Boris Johnson, empêtré jusqu'au bout dans le «partygate»

 L'ancien Premier ministre britannique Boris Johnson a annoncé vendredi soir remettre son mandat de député (Photo, AFP).
L'ancien Premier ministre britannique Boris Johnson a annoncé vendredi soir remettre son mandat de député (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 10 juin 2023

Boris Johnson, empêtré jusqu'au bout dans le «partygate»

  • Boris Johnson, 58 ans, a indiqué que sa décision était effective immédiatement
  • La chute a été brutale pour ce biographe de Winston Churchil

LONDRES: Un an après son départ de Downing Street, l'ombre de Boris Johnson continuait de planer sur la politique britannique. Le boulet du "partygate" a eu raison des espoirs de retour au sommet et l'a poussé à claquer avec fracas la porte du Parlement.

Si ce voltigeur de la politique a su souvent déjouer les pronostics et sortir des situations les plus inextricables quand on prédisait sa chute, sa démission annoncée vendredi soir met un terme à toute possibilité de revenir à la tête d'un gouvernement avant les législatives prévues l'année prochaine.

Signe de son optimisme à toute épreuve, celui qui reste pour beaucoup de Britanniques celui qui a réalisé le Brexit contre vents et marées n'avait-il pas tenté un retour moins de deux mois après son départ, après la débâcle économique provoquée par celle qui lui avait succédé, Liz Truss?

Il avait fini par renoncer, laissant la voie libre à Rishi Sunak, et était revenu à sa nouvelle carrière d'intervenant dans des conférences lui rapportant des millions d'euros, lui qui a souvent dû profiter des largesses de ses riches alliés pour financer son train de vie. Mais son influence considérable au sein du Parti conservateur, en manque de boussole après 13 ans au pouvoir, s'était fait alors nettement sentir.

Certains passages du long communiqué de l'ancien journaliste et maire de Londres -qui qualifie son départ forcé d'"antidémocratique"- s'apparentent d'ailleurs presque à une annonce de candidature, rappelant son bilan et étrillant le gouvernement conservateur en place.

"Quelques années seulement après avoir remporté la plus grande majorité en près d'un demi-siècle, cette majorité est aujourd'hui clairement menacée", tempête-t-il. "Notre parti doit de toute urgence retrouver son élan et sa foi en ce que ce pays peut faire".

Parcours de l'élite 

Chevelure paille désordonnée, énergie communicative et brouillonne, Boris Johnson, formidable machine à gagner pendant la tempête du Brexit en 2019, était devenu une machine à perdre pour les conservateurs, qui ont fini par le pousser dehors en juillet dernier.

Au premier rang des scandales: les fêtes organisées à Downing Street pendant les confinements. Boris Johnson, qui a lui-même failli mourir du Covid-19, mettait en avant le succès de la campagne de vaccination et son engagement de la première heure en soutien de l'Ukraine, où il reste proche du président Volodymyr Zelensky.

La chute a été brutale pour ce biographe de Winston Churchill, qui avant de devenir député en 2001, avait suivi le parcours fléché de l'élite britannique, collège d'Eton puis université d'Oxford. A l'époque, certains enseignants, déjà, dénoncent en lui un manque de sérieux et une propension à se croire au dessus des règles.

Alexander Boris de Pfeffel Johnson, né à New York le 19 juin 1964 et qui selon sa soeur voulait enfant devenir "le roi du monde", s'était auparavant toujours sorti de toutes les situations.

En 1987, il est journaliste stagiaire au Times grâce à des relations familiales. Il en est rapidement renvoyé pour une citation inventée. Le Daily Telegraph le repêche et l'envoie à Bruxelles en 1989, où à coup d'outrances et d'approximations, il tourne les institutions européennes en ridicule.

De retour à Londres, il devient chroniqueur politique pour le Telegraph et le Spectator, écrit aussi des critiques automobiles pour le magazine GQ. Il est drôle, érudit, percutant.

Il entre au Parlement en 2001, rapidement renvoyé du "cabinet fantôme" de l'opposition pour avoir menti sur une liaison.

Puis il prend la mairie de Londres aux travaillistes en 2008, à l'époque pro-Européen et pro-immigration.

Il y reste huit ans, se taille une stature internationale, aidé par les jeux Olympiques.

