D'anciens Allemands de l'Est chassés de leur maison attendent réparation

Le matin du 3 octobre 1961, en rentrant de l'église, Marie-Luise Tröbs découvre avec stupeur plusieurs camions et policiers armés devant sa maison. (AFP)
Le matin du 3 octobre 1961, en rentrant de l'église, Marie-Luise Tröbs découvre avec stupeur plusieurs camions et policiers armés devant sa maison. (AFP)
Short Url
Publié le Dimanche 25 juin 2023

D'anciens Allemands de l'Est chassés de leur maison attendent réparation

  • En 1952 et en 1961, quelque 12.000 personnes habitant à la frontière des deux Allemagne, dont Mme Tröbs et sa famille, avaient été relogées de force plus à l'est de la RDA
  • A peine un millier vivent encore aujourd'hui

ERFUT: Les larmes montent devant un buffet de poupée en bois, posé sur le rebord de la cuisine. C'est un des seuls souvenirs que Marie-Luise Tröbs conserve de son ancienne maison à Geisa, dans l'ex-Allemagne de l'Est communiste.

La septuagénaire a vécu dans cette bucolique commune jusqu'à ses 10 ans avant que sa famille soit expulsée par les autorités de la République démocratique allemande (RDA) en 1961. Depuis la réunification allemande de 1990, Marie-Luise Tröbs se bat pour obtenir un dédommagement de la part de l'Etat fédéral.

"Maintenant, on voit enfin une lueur d'espoir", soupire la présidente de l'association des déplacés de force est-allemands, qui habite aujourd'hui à Erfurt, à quelque 130 kilomètres de sa localité d'enfance, dans le centre du pays.

Car les sociaux-démocrates (SPD) au pouvoir veulent modifier la loi de réparation des injustices commises par le Parti communiste est-allemand (SED), notamment pour inclure les déplacés "dans la liste des groupes de victimes".

En 1952 et en 1961, quelque 12.000 personnes habitant à la frontière des deux Allemagne, dont Mme Tröbs et sa famille, avaient été relogées de force plus à l'est de la RDA. A peine un millier vivent encore aujourd'hui.

Si les autorités communistes justifiaient cette action par l'établissement d'un périmètre de sécurité à la frontière et le "comportement hostile" de certains habitants, la retraitée dénonce "l'arbitraire, la violence et la volonté d'intimidation" du régime est-allemand.

«Criminels de la frontière»

Le matin du 3 octobre 1961, en rentrant de l'église, Marie-Luise Tröbs découvre avec stupeur plusieurs camions et policiers armés devant sa maison.

"Ils nous ont conduits dans la rue devant tout le monde, comme si nous étions des criminels", raconte-t-elle. Sa famille doit alors faire ses valises en quelques heures.

"Jusqu'à sa mort, mon père a ressassé ce qu'on avait bien pu faire de mal", sanglote Mme Tröbs. Sans compter la réputation de "criminels de la frontière" qui colle à la famille.

Plus au nord, à Dömitz, l'opération a aussi laissé des traces. Inge Bennewitz, 82 ans, parle "d'une cicatrice qui n'a jamais guéri". Depuis son bureau de Berlin, elle se remémore l'expulsion injustifiée de ses parents, alors qu'elle était étudiante.

Dans leur nouvelle maison, "il n'y avait que deux petites pièces, pas de cuisine et les toilettes étaient dans la cour", raconte Mme Bennewitz. "D'un coup, nous n'avions plus rien".

Sa famille est décrite comme "incorrigible" par un journal local. "Je ne suis jamais allé au centre-ville car j’avais peur qu’on me crache au visage", frissonne Inge Bennewitz, qui dirige un groupe de recherche sur les déplacés de force.

Se dépêcher 

"Ce traumatisme doit être réparé par la société, sinon nous, les victimes, ne trouverons pas la paix", revendique Marie-Luise Tröbs.

