A Vittel, la gestion de l'eau trouble

Cette photographie montre la rivière Petit vair traversant le parc thermal de Vittel, dans le nord-est de la France, le 10 mai 2023. (Photo JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP)
Cette photographie montre la rivière Petit vair traversant le parc thermal de Vittel, dans le nord-est de la France, le 10 mai 2023. (Photo JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP)
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Publié le Vendredi 09 juin 2023

A Vittel, la gestion de l'eau trouble

  • Depuis les années 1970, le constat est connu: les prélèvements d’eau dans les Vosges sont excessifs, dépassant allègrement les trois millions de mètres cubes annuels, pour une capacité de recharge naturelle de 2,1 millions de mètres cubes
  • Sans tenir compte des précautions recommandées, le préfet a accordé à Nestlé un renouvellement de ses autorisations de prélèvements pour 10 ans, à hauteur de 1,7 million de m3 annuels

VITTEL, France : C'est un territoire qui a basé sa réputation et son activité économique sur la qualité des eaux de son sous-sol, mais après des décennies d'exploitation sans limite de la nappe phréatique, à Vittel (Vosges), l'heure est venue de rationner les prélèvements.

A 150 mètres sous terre, la nappe phréatique des grès du Trias inférieur (nappe GTI) est une bénédiction: une eau de très bonne qualité, abondante, prélevée aussi bien pour l'alimentation en eau potable que pour l'agriculture et les entreprises locales, dont la fromagerie l'Ermitage et son célèbre Munster, ou Nestlé Waters et ses bouteilles Vittel Bonne Source, exportées à l'étranger.

Mais depuis les années 1970, le constat est connu: les prélèvements sont excessifs, ils dépassent allègrement les trois millions de mètres cubes annuels, pour une capacité de recharge naturelle de 2,1 millions de mètres cubes. Chaque année, la nappe perd plus d'un million de mètres cubes, soit plus d'un milliards de litres, et son niveau baisse dangereusement.

Une directive européenne entrée en vigueur en 2000 imposait un retour à un «bon état quantitatif» des masses d'eau dès 2015 mais dans les Vosges, les choses ne sont pas aussi simples. Comment réduire les prélèvements sans mettre à mal l'activité de tout un territoire?

La question est posée depuis 2010, et la mise en place d'une commission locale de l'eau (CLE), censée élaborer une politique de gestion de l'eau, appelée, dans le jargon administratif Schéma d'aménagement et de gestion des eaux (Sage).

- Pas de contraintes aux entreprises -

Ses travaux ont pris du temps. Dès le départ, la commission a fait le choix de ne pas contraindre les entreprises locales, pour préserver l'activité économique dans un département vieillissant.

«Le comité technique n'a pas souhaité considérer d'économie d'eau pour les industriels», s'étonnait ainsi le BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) dans un rapport publié en 2014, alors que la loi française donne la priorité au prélèvement pour l'alimentation en eau potable.

«Il n'y a pas de raison objective qui justifie que les efforts ne soient pas supportés par l'ensemble des usagers prélevant dans la nappe», soulignait le rapport.

Au fil des années, la commission a d'abord envisagé un projet d'aqueduc, pour faire venir d'un autre territoire une eau de moins bonne qualité. Face à la contestation populaire, le projet a finalement été abandonné.

Finalement, après 13 ans de travail, la commission a élaboré sa politique. Pour diminuer les prélèvements, elle demande aux collectivités de réduire les fuites sur les réseaux d'eau potable (22% de fuite, dans la moyenne nationale), et aux habitants ou aux hôtels de diminuer leur consommation.

Rien n'est imposé aux industriels. Mais, conscients de l'enjeu et de leur responsabilité, ils ont eux-même engagé des politiques de réduction des prélèvements.

Nestlé Waters a ainsi réclamé à la préfecture de diminuer d'un million à 500.000 m3 son autorisation de prélèvement, qui devrait encore être ramenée dans les prochains mois, à sa demande, à 200.000 m3, aidée en cela par sa stratégie de désengagement d'un certain nombre de marchés étrangers. Elle s'est déjà retirée d'Allemagne et d'Autriche.

Dans de moindres proportions, la fromagerie l'Ermitage, qui pompait 480.000 m3 par an dans la nappe, a mis en place un programme d'investissements pour économiser 30.000 m3.

