Dans le Sahara nigérien, le commerce ancestral du sel se cherche un avenir

Cette vue aérienne montre des ouvriers récoltant du sel destiné à la consommation animale à Bilma le 23 mai 2023. (Photo Souleymane Ag Anara / AFP)
Cette vue aérienne montre des ouvriers récoltant du sel destiné à la consommation animale à Bilma le 23 mai 2023. (Photo Souleymane Ag Anara / AFP)
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Publié le Vendredi 09 juin 2023

Dans le Sahara nigérien, le commerce ancestral du sel se cherche un avenir

  • L'économie locale offre peu d'alternatives, et la moitié de la population de Bilma travaille encore aux salines de manière plus ou moins permanente, selon les autorités locales
  • Dans les oasis du Kawar, une région isolée et désertique, l'économie comme l'existence restent en partie figées dans le temps

BILMA: A l'orée d'une oasis avalée par les dunes où passent encore de rares caravanes, le désert est constellé de trous. Les salines de Kalala, située près de Bilma dans le nord-est du Niger, furent jadis une étape incontournable des routes caravanières.

Bien avant l'uranium et les ruées vers l'or, le sel fut pendant longtemps la principale richesse extraite du sous-sol du Sahara nigérien. Un commerce autrefois florissant, qui cherche à survivre dans une économie régionale bouleversée.

De ce passé prospère et désormais révolu, subsistent des centaines de puits creusés à la force des bras, où les méthodes d'extraction n'ont pas changé depuis des siècles.

Le saunier Ibrahim Tagaji et un employé se démènent avec une barre à mine en cette fin de journée où la chaleur atteint les 45 degrés à l'ombre, au fond des bassines aux couleurs rouges et noires.

Pieds nus dans l'eau où surnagent les précieux cristaux, les deux associés creusent, concassent, récoltent avec une calebasse puis remplissent des moules en bois de dattier pour former des "pains" prêts à l'export. Un travail pénible, à la rémunération fluctuante, au gré des acheteurs qui passent en ville.

"Quand quelqu'un amène l'argent ici, tu gagnes beaucoup! Sinon, c'est beaucoup de travail et le gain est petit", souffle Ibrahim Tagaji entre deux pelletées.

L'économie locale offre peu d'alternatives, et la moitié de la population de Bilma travaille encore aux salines de manière plus ou moins permanente, selon les autorités locales.

"Dès que tu abandonnes l'école, tu es obligé de travailler ici. Chaque famille a son puits. Tu es avec ta femme, tes enfants, vous venez et vous travaillez", explique Omar Kosso, saunier de longue date.

Dans les oasis du Kawar, une région isolée et désertique, l'économie comme l'existence restent en partie figées dans le temps.

«Le monde a changé»

Les caravanes de chameaux font encore étape à Bilma, où la grande majorité des administrés habite des maisons traditionnelles aux murs de sel et d'argile tiré des carrières voisines. Et c'est toujours le "maï", l'autorité traditionnelle, qui attribue les parcelles à exploiter et fixe les prix de vente.

Kiari Abari Chegou est l'héritier d'une longue lignée de chefs qui lui ont légué la charge et ses attributs : un sabre rituel, un tambour de guerre au cuir parcheminé, un drapeau blanc recouvert de sourates, le même qu'exhibait son grand-père au début des années 1920 dans une vieille photo en noir et blanc épinglée sur le mur de la maison familiale.

Le maï défend les vertus du sel produit dans sa localité. "Le sel marin, il faut le ioder pour éviter les carences. Nous, notre sel est iodé à 90 %, donc on peut le manger directement sans risquer de tomber malade", assure-t-il.

Mais hélas pour Bilma et ses salines, tout autour, "le monde a changé", martèle Kiari Abari Chegou. "Avant les caravaniers venaient, daza, haza, touaregs, maintenant ce n'est plus comme avant", dit-il.

Les commerçants touaregs abandonnent progressivement le nomadisme pour se consacrer à l'agriculture dans les contreforts fertiles des montagnes voisines de l'Aïr.

