Une étude suggère un lien entre les problèmes du monde arabe et sa santé émotionnelle

Les chiffres de cette année servent de base pré-Covid-19 pour le bien-être émotionnel du monde. (AFP)
Les chiffres de cette année servent de base pré-Covid-19 pour le bien-être émotionnel du monde. (AFP)
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Publié le Mardi 08 décembre 2020

Une étude suggère un lien entre les problèmes du monde arabe et sa santé émotionnelle

  • Une nouvelle façon de mesurer la santé des sociétés a contribué à établir l'état de bien-être des populations du monde arabe au milieu de la pandémie de coronavirus (Covid-19)
  • En 2019, seulement 31% des Afghans ont déclaré avoir souri ou ri la veille: c’est le pourcentage le plus bas jamais enregistré dans un pays

DUBAÏ: Une nouvelle façon de mesurer la santé des sociétés a contribué à établir l'état de bien-être des populations du monde arabe au milieu de la pandémie de coronavirus (Covid-19).

Plutôt que d’utiliser des données traditionnelles, basées sur des indicateurs économiques tels que le produit intérieur brut (PIB), le Global Emotions Report mené par Gallup s’appuie sur des expériences positives et négatives pour évaluer la condition psychologique des nations ou des régions.

Les chiffres de cette année servent de base pré-Covid-19 pour le bien-être émotionnel du monde. Un grand nombre des plus de 175 000 personnes interrogées par Gallup sont entrées dans la période de la Covid-19 dans un état mental déjà négatif qui, selon l'étude, «pourrait ne pas être de bon augure pour leur vie post-pandémique».

Compte tenu du niveau élevé de turbulences socio-économiques et politiques dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (Mena) ainsi qu’en Asie centrale ces dernières années, il n'est pas surprenant que le rapport de Gallup de 2020 ait constaté que beaucoup de ces domaines étaient en tête du classement mondial des expériences négatives. 

Par exemple, l'Afghanistan, pays déchiré par la guerre, affiche le score de l'indice d'expérience positive le plus bas du monde pour la troisième année consécutive: 38, sur un indice national situé entre 0 et 100. Ce résultat est encore plus bas que l’année précédente, et il reflète le cycle dévastateur de violence et de pauvreté qui caractérise désormais la vie quotidienne des Afghans.

En 2019, seulement 31% des Afghans ont déclaré avoir souri ou ri la veille: c’est le pourcentage le plus bas jamais enregistré dans un pays.

Tout aussi prévisibles étaient les données pour le Liban, un pays que le rapport de Gallup a appelé «les montagnes russes émotionnelles» et dans lequel les adultes ont connu le coup de fouet émotionnel le plus fort de toutes les populations du monde entre 2018 et 2019.

Le score de leur indice d'expérience positive a chuté de 12 points, tandis que leur score d'expérience négative a augmenté de 18 points.

Après avoir connu de graves turbulences politiques et économiques pendant une grande partie de l’année 2019, avec des centaines de milliers de manifestants dans les rues au mois d’octobre de cette année-là, le Liban enregistre le deuxième score le plus bas de l'indice avec 45, un score plus bas que jamais pour le pays.

Son indice d'expérience positive a chuté de 12 points en un an, ce qui constitue la plus forte baisse de tous les pays entre 2018 et 2019 – et qui coïncide avec les données accumulées avant l'explosion meurtrière du port de Beyrouth, le 4 août dernier.

«Avant la révolution libanaise d'octobre 2019, nous, les Libanais, étions quelque part entre le désespoir et l'impuissance. Et puis, avec la révolution, nous avons vécu d'énormes changements émotionnels vers des états d'espoir, d'engagement et de joie», déclare à Arab News la Dr Nayla Majdalani, psychologue clinicienne habitant Beyrouth.

«Avec la détérioration de notre situation économique, nous avons graduellement connu plus de bas que de hauts», déclare la Dr Nayla Majdalani.