Mais pas sûr que ce soit suffisant pour reconstituer la nappe phréatique des GTI...

- Transférer les prélèvements -

Alors la commission a complété sa stratégie et développé «une approche multi-nappes»: pour préserver la nappe des GTI, rien de tel que de transférer les prélèvements dans une autre nappe, moins profonde !

La nappe du Muschelkalk, exploitable pour l'alimentation en eau potable, fait partie de la solution envisagée. Elle est d'ailleurs déjà prélevée pour approvisionner certaines communes, ou des entreprises: Nestlé y puise depuis des décennies pour sa marque Vittel Grande Source, ses bouteilles à bouchon rouge commercialisées sur le marché français. En 2021, les prélèvements pour l'embouteillage s'élevaient à près de 900.000 m3.

La CLE envisage d'y ajouter un prélèvement de 300.000 m3 pour l'alimentation de la commune de Vittel, auparavant pompés dans la nappe des GTI.

Mais cette issue est problématique aux yeux de certains. L'Autorité environnementale (AE), instance ministérielle chargée d'évaluer les projets ayant un impact sur l'environnement, regrette ainsi que le Sage n'offre aucune «analyse du fonctionnement hydraulique général» du territoire, notamment des «interconnexions entres nappes», ou des liens entres les nappes et les ruisseaux en surface.

En clair, elle s'interroge sur la pertinence de la solution préconisée: si les nappes communiquent entre elles, augmenter les prélèvements dans l'une ne permettra pas de régénérer l'autre. Et pomper davantage d'eau dans les nappes peu profondes pourrait également avoir des effets sur les zones humides et leur biodiversité.

- Autorisation pour 10 ans -

Sur ces aspects, la CLE a répondu en annonçant la création d'un «observatoire hydrogéologique», chargé d'établir les relations entre les nappes phréatiques, et les effets des prélèvements sur les cours d'eau et les zones humides. Annoncée pour «début 2023», la création de cet observatoire n'est pas encore concrétisée.

Mais d'autres préconisations ne seront pas suivies d'effet. En 2021, l'Autorité environnementale avait ainsi recommandé au préfet des Vosges de renouveler les autorisations de prélèvement de Nestlé dans la nappe supérieure seulement pour une courte durée, afin de se laisser la possibilité de réviser ces autorisations en fonction des connaissances futures des interactions entre nappes et de l'effet des prélèvements.

Le préfet n'a pas tenu compte de ces précautions: en octobre 2022, il a accordé à la multinationale un renouvellement de ses autorisation de prélèvements pour 10 ans, à hauteur de 1,7 million de m3 annuels.

C'est à lui qu'il revient désormais d'approuver ou non le nouveau schéma général de gestion des eaux, pour améliorer l'état quantitatif de la nappe GTI. Mais sans connaissance des effets qu'aura cette politique sur le fonctionnement hydraulique général du territoire et sur les zones humides.

 


Saudi Eksab et le Guyana s’allient pour développer des investissements dans des secteurs clés

Saudi Eksab et le gouvernement de la Guyane ont signé un protocole d'accord afin d'envisager une collaboration en matière d'investissement dans des secteurs stratégiques clés. (Fourni)
Saudi Eksab et le gouvernement de la Guyane ont signé un protocole d'accord afin d'envisager une collaboration en matière d'investissement dans des secteurs stratégiques clés. (Fourni)
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  • Saudi Eksab et le gouvernement du Guyana ont signé un MoU pour développer des investissements conjoints dans des secteurs stratégiques clés
  • L’accord, conclu en marge de la Future Investment Initiative à Riyad, vise à renforcer la coopération économique et la diversification durable

RIYAD : Saudi Eksab et le gouvernement du Guyana ont signé un protocole d’accord (MoU) visant à explorer une collaboration en matière d’investissements dans des secteurs stratégiques clés, en marge de la Future Investment Initiative (FII) à Riyad.

Le protocole a été signé par Yazeed Alyahya, PDG de Saudi Eksab, et Zulfikar Ally, ministre guyanais du Service public, de l’Efficacité gouvernementale et de la Mise en œuvre, en présence du président du Guyana, Mohamed Irfaan Ali.

Selon un communiqué, cet accord ouvre la voie à un renforcement de la coopération pour promouvoir des opportunités d’investissement stratégiques et identifier de nouveaux domaines d’intérêt commun. Il consolide également le rôle de Saudi Eksab en tant que partenaire de confiance soutenant la croissance durable et la diversification économique.

