Emeutes à Marseille: des mineurs «un peu perdus» scolairement mais sans antécédent, selon une juge

Le maire de Marseille Benoit Payan prend la parole à l'hôtel de ville lors d'un rassemblement à Marseille, dans le sud-est de la France, le 3 juillet 2023 (Photo, AFP).
Le maire de Marseille Benoit Payan prend la parole à l'hôtel de ville lors d'un rassemblement à Marseille, dans le sud-est de la France, le 3 juillet 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 05 juillet 2023

Emeutes à Marseille: des mineurs «un peu perdus» scolairement mais sans antécédent, selon une juge

  • Beaucoup, selon Laetitia Lopez Mora, magistrate sur le pont ce week-end, se sont laissé entraîner par l'effet de groupe, sans pouvoir justifier autrement leur passage à l'acte
  • «Certains sont des mineurs isolés mais statistiquement j'en ai vu beaucoup avec deux parents»

MARSEILLE: Des jeunes "un peu perdus", présentant "des fragilités scolaires ou familiales": sur la vingtaine de mineurs interpellés ce week-end lors des émeutes à Marseille, la plupart n'avaient jamais eu affaire à la justice, analyse une juge des enfants au tribunal judiciaire de Marseille.

Beaucoup, selon Laetitia Lopez Mora, magistrate sur le pont ce week-end, se sont laissé entraîner par l'effet de groupe, sans pouvoir justifier autrement leur passage à l'acte.

Question: quel est le profil des mineurs interpellés à Marseille ?

Réponse: "Le plus jeune avait 14 ans, le plus âgé était à deux jours de sa majorité. Beaucoup ont autour de quinze ans. Ils étaient pour la plupart inconnus de la justice: il s'agissait de mineurs primo-délinquants qui viennent en général de Marseille ou des Bouches-du-Rhône.

Même si quasiment aucun n'était déscolarisé de longue date --certains ne se rendaient plus à l'école mais plutôt depuis quelques mois--, beaucoup étaient complètement perdus dans leur orientation scolaire. Il y avait une grande fragilité à ce niveau-là: nombre d'entre eux étaient en difficultés scolaires ou en situation de décrochage.

Certains sont des mineurs isolés mais statistiquement j'en ai vu beaucoup avec deux parents. Il y avait pas mal de couples parentaux qui étaient encore ensemble et finalement peu de mamans seules.

Des fragilités ont pu être mises en évidence dans les cellules familiales mais beaucoup de parents étaient insérés, très honteux de se retrouver là, s'excusant à la place de leur enfant.

Je n'ai vraiment pas senti des parents démissionnaires ni des enfants livrés à eux-mêmes."

Q: quels faits leur sont reprochés et comment expliquent-ils, le cas échéant, avoir agi ainsi ?

R: "Ils ont été déférés soit pour violences sur des fonctionnaires de police, quelques-uns pour outrages et rébellion, quelques-uns pour ports d'armes ou d'explosifs, la participation à un mouvement violent ou alors pour des faits de vol ou recel de vol.

Pour certains mineurs isolés, il s'agissait presque parfois de délinquance de subsistance: il y en a un qui a volé du fromage, un autre a dérobé des baskets. Là, c'est vraiment de la délinquance d'opportunité: ils se trouvent dans la rue, le magasin est ouvert, ils se servent parce qu'ils ont en tout et pour tout (dans leur vie à Marseille) un sac à dos avec quelques affaires.

D'autres ont évoqué l'ennui. Or l'oisiveté, pour les mineurs, est un facteur de risque de passage à l'acte très important.

C'étaient principalement des jeunes disant que ce n'était pas forcément prémédité mais qu'ils ont suivi des copains et sont allés en ville. Plusieurs ont parlé d'une certaine forme de curiosité.

Mais aucun ne m'a tenu un discours construit consistant à dire qu'ils étaient là parce qu'un jeune était mort: aucun n'a évoqué les violences policières, le décès de Nahel, ni même une réelle réflexion sur la société.

