«Nous espérions que le Soudan ait une chance de retrouver la stabilité », déclare l'envoyée de l'UE pour le Sahel

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Publié le Lundi 12 juin 2023

«Nous espérions que le Soudan ait une chance de retrouver la stabilité », déclare l'envoyée de l'UE pour le Sahel

  • Emanuela C. Del Re est «très attristée par la crise», mais souligne la nécessité d'aider les pays, en particulier ceux qui se trouvent «dans une situation très difficile»
  • Elle a fait ces commentaires en marge de la conférence sur la lutte contre le terrorisme qui s'est tenue à Riyad, affirmant qu’elle aura «une grande importance pour longtemps»

RIYAD: Bien que le conflit au Soudan soit considéré par de nombreux acteurs de la sphère du développement international comme un revers majeur, la représentante spéciale de l'UE pour le Sahel estime que les donateurs et les agences d'aide ne doivent pas perdre espoir, mais continuer à s'engager.

S'adressant à Arab News en marge de la réunion ministérielle de la Coalition mondiale pour vaincre Daech à Riyad jeudi, Emanuela C. Del Re a déclaré qu'il y avait de grands espoirs que le Soudan se stabilise et prospère, après le renversement du dictateur de longue date Omar al-Bachir en 2019.

Toutefois, ces premières lueurs d'espoir ont été rapidement anéanties après la destitution d'Abdallah Hamdok, chef de l'éphémère gouvernement de transition par l'armée, en octobre 2021, suivie d'une soudaine flambée de violence entre les forces armées soudanaises et les forces paramilitaires de soutien rapide le 15 avril de cette année.

«J'ai été très attristée par la crise au Soudan. Il y a eu un moment où nous espérions vraiment que le pays aurait une chance de se stabiliser et de prospérer», a indiqué Del Re.

Rappelant les manifestations de masse qui ont poussé l'armée à agir contre Al-Bachir, elle a signalé que la communauté internationale avait été inspirée par l'énergie et l'ambition de la jeunesse urbaine soudanaise qui a mené la révolte et qu'elle avait été désireuse de l'aider à atteindre ses objectifs.

«C'était un moment où les étudiants des universités proposaient une nouvelle société», a-t-elle précisé. «À cette époque, la communauté internationale apportait un soutien important et les dirigeants étaient prêts à créer une nouvelle renaissance pour le pays.»

Au sein des affrontements entre l'armée régulière, dirigée par le président de facto du Soudan, Abdel Fattah al-Burhan, et les forces de soutien rapide, dirigées par l'adjoint d’Al-Burhan, devenu son rival, Mohamed «Hemedti» Hamdan Dagalo, Del Re a mentionné qu'il y avait un risque que le monde renonce à la transformation du Soudan.

«C'est particulièrement triste parce que cela a un impact sur l'opinion publique mondiale, faisant penser aux gens que peu importe le montant des investissements, il se produira toujours quelque chose qui pourra détruire complètement ce que vous avez construit», a-t-elle prévenu.

«Nous ne devons pas perdre notre optimisme, mais continuer à croire que nous devons aider les pays, surtout s'ils se trouvent dans une situation très difficile.»

Les femmes et les jeunes filles sont particulièrement vulnérables parmi les personnes déplacées au Soudan. Des histoires de harcèlement, de violence et de viol affluent déjà du pays, où les hommes armés peuvent agir en toute impunité dans un contexte d'anarchie.

Interrogée sur les mesures prises par l'Union européenne pour faire pression sur les factions en conflit afin qu'elles s'assurent que leurs forces armées ne prennent pas pour cible les femmes et les jeunes filles, Del Re a rappelé le bilan de l'Union en matière de protection et sa contribution à l'interdiction de la pratique des mutilations génitales féminines.

«Certes, nous faisons beaucoup», a-t-elle affirmé. «Nous nous engageons toujours dans des projets visant à protéger les femmes et les jeunes filles et nous les finançons, et tous nos projets ont obtenu de bons résultats au Soudan.»

«Par exemple, à un moment donné, le fait que, sous la pression de la communauté internationale, les mutilations génitales féminines aient été introduites dans le code pénal en tant que crime a été une grande réussite.»

