«Vaut mieux rester à la maison»: à Kiev, les habitants rebutés par l'état des abris

Des habitants s'abritent dans une station de métro du centre de Kiev lors d'une attaque de missiles russes, le 16 juin 2023, dans le cadre de l'invasion russe de l'Ukraine. (AFP)
Des habitants s'abritent dans une station de métro du centre de Kiev lors d'une attaque de missiles russes, le 16 juin 2023, dans le cadre de l'invasion russe de l'Ukraine. (AFP)
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Publié le Vendredi 16 juin 2023

«Vaut mieux rester à la maison»: à Kiev, les habitants rebutés par l'état des abris

  • La frustration des habitants est palpable, en dépit des efforts annoncés par les autorités d'inspecter et de remettre en état les refuges de la ville
  • Dans la foulée de ce drame, une commission a inspecté les 4 655 abris de la capitale. Selon ses conclusions, publiées par la mairie, seuls 65% sont plus ou moins en état, 21% doivent être rénovés et 14% sont tout simplement inutilisables

KIEV: Pour atteindre un sous-sol délabré servant d'abris antiaérien dans un quartier résidentiel de l'est de Kiev, il faut emprunter une vieille porte branlante posée à même des marches cassées.

A l'intérieur, des résidents allument leurs lampes-torches pour montrer l'espace, censé pouvoir accueillir 350 personnes. Ici, la ventilation est bloquée par des ordures, il n'y pas d'électricité et des SDF ont pris l'habitude d'y passer la nuit.

Pourtant, ce sous-sol, bâti pour être un abri antiaérien pendant la Guerre froide, devrait être équipé de réserves d'eau, de toilettes, avoir deux accès et être ventilé.

Avec près d'un an et demi de guerre, et une campagne de bombardements nocturnes particulièrement intense depuis début mai, ce refuge et une multitude d'autres à travers la capitale ne sont, de facto, pas utilisables.

"S'il était remis en état, on pourrait y accueillir 350 personnes, soit deux immeubles!", s'agace Kateryna Chylo, 42 ans, une mère de trois enfants habitant près de l'abri rue Souleïman Stalsky.

La frustration des habitants est palpable, en dépit des efforts annoncés par les autorités d'inspecter et de remettre en état les refuges de la ville.

Celles-ci ont juré de donner un coup d'accélérateur à la remise en état de ces sites après la mort d'une mère et de sa fille de 9 ans le 1er juin, tuées dans un quartier voisin par les débris d'un missile russe abattu alors qu'elles attendaient dans la rue l'ouverture d'un abri, fermé malgré une alerte antiaérienne nocturne.

Un tiers inaccessible

Dans la foulée de ce drame, une commission a inspecté les 4 655 abris de la capitale. Selon ses conclusions, publiées par la mairie, seuls 65% sont plus ou moins en état, 21% doivent être rénovés et 14% sont tout simplement inutilisables.

Autre problème, près d'un tiers d'entre eux étaient inaccessibles ou seulement après un appel téléphonique à une personne disposant de la clé.

A l'époque soviétique, à l'heure où le monde craignait une guerre nucléaire, ces sites étaient rénovés. Depuis la fin de l'URSS en 1991, ils sont tombés en ruine.

Celui de la rue Souleïman Stalsky a été d'abord privatisé illégalement, puis il a changé de propriétaires à de multiples reprises. Au final, il a même été oublié des cartes des abris antiaériens.

Pourtant, "dès le début de la guerre (le 24 février 2022), les gens sont venus ici, il n'y avait pas d'autre choix", explique Mme Chylo.

Durant ces premiers mois, les habitants ont essayé d'améliorer les lieux, amenant des lits, des chaises et des bancs. Mais régulièrement, ils devaient aussi y ramasser des excréments humains de SDF et de toxicomanes qui y passent la nuit.

L'un des voisins, Oleksandre, s'agace de voir que les autorités ne mettent pas la pression "sur le propriétaire pour qu'il remette les lieux en état". D'autant que l'abri est de "classe 2", c'est-à-dire le second niveau de résistance, un lieu bien plus sûr qu'une cave classique.

Confort de la maison

Bâti en 1982, et d'une surface de 234m2, "il y avait tout ici: des lits superposés et même des masques à gaz", se souvient Ganna Skirsko, 67 ans, qui connaissait l'endroit à l'époque soviétique.

Dans un courrier à un résident dont l'AFP a pris connaissance, un responsable du quartier, Pavlo Babiï, affirme qu'une rénovation n'était "pas économiquement faisable" car elle coûterait 1,8 million de hryvnias (45 000 euros environ).

