Dans les podcasts américains, la désinformation débridée

La désinformation, qu'elle concerne de supposées fraudes électorales ou les vaccins contre le Covid-19, se fraie un chemin vers des millions d'Américains via un médium très populaire et peu transparent: les podcasts. (AFP)
La désinformation, qu'elle concerne de supposées fraudes électorales ou les vaccins contre le Covid-19, se fraie un chemin vers des millions d'Américains via un médium très populaire et peu transparent: les podcasts. (AFP)
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Publié le Samedi 08 juillet 2023

Dans les podcasts américains, la désinformation débridée

  • Cest l'émission "War Room" de l'ancien conseiller de Donald Trump, Steve Bannon, qui remporte la palme du plus grand nombre d'allégations erronées, notamment à propos de la présidentielle de 2020
  • La dangerosité de ce type de contenu réside notamment dans le fait que les auditeurs cherchent des émissions qui renforcent leurs propres croyances, mais aussi dans son format conversationnel presque intime

WASHINGTON: La désinformation, qu'elle concerne de supposées fraudes électorales ou les vaccins contre le Covid-19, se fraie un chemin vers des millions d'Américains via un médium très populaire et peu transparent: les podcasts.

Selon le cercle de réflexion américain Brookings Institution, basé à Washington, qui a analysé des dizaines de milliers d'épisodes, c'est l'émission "War Room" de l'ancien conseiller de Donald Trump, Steve Bannon, qui remporte la palme du plus grand nombre d'allégations erronées, notamment à propos de la présidentielle de 2020.

Quant à l'ultra-populaire podcast de Joe Rogan, numéro un sur Spotify, il a vanté l'efficacité -- non-prouvée -- de certains traitements contre le Covid-19.

La dangerosité de ce type de contenu réside notamment dans le fait que les auditeurs cherchent des émissions qui renforcent leurs propres croyances, mais aussi dans son format conversationnel presque intime, estiment les experts.

"Il y a quelque chose d'inhérent à la relation entre l'animateur (d'un podcast) et le public qui confère ce degré de crédibilité, de confiance", explique Valerie Wirtschafter, l'analyste de données ayant mené l'étude de la Brookings Institution.

"Et le défi est bien sûr que chacun peut lancer un podcast, chacun peut se procurer un micro et raconter ce qu'il veut."

Valerie Wirtschafter et son équipe ont analysé 36.000 épisodes et établi que 70% des podcasts américains les plus populaires avaient relayé au moins une allégation identifiée comme fausse par les organismes spécialisés dans la vérification. Beaucoup de ces fausses informations concernaient l'élection américaine de 2020 et le Covid-19.

Les auditeurs n'ont peu ou pas de possibilités de commenter les podcasts ou d'en dénoncer la désinformation, ce qui "facilite la propagation de contenus faux, trompeurs ou non fondés", ont écrit les chercheurs de Brookings dans leur rapport de février.

Joe Rogan a dépublié en janvier un épisode dans lequel il évoquait un faux tweet à propos des vaccins anti-Covid faussement attribué à un médecin de Floride.

Mais ce type d'action est très rare. Et la modération de ces contenus est "vraiment compliquée" pour les entreprises tech, estime Mme Wirtschafter.

Confiance des auditeurs 

Selon un sondage en avril du Pew Research Center, environ la moitié des Américains écoutent des podcasts, dont 87% disent attendre des informations rigoureuses, une proportion plus élevée que pour les autres médias.

"C'est comme avoir une conversation en tête-à-tête: vous avez l'impression que (l'animateur du podcast) vous parle. Les gens font davantage confiance, d'où l'impact plus important", explique Sylvia Chan-Olmsted, directrice des recherches sur la consommation de médias à l'université de Floride.

Steve Bannon et Joe Rogan n'ont pas répondu aux questions de l'AFP, mais M. Bannon a confié au New York Times être "honoré" de faire partie de la liste et considérer que ses émissions reflètent la "vérité".

Répondre à la désinformation dans les podcasts peut se révéler compliqué car cet écosystème est déployé sur de multiples plateformes dont les règles de modération varient.

Spotify interdit par exemple les contenus "dangereux" mais cherche aussi à "respecter l'expression des créateurs" comme Joe Rogan, que l'entreprise a soutenu en 2022 lorsqu'il était accusé de désinformation sur le coronavirus.

NewsGuard, une entreprise qui évalue la crédibilité de sites internet, va élargir son activité à quelque 200 podcasts en 2024, permettant d'avertir les auditeurs et les annonceurs.

Pour son directeur éditorial, Eric Effron, un tel projet est toutefois "plus complexe" que d'évaluer des sites internet, car le format audio impose d'écouter les podcasts et d'analyser leur retranscription.

"Cela requiert un énorme investissement car nous employons l'intelligence humaine", a-t-il expliqué.

