Dans le cœur de la Russie secoué par la mutinerie de Wagner

Un couple passe avec une poussette devant une flamme éternelle à Voronej, le 27 juin 2023. Cratères de bombes, maisons bombardées, habitants choqués : la rébellion d'une armée privée a laissé des cicatrices loin des lignes de front ukrainiennes, dans le cœur agricole de la Russie. (Photo, AFP)
Un couple passe avec une poussette devant une flamme éternelle à Voronej, le 27 juin 2023. Cratères de bombes, maisons bombardées, habitants choqués : la rébellion d'une armée privée a laissé des cicatrices loin des lignes de front ukrainiennes, dans le cœur agricole de la Russie. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 30 juin 2023

Dans le cœur de la Russie secoué par la mutinerie de Wagner

  • La mutinerie est l'une des pires menaces affrontées par Vladimir Poutine en plus de deux décennies de pouvoir. Mais, au bout de 24 heures de négociations, Evguéni Prigojine ordonne à ses hommes de faire demi-tour et part en exil au Bélarus
  • Pendant cette action éclair, des affrontements aux circonstances encore floues éclatent entre Wagner et l'armée régulière dans la région de Voronej, à 450 kilomètres au sud de la capitale russe, une zone agricole réputée pour sa «terre noire» fertile

VORONEJ: Cratères de bombes, maisons endommagées, habitants sous le choc : la rébellion armée des mercenaires de Wagner a laissé des traces dans la campagne russe, à des centaines de kilomètres du front ukrainien.

Samedi dernier, sur ordre de leur chef Evguéni Prigojine, des colonnes de véhicules groupe Wagner foncent depuis le sud-ouest de la Russie vers Moscou. Objectif: renverser le commandement militaire accusé de mensonges et d'incompétence en Ukraine.

La mutinerie est l'une des pires menaces affrontées par Vladimir Poutine en plus de deux décennies de pouvoir. Mais, au bout de 24 heures de négociations, Evguéni Prigojine ordonne à ses hommes de faire demi-tour et part en exil au Bélarus.

Pendant cette action éclair, des affrontements aux circonstances encore floues éclatent entre Wagner et l'armée régulière dans la région de Voronej, à 450 kilomètres au sud de la capitale russe, une zone agricole réputée pour sa "terre noire" fertile.

"Il y a eu le bruit d'un avion qui passe, mais on ne l'a pas vu. Il a fait des tours, puis il y a eu un sifflement et un grand fracas, puis un deuxième", raconte Lioubov, 65 ans, infirmière à l'hôpital de la ville d'Anna, à une heure et demie de route de Voronej.

"Des gens disent que leurs vitres ont été soufflées. Nous avons une maison à l'écart (de la ville), du plâtre est tombé du plafond", dit cette dame à l'AFP, en attendant à l'arrêt de bus.

"On n'a pas besoin de la guerre ici, on n'a besoin de rien", ajoute-t-elle. "Mais je pense que tout ira bien, car nous avons Poutine dans ce pays, je le respecte, je l'adore, c'est un homme intelligent", conclut-elle en riant, son parapluie à la main.

«Bombardements»

A la sortie de la ville, plusieurs grands cratères de bombe sont visibles en contrebas d'une route dont la glissière de sécurité a été arrachée. Des arbres et un poteau électrique ont été soufflés par l'explosion.

Evguéni Prigojine affirme que le groupe Wagner, très aguerri, a abattu plusieurs aéronefs de l'armée russe et que deux de ses hommes ont été tués et plusieurs blessés. M. Poutine a admis la mort de plusieurs pilotes, sans donner de chiffres.

Dans le village d'Elizavetovka, dans une autre partie de la région de Voronej, 19 maisons ont été endommagées par des tirs.

"Il y a eu des coups de feu et des bombardements. Dieu merci, il était très tôt (samedi) et les gens dormaient", raconte un habitant, sous couvert d'anonymat.

Une responsable de l'administration locale a ensuite exigé que l'AFP quitte le village, affirmant ne pas souhaiter montrer une image "négative" de la zone à des médias étrangers.

Dans la capitale régionale, Voronej, un dépôt de carburant a pris feu près d'une grande artère de cette ville d'un million d'habitants pendant la rébellion, provoquant un immense incendie. Des réservoirs carbonisés y étaient toujours visibles mardi.

