Macron plaide pour des taxes internationales et ironise sur le penchant français en matière de fiscalité

Le président français Emmanuel Macron en marge du sommet du nouveau pacte financier mondial, à Paris, le 22 juin 2023. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron en marge du sommet du nouveau pacte financier mondial, à Paris, le 22 juin 2023. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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Publié le Jeudi 22 juin 2023

Macron plaide pour des taxes internationales et ironise sur le penchant français en matière de fiscalité

  • « Nous avons une taxe sur les compagnies aériennes, nous avons une taxe sur les transactions financières » a souligné Emmanuel Macron, s’exprimant en anglais
  • «Je suis un grand supporter de l'internationalisation de ces taxes, car cela réduirait mes problèmes», a ajouté le chef de l'Etat

PARIS : «Vous êtes ici dans un pays à la pointe de la créativité en matière de taxes»: Emmanuel Macron a ironisé jeudi sur la forte pression fiscale française, plaidant pour «l'internationalisation» des taxes.

Lors d'un débat au sommet sur le système financier mondial qu'il organise à Paris, le président français a rebondi sur des appels à de nouvelles taxes internationales pour financer la lutte contre le réchauffement climatique et contre la pauvreté.

En France, «nous sommes numéro deux au niveau mondial en termes de niveaux» de prélèvements obligatoires, a affirmé le chef de l'Etat, qui s'exprimait en anglais. «Et pourtant nous avons une taxe sur les compagnies aériennes, nous avons une taxe sur les transactions financières. Nous avons mis en oeuvre les deux», a-t-il ajouté, déplorant que le reste du monde n'ait pas suivi, malgré des années de débats en faveur de ces impôts.

«Parfois, nous nous sentons un peu seuls», a poursuivi Emmanuel Macron.

«Je suis un grand supporter de l'internationalisation de ces taxes, car cela réduirait mes problèmes», a ajouté le chef de l'Etat, qui s'est engagé politiquement à ne pas augmenter et même à réduire les impôts français, et s'est attiré le surnom de «président des riches» pour avoir en partie supprimé, lors de son premier mandat, l'impôt de solidarité sur la fortune.


Salon du Bourget : les députés et le président de la Seine-Saint-Denis boycotteront l'inauguration

L'équipe de démonstration de l'armée de l'air et de l'espace française « Patrouille de France » effectue des figures acrobatiques lors du Salon international de l'aéronautique et de l'espace (SIAE) à l'aéroport du Bourget, au nord de Paris, le 23 juin 2023. (Photo de Christophe ARCHAMBAULT / AFP)
L'équipe de démonstration de l'armée de l'air et de l'espace française « Patrouille de France » effectue des figures acrobatiques lors du Salon international de l'aéronautique et de l'espace (SIAE) à l'aéroport du Bourget, au nord de Paris, le 23 juin 2023. (Photo de Christophe ARCHAMBAULT / AFP)
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  • le président socialiste du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, et les députés du département ont fait part de leur refus de participer à l'inauguration du Salon du Bourget lundi.
  • « Il est inadmissible que ces entreprises et des représentants de l'État israélien soient reçus sous le haut patronage de l'État français a déclaré Stéphane Peu

BOBIGNY, FRANCE : Jeudi et vendredi, le président socialiste du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, et les députés du département ont fait part de leur refus de participer à l'inauguration du Salon du Bourget lundi, en raison de la présence d'entreprises israéliennes.

Organisé par le Gifas (Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales), le plus ancien et le plus grand rendez-vous aérospatial au monde se tient du 16 au 22 juin au Bourget, en Seine-Saint-Denis.

La présence d'Israël, qui compte neuf exposants, a été vivement critiquée, et a même fait l'objet de recours en justice.

Mardi, le tribunal judiciaire de Bobigny a rejeté la requête d'associations qui lui demandaient d'exclure les entreprises israéliennes du Bourget au nom du risque de perpétuation de crimes internationaux. La cour d'appel de Paris a par la suite confirmé cette décision. 

« Des entreprises israéliennes d'armement y seront présentes. « Comment peut-on, d'un côté, se dire attaché aux droits humains et, de l'autre, dérouler le tapis rouge à un État mis en cause par la Cour pénale internationale pour actes génocidaires ? », a écrit jeudi sur X le président socialiste de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel.

« Je ne participerai pas à l'accueil protocolaire traditionnel du président de la République et du Premier ministre », a-t-il poursuivi.

La position est identique chez l'ensemble des députés de Seine-Saint-Denis, tous de gauche.

« Il est inadmissible que ces entreprises et des représentants de l'État israélien soient reçus sous le haut patronage de l'État français, alors que le gouvernement israélien poursuit ses violations du droit international en commettant un véritable génocide à Gaza », a déclaré Stéphane Peu (PCF) dans un communiqué de presse. 

Joint par l'AFP, Éric Coquerel, président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale et député LFI, a indiqué que c'était également la position des députés insoumis. « Nous allons même manifester contre », a-t-il ajouté.