La question de la responsabilité, dans ce domaine, n'est pas non plus évidente: certains pointent du doigt les plateformes, d'autres les algorithmes de recommandations des géants de la tech comme Apple ou Google.

Pour Valerie Wirtschafter, "dépublier n'est peut-être pas la meilleure solution" pour améliorer la qualité de l'information. "Mais je pense qu'ajouter du contexte, fournir un environnement plus riche pour que les gens puissent analyser les faits et en parler pourrait être extrêmement utile."


Réunion sur Gaza vendredi à Miami entre Etats-Unis, Qatar, Egypte et Turquie

L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
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  • Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump
  • Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale

WSAHINGTON: L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain.

Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

Le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur en octobre entre Israël et le Hamas, demeure précaire, les deux camps s'accusant mutuellement d'en violer les termes, tandis que la situation humanitaire dans le territoire reste critique.

Le président américain n'en a pas moins affirmé mercredi, dans une allocution de fin d'année, qu'il avait établi la paix au Moyen-Orient "pour la première fois depuis 3.000 ans."

La Turquie sera représentée à la réunion par le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan.

Dans un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui affirmé que son pays se tenait "fermement aux côtés des Palestiniens".

 

 


Zelensky dit que l'Ukraine a besoin d'une décision sur l'utilisation des avoirs russes avant la fin de l'année

ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année
  • "Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord

BRUXELLES: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année, lors d'une conférence de presse à Bruxelles en marge d'un sommet des dirigeants de l'UE sur le sujet.

"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord sur l'utilisation de ces avoirs pour financer l'Ukraine. En l'absence d'accord, Kiev sera à court d'argent dès le premier trimestre 2026.

 

 


Trump impose des restrictions d'entrée à sept autres pays et aux Palestiniens

Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
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  • Donald Trump élargit les interdictions d’entrée aux États-Unis à sept pays supplémentaires, dont la Syrie, et inclut les Palestiniens munis de documents de l’Autorité palestinienne
  • La Maison Blanche invoque la sécurité nationale, tout en prévoyant des exceptions limitées, dans le cadre d’un durcissement général de la politique migratoire

WASHINGTON: Donald Trump a étendu mardi les interdictions d'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays, dont la Syrie, ainsi qu'aux Palestiniens.

Le président américain a signé une proclamation "restreignant et limitant davantage l'entrée des ressortissants étrangers afin de protéger la sécurité des Etats-Unis", a indiqué la Maison Blanche.

Les nouveaux pays concernés par cette mesure sont le Burkina Faso, le Niger, le Mali, le Soudan du Sud et la Syrie, tandis que le Laos et la Sierra Leone passent de restrictions partielles à totales.

Les Palestiniens disposant de documents de voyage émis par l'Autorité palestinienne sont également visés.

L'administration Trump avait déjà imposé des restrictions totales visant les ressortissants de douze pays et des dizaines d'autres pays se sont vus imposer des restrictions partielles.

S'agissant de la Syrie, la mesure intervient quelques jours après une attaque meurtrière contre des soldats américains dans le centre de ce pays.

L'administration Trump dit avoir identifié des pays où les vérifications sont "tellement insuffisantes qu'elles justifiaient une suspension totale ou partielle de l'admission des ressortissants de ces pays".

La proclamation prévoit cependant des exceptions pour les résidents permanents légaux, les titulaires de visas existants, certaines catégories de visas comme les athlètes et les diplomates, et les personnes dont "l'entrée sert les intérêts nationaux des Etats-Unis".

Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump mène une vaste campagne contre l'immigration illégale et a considérablement durci les conditions d'entrée aux Etats-Unis et l'octroi de visas, arguant de la protection de la sécurité nationale.

Ces mesures visent ainsi à interdire l'entrée sur le territoire américain aux étrangers qui "ont l'intention de menacer" les Américains, selon la Maison Blanche.

De même, pour les étrangers qui "pourraient nuire à la culture, au gouvernement, aux institutions ou aux principes fondateurs" des Etats-Unis.

Le président américain s'en est récemment pris avec virulence aux Somaliens, disant qu'il "ne voulait pas d'eux chez nous".

En juin, il avait annoncé des interdictions d'entrée sur le territoire américain aux ressortissants de douze pays, principalement en Afrique et au Moyen-Orient (Afghanistan, Birmanie, Tchad, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale, Erythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Yémen).

En revanche, le Turkménistan, pays qui figure parmi les plus reclus au monde, se voit accorder un satisfécit, la Maison Blanche évoquant mardi des "progrès significatifs" dans cet Etat d'Asie centrale.

Du coup, les ressortissants de ce pays pourront à nouveau obtenir des visas américains, mais uniquement en tant que non-immigrants.

Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump s'en était pris de façon similaire à certains pays, ciblant principalement des pays musulmans.