«La faute de Poutine»

Les habitants interrogés par l'AFP sont partagés. Certains louent l'action du Kremlin et estiment que la crise est résolue. Mais d'autres ne se sentent toujours pas en sécurité et quelques-uns soutiennent même la mutinerie d'Evguéni Prigojine.

"Il a raison. Tout le monde le soutient, mais ils ont trop peur de le dire", assure une habitante de Voronej, également sous couvert d'anonymat par crainte de la répression qui frappe massivement les critiques du pouvoir.

"On parle de ça dans la voiture, dans les cuisines, mais personne ne dit rien (en public), même sur Internet, car ils ont trop peur. Tu peux aller en prison pour ça", souligne-t-elle.

Inna, une psychologue de 60 ans à la retraite, dit n'avoir eu qu'un seul réflexe en apprenant la rébellion de Wagner : se précipiter au magasin pour acheter des produits alimentaires et avoir des réserves en cas de troubles.

Pour elle, il n'y a "rien de rassurant" malgré la fin officielle de la crise. "L'incertitude demeure, la méfiance demeure par rapport à ce qui se passe", souffle cette femme à l'air inquiet, assise sur un banc dans le centre de Voronej.

Une habitante dit à l'AFP être totalement contre l'intervention militaire en Ukraine. "Je veux juste la paix. J'estime que c'est la faute de Poutine. Il a fait ressortir toute la noirceur de la vie."


Attentat de Sydney: le Premier ministre australien rend visite au «héros» de la plage de Bondi

Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
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  • Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants
  • Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump

SYDNEY: Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies.

Dimanche soir, alors qu'une foule était rassemblée sur cette plage de Sydney pour la fête juive de Hanouka, un père et son fils ont ouvert le feu pendant une dizaine de minutes, tuant 15 personnes et en blessant 42 autres.

Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants. Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump.

"Il allait s'acheter un café et s’est retrouvé face à des gens qui se faisaient tirer dessus", raconte M. Albanese après une visite au chevet de M. Ahmed.

"Il a décidé d'agir, et son courage est une source d’inspiration pour tous les Australiens."

L'homme a été touché plusieurs fois à l'épaule après s'être battu avec l'un des assaillants. M. Albanese rapporte qu'il devra "subir une nouvelle intervention chirurgicale" mercredi.

"Au moment où nous avons été témoins d'actes maléfiques, il brille comme un exemple de la force de l'humanité", a salué le Premier ministre. "Nous sommes un pays courageux. Ahmed al Ahmed incarne ce que notre pays a de meilleur."

Alité, des tubes dans le nez, M. Ahmed a brièvement remercié en arabe les personnes le soutenant, dans une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux mardi matin.

"J'apprécie les efforts de chacun (...). Puisse Allah vous récompenser et vous accorder le bien être", a-t-il déclaré, selon une traduction (en anglais) fournie par la chaîne publique turque TRT World.

Ce père de deux enfants, originaire de Syrie, vit en Australie depuis plus de 10 ans, selon les médias locaux.

Sa mère a déclaré lundi au média australien ABC qu'elle n'avait cessé de "culpabiliser et de pleurer" lorsqu'elle a reçu l'appel lui annonçant que son fils avait été blessé par balle dans "un accident". "Nous prions pour que Dieu le sauve", dit-elle.

Une collecte de fonds en ligne a récolté plus de 1,9 million de dollars australiens (1,1 million d'euros) de dons pour couvrir les frais médicaux de M. Ahmed.


La CPI rejette un appel d'Israël contestant sa compétence

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
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  • Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas
  • Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a rejeté lundi une demande en appel d'Israël qui contestait sa compétence pour enquêter sur des crimes présumés dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre contre le Hamas.

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant.

Ils sont soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza. Famine, meurtre et persécution font partie des chefs d'accusation.

Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas.

Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties".

La Cour examine actuellement une autre contestation israélienne de sa compétence, en plus d'une demande de récusation du procureur Karim Khan.

Elle a dit non en juillet à une demande d'Israël de rejet des mandats d'arrêts, ainsi qu'à l'appel de cette décision en octobre.

Créée en 2002, la CPI poursuit des individus accusés des pires atrocités tels que les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et le génocide.

Israël n'adhère pas au traité de Rome ayant institué la CPI, ce qui ne les empêche pas d'introduire des contestations juridiques auprès de la Cour.

La Cour avait déjà statué en 2021 que sa compétence territoriale s'étendait à Gaza.