 

«Ce furent les montagnes russes émotionnelles. Avec la détérioration de notre situation économique, nous avons graduellement connu plus de de bas que de hauts et nous connaissons à nouveau des états de dépression et de désespoir.»

Mais la dépression vécue par de nombreux Libanais aujourd'hui est différente de celle ressentie avant le 4 août – une sorte de «traumatisme à plusieurs niveaux», explique la psychologue. «C'est une dépression du SSPT [syndrome de stress post-traumatique] sous forme de traumatisme, directement liée à l'explosion et non à la situation.»

En 2019, les Libanais interrogés étaient beaucoup moins susceptibles de dire qu'ils avaient vécu cinq expériences positives la veille de l'enquête. On leur a demandé s'ils se sentaient bien reposés, s’ils avaient été traités avec respect toute la journée, s’ils souriaient ou riaient beaucoup, s’ils apprenaient ou faisaient quelque chose d'intéressant, ou s’ils s'amusaient. Les pourcentages de Libanais qui ont déclaré avoir éprouvé du plaisir et s’être sentis bien reposés ont respectivement diminué de 18 et de 19 points cette année-là par rapport à l'année précédente.

Seuls 4% des Libanais interrogés ont évalué leur vie de manière suffisamment positive pour qu’elle puisse être considérée comme «prospère»; c’est le pire score du bilan de Gallup pour le pays et l’une des pires notes au monde pour l’année 2019.

Seul l'Afghanistan, une nation brisée par des décennies de guerre et de sous-développement, obtient des chiffres pires que le Liban. Aucun Afghan n'a évalué assez positivement sa vie pour qu’on puisse la tenir pour «prospère» en 2018.

«Pour se sentir mieux après un choc comme celui-ci, ce dont les Libanais ont besoin, c'est de justice», a déclaré Nayla Majdalani, faisant référence à l'explosion, lorsqu’une énorme cache de nitrate d'ammonium mal stocké a pris feu. Cette explosion a dévasté des quartiers entiers de Beyrouth. Elle a causé la mort de 200 personnes et fait environ 6 500 blessés.

«Tant qu'il n'y aura pas de justice, la dépression des Libanais ne sera pas soulagée et elle peut générer de nombreux comportements différents, alors que les gens essaient de survivre. Vous perdez le contrôle lorsque vous vous sentez impuissant.»

En attendant, l'Irak domine le classement en tant que pays le plus négatif au monde, ayant déjà obtenu certains des taux les plus élevés sur l'indice d'expérience négative lors des années précédentes. En 2019, son score était de 51 – une légère augmentation par rapport au score de 49 qu’il avait obtenu en 2018.

Les données collectées pour ce score sont basées sur la moyenne de toutes les réponses valides à la série de questions suivante: «Avez-vous beaucoup souffert de douleurs physiques hier? De l’inquiétude? De la tristesse? De la colère?», moyenne multipliée par cent. Plus le score est élevé, plus la négativité est répandue dans le pays.

 

«Toutes les recherches indiquent que les coûts émotionnels sont beaucoup plus élevés pour les pauvres et les plus vulnérables», selon la Dr Saliha Afridi.
«Toutes les recherches indiquent que les coûts émotionnels sont beaucoup plus élevés pour les pauvres et les plus vulnérables», selon la Dr Saliha Afridi.

Le score de l'Irak en 2019 reflète sans aucun doute les troubles qui ont agité le pays, avec les mois de manifestations sanglantes qui ont secoué Bagdad et d'autres villes à la fin de l'année dernière et au début de cette année.

Selon Gallup, à la fin de l’année 2019, l'approbation par les Irakiens du leadership de leur pays est passée de 22%, un pourcentage déjà bas, à seulement 13%. Neuf Irakiens sur dix ont déclaré qu'ils pensaient que la corruption officielle était courante.

Pour la majorité de la population irakienne, les expériences négatives furent fréquentes l’année dernière, à peu près la moitié des Irakiens en faisant état.