Sur l'avenue Beresteïsky, dans un quartier ouest, un autre abri est bien plus propre. Néanmoins, la tuyauterie du système de ventilation est rouillée, les toilettes sont cassées et la moisissure s'étend sur des murs à la peinture écaillée.

Avant la guerre, le refuge servait à entreposer du bric-à-brac. Ce sont les habitants qui l'ont nettoyé et installé des meubles de base, explique l'une d'entre eux, Anna Borychkevytch, 30 ans.

Si elle continue d'y aller avec quelques voisins lorsque les sirènes retentissent annonçant un possible bombardement, elle assure que la plupart des gens n'y viennent pas en raison de l'insalubrité.

"Il doit y avoir 300 ou 400m2 ici je pense, si c'était bien fait tous les habitants de ce bloc d'appartements pourraient venir, mais ils en n'ont pas envie", raconte la jeune femme, coordinatrice d'un centre de santé publique.

Selon elle, certains préfèrent tout simplement "le confort de leur maison". D'autant que beaucoup d'habitants de l'immeuble des années 1960 sont des personnes âgées qui peinent dans les escaliers.

"Personne ne s'est même posé la question de comment faire pour y descendre en fauteuil roulant", déplore-t-elle.

Seul point positif, l'électricité a été réparé. Selon elle, après la mort de la mère et de sa fillette le 1er juin.

Au fond, dit-elle, on "s’habitue à ne pas avoir d'abris dignes de ce nom".


Nucléaire: Paris, Berlin et Londres exhortent Téhéran à négocier «au plus vite, sans préconditions»

 Le président du Conseil européen António Costa, le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba, le Premier ministre italien Giorgia Meloni, le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre canadien Mark Carney arrivent pour une photo de famille lors du sommet du Groupe des Sept (G7) au Kananaskis Country Golf Course à Kananaskis, Alberta, Canada, le 16 juin 2025. (AFP)
Le président du Conseil européen António Costa, le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba, le Premier ministre italien Giorgia Meloni, le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre canadien Mark Carney arrivent pour une photo de famille lors du sommet du Groupe des Sept (G7) au Kananaskis Country Golf Course à Kananaskis, Alberta, Canada, le 16 juin 2025. (AFP)
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  • Dans la nuit de lundi à mardi, le ministère iranien des Affaires étrangères avait fait état de l'appel entre le chef de la diplomatie iranienne et chef négociateur pour le nucléaire avec ses homologues français, britannique et allemand
  • Jean-Noël Barrot, David Lammy et Johann Wadephul, qui se sont entretenus lundi soir avec la cheffe de la diplomatie de l'Union européenne Kaja Kallas, ont "appelé l'Iran à éviter toute fuite en avant contre les intérêts occidentaux"

PARIS: Les chefs de la diplomatie française, britannique et allemand ont "incité l'Iran à revenir au plus vite, sans préconditions, à la table des négociations" sur le programme nucléaire iranien, selon une source diplomatique française.

Jean-Noël Barrot, David Lammy et Johann Wadephul, qui se sont entretenus lundi soir avec la cheffe de la diplomatie de l'Union européenne Kaja Kallas, ont en outre "appelé l'Iran à éviter toute fuite en avant contre les intérêts occidentaux, toute extension régionale et toute escalade nucléaire" comme la non-coopération avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), la sortie du Traité sur la non-prolifération (TNP) ou le franchissement de seuils d'enrichissement, selon la même source.

Dans la nuit de lundi à mardi, le ministère iranien des Affaires étrangères avait fait état de l'appel entre le chef de la diplomatie iranienne et chef négociateur pour le nucléaire avec ses homologues français, britannique et allemand ainsi que Kaja Kallas.

Abbas Araghchi a estimé que les frappes israéliennes contre son pays "portent un coup" à la diplomatie.

"L'agression israélienne contre l'Iran en pleine négociation (sur le nucléaire avec les Etats-Unis, NDLR) porte un coup à la diplomatie", a-t-il déclaré.

La France, l'Allemagne et le Royaume Uni et l'UE sont membres avec la Chine et la Russie d'un accord sur le nucléaire conclu en 2015 et dont les Etats-Unis s'étaient unilatéralement retirés.

Paris, Berlin et Londres, qui forment le groupe E3, avaient entrepris des discussions avec Téhéran l'an passé pour tenter de trouver un nouvel accord sur le nucléaire.

Parallèlement, les Etats-Unis avaient entamé des négociations indirectes en début d'année qui butaient sur la question de l'enrichissement d'uranium iranien.

Un nouveau cycle de négociations devait avoir lieu la semaine dernière avant qu'Israël ne frappe l'Iran.

