AlUla, un modèle exemplaire de coopération franco-saoudienne

Dadan, la falaise et sa nécropole. (Photo AFALULA/RCU).
Dadan, la falaise et sa nécropole. (Photo AFALULA/RCU).
Short Url
Publié le Lundi 19 juin 2023

AlUla, un modèle exemplaire de coopération franco-saoudienne

  • En 2023, les premiers projets de recherche seront menés à bien, selon Ingrid Périssé, directrice de l’archéologie et de la recherche à AlUla
  • «Il faut saluer la rapidité avec laquelle AlUla a gagné en notoriété et dans le monde entier», affirme Mathias Curnier, directeur de cabinet du président exécutif d’Afalula

PARIS: S’il est un modèle de coopération exemplaire entre deux pays, c’est la coopération franco-saoudienne pour le développement et la valorisation du site archéologique d’AlUla, au nord-est de l’Arabie saoudite.

Né d’un accord bilatéral signé en avril 2018 à l’Élysée, le projet est piloté par la Commission royale pour AlUla (RCU) et l’Agence française pour le développement d’AlUla (Afalula), unies dans le cadre d’un objectif historique: le rayonnement de la culture et de l’histoire en Arabie saoudite.

Les deux entités travaillent main dans la main depuis, pour faire de ce site un modèle de développement économique et touristique.

alula
La vieille ville aujourd'hui. (Photo AFALULA/RCU).

Souvent décrite comme un musée à ciel ouvert, dont la superficie est égale à celle de la Belgique, AlUla est en passe de devenir une destination de référence que les touristes du monde entier apprécient.

Avant même la fin des travaux de développement prévue pour 2035, AlUla attire dès à présent un grand nombre de visiteurs, épris de paysages époustouflants et de richesse inégalable.

Les découvertes archéologiques ne laissent pas de répit aux 120 archéologues et experts actifs à travers les missions déployées à AlUla et Khaybar qui constituent le plus grand centre archéologique de la péninsule Arabique, indique Ingrid Périssé, directrice de l’archéologie et de la recherche, dans un entretien accordé à Arab News en français.

C’est un véritable «bijou patrimonial» affirme-t-elle, que les experts venus du monde entier veulent étudier.

L’année 2022 a été jalonnée par de nombreuses découvertes archéologiques dont des murs découverts dans la vieille ville d’AlUla et qui remontent au moins au XVe siècle. «Des découvertes extraordinaires ont été faites à Dadan également, dont une nouvelle statue colossale, qui a été stabilisée par des restaurateurs français puis transportée du site au musée d’AlUla. Par ailleurs, un petit sanctuaire funéraire a été découvert avec ses offrandes, statuettes et tables à libations in situ. Elles seront exposées lors de la prochaine étape de l’exposition itinérante AlUla, merveille d’Arabie, sur laquelle nous collaborons avec la commission à Pékin, à la fin de cette année.»

En 2022 également, et précisément en septembre dernier, souligne Ingrid Périssé, une autre des statues colossales du sanctuaire de Dadan a rejoint les salles d’exposition du musée du Louvre dans le cadre d’un prêt renouvelable d’une durée de cinq ans.

«C’est la  première fois que l’Arabie Saoudite accorde un prêt à un pays tiers et il s’agit d’une œuvre majeure», selon l’archéologue qui estime que cette statue de grès «permet de replacer AlUla et l’Arabie Saoudite sur la carte des grandes civilisations exposées dans le plus grand musée du monde».

Pour 2023, déclare-t-elle, «les premiers projets de recherche seront menés à bien, mais certains d’entre eux sont prolongés en accord avec la Commission royale pour AlUla, parce que les résultats auxquels ils ont abouti sont réellement extraordinaires et ouvrent de nouvelles perspectives».

AlUla, une destination touristique d’ores et déjà confirmée

Parmi ceux-là figure la mission de prospection de l’oasis d’AlUla qui a permis de redessiner la carte de cette palmeraie à travers les âges et qui constitue la première exploration de ce type au monde.

«Nous mettons en place, avec la commission, de nouveaux projets de recherche, notamment sur Khaybar à l’époque islamique mais également la Préhistoire de l’ensemble de la région d’AlUla ou encore Hégra qui va ouvrir un nouveau chapitre en matière d’exploration».