Les Irakiens sont les plus nombreux au monde à ressentir de la colère: 46% d'entre eux affirment avoir ressenti beaucoup de colère la veille du jour de l’enquête.

«Toutes les recherches indiquent que les coûts émotionnels sont beaucoup plus élevés pour les pauvres et les plus vulnérables», indique à Arab News la Dr Saliha Afridi, psychologue clinicienne et fondatrice de Lighthouse Arabia, à Dubaï.

«Dans tous les pays où l'on voit la pauvreté, où l'on voit des communautés rurales – des communautés vraiment vulnérables – sont les gens qui seront émotionnellement les plus durement touchés. Ils connaîtront davantage de tristesse, de désespoir et de colère. Ils auront probablement des taux de suicide et de toxicomanie plus élevés, et un optimisme plus bas.»

Bien qu'aucun autre pays au monde n'ait affiché un indice d'expérience négatif supérieur à celui de l'Irak, le rapport de Gallup montre que les habitants des États dont les scores négatifs étaient élevés en 2019 viennent généralement de pays subissant des troubles sociopolitiques et économiques.

Le Tchad, par exemple, était le pays le plus négatif du monde en 2018. En 2019 sont apparus sur le graphique qui recense la négativité la plus forte le Rwanda, l’Afghanistan, le Liban et la Tunisie.

Le rapport de Gallup dépeint un monde sous le choc des vulnérabilités psychologiques, avant même que la pandémie n’ait frappé. Il reste à observer comment la mort et la maladie, les confinements, la solitude et la dévastation économique ont influé sur ces chiffres, mais le pronostic n’est guère optimiste.

Les critiques peuvent se demander si un rapport sur le bien-être émotionnel, tout bien considéré, est de quelque poids compte tenu des défis médicaux et économiques urgents auxquels le Moyen-Orient et le monde entier sont confrontés pour surmonter la pandémie de Covid-19.

«Les émotions sont cruciales, et il est bon que le rapport de Gallup soit basé sur les émotions», fait observer Saliha Afridi. «C’est comme un rapport sur le bien-être. Nous devons l'utiliser pour avancer dans le futur et faire de meilleurs choix. Si vous prenez un fragment d'une personne, vous n'obtenez pas une image complète; il en est de même avec une nation.»

Saliha Afridi, comme d'autres, préviennent que si les gouvernements ne prennent pas en compte le bien-être émotionnel de leurs populations dans la planification de la reprise après la crise, la prochaine contagion qui se répandra sur le monde ne sera peut-être pas un virus, mais plutôt une pandémie de «santé mentale».

 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com

 

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La diplomatie française estime qu'Israël doit faire preuve de « la plus grande retenue » au Liban

Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
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  • l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, Hezbollah.
  • Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

PARIS : La France a exhorté mercredi Israël « à faire preuve de la plus grande retenue » au Liban après la frappe israélienne qui a touché Beyrouth dimanche dernier, et a souligné que le démantèlement des sites militaires du Hezbollah revenait « exclusivement aux forces armées libanaises ».

Malgré un cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après plus d'un an de guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, très affaibli, qui affirme de son côté respecter l'accord.

Le week-end dernier, Israël a assuré avoir visé un entrepôt de missiles.

Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

« La France rappelle que le respect du cessez-le-feu s'impose à toutes les parties sans exception afin de garantir la sécurité des populations civiles des deux côtés de la Ligne bleue », la frontière de facto délimitée par les Nations unies, a souligné mercredi Christophe Lemoine, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.

« La France appelle donc Israël à faire preuve de la plus grande retenue et à se retirer au plus vite des cinq points toujours occupés sur le territoire libanais », a-t-il ajouté lors d'un point presse.

Une commission regroupant le Liban, Israël, les États-Unis, la France et l'ONU est chargée de superviser l'application du cessez-le-feu.

Beyrouth presse la communauté internationale de faire pression sur Israël pour qu'il mette fin à ses attaques et se retire des cinq positions frontalières où il s'est maintenu dans le sud du pays, malgré l'accord.