Elle réclame un dédommagement de 20.000 euros : "10.000 euros pour l'injustice subie dans la RDA, 10.000 euros pour l'injustice subie depuis 1990".

Depuis 1992, deux lois ont été adoptées puis régulièrement amendées pour dédommager les victimes du SED. Il s'agit notamment d'anciens prisonniers, de travailleurs forcés et de personnes séparées de leurs enfants.

Mais les réparations se sont encore attendre pour les déplacés de force qui se heurtent aussi aux procédures administratives.

"Les évènements de 1952 et 1961 sont maintenant très anciens et les documents de l'époque sont incomplets", explique à l'AFP Evelyn Zupke, commissaire fédérale aux victimes de la dictature communiste est-allemande.

A ce poste créé en 2021, elle travaille avec députés et associations pour faire évoluer les lois mémorielles.

"Je répète aux politiques qu'il faut vraiment se dépêcher", assure Evelyn Zupke, qui salue l'initiative du SPD et appelle à un projet de loi avant la fin de l'année.

Déplacés de force mais aussi sportifs contraints au dopage, anciens pensionnaires en foyer de "redressement", enfants séparés de leurs parents, l'Allemagne a beaucoup travaillé ces dernières années sur la reconnaissance des victimes de la dictature communiste.

Dans son dernier rapport publié mi-juin, la commissaire Evelyn Zupke souligne toutefois à quel point beaucoup se trouvent aujourd'hui dans une situation précaire, estimant qu'"environ la moitié des personnes touchées par l'injustice du SED vivent au bord de la pauvreté".


Ukraine : un mort et une vingtaine de blessés après une nuit de frappes russes

Des habitants se serrent dans les bras près d'un immeuble résidentiel endommagé à la suite d'une attaque aérienne à Zaporijia, le 30 août 2025. (Photo : Marina Moiseyenko / AFP)
Des habitants se serrent dans les bras près d'un immeuble résidentiel endommagé à la suite d'une attaque aérienne à Zaporijia, le 30 août 2025. (Photo : Marina Moiseyenko / AFP)
Short Url
  • Les efforts diplomatiques pour trouver une issue à la guerre en Ukraine se sont intensifiés ces dernières semaines sous l'impulsion de Donald Trump, mais n'ont pour l'heure produit aucun effet concret.
  • La Russie a, au contraire, intensifié ses frappes aériennes, lançant un nombre record de drones contre le pays qu'elle envahit depuis 2022.

KIEV, UKRAINE : Dans la nuit de vendredi à samedi, la Russie a lancé une attaque aérienne d'ampleur contre des régions ukrainiennes, faisant un mort et une vingtaine de blessés à Zaporijjia (sud), selon les autorités locales. Le président Volodymyr Zelensky a appelé Washington et Bruxelles à agir.

Les efforts diplomatiques pour trouver une issue à la guerre en Ukraine se sont intensifiés ces dernières semaines sous l'impulsion de Donald Trump, mais n'ont pour l'heure produit aucun effet concret.

La Russie a, au contraire, intensifié ses frappes aériennes, lançant un nombre record de drones contre le pays qu'elle envahit depuis 2022.

Au moins une personne a été tuée et une vingtaine d'autres blessées lors d'attaques russes nocturnes à Zaporijjia, une grande ville du sud de l'Ukraine, ont indiqué sur Telegram les services de secours.

Trois mineurs, âgés de neuf à seize ans, ont été hospitalisés, ont-ils ajouté.

Des photos partagées par les autorités ukrainiennes montrent des bâtiments en ruine et des pompiers tentant d'éteindre un incendie. 

Des dizaines d'immeubles et de maisons se sont retrouvés sans électricité ni gaz à cause des frappes, a déclaré le gouverneur régional Ivan Fedorov.

L'armée de l'air ukrainienne a affirmé que l'armée russe avait lancé 582 drones et missiles contre l'Ukraine dans la nuit, en disant en avoir abattu la majorité.

Au total, quatorze régions ont été affectées par cette offensive, a déclaré le président Volodymyr Zelensky.