« Le Guyana entre dans une phase de développement transformateur. À travers cette collaboration avec Saudi Eksab, nous souhaitons explorer des partenariats capables d’accélérer le développement des infrastructures et la diversification économique tout en favorisant la coopération mondiale », a déclaré Ally dans le communiqué.

De son côté, AlYahya a ajouté : « Ce partenariat marque une étape prometteuse dans notre mission visant à identifier des initiatives d’investissement à fort impact, génératrices d’une croissance économique partagée. Nous sommes impatients de concrétiser des opportunités significatives. »

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le PIF en passe d’atteindre 1 000 milliards de dollars d’actifs d’ici la fin de l’année, selon Al-Rumayyan

M. Al-Rumayyan a indiqué que le fonds a lancé plus de 100 entreprises dans un large éventail de secteurs afin de combler les lacunes du marché et de favoriser la diversification économique. (Argaam)
M. Al-Rumayyan a indiqué que le fonds a lancé plus de 100 entreprises dans un large éventail de secteurs afin de combler les lacunes du marché et de favoriser la diversification économique. (Argaam)
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  • Les actifs du PIF ont triplé depuis 2015 et devraient atteindre 1 000 milliards de dollars d’ici la fin de l’année, avec plus de 100 entreprises créées pour diversifier l’économie
  • Une nouvelle stratégie du fonds, centrée sur six secteurs clés dont le tourisme, la logistique et l’énergie renouvelable, vise à renforcer la transformation économique du Royaume

RIYAD : Yasir Al-Rumayyan, gouverneur du Fonds public d’investissement (PIF), a déclaré que les actifs du fonds ont triplé depuis 2015, ajoutant que l’objectif d’atteindre 1 000 milliards de dollars d’actifs d’ici la fin de cette année est presque atteint.

Le PIF constitue la pierre angulaire de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite. Son effectif est passé d’environ 40 employés en 2015 à quelque 4 000 aujourd’hui, et le fonds dispose désormais de bureaux dans plusieurs grandes capitales mondiales.

Al-Rumayyan a indiqué que le PIF a lancé plus de 100 entreprises dans un large éventail de secteurs afin de combler les lacunes du marché et de stimuler la diversification économique.

Il a révélé qu’une nouvelle stratégie du PIF sera annoncée prochainement, celle-ci étant actuellement dans les dernières étapes d’approbation. Cette stratégie se concentrera sur six secteurs clés : le tourisme, les voyages et le divertissement, le développement urbain, la fabrication avancée et l’innovation, la logistique, l’énergie renouvelable et NEOM.

Cet axe stratégique, a-t-il souligné, permettra au fonds de hiérarchiser ses investissements selon des calendriers précis : « Nous ne voulons pas aborder tous les investissements avec le même niveau de priorité, » a-t-il ajouté.

Al-Rumayyan a également mis en avant le succès du PIF dans la relance de la King Abdullah Economic City, qui fait partie de son portefeuille. Il a expliqué que le PIF a augmenté sa participation de minoritaire à majoritaire, transformant une entreprise restée largement inactive pendant près de deux décennies en un pôle dynamique attirant ports, entreprises et industries automobiles, entre autres.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Beautyworld Middle East : le savoir-faire français entre innovation, luxe et clean beauty

Beautyworld Middle East a accueilli 86 marques françaises réunies sous la bannière Choose France. (Photo: ANFR)
Beautyworld Middle East a accueilli 86 marques françaises réunies sous la bannière Choose France. (Photo: ANFR)
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  • Le pavillon français à Beautyworld Middle East 2025 a mis en avant 86 marques, illustrant l’excellence et l’innovation françaises dans le secteur de la beauté et des cosmétiques
  • Face à un marché du Golfe en forte croissance, les entreprises françaises — entre tradition, technologie et durabilité — confirment leur capacité à répondre aux nouvelles attentes d’un secteur en expansion

DUBAÏ : Du 27 au 29 octobre, Beautyworld Middle East a accueilli 86 marques françaises réunies sous la bannière Choose France. Organisé par Business France, le pavillon met en lumière le savoir-faire français dans les domaines de la beauté, des cosmétiques et du bien-être, allant des soins de la peau et de la parfumerie aux produits en marque blanche et innovations technologiques.