Samedi, une manifestation est prévue au départ de la Bourse du travail de Bobigny à 13 heures, à l'appel d'une intersyndicale et d'une coalition d'associations.

Cette manifestation s'inscrit dans le cadre d'un week-end de mobilisation et d'un « village anti-guerre » organisé du 20 au 22 juin à Bobigny.

Israël est en guerre depuis près de 20 mois contre le Hamas, à la suite de l'attaque du 7 octobre 2023 menée par le mouvement islamiste palestinien.

Les accusations de génocide et de crimes de guerre contre Israël se multiplient, provenant d'experts de l'ONU, de groupes de défense des droits humains et de pays de plus en plus nombreux. Israël les rejette.


Aviation : TotalEnergies estime qu'il lui restera assez de « carburant durable » pour l'Europe

TotalEnergies estime ainsi que ses capacités seront suffisantes pour répondre aux objectifs d'incorporation fixés par l'UE. (Photo AFP)
TotalEnergies estime ainsi que ses capacités seront suffisantes pour répondre aux objectifs d'incorporation fixés par l'UE. (Photo AFP)
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  • Le groupe pétrogazier TotalEnergies estime pouvoir fournir plus de 10 % des volumes de carburéacteur classique qu'il commercialise pour l'Europe en « carburant durable d'aviation » (SAF) à l'horizon 2030.
  • Dans ce contexte de marché naissant, le groupe estime que l'UE doit en revanche protéger la production européenne de la concurrence internationale.

PARIS : Le groupe pétrogazier TotalEnergies estime pouvoir fournir plus de 10 % des volumes de carburéacteur classique qu'il commercialise pour l'Europe en « carburant durable d'aviation » (SAF) à l'horizon 2030, en avance sur les obligations européennes prévues à cette date, ont indiqué vendredi des dirigeants.

Le groupe s'est lancé il y a près de 10 ans dans le marché du « carburant durable d'aviation » (SAF pour Sustainable Aviation Fuel), l'une des solutions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre du transport aérien, responsable aujourd'hui de 2,5 à 3 % des émissions mondiales de CO₂.

Le SAF, carburant non fossile, est produit à partir de la transformation de graisses animales ou d'huiles de cuisson.

« Entre le coprocessing dans nos raffineries européennes et la production de la bioraffinerie de Grand puits, TotalEnergies sera en mesure de produire 500 000 tonnes de SAF dès 2028 pour l'Europe, pour un marché d'environ 4 millions de tonnes », a indiqué Vincent Stoquart, directeur général Raffinage Chimie, lors d'un point presse. 

TotalEnergies estime ainsi que ses capacités seront suffisantes pour répondre aux objectifs d'incorporation fixés par l'UE. Récemment, les principales compagnies européennes avaient émis des doutes sur leur faisabilité, estimant que la production risquait d'être insuffisante en 2030.

Fixée à 2 % depuis le début de l'année, cette proportion doit monter à 6 % en 2030, puis progressivement jusqu'à 70 % en 2050.

Dans ce contexte de marché naissant, le groupe estime que l'UE doit en revanche protéger la production européenne de la concurrence internationale.

« Il faut réserver les crédits d'impôts aux compagnies européennes qui se fournissent avec une production locale et non importée. Mais il faut aussi protéger les industriels européens qui investissent et donc mettre en place des taxes douanières pour l'importation de SAF extra-européen », a déclaré Bernard Pinatel, directeur général aval et directeur général marketing & services. 

« Nous restons attentifs à ce qui vient surtout de Chine, en raison de soupçons de fraude sur la composition des importations », a ajouté M. Stoquart.

TotalEnergies produira son SAF dans sa bioraffinerie de Grandpuits (Seine-et-Marne), en cours de reconversion, pour une mise en service prévue l'année prochaine. Le SAF est alors acheminé vers un site de stockage où il est mélangé au kérosène conventionnel.

L'autre solution est le co-processing, qui consiste à introduire une charge biosourcée en complément de la charge fossile habituelle dans les raffineries classiques de Gonfreville-l'Orcher, d'Anvers, en Belgique, et de Leuna, en Allemagne.

Le site de La Mède (Bouches-du-Rhône) produira du SAF cette année pour approvisionner les aéroports du sud de la France. Une partie du biodiesel qui y est produit permettra de produire du SAF par coprocessing dans les raffineries du groupe. 


Avec le retour de Rima Hassan, LFI se sent confortée dans son discours pour Gaza

L'avocate franco-palestinienne et membre du Parlement européen pour le parti La France Insoumise (LFI) Rima Hassan (en bas à gauche) s'adresse aux manifestants réunis lors d'un rassemblement en sa faveur place de la République à Paris le 12 juin 2025, suite à son expulsion après qu'Israël l'ait arrêtée avec d'autres activistes à bord d'un bateau d'aide à destination de Gaza. (AFP)
L'avocate franco-palestinienne et membre du Parlement européen pour le parti La France Insoumise (LFI) Rima Hassan (en bas à gauche) s'adresse aux manifestants réunis lors d'un rassemblement en sa faveur place de la République à Paris le 12 juin 2025, suite à son expulsion après qu'Israël l'ait arrêtée avec d'autres activistes à bord d'un bateau d'aide à destination de Gaza. (AFP)
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  • Après avoir été détenue trois jours en Israël, l'eurodéputée Rima Hassan a pris une nouvelle dimension auprès des militants insoumis et pro-palestiniens, qui l'ont accueillie triomphalement jeudi soir à Paris
  • Le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon, qui l'a étreinte et lui a embrassé la main à son arrivée place de la République, a même été jusqu'à la comparer à "Victor Hugo de retour de Guernesey"

