Avec l'IA, peut-on encore faire confiance à ses propres oreilles?

Cette image d'illustration créée le 9 juin 2023 montre une personne utilisant un smartphone pour enregistrer un message vocal à Los Angeles. (Photo Chris Delmas / AFP)
Cette image d'illustration créée le 9 juin 2023 montre une personne utilisant un smartphone pour enregistrer un message vocal à Los Angeles. (Photo Chris Delmas / AFP)
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Publié le Lundi 12 juin 2023

Avec l'IA, peut-on encore faire confiance à ses propres oreilles?

  • Le plus gros danger des IA, estiment les experts, est leur capacité à presque abolir la démarcation entre réel et fiction, fournissant aux criminels des outils efficaces et peu onéreux
  • De nouvelles arnaques téléphoniques grâce aux outils de réplication de voix par IA -- aisément disponibles en ligne -- inquiètent les autorités américaines

WASHINGTON: La voix de sa fille et ses sanglots l'ont bouleversée quand un homme l'a appelée pour lui demander une rançon. Mais les intonations étaient reproduites à la perfection par une intelligence artificielle (IA) pour une tentative d'arnaque, un sujet d'inquiétude qui émerge avec cette technologie en plein boom.

Le plus gros danger des IA, estiment les experts, est leur capacité à presque abolir la démarcation entre réel et fiction, fournissant aux criminels des outils efficaces et peu onéreux.

De nouvelles arnaques téléphoniques grâce aux outils de réplication de voix par IA -- aisément disponibles en ligne -- inquiètent les autorités américaines.

"Aide-moi, maman, je t'en supplie, aide-moi", entend au bout du fil Jennifer DeStefano, une mère installée dans l'Arizona.

Cette voix, elle est alors "100%" convaincue qu'il s'agit de celle, en grande détresse, de sa fille de 15 ans, partie faire du ski.

"C'était totalement sa voix, la façon dont elle aurait pleuré", a témoigné la mère à une chaîne de télévision locale en avril.

"Je n'ai pas douté un seul instant que ça puisse ne pas être elle."

Au bout du fil, l'arnaqueur qui prend ensuite la parole, depuis un numéro inconnu, exige un million de dollars.

La séquence, qui a rapidement pris fin lorsque Jennifer DeStefano est parvenue à joindre sa fille, fait désormais l'objet d'une enquête et a mis en lumière le potentiel dévoiement de l'IA par les cybercriminels.

«Des deepfakes convaincants»
"La réplication de voix par IA, désormais quasi impossible à distinguer de l'élocution humaine, permet aux personnes mal intentionnées comme les arnaqueurs de soutirer plus efficacement des informations et de l'argent aux victimes", explique à l'AFP Wasim Khaled, PDG de Blackbird.AI.

De nombreuses applications, dont beaucoup sont gratuites et disponibles en ligne, permettent de répliquer par l'intelligence artificielle la vraie voix d'une personne à partir d'un court enregistrement. Celui-ci peut aisément être extrait depuis des contenus postés en ligne.

"Avec un court échantillon audio, un clone de voix par IA peut être utilisé pour laisser des messages et des capsules audio. Il peut même être utilisé comme un modificateur de voix en direct lors d'appels", détaille Wasim Khaled.

"Les arnaqueurs emploient divers accents et genres, ou imitent même la façon de parler de vos proches", ajoute-t-il. Cette technologie "permet de créer des deepfakes convaincants".

Selon un sondage effectué auprès de 7.000 personnes dans neuf pays dont les Etats-Unis, une personne sur quatre a été la cible d'une tentative d'arnaque à la voix répliquée par IA, ou connait quelqu'un dans ce cas.

70% des sondés ont affirmé qu'ils n'étaient pas certains de pouvoir faire la différence entre une vraie voix et une voix clonée, selon cette enquête publiée le mois dernier par McAfee Labs.

Les autorités américaines ont récemment mis en garde contre la popularité croissante de l'"arnaque au grand-parent".

