Aviation: des batteries nouvelle génération, en attendant les vols tout électriques?

Un Airbus A321 effectue sa démonstration de vol au Salon international de l'aéronautique et de l'espace de Paris (Photo, AFP).
Un Airbus A321 effectue sa démonstration de vol au Salon international de l'aéronautique et de l'espace de Paris (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 15 juin 2023

Aviation: des batteries nouvelle génération, en attendant les vols tout électriques?

  • La proposition est prometteuse et Limatech, lauréat de l'innovation aéronautique d'Airbus en 2019, ambitionne une production de 3 500 batteries par mois en 2030
  • Limatech est actuellement en phase de qualification, avec 46 tests de haut niveau au total à passer

VOREPPE: Dans l'atelier, un technicien s'affaire, soudant méticuleusement divers composants d'une carte électrique. Jalousement gardé à l'abri des caméras, ce circuit breveté a été développé par Limatech, une start-up française qui veut s'attaquer au marché potentiellement immense des batteries électriques pour avion.

Au pied des Alpes, à Voreppe en Isère, Limatech pousse les murs de ses locaux. Doublement lauréate du plan d'investissement France 2030, cette jeune pousse née en 2016 va passer à l'échelle industrielle.

D'ici à fin 2024, trois lignes de production devraient être en fonctionnement. Mais avant cela, l'équipe d'une trentaine de salariés travaille à faire certifier son nouveau modèle de batterie.

Limatech propose de remplacer les batteries au plomb ou au nickel-cadmium actuellement utilisées par l'aviation par un nouveau modèle, moins toxique pour l'environnement, selon l'entreprise.

La technologie, issue d'un transfert du centre de recherches CEA-Leti, repose sur une batterie lithium-fer-phosphate, qui sera utilisée pour démarrer les moteurs d'avions, les turbines, mais aussi pour l'alimentation électrique à bord.

Cette batterie nouvelle génération présente, à en croire Maxime Di Meglio, le cofondateur et directeur général de Limatech, plusieurs atouts, au premier plan desquels une masse plus faible.

"Notre batterie fait 6,5 kilos contre 16,5 kilos pour celles au nickel-cadmium et 17 kilos pour celles au plomb", détaille-t-il. Un gain loin d'être négligeable dans un avion, lorsque chaque kilo embarqué en plus nécessite davantage de kérosène.

Avec cette option, estime Florence Robin, la présidente de Limatech, le gain de masse peut même atteindre "25 kilos pour un hélicoptère et jusqu'à 120 kilos sur un A320".

Équiper des avions long courrier est d'ailleurs l'un des objectifs affichés de la start-up, qui va démarrer les vols l'an prochain sur des modèles plus petits. Limatech affiche une densité énergétique - la quantité d'énergie qui peut être stockée dans une masse donnée - trois fois supérieure aux batteries plomb et nickel-cadmium, assure-t-elle.

Surtout, ses ingénieurs ont mis un point un système permettant d'éviter l'emballement thermique, un risque traditionnellement associé aux batteries au lithium et qui explique les difficultés à les utiliser sur les avions.

La proposition est prometteuse et Limatech, lauréat de l'innovation aéronautique d'Airbus en 2019, ambitionne une production de 3 500 batteries par mois en 2030 pour tous types d'avions, pour un chiffre d'affaires qui pourrait se rapprocher de 200 millions d'euros par an.

«Balbutiement»

Pour l'instant, la production est toutefois loin d'avoir atteint ce rythme de croisière sur le site de Voreppe. Limatech est actuellement en phase de qualification, avec 46 tests de haut niveau au total à passer.

Parmi ces tests, une batterie va ainsi rester plusieurs heures à -40°C dans une étuve de l'atelier.

"L'une de nos innovations consiste à intégrer un réchauffeur à notre batterie", explique Maxime Di Meglio, un système qui permet de mettre à bonne température les accumulateurs intégrés à la batterie.