Dans ce cadre, cinq marques françaises se distinguent par leur approche innovante et leur capacité à séduire le marché du Golfe, en pleine expansion.

Atelier du Savon : l’excellence des ingrédients naturels

Frédéric Brunel-Acquaviva, PDG de l’Atelier du Savon, dirige une manufacture spécialisée dans les savons et cosmétiques naturels, située dans le sud de la France. L’entreprise commercialise ses propres marques, mais réalise également des productions en marque blanche pour des hôtels et distributeurs au Moyen-Orient.

« La cosmétique française est reconnue pour sa qualité ; nos partenaires souhaitent intégrer des ingrédients locaux comme la luffa, l’huile de figue de barbarie ou l’huile de date », précise-t-il.

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L’Atelier du Savon (Photo: ANFR)

Trois ans après sa première participation à Dubaï, l’entreprise continue d’innover grâce à un laboratoire de R&D interne.

Le Laboratoire des Granions : le collagène au cœur de l’innovation

Créé en 1948, le Laboratoire des Granions est un acteur majeur des compléments alimentaires en France. Ilias Kadi, responsable export, met en avant le succès du Collagène Eternity, un collagène à bas poids moléculaire pour une meilleure assimilation.

Présent dans plus de 16 000 pharmacies en France et exporté dans 50 pays, le laboratoire combine expertise pharmaceutique et innovation afin de répondre aux besoins d’un marché international exigeant.

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Le Laboratoire des Granions (Photo: ANFR)

Onérique : le skincare émotionnel

Fondée par Glorimar Primera-Riedweg, Onérique se distingue par une approche sensorielle et émotionnelle du soin. « Chaque produit doit éveiller des sensations positives dès le premier contact », explique la fondatrice. La marque présente trois produits phares au salon : des perles de soin à base d’algues marines, un exfoliant et une crème mousse hydratante.

Présente à Beautyworld Middle East, Onérique cherche à développer des partenariats aux Émirats arabes unis et en Arabie saoudite.

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Onérique ​​​​​​(Photo: ANFR)

L’Officine du Monde : la nigelle au service du bien-être

La marque française, fondée par Olivier Decazes et par la Dr Rita Massoud, pharmacienne franco-égyptienne, exploite les vertus millénaires de la nigelle pour concevoir des compléments alimentaires et cosmétiques. Grâce à la thymoquinone, principe actif anti-inflammatoire de la plante, l’entreprise propose des solutions pour la peau, le confort articulaire ou la régulation de la glycémie entre autres.

« Tout est formulé par un pharmacien, avec des ingrédients importés d’Inde, d’Égypte, d’Éthiopie et de Tunisie. Et Tous les produits sont fabriqués en France », souligne Mr. Decazes.

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L’Officine du Monde (Photo: ANFR)

Creation Parfums Paris 26 : la passion du parfum sur mesure

Virginie Smadja, fondatrice de Creation Parfums Paris 26, conçoit des parfums en private label pour des clients dans le monde entier, notamment dans les pays du Golfe.

« Chaque client peut avoir des demandes différentes, ce qui rend le métier fascinant », explique-t-elle.

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"Just Together" (Photo: Instagram)

Dernièrement, elle a lancé son propre parfum, Just Together, alliant la tradition de l’Oud à des fragrances plus fraîches et sucrées, inspirées de la French touch. Pour Virginie, « ce n’est plus un métier, mais une véritable passion.»

Un marché régional en pleine expansion

Le salon met en évidence le rôle stratégique du Moyen-Orient, et plus particulièrement des Émirats arabes unis, dans l’univers de la beauté et du luxe. Évalué à 8,5 milliards USD en 2024, le marché des cosmétiques dans la région affiche une croissance soutenue de près de 6 % par an, portée par une demande accrue en innovation, qualité et durabilité.

Véritable plateforme de rayonnement pour l’ensemble du Golfe, les Émirats s’imposent comme un carrefour incontournable pour les marques internationales.

La présence française à Beautyworld Middle East illustre parfaitement cette dynamique : entre parfumerie, soins high-tech et cosmétiques écoresponsables, les entreprises tricolores confirment leur savoir-faire unique et leur capacité à allier héritage, excellence et innovation au service des nouvelles attentes du marché.