"Vous recevez un appel, une voix paniquée au bout du fil, c'est votre petit-fils. Il dit qu'il a de gros ennuis, il a eu un accident de voiture et s'est retrouvé en détention. Mais vous pouvez l'aider en envoyant de l'argent", a décrit en guise d'avertissement l'agence américaine de protection des consommateurs (FTC).

Dans les commentaires sous cette mise en garde de la FTC, plusieurs personnes âgées disaient avoir été trompées de la sorte.

Vulnérabilité

Un grand-père victime avait été si convaincu qu'il s'était mis à rassembler de l'argent, envisageant même de réhypothéquer sa maison, avant que la ruse ne soit éventée.

L'aisance avec laquelle on peut désormais répliquer artificiellement une voix fait que "presque toute personne présente en ligne est vulnérable", estime auprès de l'AFP Hany Farid, professeur à l'UC Berkeley School of Information.

"Ces arnaques gagnent du terrain", évalue-t-il.

Plus tôt cette année, la startup ElevenLabs a dû admettre qu'il était possible de faire un mauvais usage de son outil de réplication de voix par IA, après que des utilisateurs eurent posté en ligne un deepfake de l'actrice Emma Watson lisant "Mein Kampf".

"Nous approchons rapidement du moment où nous ne pourrons plus faire confiance aux

contenus sur internet et où nous devrons faire appel à de nouvelles technologies pour s'assurer que la personne à qui l'on pense s'adresser (au téléphone) est réellement la personne à qui l'on parle", conclut Gal Tal-Hochberg, un responsable de l'entreprise d'investissements dans la tech Team8.


France: l'Insee confirme une inflation de 2,2% en avril, en léger ralentissement

Un représentant de l'INSEE relève les prix dans une auto-école à Paris, le 21 avril 2023 (Photo, AFP).
Un représentant de l'INSEE relève les prix dans une auto-école à Paris, le 21 avril 2023 (Photo, AFP).
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  • Les prix des produits manufacturés se sont même légèrement repliés, de 0,1% après +0,1% en mars
  • Les gardiens de l'euro s'attendent à un retour de l'inflation à cette cible en 2025, après 2,3% en 2024

PARIS: Les prix ont augmenté de 2,2% en avril sur un an, a indiqué l'Insee mercredi, confirmant sa première estimation d'un léger ralentissement de l'inflation, sur fond d'une hausse plus modérée des prix alimentaires.

Après une inflation de 2,3% en mars, la baisse "résulte du ralentissement sur un an des prix de l'alimentation (+1,2% après +1,7%) et du tabac (+9,0% après +10,7%)", précise l'institut dans un communiqué.

Les prix des produits manufacturés se sont même légèrement repliés, de 0,1% après +0,1% en mars.

Les prix des services, qui représentent près de la moitié de la consommation, ont augmenté sur un an au même rythme qu'en mars, +3%, selon ces données définitives en ligne avec les chiffres provisoires publiés fin avril.

Sur un mois, l'inflation accélère toutefois, à 0,5% (contre 0,2% en mars), indique l'Insee, confirmant là aussi sa première estimation - une évolution due notamment à la hausse des prix des services (+1%, après une stabilité en mars).

Baisse des taux directeurs 

A contrario, "les prix des produits manufacturés et du tabac sont stables" sur un mois.

Sur un an, l'indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH, qui permet les comparaisons avec les autres pays de l'UE et intéresse particulièrement la Banque centrale européenne pour sa politique monétaire) augmente de 2,4% en avril 2024, comme en mars, et de 0,6% sur le mois, après +0,2% en mars. Ces chiffres sont également conformes aux premières estimations.

Lors de sa dernière réunion en avril, la BCE a jugé "plausible" de commencer à baisser ses taux directeurs - actuellement à leur plus haut - en juin si les données confirment d'ici là le retour anticipé de l'inflation dans le zone euro à la cible de 2%, selon le compte rendu publié la semaine passée.

Les gardiens de l'euro s'attendent à un retour de l'inflation à cette cible en 2025, après 2,3% en 2024.