PARIS: Après avoir été détenue trois jours en Israël, l'eurodéputée Rima Hassan a pris une nouvelle dimension auprès des militants insoumis et pro-palestiniens, qui l'ont accueillie triomphalement jeudi soir à Paris, malgré les critiques en récupération politique des adversaires de LFI.

Le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon, qui l'a étreinte et lui a embrassé la main à son arrivée place de la République, a même été jusqu'à la comparer à "Victor Hugo de retour de Guernesey".

Une référence aux 15 ans d'exil passés par l'écrivain sur l'île anglo-normande, après son expulsion de France pour avoir critiqué le coup d'Etat de Louis-Napoléon Bonaparte.

"Toujours plus", a ironisé le patron des députés LR Laurent Wauquiez, alors que le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot avait dénoncé pendant la semaine une "opération de communication de Rima Hassan", qui se rendait vers Gaza avec onze militants pro-palestiniens et journalistes, notamment pour apporter un peu d'aide humanitaire, à grand renfort de médiatisation de son action sur les réseaux sociaux.

"Le fait de pousser comme ça, ça donne le sentiment d'une insincérité, et peut laisser penser à une instrumentalisation", estime pour sa part un cadre socialiste.

"Tout ce qui permet de montrer l'ignominie du génocide à Gaza doit être pris, pour y mettre fin le plus rapidement possible", évacue auprès de l'AFP la cheffe de file des eurodéputés LFI, Manon Aubry.

"Rima a pris une autre dimension (avec son arrestation, ndlr) en même temps que l'horreur atteint aussi une nouvelle dimension à Gaza", ajoute-t-elle.

Malgré ses propos très polémiques sur Israël, la Franco-Palestinienne de 33 ans était rapidement devenue pendant la campagne des européennes l'année dernière la nouvelle idole des militants insoumis. Personnalisant la place majeure prise par le combat pro-palestinien dans le logiciel de La France insoumise après les attaques du Hamas le 7 octobre 2023 et la réplique, qualifiée de "génocide" par LFI, du gouvernement de Benjamin Netanyahu.

Jeudi soir, Rima Hassan est apparue place de la République directement après sa sortie de l'avion vêtue de sa "tenue de prison", keffieh sur la tête ou sur les épaules, agitant un drapeau palestinien devant la statue recouverte de tags.

Avec le reste des Insoumis, elle appelle à un nouveau rassemblement pour Gaza samedi.

- Un "malaise" dans le reste de la gauche? -

Depuis lundi et son arrestation en mer, les Insoumis n'ont cessé d'appeler à l'action pour soutenir Rima Hassan, mettant la pression - qualifiée de "harcèlement" par le quai d'Orsay - sur le gouvernement français.

"J'ai trouvé ça très réussi, une +masterclass+. Évidemment c'est indécent, mais pour leur électorat c'est vraiment très fort", reconnaissait dans la semaine un cadre des députés macronistes.

En particulier, le mouvement de gauche radicale se réjouit d'avoir mobilisé en quelques heures des milliers de personnes pour se rendre place de la République dès lundi.

"Le rapport de force avec le gouvernement français sur ce sujet, aujourd'hui, il n'est pas à l'Assemblée nationale, il est dans la rue", estime ainsi le coordinateur national de LFI, Manuel Bompard.

Surtout, les Insoumis voient là la validation de leur discours résolument orienté vers la défense de la cause palestinienne, malgré les polémiques que cela a pu causer.

Et les troupes de Jean-Luc Mélenchon pointent une timidité de leurs partenaires de gauche sur le sujet.

"S'il n'y avait pas eu Rima, le reste de la gauche aurait réagi plus fort" à l'arraisonnement par Israël du navire à 185 kilomètres des côtes de Gaza, assure la députée LFI Anaïs Belouassa-Cherifi.

"Ça témoigne de leur malaise sur la question. Nous sommes le seul parti à avoir toujours été hyper clair", ajoute-t-elle.

Un discours qui a été validé par les faits estiment les Insoumis, alors que la pression internationale se renforce sur Israël pour qu'il cesse son offensive et rouvre les vannes humanitaires à Gaza.

"Sur la Palestine, les lignes bougent assez drastiquement. Je le sens dans mes interventions médiatiques. Avant quand vous disiez +génocide+, on vous traitait d'antisémite", estime Manuel Bompard.

"On savait malheureusement que la situation à Gaza allait se finir comme ça. J'aurais aimé qu'on ait tort", ajoute Anaïs Belouassa-Cherifi.