Les accusations de génocide commis par Israël envers les Palestiniens dans la bande de Gaza se sont multipliées depuis le début de la guerre, le 7 octobre 2023, après l'attaque du Hamas contre Israël ayant coûté la vie à 1.221 personnes côté israélien, principalement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.

Les représailles israéliennes à Gaza ont depuis fait plus de 70.000 morts, selon les chiffres du ministère de la Santé du territoire palestinien contrôlé par le Hamas, que l'ONU considère comme fiables.

Sous fortes pressions américaines, une trêve fragile est en vigueur depuis le 10 octobre.

 


Un pilote de ligne dit avoir évité une collision avec un avion militaire américain au large du Venezuela

Cette capture d'écran tirée d'une vidéo publiée par la procureure générale américaine Pam Bondi sur son compte X le 10 décembre 2025 montre ce que Mme Bondi décrit comme l'exécution d'un « mandat de saisie d'un pétrolier utilisé pour transporter du pétrole sanctionné provenant du Venezuela et d'Iran » au large des côtes vénézuéliennes le 10 décembre. Photo d'illustration. (AFP)
Cette capture d'écran tirée d'une vidéo publiée par la procureure générale américaine Pam Bondi sur son compte X le 10 décembre 2025 montre ce que Mme Bondi décrit comme l'exécution d'un « mandat de saisie d'un pétrolier utilisé pour transporter du pétrole sanctionné provenant du Venezuela et d'Iran » au large des côtes vénézuéliennes le 10 décembre. Photo d'illustration. (AFP)
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  • Ce signalement intervient sur fond de tensions entre les Etats-Unis et le Venezuela, l'armée américaine ayant mobilisé d'importantes forces aux alentours de la République bolivarienne
  • Le gouvernement américain reproche notamment au président vénézuélien, Nicolas Maduro, réélu en 2024 à l'issue d'un scrutin aux résultats contestés par la communauté internationale, de contrôler un vaste trafic de stupéfiants

NEW YORK: La compagnie américaine JetBlue a annoncé lundi avoir fait état aux autorités d'un incident en vol, l'un de ses pilotes ayant affirmé avoir dû modifier sa trajectoire pour éviter une collision avec un avion ravitailleur de l'armée américaine, au large du Venezuela.

Ce signalement intervient sur fond de tensions entre les Etats-Unis et le Venezuela, l'armée américaine ayant mobilisé d'importantes forces aux alentours de la République bolivarienne.

Le gouvernement américain reproche notamment au président vénézuélien, Nicolas Maduro, réélu en 2024 à l'issue d'un scrutin aux résultats contestés par la communauté internationale, de contrôler un vaste trafic de stupéfiants.

Le dirigeant a toujours réfuté ces allégations, affirmant que Washington s'en servait comme d'un prétexte pour le renverser et mettre la main sur les immenses réserves de pétrole du pays.

Vendredi, l'un des pilotes d'un vol JetBlue assurant la liaison entre l'île caribéenne de Curaçao et New York, a signalé, par radio au contrôle aérien, avoir dû interrompre son ascension après détection d'un avion ravitailleur de l'US Air Force.

Toujours selon le pilote, dont la conversation avec les contrôleurs a été enregistrée et est disponible sur le site LiveATC.net, l'appareil militaire n'avait pas activé son transpondeur, l'émetteur-récepteur qui permet au trafic aérien de le repérer.

"On a failli avoir une collision", explique le pilote. "C'est scandaleux."

"Scandaleux", lui répond le contrôleur aérien. "Vous avez tout à fait raison."

Sollicité par l'AFP, JetBlue a salué l'initiative de l'équipage ayant "rapporté promptement cet incident" à sa hiérarchie, qui en a fait état "aux autorités fédérales". La compagnie américaine "contribuera à toute enquête" sur les circonstances de ce chassé-croisé.

Le commandement militaire américain dédié à cette région, l'US Southern Command, a expliqué à l'AFP "étudier" le dossier, tout en rappelant que "la sécurité (demeurait sa) priorité absolue".

Fin novembre, l'Agence de régulation de l'aviation civile, la FAA, avait demandé aux vols opérant dans la région où se trouve le Venezuela de "faire preuve de prudence".

Elle avait justifié cet avis par "une détérioration des conditions de sécurité et du renforcement de l'activité militaire au Venezuela et dans ses environs".

La FAA avait évoqué des "menaces qui pourraient présenter un risque pour les appareils (commerciaux) à toutes altitudes, que ce soit en vol, à l'atterrissage et au décollage".