Les services de sécurité des Émirats déjouent un transfert illégal d'armes vers le Soudan

Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
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  • Les services de sécurité ont réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises 
  • Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays

ABU DHABI: Les services de sécurité des Émirats arabes unis ont déjoué une tentative de transfert illégal d'armes et d'équipements militaires aux forces armées soudanaises, a déclaré mercredi le procureur général des Émirats arabes unis, Hamad Saif al-Chamsi.

M. Al-Chamsi a déclaré que les services de sécurité avaient réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises après l'arrestation de membres d'une cellule impliquée dans la médiation non autorisée, le courtage et le trafic illicite d'équipements militaires, sans avoir obtenu les licences nécessaires auprès des autorités compétentes.

Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays.

L'avion transportait environ cinq millions de munitions de type Goryunov (54,7 x 62 mm).

Les autorités ont également saisi une partie du produit financier de la transaction en possession de deux suspects dans leurs chambres d'hôtel.

M. Al-Chamsi a déclaré que l'enquête avait révélé l'implication de membres de la cellule des chefs militaires soudanais, notamment l'ancien chef des services de renseignement Salah Gosh, un ancien officier de l'agence de renseignement, un ancien conseiller du ministre des Finances et une personnalité politique proche du général Abdel Fattah al-Burhan et de son adjoint Yasser al-Atta. Plusieurs hommes d'affaires soudanais ont également été impliqués.

Selon les enquêteurs, les membres de la cellule ont conclu un marché d'équipement militaire portant sur des fusils Kalachnikov, des munitions, des mitrailleuses et des grenades d'une valeur de plusieurs millions de dollars.

Les armes ont été transférées de l'armée soudanaise à une société d'importation des Émirats arabes unis en utilisant la méthode de transfert des HAWALADARS.

La transaction a été facilitée par l'intermédiaire d'une société appartenant à un membre fugitif de la cellule travaillant pour les forces armées soudanaises, en coordination avec le colonel Othman al-Zubair, responsable des opérations financières au sein de l'armée soudanaise.

De faux contrats et de fausses factures commerciales ont été utilisés pour prétendre que les paiements concernaient un contrat d'importation de sucre.

L'enquête a conclu que ces transactions avaient été effectuées à la demande du comité d'armement des forces armées soudanaises, présidé par Al-Burhan et son adjoint Al-Atta, en toute connaissance de cause et avec leur approbation. Les membres de la cellule ont été directement chargés de négocier et de finaliser les transactions par Ahmed Rabie Ahmed al-Sayed, une personnalité politique proche du commandant en chef soudanais et responsable de la délivrance des certificats et des approbations des utilisateurs finaux.

Les enquêteurs ont confirmé que Salah Gosh jouait un rôle central dans la gestion du trafic illégal d'équipements militaires aux Émirats arabes unis, en coordination avec d'autres membres de la cellule.

Le groupe a réalisé une marge bénéficiaire de 2,6 millions de dollars (1 dollar = 0,88 euro) par rapport à la valeur réelle des deux transactions, qu'il s'est répartie entre lui et plusieurs complices. La part de Gosh a été retrouvée en possession du suspect Khalid Youssef Mukhtar Youssef, ancien officier de renseignement et ex-chef de cabinet de Gosh.

La cargaison saisie était arrivée à l'aéroport des Émirats arabes unis à bord d'un avion privé en provenance d'un pays étranger.

L'avion s'était posé pour faire le plein et avait officiellement déclaré qu'il transportait un lot de fournitures médicales.

Cependant, la cargaison militaire a été découverte sous la supervision du ministère public, sur la base de mandats judiciaires émis par le procureur général.

Les autorités ont également saisi des copies des contrats relatifs aux deux transactions, de faux documents d'expédition, ainsi que des enregistrements audio et des messages échangés entre les membres de la cellule.

L'enquête a permis de découvrir plusieurs sociétés appartenant à un homme d'affaires soudano-ukrainien, dont une opérant aux Émirats arabes unis.