Un commerce bilatéral saoudo-britannique évalué à 30 milliards de livres sterling d’ici à 2030

Lors d’un entretien accordé à Arab News en marge de la conférence Great Futures, le vice-Premier ministre britannique, Oliver Dowden, a mis en lumière l’objectif de Londres de porter le commerce bilatéral à 30 milliards de livres sterling d’ici à 2030. (Photo AN/Loai Elkellawy)
Lors d’un entretien accordé à Arab News en marge de la conférence Great Futures, le vice-Premier ministre britannique, Oliver Dowden, a mis en lumière l’objectif de Londres de porter le commerce bilatéral à 30 milliards de livres sterling d’ici à 2030. (Photo AN/Loai Elkellawy)
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  • La conférence Great Futures, organisée le 14 mai dans le quartier financier du roi Abdallah, comprend quarante-sept sessions et ateliers avec cent vingt-sept intervenants des secteurs public et privé
  • Elle vise à renforcer les partenariats entre l’Arabie saoudite et le Royaume-Uni dans treize secteurs tels que le tourisme, la culture, l’éducation, la santé et les sports, entre autres

RIYAD: Lors d’un entretien accordé à Arab News en marge de la conférence Great Futures, le vice-Premier ministre britannique, Oliver Dowden, a mis en lumière l’objectif de Londres de porter le commerce bilatéral à 30 milliards de livres sterling (1 livre sterling = 1,16 euro) d’ici à 2030.

«L’idée de cette conférence est de servir de vitrine pour montrer les possibilités qui s’offrent à nos deux pays. Je pense qu’il existe des occasions considérables pour renforcer le commerce et les investissements», déclare-t-il.

«Nous nous sommes fixé un objectif ambitieux de 30 milliards de livres sterling pour le commerce bilatéral d’ici à 2030. La croissance est déjà impressionnante. Elle représente quelque 17 milliards de livres sterling. Je pense que nous pouvons atteindre notre but.»

La conférence de deux jours, organisée le 14 mai dans le quartier financier du roi Abdallah, comprend quarante-sept sessions et ateliers avec cent vingt-sept intervenants des secteurs public et privé.

Cette conférence vise à renforcer les partenariats entre l’Arabie saoudite et le Royaume-Uni dans treize secteurs tels que le tourisme, la culture, l’éducation, la santé, les sports, l’investissement, le commerce et les services financiers.

Elle a accueilli quatre cent cinquante représentants britanniques et chefs d’entreprise venus rencontrer des entreprises et des responsables saoudiens.

M. Dowden pense que «la relation entre nos deux pays est plus forte qu’elle ne l’a jamais été».

«Elle repose sur des bases très solides, qu’il s’agisse de relations diplomatiques, militaires ou même des liens entre Sa Majesté, le roi Charles III, et le prince héritier, Mohammed ben Salmane, au sein de la famille royale d’Arabie saoudite.»

Oliver Dowden soutient qu’il a été témoin, lors de la conférence Great Futures et des visites précédentes, de «possibilités considérables pour l’avenir».

«Le prince héritier a défini la vision pour 2030. Les entreprises britanniques veulent faire partie de cette vision et c’est pour cette raison que je suis accompagné, en Arabie saoudite, de la plus grande délégation commerciale que le Royaume-Uni ait jamais envoyée dans un pays au cours de la dernière décennie», précise-t-il.

Dans le discours d’ouverture du premier jour, le vice-Premier ministre s’est exprimé lors d’une table ronde aux côtés du Dr Majid ben Abdallah al-Qasabi, le ministre saoudien du Commerce.

Il soutient que les deux pays pouvaient collaborer de façon encore plus active dans les domaines de la technologie et de l’intelligence artificielle.

«Je pense que notre coopération pourrait être beaucoup plus importante, car l’Arabie saoudite possède une grande expertise en matière d’intelligence artificielle», déclare M. Dowden.

Au cours de son entretien avec Arab News, Oliver Dowden a également souligné que le nord-est de l’Angleterre était sur le point de recevoir des investissements d’une valeur de 3 milliards de livres sterling de la part du Royaume.

«Prenez le nord-est de l’Angleterre, qui ne représente qu’une partie du Royaume-Uni. Nous sommes convenus d’un investissement de 3 milliards de livres sterling qui soutiendra deux mille emplois. Je pense que nous pouvons faire encore beaucoup plus», poursuit-il.

