Italie: Silvio Berlusconi, le premier populiste

Un homme se tient devant une photo de Silvio Berlusconi devant la Villa San Martino, la résidence de l'homme d'affaires italien et ancien Premier ministre Silvio Berlusconi, après sa mort, à Arcore, dans le nord de l'Italie, le 13 juin 2023. (AFP)
Un homme se tient devant une photo de Silvio Berlusconi devant la Villa San Martino, la résidence de l'homme d'affaires italien et ancien Premier ministre Silvio Berlusconi, après sa mort, à Arcore, dans le nord de l'Italie, le 13 juin 2023. (AFP)
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Publié le Mardi 13 juin 2023

Italie: Silvio Berlusconi, le premier populiste

  • «C'est le premier, il a tout inventé», résume John Foot, professeur d'histoire de l'Italie contemporaine à l'université de Bristol, en Angleterre
  • Silvio Berlusconi arrive en pleine affaire Mani Pulite, une gigantesque opération anti-corruption lancée en 1992 qui décapite la classe politique

ROME: Milliardaire entré en politique sur le tard, dynamiteur-en-chef de "l'establishment", orfèvre en communication, bête de scène et de télévision: l'ancien dirigeant italien Silvio Berlusconi, décédé lundi, a ouvert la voie aux populistes de droite.

"C'est le premier, il a tout inventé", résume John Foot, professeur d'histoire de l'Italie contemporaine à l'université de Bristol, en Angleterre.

"Pas de parti, tout tourne autour de lui, de sa vie, de son succès en tant qu'homme d'affaires, les slogans simples, l'utilisation de la télévision, tous les artifices que copieront d'autres populistes après lui", de Donald Trump à Nigel Farage, de Viktor Orban à Jair Bolsonaro, ajoute le chercheur.

Fortune faite dans le BTP puis les médias, Silvio Berlusconi se présente pour la première fois aux législatives de 1994. Dans une déclaration vidéo, il décline le corpus rhétorique qui constitue aujourd'hui la boîte à outils incontournable du populiste en herbe.

"Le pays qui, bien légitimement, se méfie des prophètes et des sauveurs a besoin de personnes ayant la tête sur les épaules (...), des hommes nouveaux" face aux "orphelins du communisme", corrompus, dépassés, lance-t-il.

Il ose même se peindre en "Premier ministre-ouvrier" qui mettra fin "à une politique de bavardages incompréhensibles, de chamailleries stupides, et de politiciens sans vrai métier".

Il faut dire qu'il arrive en pleine affaire Mani Pulite, une gigantesque opération anti-corruption lancée en 1992 qui décapite la classe politique. Un boulevard pour l'ancien promoteur qui vend sa virginité politique comme un pavillon témoin.

Et qu'importe si, une fois au pouvoir, il se protège des nombreuses procédures lancées contre lui en assouplissant la législation sur la falsification de bilans, la corruption ou les délais de prescription des délits financiers…

«Je suis des vôtres»

Pour beaucoup d'Italiens, Berlusconi leur ressemble. Ces petits défauts, ces petits secrets qu'on va laver le dimanche à confesse: eux non plus n'aiment pas trop le fisc, eux aussi travaillent un peu au noir, eux aussi adorent le foot.

Ils estiment payer trop d'impôt pour un Etat pléthorique alors qu'eux triment pour des fins de mois modestes. C'est à eux que s'adresse Silvio Berlusconi quand il justifie la baisse des crédits publics à la recherche : "Pourquoi devrait-on payer un scientifique alors qu'on fabrique les meilleures chaussures au monde?".

"Berlusconi fait le récit d'un self-made man capable de se passer de l'Etat grâce à une +révolution libérale+ qui permettra à tous les Italiens qui le désirent de devenir entrepreneurs", analyse la philosophe Anna Bonalume, auteure de l'essai "Un mois avec un populiste" sur Matteo Salvini.

"Cette promesse – Je suis des vôtres, vous pouvez devenir ce que je suis - est l'essence même du populisme", selon elle.

Un homme seul face aux élites pour défendre le peuple, une fortune bâtie malgré les entraves d'un Etat cannibale, un langage toujours accessible et souvent trivial, des médias aux ordres: "le trumpisme porte l'empreinte" du berlusconisme, relève mardi le quotidien La Repubblica qui titre: "Le premier populiste".

«Trump, 30 ans plus tôt»

Berlusconi, c'est "Trump, 30 ans plus tôt", renchérit Daniele Albertazzi, professeur de sciences politique à l'université anglaise du Surrey.

"L'élite politique vous a trompés, mais me voilà, j'ai gagné des milliards grâce à mon intelligence, mon ardeur au travail, et je veux faire pour le pays ce que j'ai fait pour moi".

Et comme l'ancien président américain, Berlusconi se poste sans cesse en victime pour justifier ses déboires politiques ou judiciaires.

"Victime des juges, du système politique, de +l'establishment+, des arbitres", relève John Foot. Une différence notable entre les deux hommes cependant: l'Italien "ne veut pas changer la politique pour des raisons idéologiques, il ne s'agit que de lui-même et de ses affaires".

Cela n'a jamais empêché Silvio Berlusconi de jouer la carte religieuse, fort marqueur identitaire des populistes de droite des deux côtés de l'Atlantique.

Des contradictions qui n'ont jamais fait trembler un Trump ou un Berlusconi lesquels partagent par ailleurs un vocabulaire volontiers offensant qu'ils croient emprunté à celui du "peuple".


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.