La recherche s'intensifie dans le domaine des batteries au lithium et d'autres sociétés se sont lancées dans l'aventure.

Le fabricant suédois de batteries Northvolt a dévoilé fin avril son propre programme, via sa filiale Cuberg, qui développe une batterie au lithium pour l'aviation.

Le chinois CATL (Contemporary Amperex Technology), autre gros producteur de batteries électriques pour l'automobile, a récemment annoncé le développement d'une batterie lithium-ion "à matière condensée" qui pourrait être utilisée pour l'aviation.

Mais faire voler de gros avions uniquement par des batteries électriques semble un rêve encore éloigné, précisent les fondateurs de Limatech.

"Beaucoup pensent à la propulsion électrique par batterie. Or, aujourd'hui, faire fonctionner des avions uniquement par batterie n'est pas possible au regard des technologies existantes", souligne Maxime Di Meglio.

"Nous en sommes au balbutiement en terme de batteries pour la propulsion. Il n'y a pas grand chose qui vole de façon électrique, à part des avions de tourisme et des drones de petite taille, et cela durant pas très longtemps", abonde Gaëtan Monnier, directeur mobilité à l'IFP Energies nouvelles (Ifpen).

Car les hydrocarbures utilisés actuellement dans l'aviation sont difficiles à concurrencer en terme de densité énergétique. C'est l'un des inconvénients, sans oublier aussi la nécessité de s'assurer d'un niveau de sécurité optimal, sans risque d'emballement thermique, précise le spécialiste.

En attendant de futures innovations, Limatech est d'ores et déjà en négociations avec de gros avionneurs.


France : le gouvernement échappe à la sanction de Fitch et Moody's

Un gros plan montre un site web de média avec la note triple "A" ( AAA ) suivie d’un point d’interrogation. (Photo Thomas Coex AFP)
Un gros plan montre un site web de média avec la note triple "A" ( AAA ) suivie d’un point d’interrogation. (Photo Thomas Coex AFP)
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  • Fitch, qui avait dégradé la note française l'an dernier, à «AA-» avec perspective stable, a réaffirmé cette note, qui signifie que le risque de défaut reste très faible
  • Le déficit public de la France a lourdement dérapé à 5,5% du PIB en 2023 au lieu de 4,9% espérés, en raison surtout de moindres recettes que prévu, et les 110,6% de PIB de dette représentent le troisième plus fort ratio de dette de l'UE

PARIS : Leur avis sur la solidité de la dette française était particulièrement guetté vendredi après une série de mauvaises nouvelles concernant les finances publiques depuis février. Mais Fitch et Moody's, deux des plus grandes agences de notation, ont laissé leurs notes inchangées.

Fitch, qui avait dégradé la note française l'an dernier, à «AA-» avec perspective stable, a réaffirmé cette note, qui signifie que le risque de défaut reste très faible. Elle avait prévenu dès le début du mois qu'elle ne comptait pas la changer.

Moody's pour sa part n'a pas à proprement parler «réaffirmé» sa note de Aa2, avec perspective stable, un cran au-dessus de celle de Fitch, mais ne l'a pas modifiée non plus.

Le déficit public de la France a lourdement dérapé à 5,5% du PIB en 2023 au lieu de 4,9% espérés, en raison surtout de moindres recettes que prévu, et les 110,6% de PIB de dette représentent le troisième plus fort ratio de dette de l'UE après la Grèce et l'Italie. Le gouvernement a dû annoncer en urgence depuis février deux trains d'efforts budgétaires de 10 milliards d'euros chacun.

Le ministre des Finances Bruno Le Maire a aussitôt «pris note» de ces nouvelles dans un bref communiqué, ajoutant que «cette décision doit nous inviter à redoubler de détermination pour rétablir nos finances publiques et tenir l’objectif fixé par le président de la République: être sous les 3% (de PIB, NDLR) de déficit en 2027».