«Tous les chercheurs impliqués sont conscients de la chance qu’ils ont de faire partie d’un tel projet porté et soutenu par les autorités des deux pays», confie Ingrid Périssé avec enthousiasme, ajoutant qu’«AlUla est déjà à ce stade une destination touristique confirmée, où les visiteurs se rendent avec l’envie de savoir en quoi consiste la société dadanite et qui étaient les Nabatéens».

Pour Mathias Curnier, directeur de cabinet de Gérard Mestrallet, président exécutif de l’agence française et directeur de la communication, «AlUla a toujours été le projet de référence dans le cadre de l’initiative Vision 2030 du prince héritier Mohammed ben Salmane, pour ce qui est de l’attractivité touristique et culturelle du pays».

alula
La dépose d'une statue colossale de Dadan au printemps 2022. (Photo AFALULA/RCU).

Cela est dû, selon lui, à la richesse archéologique d’AlUla et à la richesse de son histoire qui met en avant l’incroyable histoire préislamique de l’Arabie.

Il faut, affirme Mathias Curnier, «saluer la rapidité avec laquelle ce territoire a gagné en notoriété dans le Moyen-Orient et le monde entier», indiquant que l’ambition «à l’horizon 2030/2035 est d’accueillir deux millions de touristes environ en portant une attention très particulière au développement durable».

250 contrats pour un montant d’1,6 milliard d’euros

C’est pour cette raison que cela restera un tourisme «de niche», mais de manière volontaire parce qu’AlUla est d’abord «un immense site archéologique et historique qu’il faut préserver et ce facteur est pris en compte dans toute la stratégie d’urbanisme et d’architecture mise en place par la Commission royale pour AlUla».

Ce choix est en réalité un impératif «pour que ce joyau reste intact», soutient Mathias Curnier.

La population d’AlUla est actuellement de près de cinquante mille habitants, mais ce chiffre devrait tripler pour atteindre cent cinquante mille habitants à l’horizon 2030, à la suite du développement.

La vallée attire de nouveaux habitants, mais le plus important selon Mathias Curnier est «la sédentarisation des habitants d’AlUla qui n’éprouvent plus le besoin d’aller s’installer dans d’autres régions du pays et participent ainsi activement au développement du territoire».

Pour ce qui est de l’aspect économique, il souligne que «notre coopération avec la commission consiste également à attirer l’expertise française dans tous les domaines», l’architecture, les musées, la botanique, l’hôtellerie, le cheval, les infrastructures ou encore la ville intelligente.

Les secteurs sont très nombreux à ce jour, ajoute Mathias Curnier. «Afalula a concrétisé la signature de deux cent cinquante contrats pour un montant d’1,6 milliard d’euros», dit-il, ce qui est tout à fait remarquable.

«Il y a dix jours, la commission a signé avec Bouygues Construction un contrat pour la construction d’un hôtel iconique entièrement troglodyte conçu par l’architecte Jean Nouvel dans la réserve de Shaaran et d’un centre de convention.»

Selon lui, pour toutes les entreprises françaises concernées, AlUla est «une rampe de lancement, puisque le succès qu’elles obtiennent sur le site devient une référence à l’échelle du Royaume et de la région».

Il est «à 1000%» confiant que les missions de valorisation dans tous les domaines seront achevées à la date prévue en 2035. Cela est «surtout lié à la structuration incroyable de l’initiative Vision 2030 qui irrigue l’ensemble du Royaume».

Pour ce qui est de la partie saoudienne, AlUla accueillera, à l’horizon 2035, deux millions de touristes par an, créera plus de 38 mille emplois et contribuera à hauteur de 120 milliards de livres saoudiennes au PIB du Royaume.


Deuxième journée du sommet France- Pays Arabes, centrée sur l’eau, l’environnement et la reconstruction

Des experts français, des responsables arabes et des acteurs du secteur privé ont approfondi trois grandes thématiques : l’eau au cœur des besoins, les investissements et infrastructures, et enfin un focus stratégique sur le corridor économique Inde–Moyen-Orient–Europe (IMEC), présenté comme l’un des projets géoéconomiques les plus ambitieux de la décennie. (Photo Arlette Khouri)
Des experts français, des responsables arabes et des acteurs du secteur privé ont approfondi trois grandes thématiques : l’eau au cœur des besoins, les investissements et infrastructures, et enfin un focus stratégique sur le corridor économique Inde–Moyen-Orient–Europe (IMEC), présenté comme l’un des projets géoéconomiques les plus ambitieux de la décennie. (Photo Arlette Khouri)
Short Url
  • Dans son intervention durant le sommet, Jean-Baptiste Fauvet, chef du service économique régional pour la péninsule Arabique, a rappelé un chiffre choc en affirmant que, dans plusieurs pays arabes, la pénurie d’eau pèse déjà 1,8 % du PIB
  • Un coût qui pourrait, selon lui, atteindre 14 % d’ici à 2050 si rien n’est fait, soulignant que l’eau n’est plus un sujet sectoriel, mais un défi économique, sécuritaire et social de premier plan

