Après les retraites, Macron cherche toujours la martingale pour la suite

Emmanuel Macron s'était donné cent jours pour relancer son second quinquennat en France après les contestations sur la réforme des retraites (Photo, AFP).
Emmanuel Macron s'était donné cent jours pour relancer son second quinquennat en France après les contestations sur la réforme des retraites (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 09 juin 2023

Après les retraites, Macron cherche toujours la martingale pour la suite

  • Emmanuel Macron semble toujours rechercher la solution miracle pour trouver un nouvel élan, laissant ses troupes dans l'expectative
  • Il a vanté son action pour réindustrialiser la France tout en verdissant son économie

PARIS: À demi-mot, le gouvernement espère avoir enfin tourné la page de la crise des retraites. Mais Emmanuel Macron semble toujours rechercher la solution miracle pour trouver un nouvel élan, laissant ses troupes dans l'expectative avec un troublant sentiment de surplace.

"On vit la dernière semaine de l'épisode des retraites", lâche le patron des sénateurs macronistes François Patriat, alors que la mobilisation syndicale a marqué le pas, mardi, et que la proposition d'abrogation des 64 ans portée par les oppositions bute jeudi contre le barrage du camp présidentiel.

Est-ce la fin de la contestation ? "Je m'interdis de dire cela, même si je l'espère", glisse un poids lourd du gouvernement. Pour un député influent, les Français "sont en train de passer à autre chose", mais ça "ne veut pas dire qu'ils oublient".

Le chef de l'État qui, mi-avril, s'était donné cent jours pour relancer son second quinquennat, a retrouvé quelques couleurs dans l'opinion.

Sa cote de popularité a commencé à remonter, même si elle reste faible (31%). Et les casserolades qui perturbaient ses déplacements après la promulgation de la réforme sont devenues peu à peu inaudibles, voire inexistantes.

Emmanuel Macron a vanté son action pour réindustrialiser la France tout en verdissant son économie, annoncé une refonte stratégique des lycées professionnels et la revalorisation des rémunérations et des enseignants.

Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran s'est enthousiasmé mercredi, après le Conseil des ministres, en saluant "une mobilisation sans précédent" lors "de ces 100 jours pour faire bouger la France".

Mais pour l'instant, la cheffe du gouvernement Elisabeth Borne et ses ministres ont surtout présenté des textes qu'il faudra encore faire adopter au Parlement. Et multiplié les plans, de la petite enfance au logement, sans nouvelle mesure fracassante.

D'où une impression de faux-plat qui gagne la Macronie.

"Avec les 100 jours, le président a voulu créer une zone tampon", décrypte un ministre, reconnaissant que "la suite est moins claire".

Un cadre du camp présidentiel le dit de manière plus crue, qui évoque l'impression d'un gouvernement "à bout de souffle". "Le président remonte... et en même temps, on n'a jamais été aussi près de la catastrophe parlementaire", soupire-t-il, estimant que le risque d'une motion de censure qui fasse tomber le gouvernement ne cesse de grandir.

Gouvernement «Mouton à cinq pattes»
Car si Elisabeth Borne a commencé à engranger quelques victoires parlementaires, comme mercredi sur le budget de modernisation des armées pour les années à venir, elle n'a pas réussi à dégager une majorité absolue à l'Assemblée nationale. Cela risque d'empêcher l'adoption des textes les plus sensibles, comme celui sur l'immigration.

Pour un ministre, le chef de l'État doit éclaircir le "triangle" pour retrouver un élan : "quelle ligne, c'est-à-dire les trois ou quatre grandes réformes pour la suite"; avec "quelle équipe"; et avec quelle majorité parlementaire.

"Depuis deux à trois semaines, c'est la grande consultation", raconte le cadre macroniste, selon lequel le président s'entretient beaucoup avec ses troupes. Du coup, "les gens sont à cran, ça ne peut plus durer très longtemps", estime-t-il, d'autant que l'homme du 55, rue du Faubourg-Saint-Honoré semble de plus en plus agacé par sa Première ministre.

Tout le monde dans le camp présidentiel s'accorde sur trois choses.

Premièrement, un remaniement gouvernemental plus au moins large est, à terme, incontournable.

Deuxièmement, tant que Les Républicains ne dévient pas de leur posture d'opposition, il n'y a pas de solution miracle pour remplacer Elisabeth Borne en élargissant la majorité. "Le mouton à cinq pattes, ça n'existe pas", ironise le député influent.

Et enfin, personne ne sait ce que va décider Emmanuel Macron… probablement même pas lui. Ce qui renforce ce sentiment de flottement en attendant le point d'étape promis pour le 14 juillet.

"Avec Macron tout est possible. Il peut très bien accélérer et faire cela la semaine prochaine comme attendre décembre que le budget soit voté", prévient le poids lourd du gouvernement.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.