Il devient ensuite l'une des principales figures de la campagne du Brexit, puis chef de la diplomatie sous Theresa May, et la remplace comme Premier ministre en juillet 2019.

"C'est un artiste brillant, mais inapte à des fonctions nationales, car il semble qu'il ne se soucie que de son destin et de sa satisfaction personnelle", a dit de lui son ancien patron au Telegraph Max Hastings.

Marié trois fois, il s'apprête à avoir son huitième enfant et le troisième de son mariage en 2020 avec Carrie Symonds, 35 ans, ancienne chargée de communication du parti conservateur.


Royaume-Uni: Cinq Bulgares soupçonnés d'espionnage pour la Russie maintenus en détention

L'Autrichien Jan Marsalek, au cœur de la faillite de Wirecard, ancien fleuron de la finance numérique en Allemagne, est introuvable depuis qu'il a fui l'Allemagne précipitamment, en juin 2020 (Photo, AFP).
L'Autrichien Jan Marsalek, au cœur de la faillite de Wirecard, ancien fleuron de la finance numérique en Allemagne, est introuvable depuis qu'il a fui l'Allemagne précipitamment, en juin 2020 (Photo, AFP).
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  • Ils sont apparus en vidéo depuis leurs prisons et ont uniquement pris la parole pour donner leur identité
  • Mais Jan Marsalek n'a pas été inculpé dans cette affaire d'espionnage au Royaume-Uni

LONDRES: Trois hommes et deux femmes de nationalité bulgare soupçonnés d'espionnage au profit de la Russie ont été maintenus en détention après avoir été présentés mardi à Londres devant la justice britannique.

Les cinq personnes, âgées de 29 à 45 ans, sont soupçonnées d'avoir fait partie d'un "réseau" exerçant de la surveillance pour la Russie, a expliqué le parquet au tribunal. Elles auraient recueilli des informations "avec une autre suspect, connu sous le nom de Jan Marsalek, et d'autres personnes inconnues".

Une grande partie de l'opération se serait déroulée à l'étranger, mais la coordination aurait eu lieu au Royaume-Uni.

L'Autrichien Jan Marsalek, au cœur de la faillite de Wirecard, ancien fleuron de la finance numérique en Allemagne, est introuvable depuis qu'il a fui l'Allemagne précipitamment, en juin 2020. Il se trouverait à Moscou sous une fausse identité, protégé par les services de renseignement russes, selon une investigation journalistique internationale parue en 2022.

Pas d’inculpations 

Mais Jan Marsalek n'a pas été inculpé dans cette affaire d'espionnage au Royaume-Uni.

Les cinq suspects, qui vivaient apparemment au Royaume Uni depuis plusieurs années, sont poursuivis pour "conspiration afin de recueillir des informations destinées à être directement ou indirectement utiles à un ennemi pour un objet portant atteinte à la sécurité et aux intérêts de l'Etat", entre fin août 2020 et février 2023.

Ils sont apparus en vidéo depuis leurs prisons et ont uniquement pris la parole pour donner leur identité. La prochaine audience aura lieu le 13 octobre.

Orlin Roussev, Bizer Dzhambazov, Katrin Ivanova, Ivan Stoyanov et Vanya Gaberova ont été arrêtés en février par l'unité antiterrorisme de la police de Londres.

Les trois premiers ont déjà été inculpés le 11 février pour possession de dizaines de faux documents d'identité.


Trump a gonflé ses actifs pendant des années, estime un juge avant son procès civil

L'ancien président Donald Trump s'adresse à une foule lors d'un rassemblement électoral le 25 septembre 2023 à Summerville, en Caroline du Sud (Photo, AFP).
L'ancien président Donald Trump s'adresse à une foule lors d'un rassemblement électoral le 25 septembre 2023 à Summerville, en Caroline du Sud (Photo, AFP).
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  • Un juge new-yorkais a déclaré mardi Donald Trump et deux de ses enfants, Donald Jr et Eric Trump, responsables de mensonges et de «fraudes»
  • Cette décision représente un revers de taille dans ce dossier pour l'ancien président américain, qui rêve de reconquérir la Maison Blanche

NEW YORK: Un juge new-yorkais a déclaré mardi Donald Trump et deux de ses enfants, Donald Jr et Eric Trump, responsables de mensonges et de "fraudes" financières "répétées" dans les années 2010 en gonflant les actifs de la Trump Organization, une décision cinglante avant même l'ouverture lundi du procès civil dans cette affaire.