«Nous tiendrons notre stratégie fondée sur la croissance et le plein emploi, les réformes de structure et la réduction des dépenses publiques», assure le ministre.

Dans leurs communiqués respectifs, il est clair que ni Fitch ni Moody's ne croient au retour du déficit sous les 3% en 2027, qui est une exigence de Bruxelles.

Pour Moody's cependant, la perspective pourrait s'améliorer si le gouvernement «réussit à faire adopter et à appliquer des mesures» permettant de réduire significativement la dette. Mais la perspective et la note elle-même pourraient à l'inverse se dégrader à l'avenir si la situation de la dette se détériorait en France davantage que chez ses «pairs».

Fitch observe que la note de la France se justifie à la fois par une économie «vaste et diversifiée», des institutions «fortes et efficaces» et «une stabilité reconnue». Mais qu'en revanche, cette notation est affaiblie par les finances publiques et en particulier le niveau élevé de dette.

- «Signal positif» -

Les notes attribuées par les deux agences classent encore la dette française parmi celles de «haute qualité». La France a perdu en 2012 son triple A, marquant les dettes souveraines les plus sûres, comme celle de l'Allemagne actuellement.

«La France est dans une situation plutôt solide, les marchés lui prêtent à un taux qui n’a pas bougé malgré les mauvaises nouvelles économiques», remarquait vendredi après-midi sur franceinfo Xavier Timbeau, directeur de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

Pour lui, une dégradation aurait eu plutôt un «impact assez fort dans le débat politique» avant les élections européennes du 9 juin: ce qu'il prédisait comme un argument pour que ces agences n'abaissent pas la note de la France, afin «de ne pas jouer avec le feu dans une période électorale».

Le gouvernement aura encore à affronter le 31 mai la notation de la plus regardée des agences, S&P, qui place la France sur la même ligne que Moody's, à AA, mais avec une perspective négative, signifiant que la note pourrait baisser à moyen terme.

M. Le Maire va devoir aller défendre le Programme de Stabilité («PSTAB») et les prévisions de retour du déficit public sous 3% en 2027 qu'il contient, devant les députés lundi, puis devant les sénateurs mardi.

Le président (LFI) de la Commission des Finances de l'Assemblée Eric Coquerel a considéré sur X que la décision des agences n'avait «aucune importance», mais «n'empêchait pas la politique budgétaire et économique du gouvernement de nous emmener dans le mur».

Le rapporteur général du budget à l'Assemblée nationale, Jean-René Cazeneuve (Renaissance), a estimé au contraire que le maintien des notes était «un signal positif qui valide notre politique de réduction du déficit et les décisions prises en début d'année dès que le ralentissement de la croissance s'est confirmé».


Monnaie numérique, IA et santé mentale au programme de l’Open Forum Riyadh

Des représentants gouvernementaux, des artistes, des leaders de la société civile, des entrepreneurs et des PDG de multinationales interviendront au cours des différentes tables rondes. (Photo, AFP)
Des représentants gouvernementaux, des artistes, des leaders de la société civile, des entrepreneurs et des PDG de multinationales interviendront au cours des différentes tables rondes. (Photo, AFP)
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  • Cet événement se déroulera parallèlement à la réunion spéciale du WEF sur la collaboration mondiale
  • «Dans le cadre de Vision 2030 de l’Arabie saoudite, Riyad est devenue une capitale mondiale pour le leadership éclairé, l’action et les solutions»

LONDRES: L'Open Forum Riyadh, une série de tables rondes publiques qui se tiendront dans la capitale saoudienne dimanche et lundi, «mettra l’accent sur les défis et les opportunités au niveau mondial», selon les organisateurs.

Cet événement, fruit d’une collaboration entre le Forum économique mondial (WEF) et le ministère saoudien de l’Économie et de la Planification, se déroulera parallèlement à la réunion spéciale du WEF sur la collaboration mondiale, la croissance et l’énergie pour le développement, qui aura lieu à Riyad les 28 et 29 avril.