PARIS: Pour la deuxième journée consécutive, le sixième Sommet économique France–pays arabes, organisé à Paris par la Chambre de commerce franco-arabe, a tenu ses promesses.
Après une première journée consacrée aux échanges économiques et aux perspectives d’investissement, ce second temps fort s’est concentré sur un enjeu devenu stratégique pour l’ensemble du monde arabe : l’eau et l’environnement, entre crises, besoins structurels et nouvelles opportunités technologiques.

Des experts français, des responsables arabes et des acteurs du secteur privé ont approfondi trois grandes thématiques : l’eau au cœur des besoins, les investissements et infrastructures, et enfin un focus stratégique sur le corridor économique Inde–Moyen-Orient–Europe (IMEC), présenté comme l’un des projets géoéconomiques les plus ambitieux de la décennie.

Dans son intervention durant le sommet, Jean-Baptiste Fauvet, chef du service économique régional pour la péninsule Arabique, a rappelé un chiffre choc en affirmant que, dans plusieurs pays arabes, la pénurie d’eau pèse déjà 1,8 % du PIB.
Un coût qui pourrait, selon lui, atteindre 14 % d’ici à 2050 si rien n’est fait, soulignant que l’eau n’est plus un sujet sectoriel, mais un défi économique, sécuritaire et social de premier plan.

L’eau, un défi stratégique au cœur du Sommet France–pays arabes

Il a ensuite dressé une cartographie précise des acteurs internationaux aujourd’hui mobilisés, comme la Banque mondiale, premier bailleur, dont plus de 2,5 milliards de dollars sont engagés dans la région.
Il a également cité les grandes institutions multilatérales comme la Banque africaine de développement ou le Fonds arabe pour le développement économique et social, ainsi que les fonds climatiques mondiaux, comme le GEF, qui soutiennent des projets structurants en Jordanie et ailleurs, et la Banque européenne d’investissement et la BERD, très présentes sur les projets de dessalement et de transport d’eau.

Au-delà des financements, ces acteurs agissent de plus en plus en coalition, permettant de mutualiser les risques et d’augmenter l’impact. Dans ce paysage, la France occupe une place singulière grâce à la stratégie internationale pour l’eau lancée en 2020 et portée activement dans les enceintes multilatérales.
Fauvet a surtout souligné le rôle central de l’Agence française de développement, qui joue un rôle pivot, notamment en Irak où l’eau constitue la première destination de ses financements, indiquant que deux nouveaux prêts de 110 et 100 millions d’euros viennent d’y être signés.

Il a également évoqué le rôle, souvent mal compris, des fonds souverains du Golfe — puissants (plus de 5 000 milliards d’actifs cumulés) — qui sont des acteurs stratégiques capables d’impulser le secteur privé en garantissant certains revenus ou en soutenant des projets d’infrastructure.

Après l’analyse macroéconomique est venu le témoignage saisissant d’Ali Hamie, ancien ministre et conseiller du président libanais pour la reconstruction, qui a dressé un constat alarmant des destructions provoquées par l’agression israélienne de 2024, laquelle se poursuit encore aujourd’hui.
Au 27 novembre 2024, date du cessez-le-feu, 15 000 bâtiments avaient déjà été totalement détruits. Un an plus tard, en novembre 2025, ce chiffre avait presque doublé, sans compter les zones non encore recensées, notamment dans la banlieue sud de Beyrouth.
Les chiffres qu’il a présentés donnent la mesure de la catastrophe : certains villages du Sud ont été détruits à 88 %, au point de disparaître, et plus de 35 000 bâtiments sont aujourd’hui détruits ou lourdement touchés.

