Le violoniste star Vasko Vassilev, de la Couronne à sa Bulgarie déshéritée

Le violoniste et chef d'orchestre bulgare Vasko Vassilev se produit dans le Montana, au nord-ouest de la Bulgarie, le 1er juin 2023. (AFP)
Le violoniste et chef d'orchestre bulgare Vasko Vassilev se produit dans le Montana, au nord-ouest de la Bulgarie, le 1er juin 2023. (AFP)
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Publié le Dimanche 18 juin 2023

Le violoniste star Vasko Vassilev, de la Couronne à sa Bulgarie déshéritée

  • A Montana (nord-ouest), dans la région la plus pauvre de l'UE, la scène est vétuste, l'éclairage blafard mais l'atmosphère est endiablée, le public enthousiaste
  • «Un contraste» qu'apprécie le violoniste de 52 ans aux tempes grisonnantes, sourire éclatant et dégaine de gamin

MONTANA: Il a troqué le smoking contre un pantalon tout-terrain. Le virtuose bulgare Vasko Vassilev, premier violon au couronnement de Charles III, a sauté le soir même dans un avion pour entamer une tournée dans son pays natal.

A Montana (nord-ouest), dans la région la plus pauvre de l'UE, la scène est vétuste, l'éclairage blafard mais l'atmosphère est endiablée, le public enthousiaste. Loin du décor feutré de l'abbaye de Westminster.

"Un contraste" qu'apprécie le violoniste de 52 ans aux tempes grisonnantes, sourire éclatant et dégaine de gamin.

Entré il y a trois décennies au sein du prestigieux orchestre de la Royal Opera House situé à Covent Garden, où il est aussi directeur de la création, Vasko Vassilev joue ce soir de juin "ce qui lui plaît", de Bach au flamenco, de Bizet au tango.

Dans la salle pleine à craquer, les habitants du coin savourent une rare occasion d'assister à un concert de haut niveau.

"Pour moi, c'était très important de me produire dans ces villes, qui accueillent peu d'événements musicaux", explique-t-il à l'AFP.

A Londres, le public était trié sur le volet. Ici les spectacteurs, "avides de culture, sont prêts à se priver pour pouvoir se payer une place" (de 15 à 25 euros), "oublier leur quotidien et entrer dans un monde magique".

Refus des étiquettes 

"C'était merveilleux, j'en ai des frissons", confie Micho Stavrov, un entrepreneur de 64 ans. "Une performance à couper le souffle", renchérit Eva Yanakieva, étudiante en économie, les bras chargés des disques de son idole.

Plus de 40% vivent au-dessous du seuil de pauvreté dans cette région de la Bulgarie, elle-même membre le moins riche de l'Union européenne.

Cette tournée était prévue de longue date, avant le décès de la reine Elizabeth II. Et le violoniste n'y aurait renoncé pour rien au monde.

Conduisant lui-même sur les routes délabrées, Vasko Vassilev s'adapte à des conditions difficiles pour profiter au maximum de "l'émotion" qui le saisit dès les premières notes.

Enfant de la balle, né de l'union entre un violoniste et une pianiste, il admet ne pas avoir vraiment pu décider de son métier: "j'avais le choix entre le violon... et le piano", s'amuse-t-il.

A huit ans il monte sur scène et deux ans plus tard, son talent lui vaut d'être envoyé par le gouvernement communiste au conservatoire de Moscou.

Lauréat du concours Paganini de Gênes, super soliste de l'opéra de Lyon, il devient à 23 ans le plus jeune premier violon de l'orchestre londonien, tout en refusant d'être mis "dans la case musicien classique".

"Il est important de savoir interpréter tous les genres. Même Mozart a joué de la musique populaire", insiste-t-il.

Banitsa et boza 

Malgré son parcours international et une dizaine de langues parlées - "toutes très mal" -, il confesse "s'être toujours senti Bulgare", et jouit chez lui d'une immense popularité.