«Dans le cadre de Vision 2030 de l’Arabie saoudite, Riyad est devenue une capitale mondiale pour le leadership éclairé, l’action et les solutions, favorisant l’échange de connaissances et d’idées innovantes», affirme dans un communiqué de presse Faisal F. Alibrahim, ministre saoudien de l’Économie et de la Planification. Ce dernier précise que l’organisation de l’Open Forum de cette année à Riyad «témoigne de l’influence et du rôle croissants de la ville sur la scène internationale».

Le forum est ouvert au public et «vise à faciliter le dialogue entre les leaders éclairés et le grand public sur une série de sujets, notamment les défis environnementaux, la santé mentale, les monnaies numériques, l’intelligence artificielle [IA], le rôle des arts dans la société, l’entrepreneuriat moderne et les villes intelligentes», indique un communiqué.

Au programme, des tables rondes qui portent sur l’impact des monnaies numériques au Moyen-Orient, sur le rôle de la culture dans la diplomatie publique, sur le développement urbain pour les villes intelligentes ainsi que sur les actions qui ont pour objectif d’améliorer le bien-être mental dans le monde.

L’Open Forum, qui a lieu chaque année, a été créé en 2003 dans le but de permettre à un public plus large de participer aux activités du WEF. Il a été organisé dans plusieurs pays, dont le Cambodge, l’Inde, la Jordanie et le Vietnam.

Des représentants gouvernementaux, des artistes, des leaders de la société civile, des entrepreneurs et des PDG de multinationales interviendront au cours des différentes tables rondes.

Parmi les intervenants de cette année figurent Yazid A. al-Humied, gouverneur adjoint et responsable des investissements dans la région Mena au Fonds public d’investissement saoudien (PIF), la princesse Rima bent Bandar al-Saoud, ambassadrice d’Arabie saoudite aux États-Unis, et la princesse Beatrice, fondatrice du Big Change Charitable Trust et membre de la famille royale britannique.

Michèle Mischler, responsable des affaires publiques suisses et de la durabilité au WEF, a fait savoir dans un communiqué de presse que la participation du public aux tables rondes de l’Open Forum «favorise la diversité des points de vue, enrichit le dialogue mondial et renforce les solutions collectives pour un avenir plus inclusif et durable».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le FMI ouvre son premier bureau dans la région Mena à Riyad

Le bureau permettra une collaboration plus étroite entre le FMI et les institutions régionales. (Shutterstock)
Le bureau permettra une collaboration plus étroite entre le FMI et les institutions régionales. (Shutterstock)
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  • Ce nouveau bureau a pour but de renforcer le développement des capacités, la surveillance régionale et la communication
  • Il permettra une collaboration plus étroite entre le FMI et les institutions régionales, les gouvernements et les autres parties prenantes

RIYAD: Le Fonds monétaire international (FMI) a ouvert son premier bureau dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (Mena) à Riyad.

Le bureau a été inauguré lors de la Conférence régionale conjointe sur les politiques industrielles de diversification, organisée conjointement par le FMI et le ministère des Finances le 24 avril.

Selon l’agence de presse saoudienne (SPA), ce nouveau bureau a pour but de renforcer le développement des capacités, la surveillance régionale et la communication afin de favoriser la stabilité, la croissance et l’intégration régionale, promouvant ainsi les partenariats au Moyen-Orient et au-delà.

En outre, le bureau permettra une collaboration plus étroite entre le FMI et les institutions régionales, les gouvernements et les autres parties prenantes, indique la SPA. Cette dernière indique que le FMI a remercié l’Arabie saoudite de sa contribution financière visant à renforcer le développement des capacités dans ses États membres, y compris les pays fragiles.

Abdoul Aziz Wane, chef de mission chevronné du FMI qui a une connaissance approfondie de l’institution et dispose d’un vaste réseau de décideurs et d’universitaires dans le monde entier, sera le premier directeur du bureau de Riyad.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com