Avant la conférence, le vice-Premier ministre a insisté sur l’importance de cet événement dans l’établissement de partenariats entre les secteurs commerciaux de l’Arabie saoudite et du Royaume-Uni.

«La conférence Great Futures permet également aux entreprises britanniques de se familiariser avec les réglementations commerciales, les incitations et les avantages liés à la conduite des affaires en Arabie saoudite», conclut M. Dowden.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La Qatar Investment Authority s’engage à soutenir le secteur français des semi-conducteurs

Il convient de noter que l’intérêt de la QIA pour la chaîne de valeur des semi-conducteurs comprend une récente participation minoritaire dans la société japonaise Kokusai Electric Corp. (Shutterstock)
Il convient de noter que l’intérêt de la QIA pour la chaîne de valeur des semi-conducteurs comprend une récente participation minoritaire dans la société japonaise Kokusai Electric Corp. (Shutterstock)
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  • Grâce à cette initiative, la Qatar Investment Authority (QIA) contribuera à un fonds thématique novateur destiné à renforcer l’industrie des semi-conducteurs en Europe
  • Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la stratégie d’investissement plus large de la QIA, qui consiste à s’engager auprès d’entreprises de premier plan à la pointe de l’innovation

RIYAD: Le Qatar va se lancer dans l’industrie technologique française, un grand organisme d'investissement qui a annoncé son intention de s’engager financièrement dans Ardian Semiconductor.

Grâce à cette initiative, la Qatar Investment Authority (QIA) contribuera à un fonds thématique novateur destiné à renforcer l’industrie des semi-conducteurs en Europe. Cela confirme son rôle de partenaire financier privilégié dans les sous-secteurs technologiques clés, notamment dans le développement de la chaîne d’approvisionnement.

Selon un communiqué officiel, l’attention stratégique que la QIA accorde à ce secteur reflète sa conviction du rôle essentiel que jouent les semi-conducteurs dans la stimulation des transformations numériques et écologiques dans des industries vitales telles que l’intelligence artificielle, la mobilité et la technologie grand public.

Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la stratégie d’investissement plus large de la QIA, qui consiste à s’engager auprès d’entreprises de premier plan à la pointe de l’innovation.

Il convient de noter que l’intérêt de la QIA pour la chaîne de valeur des semi-conducteurs comprend une récente participation minoritaire prise en juin 2023 dans la société japonaise Kokusai Electric Corp., leader dans la fabrication de semi-conducteurs. Cela témoigne de l’engagement continu de la QIA à réaliser des investissements importants dans ce domaine à l’échelle mondiale.

En outre, le 13 mai, la QIA a annoncé son intention de porter son partenariat d'investissement avec Bpifrance à 300 millions d’euros, renforçant ainsi leur engagement commun à stimuler la croissance économique et l’innovation en France. Cela marque un tournant dans leur collaboration, initialement établie dans le cadre de la coentreprise Future French Champions.

Lors de la première phase de ce partenariat, qui s’est achevée en 2021, près de 300 millions d’euros ont été consacrés à la création d’emplois, au développement économique et, plus particulièrement, au renforcement du secteur des petites et moyennes entreprises françaises.

Fortes de ces réalisations, les deux entités sont passées à la deuxième phase de leur collaboration en janvier 2023, s’engageant à verser 300 millions d’euros supplémentaires.

Ils prévoient désormais d’entamer une troisième phase, en promettant jusqu’à 300 nouveaux millions d’euros une fois que les fonds actuels auront été entièrement déployés.

Le partenariat renouvelé se focalisera sur des priorités stratégiques telles que l’intelligence artificielle, les semi-conducteurs, l’informatique quantique, les soins de santé, le secteur aérospatial et la transition énergétique.

Ces investissements sont destinés à faire progresser les capacités technologiques, à améliorer la compétitivité dans divers secteurs et à promouvoir une croissance durable, reflétant ainsi l’engagement des deux parties à promouvoir des innovations importantes et à soutenir les objectifs économiques à long terme de la France.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com