Les Etats-Unis et leurs alliés occidentaux, ainsi qu'Israël, considéré par des experts comme la seule puissance nucléaire au Moyen-Orient, accusent depuis longtemps la République islamique d'Iran de chercher à se doter de l'arme atomique, ce qu'elle a toujours nié.

Par ailleurs, des messages ont été passés par les ministres français, britannique et allemand à Israël "sur la nécessité de ne pas cibler les autorités, infrastructures et populations civiles", selon la source diplomatique française.

 


Les forces américaines restent «dans une posture défensive» au Moyen-Orient annonce la Maison Blanche

Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X. (AFP)
Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X. (AFP)
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  • "Ce que vous voyez en temps réel, c'est la paix par la force et l'Amérique d'abord. Nous sommes en position défensive dans la région, pour être forts, dans la poursuite d'un accord de paix, et nous espérons certainement que c'est ce qui se passera"
  • "Et le président (Donald) Trump l'a dit clairement, c'est sur la table. La question est de savoir si l'Iran l'acceptera"

WASHINGTON: Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X.

"Nous défendrons les intérêts américains" dans la région, a-t-il ajouté, alors que le conflit entre Israël et l'Iran se poursuit pour la cinquième nuit consécutive.

"Ce que vous voyez en temps réel, c'est la paix par la force et l'Amérique d'abord. Nous sommes en position défensive dans la région, pour être forts, dans la poursuite d'un accord de paix, et nous espérons certainement que c'est ce qui se passera", a déclaré de son côté le ministre de la Défense, Pete Hegseth, interrogé sur la chaîne Fox News.

"Et le président (Donald) Trump l'a dit clairement, c'est sur la table. La question est de savoir si l'Iran l'acceptera", a-t-il ajouté.

Le président américain va écourter sa participation au sommet du G7 au Canada pour rentrer à Washington dans la soirée en raison de la situation au Moyen-Orient, a indiqué la Maison Blanche.

Ces déclarations sur la posture "défensive" des forces américaines surviennent alors que des informations diffusées par des médias israéliens ont fait état d'une supposée participation directe des Américains aux frappes contre l'Iran.

Entretemps, le porte-avions américain Nimitz, qui croisait en mer de Chine méridionale, a mis le cap à l'ouest et prend la direction du Moyen-Orient, a confirmé un responsable du Pentagone.

Il remonte actuellement le détroit de Malacca, entre l'île indonésienne de Sumatra et la Malaisie.

Des sites qui géolocalisent en temps réel les positions des avions dans le monde entier ont identifié pour leur part dans la nuit de dimanche à lundi le mouvement d'une trentaine d'avions ravitailleurs américains, qui ont décollé des Etats-Unis et se sont dirigés vers différentes bases militaires en Europe.

Israël, allié des Etats-Unis, a lancé vendredi une campagne aérienne massive d'une ampleur sans précédent contre l'Iran, en ciblant des centaines de sites militaires et nucléaires, avec l'objectif affiché de l'empêcher de se doter de l'arme nucléaire. L'Iran tire depuis des salves de missiles en riposte.

Le président américain a appelé sur son réseau Truth Social "tout le monde à évacuer Téhéran immédiatement".

"L'Iran aurait dû signer l'+accord+ quand je leur ai dit de signer. Quel dommage et quel gâchis de vies humaines. Pour le dire simplement, L'IRAN NE PEUT PAS AVOIR D'ARME NUCLEAIRE", a-t-il aussi écrit.

Les Etats-Unis aident déjà Israël à intercepter les missiles iraniens visant son territoire.

 

 


Conflit Israël-Iran: Trump quitte prématurément le G7

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  • Le président américain, dont le séjour dans les Rocheuses canadiennes devait se prolonger jusqu'à mardi en fin de journée et se conclure par une conférence de presse, "rentre à Washington pour s'occuper de nombreux sujets importants"
  • Cette annonce vient peu après que Donald Trump a écrit sur son réseau Truth Social: "Tout le monde devrait évacuer Téhéran immédiatement."

KANANASKIS: "A cause de ce qui se passe au Moyen-Orient, le président Trump va partir ce soir après le dîner" avec les autres dirigeants du sommet du G7 au Canada, un jour plus tôt que prévu, a annoncé lundi sa porte-parole Karoline Leavitt sur X.

Le président américain, dont le séjour dans les Rocheuses canadiennes devait se prolonger jusqu'à mardi en fin de journée et se conclure par une conférence de presse, "rentre à Washington pour s'occuper de nombreux sujets importants", a-t-elle déclaré par ailleurs dans un court communiqué.

Cette annonce vient peu après que Donald Trump a écrit sur son réseau Truth Social: "Tout le monde devrait évacuer Téhéran immédiatement."