Des restrictions migratoires britanniques compliquent les rêves de «japa» de Nigérians

La ministre britannique de l'Intérieur, Suella Braverman (Photo, AFP).
La ministre britannique de l'Intérieur, Suella Braverman (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 10 juin 2023

Des restrictions migratoires britanniques compliquent les rêves de «japa» de Nigérians

  • L'année dernière, il y avait près de 59.000 étudiants nigérians au Royaume-Uni
  • Mme Braverman a déclaré que les étudiants étrangers de troisième cycle utilisaient les études comme une «voie dérobée pour travailler»

LAGOS: Avec son mari, Deborah Okunawo a quitté le Nigeria pour poursuivre ses études au Royaume-Uni, optant comme des milliers de ses compatriotes pour le "japa" - "s'enfuir", en langue yoruba, un choix que des restrictions côté britannique vont bientôt limiter drastiquement.

"Avoir mon compagnon avec moi me permet d'avoir du soutien", surtout dans un nouveau pays, explique à l'AFP Mme Okunawo, étudiante de 28 ans à l'université de Lincoln, dans l'est de l'Angleterre.

Mais pour lutter contre la récente explosion de l'immigration, le gouvernement britannique a introduit des restrictions dès l'année prochaine visant les proches des étudiants pour les empêcher d'utiliser leur visa comme une "voie détournée pour travailler".

Une décision qui met fin aux rêves d'un avenir meilleur à des milliers de kilomètres de là, pour de jeunes Nigérians confrontés à un calendrier universitaire erratique, des grèves fréquentes et prolongées dans les universités, une grave crise économique et une insécurité généralisée.

Dès 2024, les étudiants internationaux -sauf ceux en recherche- ne pourront plus venir au Royaume-Uni avec des proches.

Pression «insoutenable»

"Nous avons constaté une augmentation sans précédent du nombre de personnes à charge des étudiants qui entrent dans le pays avec un visa", a justifié le mois dernier la ministre britannique de l'Intérieur, Suella Braverman.

Londres n'a pas mentionné spécifiquement les Nigérians, mais ils représentent plus de la moitié des personnes venues avec des étudiants. Leur nombre a été multiplié par 38 ces dernières années, passant de 1.600 en 2019 à 61.000 en 2022.

"Par nationalité, le Nigeria a connu une forte augmentation de la proportion de visas d'études sponsorisés accordés aux personnes à charge, passant de 19% en 2019 à 51% en 2022", a déclaré l'Office britannique des statistiques nationales (ONS) en février.

L'année dernière, il y avait près de 59.000 étudiants nigérians au Royaume-Uni, soit moins que ceux qui les accompagnent, selon l'ONS.

Mme Braverman, partisane de la ligne dure en matière d'immigration, a déclaré que les étudiants étrangers de troisième cycle utilisaient les études comme une "voie dérobée pour travailler" et que les membres de leur famille exerçaient une pression "insoutenable" sur les services publics.

Pourtant, en 2022, ils ont rapporté près de 39 milliards d'euros, contre un coût de 5,1 milliards d'euros pour le gouvernement, d'après le London Economics, un cabinet de conseil.

Busayo Olayiwola, économiste de la construction de 33 ans qui travaillait à Ibadan (sud-ouest du Nigeria) avant de partir au Royaume-Uni avec son mari, rappelle que la majorité des étudiants et des personnes à leur charge "paient des impôts et une assurance nationale sans avoir accès à aucun fonds public". "Le pays génère également beaucoup d'argent grâce aux étudiants étrangers."

«Fuite des cerveaux»

Avec au Nigeria un taux d'inflation à deux chiffres, un taux de pauvreté élevé et un taux de chômage dépassant les 33%, le Royaume-Uni reste une destination coûteuse pour les étudiants, même pour ceux de la classe moyenne.

Les experts soulignent toutefois que les nouvelles restrictions pourraient avoir un effet positif sur l'économie du Nigeria dans les mois à venir.

Les étudiants "pourraient ressentir un plus grand besoin de soutenir financièrement les familles qu'ils ont dû laisser derrière eux", en envoyant davantage d'argent au pays, a déclaré Subomi Plumptre, PDG de la société d'investissement Volition Capital, basée à Lagos.

Les restrictions incitent également certains Nigérians à regarder ailleurs: certains à Lagos, capitale économique, et à Abuja, capitale fédérale, ont dit réfléchir à aller étudier dans d'autres pays comme le Canada.

Wale Oni, enseignant nigérian à l'université de Salford près de Manchester, dans le nord-ouest de l'Angleterre, espère que les autorités de son pays se serviront des restrictions pour réfléchir à la "fuite des cerveaux" de ses compatriotes.

"Dans les grandes villes, les universités britanniques font la publicité de leurs programmes et attirent les Nigérians avec des offres attrayantes comme des visas de travail après les études", dit-t-il. "Mais quels sont les plans mis en place par le gouvernement nigérian pour inverser la tendance ?"


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.