Dans chaque ville, il goûte de la banitsa, une pâtisserie traditionnelle salée, avec du boza, une boisson à base de céréales typique des Balkans.

Entre deux concerts, il se souvient de la cérémonie du 6 mai qui l'a marqué plus que tout autre évènément de sa carrière.

Quand il a appris qu'il serait premier violon au couronnement du roi Charles III, il s'est dit dans un communiqué "particulièrement fier en tant que citoyen britannique naturalisé".

"En participant à ce spectacle somptueux, qui n'a lieu qu'une ou deux fois par siècle, nous sommes devenus partie intégrante de l'Histoire", raconte-t-il. "A l'Opéra, on ne fait que retranscrire sur scène les grands moments. Or cette fois, nous étions au coeur de l'évènement".

Son périple bulgare à peine terminé, Vasko Vassilev s'est envolé en tournée au Japon avec le Royal ballet de Londres. "Nous musiciens, nous sommes une tribu nomade, toujours en voyage", sourit-il.


Diriyah: écrin d’histoire, une exposition qui transporte les parisiens au cœur de l’Arabie Saoudite

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
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  • D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle
  • Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale

PARIS: À peine franchi le seuil du Grand Palais Immersif à Paris, le visiteur de l’exposition « Diriyah : un écrin d’histoire » quitte le tumulte parisien pour se retrouver transporté au cœur de l’Arabie saoudite.
Le parcours débute par un long couloir aux murs sobres, délicatement éclairés, recouverts de tapis tissés artisanalement et ponctués de chants d’oiseaux.
À son terme, une porte massive en bois brut, sculptée selon la tradition ancestrale de Diriyah : l’immersion commence, dans une atmosphère d’apaisement et de sérénité.

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale.
Plus loin, un salon inspiré des habitations traditionnelles accueille les visiteurs. Assis au son apaisant du oud, ils dégustent café et figues, un goûter authentique qui évoque l’hospitalité saoudienne.

L’exposition déroule ensuite une série d’images monumentales retraçant la vie quotidienne d’autrefois : cavalerie, danses, vannerie et artisanats. Mais le point d’orgue du parcours est une immersion totale d’environ quatre minutes dans les rues de Diriyah.
Le spectateur se retrouve au milieu des habitants, partagé entre marchés animés, activités agricoles et scènes de fête : une expérience surprenante, qui donne l’impression de voyager sans quitter Paris.

Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.

Cette exposition n’est pas seulement une prouesse visuelle : elle incarne l’esprit d’une cité majeure de l’histoire saoudienne. Diriyah, berceau de l’État saoudien, est en effet le lieu où la dynastie Al Saoud a vu le jour au XVIIIᵉ siècle, au sein du site d’At-Turaif.
Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, At-Turaif est un ensemble exceptionnel de palais et de demeures en briques de terre crue, restaurés avec soin et visités aujourd’hui par des millions de personnes. Il permet de revivre les origines politiques et culturelles du Royaume.

Mais Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.
Diriyah s’étend sur 11,7 km² et se compose de quartiers mêlant espaces résidentiels, commerciaux et culturels. Le projet de développement prévoit plus de 30 hôtels, des parcs, des zones de loisirs, ainsi que la création de 178 000 emplois.

Depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.

Parmi ses joyaux contemporains, les terrasses de Bujairi séduisent par leurs restaurants raffinés et leurs boutiques, tandis que le wadi Hanifa, une vallée verdoyante transformée en oasis moderne, invite à la promenade entre arbres nouvellement plantés, pistes cyclables et sentiers équestres.
Ce mélange de patrimoine et de modernité fait de Diriyah une destination unique, alliant mémoire historique, innovation et respect de l’environnement.