Des incendies ont été provoqués par des attaques dans la région de Dnipropetrovsk (centre-est), selon son gouverneur, Serguiï Lyssak.

Le ministère russe a assuré avoir effectué une « frappe massive » contre des cibles « militaires » en Ukraine. Moscou affirme toujours ne pas viser d'infrastructures civiles, malgré les très nombreux éléments prouvant le contraire. 

- « Actions concrètes » -

L'Ukraine a été endeuillée par une attaque de grande ampleur dans la nuit de mercredi à jeudi, faisant au moins 25 morts, dont des enfants, dans une zone résidentielle de Kiev, la capitale.

Cette attaque a été dénoncée par les partenaires occidentaux de Kiev, de Washington à Bruxelles, Londres accusant notamment Poutine de « saboter les espoirs de paix ».

Samedi, Volodymyr Zelensky a affirmé que la Russie, en frappant à nouveau l'Ukraine, montrait « son mépris total pour les paroles » de ses alliés.

« Nous comptons sur des actions concrètes », a-t-il dit, appelant les États-Unis et l'Europe à réagir.

M. Zelensky réclame en effet des sanctions économiques plus efficaces contre la Russie afin d'affaiblir son économie. « Cette guerre ne s'arrêtera pas avec de simples déclarations politiques », a-t-il dit.

Ces nouveaux bombardements interviennent alors que les efforts diplomatiques pour régler le conflit qui dure depuis trois ans et demi sont au point mort, deux semaines après un sommet entre Vladimir Poutine et Donald Trump en Alaska. 

L'Ukraine accuse la Russie de gagner du temps et de feindre la volonté de négocier pour mieux préparer de nouvelles attaques.

L'armée russe contrôle actuellement environ 20 % du territoire ukrainien et a l'avantage sur le front.

Samedi, le ministère russe de la Défense a encore revendiqué la prise d'un village de la région de Donetsk (est), Komychouvakha.

Ce type de déclarations, qu'elles viennent de Kiev ou de Moscou, est difficile à vérifier de façon indépendante en raison du manque d'accès aux zones de combat.

En réponse, l'Ukraine vise les infrastructures pétrolières et gazières en Russie, une façon de frapper le pays au portefeuille.

Samedi, l'armée ukrainienne a annoncé avoir provoqué un incendie dans la raffinerie Krasnodarsky, dans le sud de la Russie.

Les autorités de la région de Krasnodar ont confirmé qu'un incendie s'était déclaré après la chute de débris de drones, mais qu'il avait été maîtrisé.

Jeudi, le Kremlin avait indiqué que la Russie restait « intéressée » par les négociations de paix avec l'Ukraine, mais qu'elle continuerait de mener des frappes dans le pays tant que ses « objectifs » ne seraient pas atteints.

Moscou exige que l'Ukraine se retire de certains territoires qu'elle contrôle encore, notamment la région de Donetsk, et en fait une condition préalable à l'arrêt des hostilités. Kiev rejette cette idée.


Un drone ukrainien provoque un incendie à proximité du « palais de Poutine » en Russie

Le  président russe Vladimir Poutine (Photo AFP)
Le président russe Vladimir Poutine (Photo AFP)
Short Url
  • Les autorités de la région de Krasnodar, dans le sud de la Russie, ont annoncé que la chute d'un drone avait provoqué un incendie dans une « zone forestière » à proximité de la ville de Guélendjik.
  • Le ministère des Situations d'urgence a affirmé que plus de 400 pompiers continuaient de combattre l'incendie près de Guélendjik.

MOSCOU : Des pompiers russes continue de lutter samedi contre un incendie causé par des débris de drone ukrainien, survenu plus tôt dans la semaine, près du « palais » qui serait la propriété du président russe Vladimir Poutine, sur les bords de la mer Noire.

Jeudi, les autorités de la région de Krasnodar, dans le sud de la Russie, ont annoncé que la chute d'un drone avait provoqué un incendie dans une « zone forestière » à proximité de la ville de Guélendjik.