Cette décision représente un revers de taille dans ce dossier pour l'ancien président américain, qui rêve de reconquérir la Maison Blanche en novembre 2024 et de prendre sa revanche sur son successeur Joe Biden.

Elle facilite en revanche la tâche de la procureure générale de l'Etat de New York, Letitia James, qui avait porté plainte contre Donald Trump. Elle réclame 250 millions de dollars d'amendes et des interdictions de diriger des sociétés pour Donald Trump et plusieurs de ses proches, dont ses deux enfants qui dirigent aujourd'hui la Trump Organization.

Le procès civil qui doit commencer lundi n'est que le premier d'une longue liste pour l'ancien président, qui devra aussi comparaître notamment devant la justice fédérale, accusé d'avoir tenté d'inverser le résultat de l'élection présidentielle de 2020, ou devant la justice de l'Etat de Géorgie pour avoir là aussi essayé de manipuler les résultats du scrutin perdu face à Joe Biden.

Letitia James, équivalent d'un ministre de la Justice pour l'Etat et élue démocrate, avait demandé un procès au civil contre le milliardaire républicain en l'accusant d'avoir gonflé la valeur des actifs de la Trump Organization, à hauteur de plusieurs milliards de dollars, notamment pour obtenir des prêts plus avantageux auprès des banques de 2011 à 2021.

La Trump Organization regroupe une myriade de sociétés et s'étend de l'immobilier résidentiel, avec plusieurs gratte-ciels à New York, aux hôtels de luxe, résidences ou clubs privés comme Mar-a-Lago en Floride et clubs de golf. En mars 2023, le magazine Forbes a évalué la fortune de Donald Trump à 2,5 milliards de dollars.

«Fantaisie»

Dans sa plainte, la procureure générale cite plusieurs exemples, dont le triplex de Donald Trump à l'intérieur de la Trump Tower à New York, dont la valeur aurait été déclarée sur la base d'une surface trois fois supérieure à la réalité (2.700 mètres carrés contre 1.000), ce qui aurait permis de l'évaluer à 327 millions de dollars

"Des mesures de bonne foi pourraient varier de 10-20%, pas de 200%", écrit le juge Arthur Engoron. Pour le magistrat, un "écart de cet ordre de grandeur, de la part d'un promoteur immobilier augmentant sa propre surface d'habitation pendant des décennies, ne peut qu'être considéré comme de la fraude".

Le juge énumère d'autres exemples, comme la propriété de Seven Springs dans la région de New York, les immeubles Trump Park Avenue ou 40 Wall Street à New York ou encore des golfs et la résidence Mar-a-Lago.

Particulièrement cinglant, le magistrat écrit dans sa décision de 35 pages que les arguments en défense du camp Trump relèvent d'un "monde fantaisiste, pas du monde réel".

Pour le juge Engoron, Donald Trump et ses deux enfants sont "responsables" de "violations répétées" de la loi.

Sur son réseau social Truth Social, l'ancien président américain réaffirme qu'il n'a rien à se reprocher et qualifie le juge d'"haineux" à son égard.

"Je vaux bien plus que ce que disent les chiffres dans mes déclarations financières", écrit-il aussi en lettres capitales, en assurant que les banques n'ont jamais eu à se plaindre des prêts consentis.


Le chef de l'ONU dénonce la «pure folie» du nucléaire, la Corée du Nord menace d'une «guerre»

«Je me suis engagé (...) à faire tout ce qui est en mon pouvoir pour mobiliser les pays autour de la nécessité de faire disparaître ces engins de destruction de la surface de la terre», a déclaré le secrétaire général Antonio Guterres (Photo, AFP).
«Je me suis engagé (...) à faire tout ce qui est en mon pouvoir pour mobiliser les pays autour de la nécessité de faire disparaître ces engins de destruction de la surface de la terre», a déclaré le secrétaire général Antonio Guterres (Photo, AFP).
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  • En pleines tensions géopolitiques accrues, les arsenaux nucléaires de plusieurs pays, la Chine en particulier, ont augmenté en 2022
  • Les chercheurs craignent que le monde ait atteint la fin d'une longue période de déclin du nombre d'armes nucléaires

NATIONS UNIES: Le chef de l'ONU a dénoncé mardi la "pure folie" d'une nouvelle "course aux armements" atomiques, tandis que la Corée du Nord a menacé les Etats-Unis et la Corée du Sud d'être "au bord d'une guerre nucléaire" dans la péninsule coréenne.

