Le Haut Conseil pour le Climat pointe la lenteur des rénovations de bâtiments

La Première ministre française Elisabeth Borne (R) sort après la présentation du rapport annuel du Haut Conseil pour le Climat, à l'Hôtel Matignon à Paris, le 29 juin 2022. (Photo, AFP)
La Première ministre française Elisabeth Borne (R) sort après la présentation du rapport annuel du Haut Conseil pour le Climat, à l'Hôtel Matignon à Paris, le 29 juin 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 29 juin 2023

Le Haut Conseil pour le Climat pointe la lenteur des rénovations de bâtiments

  • Pour les logements, le Haut Conseil juge que l'accompagnement des ménages se structure et estime que l'interdiction de location des logements les plus énergivores «représente une avancée importante»
  • Au 1er janvier 2022, le nombre de «passoires thermiques» (étiquetées F et G) parmi les résidences principales était estimé par l'Observatoire national de la rénovation énergétique à 5,2 millions de logements

PARIS: Massifier l'offre de rénovation des bâtiments afin de réduire les émissions de CO2 de la construction: en soulignant la lenteur des chantiers, le Haut Conseil pour le climat (HCC) préconise mercredi de développer "l'ingéniérie financière" de la rénovation, dans son rapport publié mercredi.

Pour les logements, le Haut Conseil juge que l'accompagnement des ménages se structure et estime que l'interdiction de location des logements les plus énergivores "représente une avancée importante".

Cependant, "les ressources financières et humaines allouées à la rénovation globale restent insuffisantes, et l'approche actuelle achoppe sur l'absence d'exigences de résultats sur la qualité des travaux de rénovation", note le HCC.

Le rapport juge que les politiques mises en oeuvre "ne permettent pas d'enclencher un nombre suffisant de rénovations complètes performantes" pour économiser l'énergie, et demande une "rénovation des logements les plus énergivores", en se dotant de "moyens de contrôle".

Au 1er janvier 2022, le nombre de "passoires thermiques" (étiquetées F et G) parmi les résidences principales était estimé par l'Observatoire national de la rénovation énergétique à 5,2 millions de logements.

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Evolution des émissions nettes de gaz à effet de serre et de polluants atmosphériques, en prenant en compte le stockage par les puits de carbone, par rapport aux objectifs SNBC-2. (AFP / Laurence SAUBADU)

«Plan Marshall de la rénovation»

Pour atteindre l'objectif d'éradication de ces logements peu ou mal isolés au 1er janvier 2028, ce nombre "devrait diminuer de 900 000 logements par an en moyenne".

Or, le budget 2023 "ambitionne de sortir 15 000 logements du statut de passoire thermique grâce au dispositif MaPrimeRénov’ en 2023, et de porter ce nombre à 25 000 en 2025", note le rapport.

"Dans le secteur du bâtiment, on s'attend à voir des rénovations complètes de plusieurs centaines de milliers de bâtiments par année et on a au mieux 66 000 rénovations complètes par année. Sans ce rythme très très élevé, on ne pourra pas être à la neutralité carbone en 2050" a résumé la climatologue Corine Le Queré, présidente du HCC lors de la présentation du rapport à la presse.

Autre point de "blocage", la formation des professionnels qui ne connaissent pas toutes les techniques d'isolation les plus performantes, a relevé Mme Le Queré.

Le Haut Conseil demande notamment "une feuille de route pluri-annuelle des montants financiers et des critères d'éligibilité" pour les aides financières à la rénovation.

En octobre, le directeur-général du groupe de matériaux Saint-Gobain, Benoît Bazin, avait résumé une demande similaire en souhaitant un "plan Marshall de la rénovation" des bâtiments, logements, bureaux ou administrations, un chantier qui va durer des années.

Il aimerait y "embarquer" les banques pour amplifier le mouvement uniquement porté par les aides publiques "Ma PrimeRenov'" dont le montant s'élevait à quelque 2,5 milliards d'euros en 2023.

"En France, les banques ne prennent pas de risque sur le bien immobilier mais raisonnent uniquement en termes de risque sur l'emprunteur ; et que le logement soit en catégorie (énergétique) G ou A, elles s'en moquent (...) or les prêteurs devraient s'intéresser à ce sujet dans un environnement où l'énergie va coûter quatre fois plus cher, et où la capacité à rembourser un emprunt peut en être affectée", avait-il dit.

Le secteur du bâtiment, qui représente 16% des émissions françaises (derrière transports 32%, agriculture 19%, et industrie 18%), est l'un des secteurs qui a le plus réduit ses émissions de gaz à effet de serre l'an passé (-14,7%) par rapport à 2021, pour atteindre 64 millions de tonnes d'équivalent CO2, indique le rapport du HCC.

Mais cette baisse de 11,1 Mt de CO2eq (l'équivalent dioxyde de carbone) s'explique principalement "par la douceur des températures hivernales et par les mesures de sobriété", note le rapport. Elle est portée surtout par les bâtiments résidentiels (-7,2 Mt CO2eq) qui ont eu un moindre besoin de chauffage, et non par des mesures structurelles pérennes.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.