Partenariats régionaux et reconstructions : enjeux du Golfe au Liban

Mohamed Ben Laden, président du Conseil d’affaires franco-saoudien, est intervenu longuement sur l’état du partenariat franco-saoudien, notamment à l’issue du dernier forum économique de Riyad, marqué par l’effervescence d’un pays projeté à la fois vers l’Expo 2030 et la Coupe du monde 2034.
Président depuis quelques années du Conseil d’affaires franco-saoudien, Ben Laden assure que cela illustre combien « nos deux nations partagent non seulement une vision stratégique, politique et économique, mais aussi une longue histoire commune, faite de crises traversées et de transformations profondes dans un monde en perpétuel changement ».

Réagissant aux propos de l’envoyé spécial du président de la République française, Gérard Mestrallet, qui a évoqué le corridor économique Inde–Moyen-Orient–Europe, l’IMEC, au centre d’un premier accord énergétique signé en 2020, Ben Laden a déclaré que la France et l’Arabie saoudite ont souhaité aller plus loin.
C’est ainsi que leur partenariat s’est élevé à un niveau réellement stratégique, avec l’accord majeur signé par le président Macron et le prince héritier d’Arabie saoudite lors de la visite de décembre 2024, « qui fut un très grand succès pour nos relations bilatérales ».

Depuis le lancement de Vision 2030, en 2016, a-t-il ajouté, l’Arabie saoudite a mis en œuvre d’immenses réformes économiques dont les résultats sont aujourd’hui visibles.
« Nous avons franchi la moitié du chemin vers 2030, et tous les indicateurs sont au vert ; pour la première fois, 56 % du PIB provient désormais de secteurs non pétroliers, ce qui constitue un tournant historique pour notre pays.
Nous avons éradiqué la corruption, instauré une gouvernance claire et crédible, et cela a immédiatement attiré les investisseurs », a-t-il poursuivi, invitant le Liban, « que nous aimons, à suivre le même chemin pour regagner la confiance internationale ».

Il a ensuite décrit la dynamique d’intégration régionale en cours au sein du Golfe : « Le 3 décembre, nous avons créé une autorité commune de l’aviation civile, et la semaine dernière, nous avons annoncé une ligne ferroviaire à grande vitesse entre Doha et Riyad, connectant la région orientale du Royaume.
Le Golfe bouge, s’unit, crée une dynamique logistique jamais vue », a assuré Ben Laden, « et nous avons tout intérêt à ce qu’elle s’étende à la Syrie et au Liban ».

S’attardant sur les perceptions européennes des mégaprojets saoudiens, il indique : « Certes, l’Arabie saoudite est aujourd’hui le plus grand chantier à ciel ouvert au monde, mais nous accordons autant d’importance à l’édification de l’homme, à la formation de notre jeunesse.
Nous réformons entièrement notre système éducatif, et les écoles françaises sont les bienvenues pour développer des partenariats, de même que les grandes écoles, qui arrivent encore timidement, doivent comprendre que le français demeure aussi une langue des affaires. »

Abordant le rôle des petites et moyennes entreprises françaises (PME), il a soutenu qu’elles ont leur place en Arabie, tout comme les grands groupes français, puisque le cadre législatif favorise désormais les entreprises implantées dans le pays.
« La législation évolue. Vous pouvez désormais être propriétaire de votre résidence en Arabie saoudite, et le régime de Premium Residency vous permet d’investir seul, sans partenaire local, d’acquérir un bien et de vivre dans le Royaume. »


Brandt: le gouvernement «ne laisse pas tomber» et veut «un nouveau projet»

Le ministre délégué à l'Industrie, Sébastien Martin, affirme vendredi qu'il "ne laisse pas tomber" Brandt et estime qu'il est possible "d'imaginer un nouveau projet", au lendemain d'une décision de justice ordonnant la liquidation judiciaire du groupe d'électroménager. (AFP)
Le ministre délégué à l'Industrie, Sébastien Martin, affirme vendredi qu'il "ne laisse pas tomber" Brandt et estime qu'il est possible "d'imaginer un nouveau projet", au lendemain d'une décision de justice ordonnant la liquidation judiciaire du groupe d'électroménager. (AFP)
Short Url
  • "Je ne laisse pas tomber le sujet Brandt", a déclaré le ministre, soulignant qu'"il y a un site industriel qui est présent, il y a des savoirs-faire qui sont présents et donc la capacité d'imaginer un nouveau projet industriel sur ce site"
  • Le tribunal des activités économiques de Nanterre a prononcé jeudi la liquidation judiciaire du groupe centenaire d'électroménager Brandt, qui employait quelque 700 personnes, notamment près d'Orléans

PARIS: Le ministre délégué à l'Industrie, Sébastien Martin, affirme vendredi qu'il "ne laisse pas tomber" Brandt et estime qu'il est possible "d'imaginer un nouveau projet", au lendemain d'une décision de justice ordonnant la liquidation judiciaire du groupe d'électroménager.