"Je me suis engagé (...) à faire tout ce qui est en mon pouvoir pour mobiliser les pays autour de la nécessité de faire disparaître ces engins de destruction de la surface de la terre", a déclaré le secrétaire général Antonio Guterres.

"Il y a urgence. Une inquiétante course aux armements se prépare. Le nombre d'armes nucléaires pourrait augmenter pour la première fois depuis des décennies", a-t-il alerté en regrettant que "l'architecture mondiale du désarmement et de la non-prolifération se délite".

"A la faveur de la modernisation des arsenaux nucléaires, ces armes deviennent plus rapides, plus précises et plus furtives. A nouveau, la menace du recours à l’arme nucléaire est brandie. C'est de la pure folie. Nous devons renverser la vapeur", a martelé Antonio Guterres.

"Le monde vit depuis trop longtemps à l'ombre de l’arme nucléaire. Eloignons-nous du précipice", a-t-il encore imploré.

Le secrétaire général n'a nommé aucun pays mais ses propos à l'occasion de la journée internationale pour l'élimination totale des armes nucléaires interviennent au moment où la guerre en Ukraine a réveillé les craintes de l'utilisation de l'arme atomique.

«Confrontation fratricide»

En pleines tensions géopolitiques accrues, les arsenaux nucléaires de plusieurs pays, la Chine en particulier, ont augmenté en 2022 tandis que d'autres puissances nucléaires ont, elles, continué à moderniser leurs outils, selon un rapport de chercheurs publiés en juin.

Le nombre total de têtes nucléaires parmi les neuf puissances nucléaires -- Royaume-Uni, Chine, France, Inde, Israël, Corée du Nord, Pakistan, Etats-Unis et Russie -- est tombé à 12.512 début 2023, contre 12.710 début 2022, selon l'Institut international de recherche sur la paix à Stockholm (SIPRI).

Les chercheurs craignent toutefois que le monde ait atteint la fin d'une longue période de déclin du nombre d'armes nucléaires.

Certaines régions du monde inquiètent la communauté internationale.

En particulier l'Iran, qui dément vouloir obtenir l'arme nucléaire mais dont les stocks d'uranium enrichi ont dépassé les niveaux autorisés par l'accord de 2015 sur le nucléaire civil iranien.

Et la Corée du Nord, qui a prévenu mardi à la tribune de l'ONU que la péninsule était "au bord d'une guerre nucléaire", montrant du doigt Washington et sa stratégie en Asie.

Les actions "imprudentes" et "l'hystérie continue des Etats-Unis et de leurs alliés en termes de confrontation nucléaire (...) conduisent la péninsule coréenne vers une situation militaire au bord d'une guerre nucléaire", a mis en garde son ambassadeur à l'ONU Kim Song.

S'en prenant à la politique américaine dans la région, il a dénoncé une "situation actuelle, dangereuse (qui) est le fait des Etats-Unis, lesquels cherchent à parfaire leur ambition hégémonique par tous les moyens en surestimant leur puissance".

«Réponse écrasante»

Pour le représentant du régime communiste de Kim Jong Un, "la responsabilité en incombe aussi" à la Corée du Sud qui "cherche à imposer le fléau d'une guerre nucléaire".

Séoul serait "obsédée par la soumission volontaire aux Etats-Unis et par une confrontation fratricide", a conclu le diplomate nord-coréen.

A l'autre bout du monde, Séoul a organisé mardi son premier grand défilé militaire depuis dix ans avec une participation américaine inédite, une démonstration de force au moment où les tensions avec Pyongyang sont à leur comble.

"Si la Corée du Nord utilise des armes nucléaires, son régime sera stoppé par une réponse écrasante de l'alliance américano-sud-coréenne", avait auparavant déclaré le président Yoon Suk Yeol, un conservateur qui a intensifié la coopération militaire avec les Etats-Unis et le Japon.

"Croyez-vous réellement, comme le prétend la Corée du Nord, que la Corée du Sud et les Etats-Unis complotent pour provoquer une guerre nucléaire dans la péninsule?", a lancé mardi à l'ONU un des représentants de Séoul, qualifiant d'"absurdes" ces "allégations".