Ces sociétés ont fourni à l'armée soudanaise des armes, des munitions, des grenades et des drones, en collaboration avec les membres de la cellule et le responsable financier de l'armée.

L'une des sociétés figure sur la liste des sanctions américaines.

Les enquêtes en cours ont révélé que les intérêts financiers et les profits du groupe sont étroitement liés à la poursuite du conflit interne au Soudan.

Le procureur général a souligné que cet incident représentait une grave atteinte à la sécurité nationale des Émirats arabes unis, en faisant de leur territoire une plateforme pour le trafic illégal d'armes à destination d'un pays en proie à des troubles civils, en plus de constituer des infractions pénales punissables par la loi.

Il a conclu en déclarant que le ministère public poursuivait ses procédures d'enquête en vue de déférer les suspects à une procédure judiciaire d'urgence.

Les résultats définitifs seront annoncés à la fin de l'enquête.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Retailleau engage la procédure de dissolution d'Urgence Palestine

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine.
  • Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

PARIS : A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine, ainsi que de Lyon Populaire, qui appartient à l'ultra droite, après avoir lancé mardi celle du groupe antifasciste La Jeune Garde.

Invité de CNews/Europe 1, le ministre de l'Intérieur a justifié la dissolution d'Urgence Palestine en affirmant qu'il fallait « taper sur les islamistes ». « L'islamisme est une idéologie qui essaie d'instrumentaliser une religion. Il y a une défiguration de la foi », a-t-il dit.

« Il ne faut pas défigurer la juste cause des Palestiniens », a poursuivi M. Retailleau, qui a insisté sur le fait que « beaucoup de nos compatriotes musulmans professent une foi parfaitement compatible avec les valeurs de la République ».

Créé au lendemain de l'attaque sans précédent du Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza, le collectif Urgence Palestine dit rassembler « des citoyens, des organisations et mouvements associatifs, syndicaux et politiques mobilisés pour l'auto-détermination du peuple palestinien ». 

Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

« À l'heure où le peuple palestinien est confronté au génocide, à la famine, où les Israéliens cherchent à détruire et à anéantir le peuple palestinien, que fait le gouvernement français ? Il veut dissoudre notre collectif, c'est insupportable », a réagi Omar Al Soumi, l'un des militants d'Urgence Palestine.

« C'est la réalité d'une France complice du génocide », a-t-il accusé dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.

Urgence Palestine a reçu de nombreux messages de soutien de la part d'organisations de l'extrême gauche et de la gauche radicale. 

« Non à la dissolution d'Urgence Palestine », a écrit sur Instagram le Nouveau Parti Anticapitaliste, dénonçant « des prétextes pour faire taire les voix solidaires avec la Palestine ! ».

L'eurodéputée insoumise Rima Hassan a également critiqué les dissolutions engagées contre la Jeune Garde et Urgence Palestine.

« La dérive autoritaire et fasciste de Macron est aussi réelle, tangible et concrète », a-t-elle réagi sur X.

Tsedek!, qui se présente comme un « collectif juif décolonial », a aussi apporté son soutien à ces deux organisations.

« Le gouvernement qui appelle à la dissolution d’Urgence Palestine, c’est la République qui reprend ses droits et réaffirme que l’antisémitisme ne passera pas en France », s'est au contraire félicitée Sarah Aizenman, présidente du collectif « Nous vivrons », auprès de l'AFP. 

« Cette organisation ne défend pas les droits des Palestiniens, elle soutient une organisation terroriste », a accusé Mme Aizenman.

Les annonces de procédures de dissolution contre La Jeune Garde et Urgence Palestine interviennent à la veille des rassemblements du 1er-Mai et pourraient tendre le climat des manifestations, notamment à Paris, selon un haut responsable de la police.

Le ministre de l'Intérieur et le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, ont par avance prévenu qu'aucun débordement ne serait toléré.

Environ 15 000 personnes sont attendues jeudi pour la manifestation parisienne.