C'est dans cette zone que se trouve une luxueuse résidence surnommée « le palais de Poutine », dont le président russe nie tout lien.

Samedi, le ministère des Situations d'urgence a affirmé que plus de 400 pompiers continuaient de combattre l'incendie près de Guélendjik.

Des vidéos publiées vendredi par cette source montrent des flammes dévorant des arbres, un sol recouvert de cendres et un hélicoptère transportant de l'eau.

Pour l'heure, rien n'indique que l'incendie menace directement le « palais de Poutine », que les autorités russes n'ont jamais mentionné dans leurs différents communiqués.

En 2021, l'opposant russe Alexeï Navalny, depuis décédé en prison dans des circonstances troubles, avait publié une enquête accusant Vladimir Poutine d'être le propriétaire de cet immense domaine situé dans une zone touristique des bords de la mer Noire.

Selon cette enquête, cet ensemble fastueux, financé par la corruption, compterait également des vignobles, une enceinte de hockey sur glace ou encore un casino.

Vladimir Poutine a toujours nié en être le propriétaire.

L'Ukraine, qui combat depuis 2022 une offensive russe d'envergure sur son territoire, riposte en frappant la Russie avec des drones.

Ces attaques auraient modifié les habitudes de Vladimir Poutine, selon le site d'investigation russe en ligne Proekt.

Craignant pour sa sécurité, il aurait notamment cessé de se rendre à Sotchi, désormais à portée de drones, a indiqué ce média en citant une source anonyme.


Nucléaire iranien: «nous avons 30 jours» pour une solution diplomatique affime Kallas

Les pays occidentaux ont désormais 30 jours pour trouver une solution diplomatique à la crise du nucléaire iranien, a affirmé vendredi la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas. (AFP)
Les pays occidentaux ont désormais 30 jours pour trouver une solution diplomatique à la crise du nucléaire iranien, a affirmé vendredi la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas. (AFP)
Short Url
  • La France, l'Allemagne et le Royaume-Uni, qui forment l'E3, ont indiqué jeudi dans une lettre au Conseil de sécurité que "sur la base de preuves factuelles", ils estiment que l'Iran est en position de non-respect important de ses engagements"
  • L'Union européenne, qui soutient le JCPOA, a participé aux négociations entre l'E3 et l'Iran, notamment à Genève où une ultime réunion a eu lieu cette semaine avant la décision finalement annoncée jeudi par les Européens

COPENHAGUE: Les pays occidentaux ont désormais 30 jours pour trouver une solution diplomatique à la crise du nucléaire iranien, a affirmé vendredi la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas.

"Nous entrons dans une nouvelle phase de 30 jours (...) que nous devons vraiment utiliser pour trouver des solutions diplomatiques", a-t-elle déclaré avant le début d'une réunion de l'UE à Copenhague, au lendemain de la décision prise par les Européens de déclencher le mécanisme devant rétablir d'ici un mois les sanctions internationales contre l'Iran. Cette demande doit être examinée vendredi par le Conseil de sécurité de l'Onu.

La France, l'Allemagne et le Royaume-Uni, qui forment l'E3, ont indiqué jeudi dans une lettre au Conseil de sécurité que "sur la base de preuves factuelles", ils estiment que l'Iran est en position de non-respect important de ses engagements" en vertu de l'accord sur le nucléaire de 2015, le JCPOA, et "invoquent ainsi le mécanisme connu sous le nom du snapback", qui ouvre un processus de trente jours permettant de réimposer une série de sanctions suspendues il y a dix ans.

L'Union européenne, qui soutient le JCPOA, a participé aux négociations entre l'E3 et l'Iran, notamment à Genève où une ultime réunion a eu lieu cette semaine avant la décision finalement annoncée jeudi par les Européens.

Les pays occidentaux soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme atomique. Téhéran dément et défend son droit à développer un programme nucléaire civil.