cours spécialisés dans la mode et le luxe, avec l’intention de l’inaugurer en 2025. 

Selon un communiqué, la mission de l’institut en Arabie saoudite sera d’explorer de nouvelles voies pour l’accompagnement des talents locaux et de générer des possibilités d’emploi dans les secteurs concernés. 

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Le nouvel institut de Riyad proposera des diplômes de niveau avancé d’une durée de trois ans, dans des domaines spécifiques, comme la création de mode, la gestion de la mode, les produits de mode, le stylisme de mode et la direction créative, ainsi que la gestion des parfums et cosmétiques et le design d’intérieur. (Photo fournie) 

«Nous sommes très heureux d’établir un partenariat avec l’Istituto Marangoni. Il s’agit de l’un des principaux établissements d’enseignement mondiaux axés sur la mode et le design. Il possède de nombreux campus à travers le monde, mais c’est la première fois qu’il en ouvre un en Arabie saoudite. Il s’agit également du premier établissement d’enseignement au Royaume en tant que destination d’investissement direct étranger, ce qui montre son engagement vis-à-vis du potentiel du marché saoudien, en particulier pour les créateurs et les entreprises. Grâce à ce partenariat, nous serons en mesure de former tous les créateurs locaux en Arabie saoudite et de leur proposer des emplois», déclare à Arab News Burak Cakmak, directeur général de la Commission de la mode du ministère de la Culture d’Arabie saoudite. 

Le nouvel institut de Riyad proposera des diplômes de niveau avancé d’une durée de trois ans, dans des domaines spécifiques, comme la création de mode, la gestion de la mode, les produits de mode, le stylisme de mode et la direction créative, ainsi que la gestion des parfums et cosmétiques et le design d’intérieur. Les étudiants pourront choisir de suivre leurs études à Riyad, avec la possibilité d’intégrer le marché de la mode grâce à un stage de six mois au cours de la dernière année d’études, ou de poursuivre leurs études de licence dans n’importe quel campus international de l’Istituto Marangoni. 

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La mission de l’institut en Arabie saoudite sera d’explorer de nouvelles voies pour l’accompagnement des talents locaux et de générer des possibilités d’emploi dans les secteurs concernés. (Photo fournie) 

L’institut possède des campus à Milan, à Florence, à Dubaï, à Paris, à Londres et à Miami. 

Dans un communiqué, Stefania Valenti, directrice générale mondiale de l’Istituto Marangoni, déclare: «Nous avons établi cet important partenariat avec la Commission saoudienne de la mode parce que nous sommes convaincus qu’elle élaborera un programme solide en vue de créer un système de luxe et de mode en Arabie saoudite.» 

«Nous voulons mettre nos connaissances et nos compétences à la disposition de la nouvelle génération. Les jeunes générations – notamment les femmes – veulent pouvoir suivre des études en Arabie saoudite et non pas seulement à l’étranger», ajoute-t-elle. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com