La séparation réussie de jumeaux siamois à Riyad: un exploit de la médecine moderne

Le Dr Abdellah al-Rabeeah (à droite) et son équipe avec l'un des jumeaux syriens après avoir réussi à les séparer le 6 juillet 2023, à l'hôpital roi Abdellah, spécialisé pour enfants, à Riyad (Photo, SPA).
Le Dr Abdellah al-Rabeeah (à droite) et son équipe avec l'un des jumeaux syriens après avoir réussi à les séparer le 6 juillet 2023, à l'hôpital roi Abdellah, spécialisé pour enfants, à Riyad (Photo, SPA).
Le Dr Abdellah al-Rabeeah (à droite) et son équipe avec l'un des jumeaux syriens après avoir réussi à les séparer le 6 juillet 2023, à l'hôpital roi Abdellah, spécialisé pour enfants, à Riyad (Photo, SPA).
Le Dr Abdellah al-Rabeeah (à droite) et son équipe avec l'un des jumeaux syriens après avoir réussi à les séparer le 6 juillet 2023, à l'hôpital roi Abdellah, spécialisé pour enfants, à Riyad (Photo, SPA).
Le Dr Abdellah al-Rabeeah (à droite) et son équipe avec l'un des jumeaux syriens après avoir réussi à les séparer le 6 juillet 2023, à l'hôpital roi Abdellah, spécialisé pour enfants, à Riyad (Photo, SPA).
Le Dr Abdellah al-Rabeeah (à droite) et son équipe avec l'un des jumeaux syriens après avoir réussi à les séparer le 6 juillet 2023, à l'hôpital roi Abdellah, spécialisé pour enfants, à Riyad (Photo, SPA).
Le Dr Abdullah Al-Rabeeah retrouve les bénéficiaires du programme des jumeaux conjoints de l'Arabie saoudite. Sur le cadre de gauche, des jumeaux égyptiens, séparés en 2009, et sur la droite, les Jordaniens Mohammed et Amjad, opérés en 2011 (Photos SPA).
Le Dr Abdullah Al-Rabeeah retrouve les bénéficiaires du programme des jumeaux conjoints de l'Arabie saoudite. Sur le cadre de gauche, des jumeaux égyptiens, séparés en 2009, et sur la droite, les Jordaniens Mohammed et Amjad, opérés en 2011 (Photos SPA).
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Publié le Lundi 10 juillet 2023

La séparation réussie de jumeaux siamois à Riyad: un exploit de la médecine moderne

  • Le Dr Abdellah al-Rabeeah, chef de l'agence d'aide saoudienne KSrelief, a dirigé la dernière opération entreprise sur les directives du roi Salmane et du prince héritier, Mohammed ben Salmane
  • Les opérations réalisées dans le cadre du programme de jumeaux siamois parrainé par l'Arabie saoudite offrent aux enfants une chance de jouir d'une vie normale

DJEDDAH: Depuis plus de 30 ans, le travail qualifié des chirurgiens du programme saoudien de jumeaux siamois a permis à des enfants de mener une vie saine, normale et indépendante, faisant de l’Arabie saoudite un leader mondial dans l'une des procédures chirurgicales les plus complexes de la médecine moderne.

Abdellah al-Rabeeah, chirurgien pédiatrique, a été ministre de la Santé de l’Arabie saoudite, conseiller à la Cour royale et superviseur général du Centre d'aide et de secours humanitaires roi Salmane (KSrelief).

Ce jeudi, Al-Rabeeah a réussi à séparer les jumeaux syriens Bassam et Ihsan au cours d'une opération qui a duré sept heures et demie et s'est déroulée en cinq phases avec la participation de 26 médecins saoudiens spécialisés, selon la SPA.

Au cours de sa carrière de chirurgien, Al-Rabeeah a effectué 58 opérations sur des jumeaux siamois nés dans des familles pauvres de 23 pays. Au total, le programme a supervisé quelque 130 cas, totalisant des centaines d'heures d'opération.

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Le Dr Abdullah al-Rabeeah pose avec un groupe multinational de jumeaux siamois qu'il a opérés en 2010 (Photo fournie).

Bassam et Ihsan, qui ont été transportés par avion de Turquie en mai, ont tout juste fêté leur troisième anniversaire. Réunis au niveau de la poitrine, de l'abdomen, du foie et des intestins, ils pesaient ensemble 19 kg. Si l'état de Bassam est stable, celui d'Ihsan ne devrait malheureusement pas dépasser quelques jours.

«Ihsan est considéré comme un intrus par rapport à son frère Bassam parce qu'il n'a pas de système urinaire et reproducteur au niveau des reins, des uretères, de la vessie et des organes génitaux masculins», a précisé Al-Rabeeah à la suite de l'opération, selon la SPA.