"Je ne laisse pas tomber le sujet Brandt", a déclaré le ministre, soulignant qu'"il y a un site industriel qui est présent, il y a des savoirs-faire qui sont présents et donc la capacité d'imaginer un nouveau projet industriel sur ce site", vendredi sur TF1.

Le tribunal des activités économiques de Nanterre a prononcé jeudi la liquidation judiciaire du groupe centenaire d'électroménager Brandt, qui employait quelque 700 personnes, notamment près d'Orléans, où se trouve le principal site industriel du groupe, avec 350 salariés.

La justice a ainsi rejeté un projet de Scop (société coopérative et participative), soutenu par le groupe Revive, qui devait permettre de sauver au moins 370 emplois.

"D'ici la fin de l'année, on va se revoir avec les acteurs locaux pour essayer de rebâtir un projet. Un autre projet peut-être, un projet sérieux, tout aussi sérieux que celui-ci, avec plus d'investisseurs privés sans doute aussi", a ajouté M. Martin.

Il n'a cependant pas écarté, dans un premier temps, l'échéance du plan social: "on accompagnera les salariés pour faire en sorte que ce plan social soit bien construit", a-t-il assuré, ajoutant compter sur les entreprises "dynamiques" du bassin d'emploi d'Orléans, pour permettre à des salariés de Brandt de retrouver un emploi.

A l'annonce de la décision du tribunal, jeudi, le ministre de l'Economie et des Finances, Roland Lescure, et Sébastien Martin, ont rappelé que l'Etat et les collectivités avaient mobilisé une vingtaine de millions d'euros, et déploré que "les autres acteurs indispensables" n'aient "pas souhaité se positionner pour sauver Brandt", désignant, sans les nommer, les banques.

"Il y a eu peu de partenaires bancaires, c'est vrai", a déclaré vendredi Sébastien Martin, qui aurait souhaité que, "face à l'urgence de la situation, on se dise que les procédures habituelles, on pouvait faire un peu mieux, un peu plus vite".

"Je suis prudent, mais il reste encore une possibilité après la liquidation judiciaire", a renchéri Serge Papin, ministre des Petites et Moyennes entreprises, du Commerce, de l’Artisanat, du Tourisme et du Pouvoir d’achat, dans le même temps vendredi, sur Europe 1.

"Les banques qui font défaut actuellement, (...) en voyant le sérieux et la robustesse d'un projet alternatif pourraient peut-être s'engager", a-t-il ajouté.

 


L'Assemblée adopte un texte pour le renouvellement automatique des titres de séjour longue durée

Cette photographie montre une vue générale de l'Assemblée nationale lors d'une session de « niche parlementaire » du Parti socialiste (PS), parti de gauche français, afin d'examiner les textes inscrits à l'ordre du jour par le parti à l'Assemblée nationale, à Paris, le 11 décembre 2025. (AFP)
Cette photographie montre une vue générale de l'Assemblée nationale lors d'une session de « niche parlementaire » du Parti socialiste (PS), parti de gauche français, afin d'examiner les textes inscrits à l'ordre du jour par le parti à l'Assemblée nationale, à Paris, le 11 décembre 2025. (AFP)
Short Url
  • L’Assemblée nationale a adopté un texte socialiste prévoyant le renouvellement automatique des titres de séjour de longue durée, pour lutter contre les délais administratifs jugés « injustes »
  • La journée parlementaire a aussi vu l’adoption de plusieurs autres propositions de loi de gauche, dont des mesures de protection renforcée pour les mineurs et un encadrement des prix dans les Outre-mer

PARIS: L'Assemblée nationale a adopté jeudi soir, lors de la journée réservée aux propositions du groupe socialiste, un texte visant à permettre le renouvellement automatique des titres de séjour de longue durée, contre l'avis du gouvernement.

Examinée en première lecture, la proposition devra désormais être inscrite à l'ordre du jour du Sénat. Elle a été adoptée par 98 voix pour, contre 37, grâce à l'union de la gauche et face à un camp gouvernemental et une extrême droite faiblement mobilisés.