"C'est plus rentable que de se fatiguer à faire 10 jours de route pour venir à Bilma, puis 10 jours pour revenir. Il vaut mieux acheter le pain de sel à 2.000 francs à Agadez (la capitale régionale située à 540 km) que de venir ici prendre à 600 ou 700 francs", explique Kiari Abari Chegou.

Marché noir

Le voyage à travers la mer de dunes est éprouvant, mais également périlleux : la région du Kawar se trouve aux portes du Tchad et de la Libye, un pays ravagé par une guerre civile depuis 2011.

Trafiquants et criminels profitent de la porosité des frontières. Les transporteurs doivent s'armer ou rouler en convois sous escorte militaire à cause des coupeurs de route qui rançonnent les véhicules.

"Les bandits arrêtent nos camions, ils nous prennent nos téléphones et l'argent, et après ils nous laissent passer", raconte Ahmed, un transporteur qui s'apprête à affronter la piste au volant d'un camion rempli de sacs de sel en provenance de Bilma.

A Bilma, les transporteurs comme Ahmed se font rares. Une bonne partie de la clientèle est composée de clients occasionnels et peu enclins à négocier, commerçants ou trafiquants de passage.

"Ici, c'est un marché noir, on n'a pas de bons clients, à part quelques acheteurs qui viennent et payent à n'importe quel prix. Il n'y a pas de prix fixe", déplore le saunier Omar Kosso. Des offres difficiles à refuser pour les habitants de cette région pauvre.

L'Union européenne a financé l'achat de plusieurs camions pour désenclaver les communes productrices de sel, mais les ardeurs de la piste et des conflits entre les membres de la coopérative locale ont eu raison de cette flotte.

Kiari Abari Chegou rêve d'une coopérative "bien ficelée" qui permettrait d'acheter des véhicules, de stocker la production et de maintenir les prix. En attendant ce futur incertain, les caravanes continuent de cheminer entre les dunes du Kawar.


CMA CGM annonce la reprise de la compagnie aérienne cargo en faillite Air Belgium

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
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  • Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium
  • L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable

PARIS: Le transporteur maritime français CMA CGM a annoncé mercredi qu'il reprenait la compagnie aérienne belge Air Belgium qui était placée en liquidation en raison d'un passif important accumulé pendant la pandémie de Covid, en promettant de sauvegarder 124 emplois sur 401.

Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium. Il totalisera dès lors neuf appareils effectuant plusieurs liaisons depuis la France, la Belgique et les Etats-Unis. Sa flotte doit doubler d'ici 2027.

L'ajout des quatre appareils d'Air Belgium - deux Airbus A330F et deux Boeing B747F - "permet de renforcer immédiatement nos capacités aériennes tout en répondant aux défis logistiques actuels", s'est réjoui le vice-président exécutif de la division aérienne de CMA CGM, Damien Mazaudier.

L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable.

Les liens entre Air Belgium et CMA CGM sont anciens puisque la compagnie belge était chargée de l'exploitation de quatre Airbus A330F appartenant à CMA CGM Air Cargo basés à Liège, avant que la compagnie n'obtienne son certificat de transporteur aérien français et ne rapatrie ses appareils à l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle.

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. Deux d'entre eux effectuent une liaison régulière entre Bruxelles et la Chine, tandis que les deux autres sont exploités pour le compte de tiers, a indiqué Damien Mazaudier.

Parallèlement, le groupe marseillais a annoncé son intention de renforcer sa flotte basée à Chicago, où stationnent déjà deux Boeing B777F, "auxquels viendront s'ajouter trois autres appareils" du même modèle.

Ce hub permet d'effectuer des liaisons entre les Etats-Unis, la Chine et l'Asie du Sud-Est. CMA CGM n'a pas souhaité commenter l'impact de la guerre commerciale en cours entre Pékin et Washington sur cette activité.

"Ces avions renforceront la présence du groupe sur les routes transpacifiques et soutiendront l'expansion de ses activités cargo sur le marché américain", a expliqué CMA CGM.

En Europe, CMA CGM Air Cargo dispose déjà de liaisons régulières depuis Paris vers Hong Kong, Shanghai et Zhengzhou.