Depuis le début des violences au Soudan, il y a près de deux mois, les analystes de la sécurité s'inquiètent du risque de propagation du conflit au Sahel, une région du continent africain qui comprend des parties du Sénégal, de la Mauritanie, du Mali, du Burkina Faso, de l'Algérie, du Niger, du Nigeria, du Cameroun, de la République centrafricaine, du Tchad, du Soudan, du Sud-Soudan, de l'Érythrée et de l'Éthiopie.

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Le ministre d'État aux Affaires étrangères, membre du Conseil des ministres et envoyé pour le climat de l'Arabie Saoudite, Adel al-Jubeir, reçoit la représentante spéciale de l'Union européenne pour la région du Sahel, Claudia C. Del Rey. Les deux diplomates ont passé en revue les aspects de la coopération entre l'Arabie Saoudite et l'Union européenne, ainsi que les questions d'intérêt commun (Photo fournie).

La prolifération des armes légères, l'implication de mercenaires et, plus immédiatement, les déplacements transfrontaliers massifs de populations civiles, qui pourraient déclencher une nouvelle crise mondiale des réfugiés, constituent autant de répercussions éventuelles.

La contribution de l'UE aux travaux de la Coalition mondiale pour vaincre Daech prend, dans une large mesure, la forme d'un financement des initiatives de lutte contre le terrorisme et la radicalisation.

«Le rôle de l'UE est très important car elle est composée de 27 pays et leur contribution aux questions de terrorisme est très cohérente», a expliqué Del Re. «Nous dépensons chaque année quelque 500 millions d'euros dans des activités consacrées à la lutte contre le terrorisme.»

«Si vous regardez le montant total, 60% de l'argent que nous dépensons dans les missions, les activités et les actions sont consacrés à l'Afrique et au Sahel. Nous sommes particulièrement intéressés à lutter contre le terrorisme au profit du continent africain et du monde en général.»

«Nous savons très bien que si nous ne parvenons pas à équilibrer les pouvoirs et à offrir des opportunités à toutes les populations, nous ne pourrons pas lutter contre ce phénomène très grave.»

La stratégie de l'UE pour la sécurité et le développement, qui a introduit une nouvelle «vision intégrée» pour le Sahel en 2021 en matière de sécurité, en fait partie.

«Nous devons agir dans tous les secteurs pour nous assurer que la société développe une forte résilience face à toutes sortes de menaces sécuritaires, le terrorisme bien sûr, et cela n'est possible qu'en travaillant sur l'éducation, la santé et l'accès aux services de base», a clarifié Del Re.

«Si nous pouvons aider les pays du Sahel à développer un système de protection sociale solide, ce sera le début d'un changement. À l'heure actuelle, la véritable menace que représentent les terroristes n'est pas seulement la violence, qui fait déjà de nombreuses victimes. En raison de l'absence de pouvoir et d'institutions, les terroristes sont en mesure de créer un système alternatif de protection sociale, qui est absolument faux.»

«Bien sûr, c'est le plus grand défi et le plus grand danger, car si le territoire est contrôlé par les terroristes, il sera très difficile de le reconquérir. Et les populations y perdent, en particulier les jeunes, qui sont recrutés en recevant une petite somme d'argent, en se voyant promettre une carrière.»

«On leur donne une arme qui leur donne un sentiment de puissance, car les jeunes se sentent souvent très marginalisés et humiliés.»

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Rachid Hassan d'Arab News a interviewé Emanuela C. Del Re, représentante spéciale de l'UE pour le Sahel, jeudi à Riyad (Photo, AN/ AFG Shulhub).

Afin de protéger les communautés déplacées et les pays d'accueil dans le Sahel, Del Re a déclaré que l'UE faisait don de fonds pour soutenir les programmes humanitaires, en mettant l'accent sur le Tchad, un pays qui, au 5 juin, avait accueilli 113 332 personnes en provenance du Soudan.

En tant que l'un des pays les moins bien équipés pour accueillir les réfugiés, Del Re a révélé que le Tchad a déjà reçu des citoyens soudanais déplacés par les crises précédentes.

«L'UE apporte son soutien en termes d'aide humanitaire, en particulier au Tchad», a-t-elle indiqué. «C'est notre devoir et notre soutien en termes d'aide humanitaire est particulièrement cohérent. Nous sommes l'un des plus grands donateurs au niveau mondial et en particulier au Sahel.»