Quand ils ont parlé des violences policières, c'était plutôt pour dire qu'ils en avaient été victimes dans le cadre de leurs interpellations."

Q: Quelles mesures peuvent être prises pour éviter que ces jeunes ne récidivent ?

R: "Dans une très grande majorité de cas, dès lors que les faits étaient reconnus, on a prononcé des mesures de réparation, une réparation qui est symbolique. Ce sont souvent des activités au profit de la collectivité, non rémunérées.

Cela peut être échanger avec des policiers, passer une journée avec des pompiers, distribuer des colis alimentaires dans des quartiers défavorisés, ce qui leur permet aussi de valoriser leurs compétences et leurs qualités parce qu'ils ont parfois une faible estime d'eux-mêmes.

On peut aussi leur demander de faire une lettre d'excuses à la victime, en l'espèce à un fonctionnaire de police.

Ces émeutes montrent une jeunesse qui est vraiment dans un rapport de défiance envers les institutions, y compris l'institution policière.

On a essayé de les sensibiliser aussi tout au long du week-end sur la situation des commerçants du centre ville.

Je les ai trouvés attentifs à ce discours, concernés, un certain nombre d'entre eux a émis des regrets, a présenté ses excuses.

Pour la plupart, ce sera un passage à l'acte isolé."


Tentative de putsch au Bénin: des forces spéciales françaises sont intervenues en appui 

Des forces spéciales françaises sont intervenues dimanche lors de la tentative déjouée de putsch au Bénin en appui de l'armée béninoise qui a "vaillamment" repoussé les mutins, a affirmé mercredi à l'AFP le chef de la Garde républicaine, le colonel Dieudonné Djimon Tévoédjrè. (AFP)
Des forces spéciales françaises sont intervenues dimanche lors de la tentative déjouée de putsch au Bénin en appui de l'armée béninoise qui a "vaillamment" repoussé les mutins, a affirmé mercredi à l'AFP le chef de la Garde républicaine, le colonel Dieudonné Djimon Tévoédjrè. (AFP)
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  • Mardi, la présidence française avait indiqué avoir appuyé "en termes de surveillance, d'observation et de soutien logistique" le pouvoir béninois, à sa demande, sans confirmer ni démentir la présence de ses forces
  • "L'armée béninoise a été vraiment vaillante et a fait face à l'ennemi toute la journée" dimanche, a expliqué à l'AFP le colonel Tevoédjrè, précisant que des "forces spéciales françaises ont été envoyées depuis Abidjan"

COTONOU: Des forces spéciales françaises sont intervenues dimanche lors de la tentative déjouée de putsch au Bénin en appui de l'armée béninoise qui a "vaillamment" repoussé les mutins, a affirmé mercredi à l'AFP le chef de la Garde républicaine, le colonel Dieudonné Djimon Tévoédjrè.

Mardi, la présidence française avait indiqué avoir appuyé "en termes de surveillance, d'observation et de soutien logistique" le pouvoir béninois, à sa demande, sans confirmer ni démentir la présence de ses forces.

"L'armée béninoise a été vraiment vaillante et a fait face à l'ennemi toute la journée" dimanche, a expliqué à l'AFP le colonel Tevoédjrè, précisant que des "forces spéciales françaises ont été envoyées depuis Abidjan, utilisées pour du ratissage après que l'armée béninoise ait fait le travail".

Le colonel Tevoédjrè - qui a personnellement dirigé sur place la riposte contre un assaut sur la résidence du chef de l'Etat Patrice Talon tôt dimanche matin - estime à une centaine le nombre de mutins, "avec beaucoup de moyens, des engins blindés".

Il note toutefois que les putschistes, qui ont compté sur "l'effet de surprise", n'ont pas reçu de soutien d'autres unités, saluant l'attitude "républicaine" de l'armée béninoise.

La Garde républicaine a "eu le soutien spontané d'autres unités qui ont été utilisées toute la journée pour reprendre possession de zones, de points stratégiques de Cotonou", détaille t-il.

