Adolescent tué à Nanterre: la gauche choquée, l'extrême droite mal à l'aise

Un pompier éteint un véhicule en feu détruit par des manifestants à Nanterre, à l'ouest de Paris, le 27 juin 2023, après que la police française a tué un adolescent qui refusait de s'arrêter pour un contrôle routier dans la ville. (Photo Zakaria ABDELKAFI / AFP)
Un pompier éteint un véhicule en feu détruit par des manifestants à Nanterre, à l'ouest de Paris, le 27 juin 2023, après que la police française a tué un adolescent qui refusait de s'arrêter pour un contrôle routier dans la ville. (Photo Zakaria ABDELKAFI / AFP)
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Publié le Mercredi 28 juin 2023

Adolescent tué à Nanterre: la gauche choquée, l'extrême droite mal à l'aise

  • "Ce que je vois dans cette video, c'est un gamin de 17 ans qui est exécuté en France, en 2023, sur la voie publique, par un policier», a déploré sur Sud Radio la cheffe d'EELV Marine Tondelier.
  • "On a le sentiment qu'on va vers une américanisation de la police», a-t-elle mis en garde, rappelant qu'un refus d'obtempérer "c'est trois ans de prison et 75.000 euros d'amende, pas une balle dans la tête"

PARIS: La mort d'un adolescent tué à bout portant par un policier, à Nanterre, a vivement fait réagir mercredi la gauche qui dénonce une "américanisation de la police" et demande une commission d'enquête parlementaire, face à une droite et une extrême droite mal à l'aise.

Une vidéo circulant sur les réseaux sociaux, authentifiée par l'AFP, montre deux policiers en train d'arrêter une voiture mardi, l'un d'eux tenant le jeune conducteur en joue avant de tirer à bout portant quand la voiture redémarre. La victime, Naël M., 17 ans, est décédée peu de temps après avoir été atteinte au thorax, entraînant des affrontements dans la nuit à Nanterre et aux alentours.

"Ce que je vois dans cette video, c'est un gamin de 17 ans qui est exécuté en France, en 2023, sur la voie publique, par un policier", a déploré sur Sud Radio la cheffe d'EELV Marine Tondelier.

Mensonges

Elle a aussi dénoncé des mensonges dans cette affaire. "Avant que cette vidéo ne soit diffusée, j'ai assisté à un policier qui ment, à son collègue qui ment, à la procureure qui ment, et aux médias qui mentent".

"On a le sentiment qu'on va vers une américanisation de la police", a-t-elle mis en garde, rappelant qu'un refus d'obtempérer "c'est trois ans de prison et 75.000 euros d'amende, pas une balle dans la tête".

"Une partie de l'autorité policière a menti pour essayer de couvrir cet acte", a également regretté le coordinateur politique de LFI, Manuel Bompard. Il a rappelé sur RFI que son groupe avait demandé en décembre une "commission d'enquête parlementaire sur l'augmentation des décès suite à des refus d'obtempérer".

«Un drame», une «tragédie»

Mal à l'aise, les représentants du RN Jordan Bardella et Sébastien Chenu ont invoqué "un drame", une "tragédie" et demandé à respecter "le temps de l'enquête", ainsi que "la présomption d'innocence".

"Il faut être très précautionneux, surtout ne pas s'emporter, ne pas chercher des responsabilités qui n'existeraient peut-être pas ici ou là", a déclaré M. Chenu sur RTL.

"Les forces de police (...) font face tous les jours à une pression de plus en plus forte et force est de constater que notamment en banlieue parisienne, ils sont devenus des cibles", a estimé M. Bardella sur BFMTV-RMC.

"C'est à la justice de faire son travail et cela ne change en rien le soutien que l'on doit porter à ceux qui nous protègent, qui font un métier extraordinairement difficile", a souligné de son côté le président des LR Eric Ciotti sur RMC.


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.