«Il souffre également de malformations congénitales importantes au niveau du cœur qui entravent sa vie avec une atrophie du développement neurologique, et il présente des déficiences et des malformations congénitales au niveau de l'intestin», a-t-il ajouté.

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Avant l'opération de séparation du 6 juillet, Bassam et Ihsan étaient unis au niveau du bas de la poitrine, de l'abdomen, du foie et des intestins (Photo, Huda Bashatah/Arab News).

Pour sauver la vie de Bassam, l'équipe médicale a décidé de poursuivre l'opération très complexe de séparation des jumeaux. «Cette opération est une opération de sauvetage pour Bassam, dont l'état de santé est normal et stable», a déclaré l'équipe médicale à l'agence SPA.

Les opérations chirurgicales réalisées dans le cadre du programme pour jumeaux siamois sont entièrement financées par le gouvernement saoudien. Elles offrent aux enfants une chance de jouir d'une vie longue et saine, sans devoir être soignés 24 heures sur 24, et en étant soulagés des contraintes mentales et physiques liées à leur état.

Les jumeaux conjoints, souvent appelés siamois, sont un phénomène reproductif rare, qui ne se produit qu'une fois toutes les 50 000 à 60 000 naissances. D'autres estimations indiquent qu'ils ne se produisent qu'une fois toutes les 200 000 naissances vivantes.

 

EN CHIFFRES

130 cas supervisés par le personnel médical.

58 opérations de séparation réalisées.

28 pays de provenance des patients.

Selon des études médicales, environ 60% des jumeaux conjoints sont mort-nés, tandis qu'environ 40% de ceux qui survivent à la naissance meurent dans les jours qui suivent. Environ 70% des jumeaux siamois sont de sexe féminin.

La fréquence des cas tend à varier en fonction de divers facteurs tels que la situation géographique — avec une incidence légèrement plus élevée en Asie du Sud-Ouest et en Afrique — la prédisposition génétique et les influences environnementales.

En mai dernier, des médecins ont pratiqué une opération compliquée de 15 heures sur des jumeaux yéménites, Youssef et Yassine. Soulignant les difficultés rencontrées, l'un des jumeaux est également décédé le deuxième jour de l'opération à la suite d'une insuffisance cardiaque.

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Les jumeaux yéménites Yousef et Yassin après une opération chirurgicale «compliquée» qui a duré 15 heures en mai 2022 (Photo, SPA/Archives).

Le jumeau survivant s'en est sorti et reste en observation dans un état stable à l'hôpital spécialisé pour enfants roi Abdellah, dans la cité médicale roi Abdelaziz à Riyad, selon l'agence de presse saoudienne.

L'hôpital joue un rôle crucial dans le programme de jumeaux siamois de l’Arabie saoudite. Doté d'installations médicales de pointe et d'une technologie avancée, l'hôpital dispose d'une équipe médicale hautement qualifiée, spécialisée dans les soins pédiatriques complexes.

«Avec la grâce d'Allah, puis la présence d'une équipe et d'un centre spécialisés, le Royaume d’Arabie saoudite, sous la direction du Gardien des deux saintes mosquées et de son prince héritier digne de confiance, a investi dans deux choses: l'infrastructure et, ce qui est plus important encore, les personnes», a souligné Al-Rabeeah à Arab News, jeudi.

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Le Dr Abdullah al-Rabeeah et son équipe ont réalisé 58 opérations de séparation dans le cadre du programme saoudien de jumeaux siamois (Photo, SPA/Archives).

«Mes collègues ont l'expérience et les compétences nécessaires. Par conséquent, la présence de l'expérience et de l'infrastructure contribue à la réussite de ces opérations», a-t-il précisé.

Compte tenu des risques encourus, les médecins ne sont pas toujours convaincus que la séparation est la meilleure solution. Entre 1990 et 2011, 34 des 64 cas présentés à l'équipe saoudienne ont été jugés inopérables en raison de malformations mettant en danger le pronostic vital des enfants.

 

Chirurgies de séparation notables depuis 1990

1990: Première opération de séparation du programme de jumeaux siamois réalisée sur des jumelles saoudiennes siamois au niveau de l'estomac.

1991: Les jumelles soudanaises Samah et Heba, séparées avec succès lors de la deuxième opération du programme.

2002: Les jumeaux malaisiens Ahmed et Mohammed Rahman sont séparés après une opération de 23 heures.

2003: Les jumelles égyptiennes Talia et Taline séparées lors d'une opération retransmise en direct à la télévision.

2005: Les jumelles polonaises Daria et Olga Kolacz ont survécu à une opération de 15 heures.