« Nous voulons que les visiteurs s’imprègnent pleinement de la vie de Diriyah, qu’ils ressentent son passé, son présent et son avenir », explique Saeed Abdulrahman Metwali, directeur général de la stratégie d’orientation touristique et du design.
Selon lui, l’expérience immersive proposée à Paris est une manière de donner un avant-goût de la richesse culturelle et humaine que Diriyah réserve à ses visiteurs : « À travers ces images, on découvre les habitants, les marchés, les maisons et l’âme de la cité. L’idée est d’offrir une perception vivante et authentique, qui incite à venir découvrir Diriyah sur place. »

Les chiffres confirment d’ailleurs cet engouement : depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.
L’objectif est ambitieux : en accueillir 50 millions d’ici 2030, grâce à une offre hôtelière et culturelle sans cesse enrichie.

L’exposition parisienne, de courte durée (du 12 au 14 septembre), illustre la volonté de Diriyah de s’ouvrir à l’international et témoigne de sa stratégie visant à se positionner comme un lieu mondial du tourisme culturel, où se conjuguent tradition et modernité.


Un documentaire met en lumière le patrimoine environnemental des monts Al-Arma

La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
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  • Le film présente de superbes images panoramiques des montagnes d'Al-Arma
  • Le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid

RIYAD: L'Autorité de développement de la réserve royale Imam Abdulaziz bin Mohammed a annoncé la production d'un nouveau film documentaire sur les monts Al-Arma, un point de repère environnemental situé dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad.

Sami Al-Harbi, directeur de la communication de l'autorité, a déclaré que le film présente des images panoramiques époustouflantes des monts Al-Arma, ainsi que des points de vue d'experts et de chercheurs qui discutent de leur importance environnementale et historique particulière.

Il a ajouté que le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid.

M. Al-Harbi a déclaré que cette production médiatique s'inscrivait dans le cadre des efforts déployés par l'autorité pour sensibiliser à l'environnement et promouvoir l'écotourisme durable, conformément aux objectifs de la Saudi Vision 2030.


Rare découverte d'un tableau de Rubens que l'on croyait disparu

Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
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  • "C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat
  • "C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

PARIS: Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte.

"C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat, président de la maison de vente éponyme, qui mettra le tableau aux enchères le 30 novembre.

"C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

"Il a été peint par Rubens au summum de son talent et été authentifié par le professeur Nils Büttner", spécialiste de l'art allemand, flamand et hollandais du XVe au XVIe siècle et président du Rubenianum, un organisme situé à Anvers près de l'ancienne maison-atelier de Rubens et chargé de l'étude de son oeuvre, selon M. Osenat.

"J'étais dans le jardin de Rubens et je faisais les cent pas pendant que le comité d'experts délibérait sur l'authenticité du tableau quand il m'a appelé pour me dire +Jean-Pierre on a un nouveau Rubens !+", a-t-il raconté avec émotion.

"C'est tout le début de la peinture baroque, le Christ crucifié est représenté, isolé, lumineux et se détachant vivement sur un ciel sombre et menaçant. Derrière la toile de fond rocheuse et verdoyante du Golgotha, apparait une vue montrant Jérusalem illuminée, mais apparemment sous un orage", a-t-il détaillé.

Ce tableau "est une vraie profession de foi et un sujet de prédilection pour Rubens, protestant converti au catholicisme", a poursuivi M. Osenat, précisant que l'oeuvre est dans un "très bon état" de conservation.

Sa trace a été remontée à partir d'une gravure et il a été authentifié à l'issue d'une "longue enquête et d'examens techniques comme des radiographies et l'analyse des pigments", a encore précisé le commissaire-priseur.

Si le peintre a réalisé nombre de tableaux pour l'Eglise, ce chef d'oeuvre, d'une dimension de 105,5 sur 72,5 centimètres, était probablement destiné à un collectionneur privé. Il a appartenu au peintre académique du XIXe siècle William Bouguereau puis aux propriétaires de l'hôtel particulier parisien où il été retrouvé.