C'est en fin de journée, alors que les mutins étaient retranchés dans un camp situé dans une zone résidentielle de la capitale économique, que des frappes aériennes du Nigeria voisin et des forces spéciales françaises ont aidé le Bénin, afin notamment "d'éviter des dommages collatéraux".

Le colonel n'a pas donné de bilan chiffré du nombre de victimes des évènements de dimanche, mais a précisé que les mutins étaient "repartis avec des corps et des blessés" de leur tentative d'assaut sur la résidence présidentielle, après un "rude combat".

Dimanche matin, huit militaires étaient apparus à la télévision béninoise, annonçant qu'ils avaient destitué Patrice Talon.

Après une journée d'incertitude à Cotonou, le chef de l'Etat avait déclaré que la situation était "totalement sous contrôle". Les autorités béninoises ont ensuite fait état de "plusieurs victimes", notamment dans des affrontements opposant mutins et forces loyales.


Procès libyen: la cour d'appel de Paris libère l'intermédiaire Djouhri sous contrôle judiciaire

 La cour d'appel de Paris a accepté mercredi de libérer sous contrôle judiciaire l'intermédiaire Alexandre Djouhri, qui était le dernier prévenu du procès libyen à être encore incarcéré.
La cour d'appel de Paris a accepté mercredi de libérer sous contrôle judiciaire l'intermédiaire Alexandre Djouhri, qui était le dernier prévenu du procès libyen à être encore incarcéré.
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  • L'homme d'affaires franco-algérien de 66 ans, condamné le 25 septembre à six ans d'emprisonnement dans l'affaire du financement libyen de la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy, aura notamment pour interdiction de sortir d'Île-de-France
  • Il a également l'interdiction de mener une activité d'intermédiation économique et il devra remettre à la justice ses passeports français et algérien et pointer une fois par semaine à la gendarmerie

PARIS: La cour d'appel de Paris a accepté mercredi de libérer sous contrôle judiciaire l'intermédiaire Alexandre Djouhri, qui était le dernier prévenu du procès libyen à être encore incarcéré.

L'homme d'affaires franco-algérien de 66 ans, condamné le 25 septembre à six ans d'emprisonnement dans l'affaire du financement libyen de la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy, aura notamment pour interdiction de sortir d'Île-de-France, de s'absenter de son domicile en région parisienne entre 8H00 et 20H00, d'entrer en contact avec ses coprévenus.

Il a également l'interdiction de mener une activité d'intermédiation économique et il devra remettre à la justice ses passeports français et algérien et pointer une fois par semaine à la gendarmerie.

Le parquet général s'était opposé à sa libération en pointant notamment sa double nationalité et le risque de départ en Algérie où la coopération judiciaire avec la France est compliquée.

Selon son avocat, Me Pierre-Henri Bovis, il devrait sortir de la prison parisienne de La Santé "dans les prochaines heures".

"La cour d'appel de Paris, par sa décision, a reconnu cette fois-ci qu'il y avait des garanties de représentation suffisantes, et a enfin admis qu'il n'y avait pas de risque de fuite ou de pression" sur les témoins, s'est-il félicité, soulignant que son client ne s'était "jamais dérobé à ses obligations".

Alexandre Djouhri avait déposé une première demande de mise en liberté qui avait été rejetée début novembre, la cour d'appel estimant qu'il présentait un risque de fuite et des garanties de représentation "particulièrement faibles".

Dans ce dossier, deux autres personnes ont été condamnées en première instance à des peines d'emprisonnement avec mandat de dépôt: l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy, condamné à cinq ans de prison, et le banquier Wahib Nacer.

L'ex-chef de l'Etat a été incarcéré vingt jours à la prison de la Santé, avant d'obtenir sa libération auprès de la cour d'appel. M. Nacer, qui avait été condamné à une peine de quatre ans d'emprisonnement avec mandat de dépôt à exécution provisoire, a également été libéré de prison.