Commentant la conférence CCG-UE sur la lutte contre l'idéologie extrémiste et la radicalisation, qui s'est achevée mercredi au secrétariat général du CCG à Riyad, Del Re a déclaré que l'objectif principal était d'identifier les causes et les remèdes possibles à la radicalisation.

«J'ai souligné la perception que nous avons, par exemple, d'une région spécifique comme le Sahel en Afrique, où le terrorisme est en fait multiforme, avec des identités très différentes, et nous avons besoin de cela pour redéfinir notre stratégie de lutte contre ce fléau», a-t-elle expliqué.

«La chose la plus importante qui est ressortie est la nécessité de travailler sur les causes profondes du terrorisme, de la pauvreté au manque d'éducation et d'accès aux services de base, de travailler à la création d'un bon système de gouvernance qui peut renforcer le contrat social et s'assurer que les gens peuvent développer leurs propres compétences, que nous avons des emplois pour les jeunes et que nous les empêchons d'être recrutés par des extrémistes.»

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La représentante spéciale de l'Union européenne pour la région du Sahel, Claudia C. Del Rey, participe à la conférence entre l'Union européenne et le CCG à Riyad sur la lutte contre les idées et idéologies extrémistes (Photo fournie).

Del Re a souligné que la réunion ministérielle sur Daech qui s'est tenue à Riyad a permis de mettre en évidence l'évolution des stratégies du groupe terroriste et de clarifier les moyens dont dispose la communauté internationale afin de faire face à cette menace persistante.

En tant que groupe extrémiste issu d'Al-Qaïda, l'État islamique — également appelé Daech — s'est emparé de vastes zones de territoire en Irak et en Syrie en 2014 avant que la coalition ne parvienne à déloger ses combattants de leurs derniers bastions en 2019.

Les membres et sympathisants de ce groupe ont également été responsables de plusieurs attentats de masse en Europe, ce qui a incité les gouvernements à revoir leurs politiques de sécurité et à réorganiser les protocoles de contrôle des migrants et des réfugiés.

«La réunion de Riyad a été un moment très important qui aura une grande importance pendant longtemps», a souligné Del Re.

«Non seulement la participation a été incroyablement riche, mais nous avons eu la présence du ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, et du secrétaire d'État américain, Antony Blinken, ce qui montre que nous sommes tous ensemble, motivés et engagés pour vaincre Daech.»

«Il est important de renforcer la coopération entre les pays partageant les mêmes idées, car c'est le seul moyen de créer une barrière contre le terrorisme, une barrière qu'il est très urgent de créer en ce moment historique», a soutenu Del Re.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Israël rejette une enquête de l'ONU l'accusant de «génocide» à Gaza

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
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  • "Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué
  • Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens

JERUSALEM: Israël a "rejeté catégoriquement" mardi le rapport d'une commission d'enquête internationale indépendante des Nations unies qui l'accuse de commettre un "génocide" dans la bande de Gaza depuis octobre 2023.

"Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre Benjamin Netanyahu et d'autres responsables israéliens.

En riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, Israël a lancé une offensive dans la bande de Gaza qui a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste palestinien a pris le pouvoir en 2007.

La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU et est vivement critiquée par Israël, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produit à Gaza et continue de (s'y) produire", a déclaré à l'AFP sa présidente, Navi Pillay.

Elle a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide.

A savoir: "meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, Benjamin Netanyahu et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n'avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

Le ministère des Affaires étrangères israélien a accusé les auteurs du rapport de "servir de relais au Hamas", affirmant qu'ils étaient "connus pour leurs positions ouvertement antisémites — et dont les déclarations horribles à l'égard des Juifs ont été condamnées dans le monde entier."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien.

L'ONU y a déclaré la famine, ce qu'Israël dément.


«Gaza brûle», déclare le ministre israélien de la Défense après des frappes intenses

Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
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  • "Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas"
  • "Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée"

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza.

"Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas", a déclaré M. Katz sur X.

"Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée", a-t-il ajouté.

 


Le Qatar est le seul pays capable d'être un médiateur concernant Gaza, souligne Rubio

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  • Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza
  • "Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar"

TEL-AVIV: Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza, malgré une frappe israélienne ciblant des dirigeants du Hamas dans l'émirat.

"Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar," a déclaré M. Rubio aux journalistes alors qu'il se rendait à Doha depuis Israël.