Portée par la députée socialiste Colette Capdevielle, la mesure entend répondre à une "injustice criante" liée à l'explosion des délais d'instruction pour les renouvellements de titres de séjour de longue durée et des cartes de résident, alors que plus de 99% des demandes sont accordées.

"Nous réussissons l'exploit d'emboliser un système pour moins de 1% des dossiers", a-t-elle dénoncé, évoquant les files d'attentes, les mois pour obtenir un rendez-vous, les plateformes saturées, et, de ce fait, des ruptures de droits entraînant perte d'emploi, impossibilité de louer un logement ou interruption de couverture maladie.

"La machine administrative fabrique elle-même la précarité, nous fabriquons des sans-papiers", a-t-elle lancé.

Le texte prévoit que les cartes pluriannuelles (jusqu'à quatre ans) et les cartes de résident (dix ans) soient renouvelées automatiquement, sauf si l'administration démontre des motifs juridiques pour s'y opposer.

- "Illusion de la simplicité" -

La ministre déléguée auprès du ministre de l'Intérieur, Marie-Pierre Vedrenne, a reconnu "des délais dégradés", mais a défendu l'opposition du gouvernement, invoquant les risques juridiques et constitutionnels liés à l'automaticité des renouvellements "sans examen individualisé".

Elle a aussi jugé la mesure "inefficace", estimant qu'elle "déplacerait la charge de travail" sans réduire les délais et qu'elle ne permettrait pas de traiter certaines "situations problématiques", citant le cas d'un étranger qui ne remplirait plus les conditions de délivrance, par exemple après "une condamnation pénale" ou "la découverte d'une polygamie", et qui verrait son titre renouvelé automatiquement si l'information n'était pas "remontée à temps".

Les débats ont été houleux de part et d'autre de l'hémicycle.

"Vous êtes en train de créer un grave danger", a lancé Laurent Jacobelli (Rassemblement national), accusant le Parti socialiste de "vouloir faire croire qu'il est à nouveau de gauche" après avoir voté mardi le budget de la Sécurité sociale grâce à un compromis trouvé avec le gouvernement de Sébastien Lecornu.

Colette Capdevielle a répliqué en rappelant que "l'administration conserve la possibilité, notamment en cas d'une condamnation qui trouble gravement l'ordre public, de pouvoir retirer le titre", avant de lancer: "Pas l'un d'entre vous n'a apporté une once de solution, ni humanisme, ni réalisme. En fait, vous êtes tous simplement très, très racistes."

L'Assemblée a adopté toutes les autres propositions de loi défendues par le groupe socialiste lors de cette journée annuelle réservée à l'examen de leurs textes dans l'hémicycle, là encore en grande partie grâce à l'union des groupes de gauche et à une faible mobilisation de leurs opposants.

"En faisant adopter leurs six propositions de loi, les députés socialistes ont de nouveau prouvé leur utilité pour les Français", s'est félicité auprès de l'AFP le président du groupe Boris Vallaud, saluant des textes "qui amélioreront concrètement la vie des gens".

- Mineurs isolés -

Deux de ces propositions entendent mieux protéger les mineurs. La première, votée à l'unanimité, vise à garantir un avocat à chaque enfant placé ou suivi dans sa famille par des services sociaux.

Environ 380.000 jeunes sont concernés par des mesures d'assistance éducative en France. Ces enfants sont, sur décision d'un juge généralement, placés en famille d'accueil ou en foyer, ou bien suivis directement dans leur famille.

Le plus souvent, ces enfants ne sont pas assistés d'un avocat, même s'ils peuvent en faire la demande ou s'en voir désigner un par un juge, lorsqu'ils sont capables de discernement.

La proposition de loi a été votée alors que la révélation d'une vidéo d'un enfant tondu malgré lui par des éducateurs, dans un foyer d'enfants placés à Paris, a suscité une grande émotion.

Dans la foulée, l'Assemblée a adopté une proposition de loi permettant à des jeunes isolés, qu'on évalue majeurs, de conserver l'accès à certaines protections, comme l'hébergement d'urgence, lorsqu'ils formulent un recours.

Pile avant minuit, heure de fin d'examen de la "niche" du groupe socialiste, les députés ont voté à l'unanimité un texte pour réguler les prix de plusieurs services en Outre-mer, qui propose notamment de plafonner les prix des billets d'avion.