Alexandre Djouhri devrait donc comparaître libre, comme tous ses coprévenus, au procès en appel  prévu du 16 mars au 3 juin. Au total, 10 personnes, dont Nicolas Sarkozy et deux de ses proches, Claude Guéant et Brice Hortefeux, seront rejugées dans ce dossier.


Macron de retour sur le thème de la désinformation, après la polémique sur la labellisation

Le président français Emmanuel Macron attend avant d'accueillir le président roumain à l'Élysée, à Paris, le 9 décembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron attend avant d'accueillir le président roumain à l'Élysée, à Paris, le 9 décembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron poursuit en Bretagne son tour de France consacré à la régulation des réseaux sociaux et à la lutte contre la désinformation, tout en répondant aux accusations de « dérive autoritaire » liées à son soutien à une labellisation des médias
  • Le président réaffirme qu’il ne s’agit pas d’un label d’État et dénonce les polémiques

PARIS: Emmanuel Macron reprend mercredi en Bretagne son tour de France sur la régulation des réseaux sociaux et la lutte contre la désinformation, l'occasion de répondre en personne aux accusations de dérive "autoritaire" provoquées par son soutien à une labellisation des médias.

Le chef de l'Etat est attendu dans l'après-midi à Saint-Malo, en Ille-et-Vilaine, pour un échange avec des lecteurs d'Ouest-France sur le thème de "la démocratie à l'épreuve des réseaux sociaux et des algorithmes".

Ses précédents débats organisés par la presse régionale l'ont mené depuis un mois à Toulouse, Arras (Pas-de-Calais) et Mirecourt (Vosges), et il devrait enchaîner avec Marseille la semaine prochaine.

Son idée directrice est de réfléchir à une adaptation de la législation pour réguler les réseaux sociaux, qui échappent largement à la loi de la presse de 1881 qui régit les médias traditionnels. Une réflexion censée déboucher sur des "décisions concrètes" début 2026, même si le président a déjà commencé à égrener des pistes.

Parmi elles, une mesure a déclenché une polémique à retardement.

Emmanuel Macron a en effet apporté un soutien très volontariste à des initiatives existantes de labellisation des médias "par des professionnels", pour distinguer les sites et réseaux qui font de l'information, selon les règles déontologiques, des autres.

"On va tout faire pour que soit mis en place un label", a-t-il lancé le 19 novembre à Arras, tout en assurant que ce n'était par à l'Etat de le faire.

- "Dérive totalitaire" -

Le 30 novembre, le Journal du dimanche s'est saisi de cette proposition pour lui reprocher une "dérive totalitaire", ironisant sur sa volonté présumée de mettre en place un "ministère de la Vérité", comme dans le roman dystopique "1984" de George Orwell.

L'accusation a été aussitôt relayée par les autres médias du milliardaire conservateur Vincent Bolloré puis par plusieurs dirigeants de la droite et de l'extrême droite, qui disent soupçonner le chef de l'Etat de vouloir "contrôler l'information" et museler la liberté d'expression à son profit.

En Conseil des ministres, il y a une semaine, Emmanuel Macron a répondu qu'il n'avait "jamais" envisagé de créer un "label d'Etat" pour les médias, et "encore moins" un "ministère de la Vérité", selon les propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon.

Le compte de l'Elysée s'est même fendu d'un message sur le réseau X pour déplorer que "parler de lutte contre la désinformation suscite la désinformation", visant ceux qui avaient attaqué le président, du patron des Républicains Bruno Retailleau au présentateur vedette de CNews Pascal Praud.

Une réaction officielle qui a déclenché une nouvelle cascade de commentaires enflammés y voyant la démonstration de velléités de contrôle macronistes.

A Saint-Malo, le président de la République doit aussi aborder "les conséquences de la désinformation en matière climatique", à l'occasion des dix ans de l'accord de Paris sur le climat, a fait savoir l'Elysée.