Grèce: Mitsotakis, renforcé par la victoire de la droite, entame un deuxième mandat

Le chef de la Nouvelle Démocratie, Kyriakos Mitsotakis, s'exprime lors de son principal rassemblement de campagne électorale à Athènes (Photo, AP).
Le chef de la Nouvelle Démocratie, Kyriakos Mitsotakis, s'exprime lors de son principal rassemblement de campagne électorale à Athènes (Photo, AP).
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Publié le Lundi 26 juin 2023

Grèce: Mitsotakis, renforcé par la victoire de la droite, entame un deuxième mandat

  • Le dirigeant conservateur de 55 ans, arrivé au pouvoir en 2019, a réussi son pari en obtenant dimanche une majorité absolue qui va lui permettre de constituer un gouvernement sans devoir nouer d'alliance
  • En présence de la présidente de la République hellénique Katerina Sakellaropoulou et de l'archevêque de l'Eglise orthodoxe Iéronymos, Kyriakos Mitsotakis a prêté un serment religieux, selon la tradition en Grèce

ATHENES : Le chef de file du parti Nouvelle-Démocratie, Kyriakos Mitsotakis, a prêté serment lundi pour un deuxième mandat de Premier ministre en Grèce, alors que la droite sort renforcée des élections législatives.

Le dirigeant conservateur de 55 ans, arrivé au pouvoir en 2019, a réussi son pari en obtenant dimanche une majorité absolue qui va lui permettre de constituer un gouvernement sans devoir nouer d'alliance.

Avec 40,55% des suffrages, Nouvelle-Démocratie (ND) s'est en effet assuré 158 sièges de députés sur les 300 que compte le parlement monocaméral grec.

Ces élections, les secondes en cinq semaines, ont également été marquées par un glissement à droite, avec la débâcle du parti de gauche Syriza et l'élection de députés de trois petites formations nationalistes ou d'extrême-droite.

En présence de la présidente de la République hellénique Katerina Sakellaropoulou et de l'archevêque de l'Eglise orthodoxe Iéronymos, Kyriakos Mitsotakis a prêté un serment religieux, selon la tradition en Grèce.

"Nous entamons un travail dur pour de grandes réformes", a-t-il souligné après avoir été reçu par la cheffe de l'Etat. "Je me suis engagé à mettre en œuvre des changements (...) majeurs au cours de ce deuxième mandat de quatre ans (...) Nous disposons d'une confortable majorité parlementaire pour le faire".

Le nouveau gouvernement doit être désigné dans la foulée.

Dimanche, la ND a réalisé un meilleur score que lors de son accession au pouvoir il y a quatre ans (39,85% en 2019), et l'une de ses meilleures performances depuis le rétablissement de la démocratie en 1974.

Réformes majeures

La droite s'est assuré la majorité absolue grâce à une "prime" de 50 sièges accordée au parti arrivé en tête.

Lors du précédent scrutin, le 21 mai, M. Mitsotakis n'était pas parvenu à ses fins en raison d'un mode de scrutin différent. Après avoir exclu de former une coalition, il avait réclamé de nouvelles élections, tenues dimanche.

Pour ce second mandat, il affiche un programme économique ambitieux, avec des promesses de hausses des salaires, notamment pour les plus bas revenus, mais aussi des embauches massives de personnel médical et de médecins dans les hôpitaux publics.

Son premier mandat a été marqué par la relance de l'économie et la baisse du chômage, dans un pays qui souffre de la cherté de la vie et des bas salaires.

Avec cette large victoire, cet homme issu d'une longue lignée de responsables politiques peut désormais revendiquer un rôle majeur au sein de la droite européenne. "La Nouvelle-Démocratie est le parti de centre droit le plus fort en Europe!", a-t-il lancé dimanche soir devant ses troupes.

"Sans adversaire, domination absolue de Mitsotakis", titrait lundi le quotidien centriste Ta Néa, alors que certains analystes s'inquiètent de la toute puissance de la droite au Parlement face à une opposition de gauche très affaiblie.