L’autorité portuaire saoudienne renforce l’attractivité de Dammam avec une zone logistique ambitieuse

La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
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  • L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam
  • Le projet renfore l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique

RIYAD : L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam, renforçant ainsi l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique.

Le projet, lancé en partenariat avec Alissa International Motors - une filiale du groupe Abdullatif Alissa Holding - couvrira 382 000 mètres carrés. La nouvelle installation servira de plaque tournante pour l'importation et la réexportation de véhicules et de pièces détachées, a indiqué l'autorité dans un communiqué.

Cette initiative s'aligne sur les objectifs de la stratégie nationale de l'Arabie saoudite en matière de transport et de logistique, qui vise à améliorer l'efficacité de la chaîne d'approvisionnement et à attirer les investissements étrangers et nationaux. La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de RS visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume sous la supervision de l'autorité.

La nouvelle installation comprendra un entrepôt de 7 000 mètres carrés consacré au stockage des pièces détachées et conçu pour accueillir plus de 13 000 véhicules.

"Ce développement renforcera l'avantage concurrentiel du port et sa position en tant que centre logistique régional en fournissant des services logistiques de haute qualité", selon Mawani.

L'autorité a également souligné que le projet contribuerait à la diversification de l'économie et renforcerait la participation du secteur privé à la croissance du Royaume.

Le port Roi Abdulaziz, qui constitue déjà un lien vital entre l'Arabie saoudite et les marchés internationaux, offre des infrastructures et des capacités logistiques de pointe, ce qui en fait une destination attrayante pour les entreprises de commerce international.

Par ailleurs, Mawani a signé un autre contrat avec Sultan Logistics pour l'établissement d'une zone logistique supplémentaire dans le port du roi Abdulaziz, d'une valeur de 200 millions de RS. D'une superficie de 197 000 mètres carrés, l'installation comprendra 35 000 mètres carrés d'espace d'entreposage, des bureaux administratifs, des parcs de stockage pour les conteneurs secs et réfrigérés, ainsi qu'une zone de réexportation dédiée.

"Ces installations amélioreront la qualité des services logistiques offerts dans le port et soutiendront le commerce grâce à une efficacité opérationnelle accrue", a ajouté Mawani.

La création de ces nouvelles zones devrait considérablement renforcer la capacité opérationnelle et la compétitivité du port Roi Abdulaziz.

En 2024, l'Arabie saoudite a lancé, développé et inauguré huit zones et centres logistiques, soutenus par environ 2,9 milliards de RS d'investissements du secteur privé. Ces efforts s'inscrivent dans le cadre d'une stratégie plus large visant à consolider la position du Royaume en tant que puissance logistique mondiale de premier plan.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Moody’s et Fitch attribuent des notes de qualité à AviLease, société du PIF

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
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  • Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance
  •  Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030

RIYAD: La société saoudienne AviLease a reçu des notations de crédit de premier ordre de la part des agences Moody’s et Fitch Ratings, alors qu’elle poursuit l’expansion de son portefeuille et renforce son rôle stratégique dans le secteur aéronautique du Royaume.

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable.

Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie avec une forte combinaison de crédit, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance.

Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030.

«Les notations ouvrent la voie à une flexibilité financière encore plus grande, car nous pourrons accéder aux marchés des capitaux de la dette non garantie», a déclaré Edward O'Byrne, PDG d'AviLease, dans un communiqué de presse.

Il poursuit: «L'obtention d'une notation de qualité en moins de trois ans depuis notre création est un exploit remarquable, et nous pensons qu'elle positionne AviLease dans un groupe restreint de bailleurs de l'industrie en un temps record.»

Les notations reconnaissent également le rôle stratégique d'AviLease dans le soutien des initiatives du secteur de l'aviation du PIF dans le cadre de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite.

«Ces notations permettront à AviLease d'accéder aux marchés de capitaux mondiaux pour financer ses stratégies commerciales, en se positionnant à l'avant-garde de l'industrie du leasing d'avions, en parfaite adéquation avec la stratégie nationale de l'aviation et la Vision 2030 de l'Arabie saoudite», a déclaré Fahad al-Saif, président d'AviLease.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com