Le parti Syriza de l'ancien Premier ministre Alexis Tsipras (2015-2019) a essuyé une cuisante défaite, ne parvenant même pas à maintenir son score de 20% du 21 mai.

Syriza n'a recueilli dimanche que 17,84% des suffrages, soit plus de 20 points d'écart avec Nouvelle-Démocratie.

"C'était une bataille difficile (...) Le résultat est évidemment négatif pour nous", a admis le pugnace quadragénaire.

Pour de nombreux analystes, ses jours à la tête de Syriza apparaissent désormais comptés. Après le précédent revers du 21 mai, il avait reconnu avoir songé à démissionner.

Dix jours après le naufrage meurtrier d'une embarcation surchargée de migrants au large de la Grèce, qui a sans doute fait des centaines de morts, trois petits partis nationalistes et anti-migrants vont par ailleurs siéger dans le nouveau Parlement.

A eux trois, ils se sont adjugé 12,77% des suffrages.

Parmi eux, les "Spartiates" ont créé la surprise avec 4,64% des voix et 12 députés élus. Ce parti, inconnu il y a peu, est soutenu par un ancien cadre de la formation néo-nazie Aube dorée, Ilias Kassidiaris. Ce dernier, antisémite et révisionniste, purge actuellement une lourde peine de prison et avait été de ce fait empêché par la Cour suprême de se présenter aux élections.

Ce scrutin a également été marqué par une forte abstention (47%), reflet sans doute de la lassitude des électeurs appelés aux urnes deux fois en cinq semaines.


Les dirigeants du G7, dont Trump, se rejoignent au Canada tandis qu'un conflit oppose l'Iran et Israël

Le logo du G7 2025 est visible sur la pelouse devant le centre des médias de Banff, à l'approche du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra à Kananaskis, dans la province canadienne de l'Alberta, le 16 juin 2025. (Photo : Ben Sheppard / AFP)
Le logo du G7 2025 est visible sur la pelouse devant le centre des médias de Banff, à l'approche du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra à Kananaskis, dans la province canadienne de l'Alberta, le 16 juin 2025. (Photo : Ben Sheppard / AFP)
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  • Les pays du G7 ont entamé dimanche des négociations dans l'espoir de trouver un langage commun concernant le conflit entre l'Iran et Israël.
  • La priorité absolue pour tous sera d'éviter les drames, malgré les nombreux sujets de frictions, des droits de douane imposés par Donald Trump à la guerre en Ukraine, ou encore à celle du Moyen-Orient.

KANANASKIS, CANADA : Les pays du G7 ont entamé dimanche des négociations dans l'espoir de trouver un langage commun concernant le conflit entre l'Iran et Israël, alors que leurs dirigeants, dont le président américain, se retrouvent pour un sommet sous tension dans les Rocheuses canadiennes.

Il s'agit du premier grand sommet depuis que Donald Trump est revenu au pouvoir en janvier, ce qui a fragilisé l'unité du club des grandes démocraties industrialisées (Allemagne, Royaume-Uni, Canada, États-Unis, France, Italie et Japon).

Le président américain, qui n'a cessé de menacer le Canada ces derniers mois, est arrivé en fin de journée dans ce pays, avec sur la tête une casquette blanche portant son slogan « Make America Great Again » (« Rendre sa grandeur à l'Amérique »).

Pour cette réunion qui se déroule à Kananaskis, dans le parc national de Banff, dans l'ouest du Canada, il retrouvera ses alliés du G7 ainsi que les dirigeants de nombreux autres pays invités : l'Inde, l'Ukraine, le Mexique, l'Afrique du Sud et l'Australie seront notamment présents.

La priorité absolue pour tous sera d'éviter les drames, malgré les nombreux sujets de frictions, des droits de douane imposés par Donald Trump à la guerre en Ukraine, ou encore à celle du Moyen-Orient.

Mais parviendront-ils à parler d'une voix commune, notamment sur cette région du monde ?

Israël a stupéfié le monde vendredi en ouvrant un nouveau front avec une campagne militaire surprise et massive contre l'Iran.

Selon une source gouvernementale citée par l'AFP, les dirigeants du G7 travaillent à une déclaration commune. Reste à décider s'il s'agit d'appeler à la désescalade ou simplement de soutenir Israël en affirmant que le pays a le droit de se défendre. 

Mais cette guerre n'est pas le seule enjeu des discussions à Kananaskis. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est parmi les invités et doit s'entretenir avec Donald Trump

Le président américain, qui s'est rapproché de façon spectaculaire de Moscou, a de nouveau eu un entretien téléphonique samedi avec le président russe Vladimir Poutine. Ce dernier lui a dit être prêt à un nouveau round de négociations.

De leur côté, les Européens tentent de convaincre Donald Trump de promulguer de nouvelles sanctions contre Moscou, ciblant plus précisément les ventes de pétrole russe. 

Tous les pays souhaitent par ailleurs aborder l'aspect commercial avec le président Trump. En imposant des taxes douanières d'au moins 10 % sur la plupart des produits entrant aux États-Unis, ce dernier a dévié le cours de la mondialisation et menacé l'économie mondiale d'un ralentissement général. 

Ce sommet du G7 est la première visite du président américain sur le sol canadien depuis qu'il a menacé son voisin du nord, estimant qu'il serait préférable qu'il devienne le 51^e État américain.

Le Premier ministre canadien, Mark Carney, et Donald Trump se rencontreront lundi matin lors d'un tête-à-tête. Outre MM. Carney et Zelensky, le dirigeant américain doit aussi rencontrer la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum. 


Donald Trump appelle Iran et Israël à «trouver un accord»

Donald Trump a appelé Israël et l'Iran à "trouver un accord" dimanche, même s'ils vont peut-être devoir se battre auparavant. (AFP)
Donald Trump a appelé Israël et l'Iran à "trouver un accord" dimanche, même s'ils vont peut-être devoir se battre auparavant. (AFP)
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  • Israël a multiplié dimanche ses frappes meurtrières à travers l'Iran, visant la capitale, la ville de Machhad à l'extrémité nord-est du pays ainsi que des installations militaires dans l'ouest, auxquelles Téhéran a riposté par de nouveaux tirs de missiles
  • En fin de journée, avant son départ pour le G7 au Canada, Donald Trump a renouvelé son appel aux deux pays: "Je pense qu'il est temps de conclure un accord et nous verrons ce qui se passera"

WASHINGTON: Donald Trump a appelé Israël et l'Iran à "trouver un accord" dimanche, même s'ils vont peut-être devoir se battre auparavant, a-t-il déclaré au moment où des échanges intenses de tirs entre les deux pays se poursuivent pour la quatrième nuit consécutive.

"L'Iran et Israël devraient trouver un accord, et ils vont trouver un accord", a écrit le président américain sur son réseau Truth Social dimanche matin, ajoutant que "de nombreux appels et rencontres ont lieu en ce moment".

En fin de journée, avant son départ pour le G7 au Canada, Donald Trump a renouvelé son appel aux deux pays: "Je pense qu'il est temps de conclure un accord et nous verrons ce qui se passera. Parfois, ils doivent se battre, mais nous verrons ce qui se passera. Je pense qu'il y a de bonnes chances qu'il y ait un accord", a-t-il déclaré sur le seuil de la Maison Blanche avant d'embarquer dans son hélicoptère Marine One.

Israël a multiplié dimanche ses frappes meurtrières à travers l'Iran, visant la capitale, la ville de Machhad à l'extrémité nord-est du pays ainsi que des installations militaires dans l'ouest, auxquelles Téhéran a riposté par de nouveaux tirs de missiles.

Au troisième jour de l'offensive aérienne israélienne, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a menacé de faire payer à l'Iran "un prix très lourd" après la mort de civils provoquée par les salves de missiles balistiques iraniens tirées en représailles sur Israël, qui ont touché des zones habitées.

L'Iran a de son côté promis dimanche une "réponse dévastatrice" aux attaques israéliennes et affirmé qu'Israël ne serait bientôt "plus habitable".


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».