2012: Les jumelles ischiopage saoudienne Reem et Rana séparées avec succès.

2017: Hanin, fille palestinienne, séparée d'une jumelle parasite qui n'avait ni cœur, ni poumons, ni cerveau.

2021: La fille yéménite Aicha Ahmed séparée avec succès de sa jumelle parasite.

2022: Un jumeau yéménite meurt au cours d'une chirurgie après une grave chute de la circulation sanguine et une défaillance cardiaque.

2023: Les jumelles craniopages égyptiennes Salma et Sarah séparées avec succès après 17 heures d’opération chirurgicale.

 

Les jumeaux siamois sont classés dans différentes catégories en fonction de l'ampleur et de l'emplacement de leur lien physique.

Cette pathologie résulte d'un événement rare survenu au début du développement embryonnaire, lorsqu'un seul œuf fécondé ne parvient pas à se séparer complètement en deux individus. Par conséquent, les jumeaux peuvent partager certains organes, membres ou autres structures corporelles.

En raison de la complexité des grossesses de jumeaux siamois et des problèmes de santé potentiels qu'elles posent, les professionnels médicaux suivent souvent de près ces grossesses et peuvent recommander des soins prénataux spécialisés et une planification de l'accouchement.

La décision finale de tenter ou non une chirurgie de séparation dépend de plusieurs facteurs, notamment de l'état de santé général des jumeaux, de la faisabilité de la séparation et des risques encourus.

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Le Dr Abdullah al-Rabeeah et son équipe opèrent des jumeaux siamois syriens nouvellement séparés, Bassam et Ihsan, le 6 juillet 2023 à l'hôpital spécialisé pour enfants roi Abduelah à Riyad (Photo, Huda Bashatah/Arab News).

«L'existence d'organes conjoints importants et sensibles rend l'opération de séparation des jumeaux difficile. De même, l'existence de malformations congénitales dans certains organes, tels que le cœur, le système urinaire ou le système reproductif et, parfois, le cerveau, rend l'opération complexe», a indiqué Al-Rabeeah à Arab News.

«La difficulté réside donc dans la façon dont les jumeaux sont réunis, et à quel degré exactement, et la malformation congénitale rend généralement l'opération complexe, réalisée dans des centres médicaux spécialisés dans le monde», a-t-il ajouté.

Le type le plus courant de jumeaux siamois, le thoracopage, représente environ 40% des cas. Les jumeaux sont réunis au niveau de la poitrine ou de la partie supérieure de l'abdomen et, dans certains cas, peuvent partager un cœur, un foie ou d'autres organes thoraciques.

BIOGRAPHIE

Abdellah al-Rabeeah, MD, FRCSC

Le Dr Al-Rabeeah dirige l'équipe chirurgicale et multidisciplinaire du programme saoudien de jumeaux. 

Éducation

1979: Licence en médecine et en chirurgie à l'Université du Roi Saoud, Riyad

1986: Bourse de recherche en chirurgie générale à l'hôpital de l'Université de l'Alberta à Edmonton, Canada

1987: Stage de chirurgie pédiatrique à l'hôpital pour enfants IWK, Université Dalhousie, Halifax, Nouvelle-Écosse, Canada.

Postes occupés

Depuis 2015: Superviseur général de l'agence d'aide KSrelief

2009-14: Ministre de la Santé

2009-16: Membre du conseil d'administration de l'Université roi Abdallah pour la science et la technologie

2010-14: Président du conseil d'administration de l'hôpital spécialisé et du centre de recherche roi Faisal

2005-09: Fondateur et président de l'Université des sciences de la santé du roi Saoud ben Abdelaziz à la Cité médicale du roi Abdelaziz

2003-09: Directeur général des affaires sanitaires de la Garde nationale à la Cité médicale du roi Abdelaziz

 

Les jumeaux d’Omphalopagus, quant à eux, sont reliés au niveau de la partie inférieure de l'abdomen            et peuvent partager des parties du tractus gastro-intestinal, du foie ou d'autres organes abdominaux.

Le type le plus rare de jumeaux siamois, craniopagus parasiticus, est celui où l'un des jumeaux n'est pas complètement formé et dépend de l'autre pour sa survie. Le jumeau sous-développé peut être attaché à la tête ou au corps du jumeau plus formé.

Les défis spécifiques associés à chaque type de jumeaux siamois peuvent varier considérablement. La faisabilité de la chirurgie de séparation et les risques potentiels pour la santé dépendent de l'ampleur du lien et des organes vitaux concernés.

Chaque cas nécessite une évaluation médicale individualisée et une prise de décision par une équipe multidisciplinaire d'experts. Une planification chirurgicale très détaillée est nécessaire pour qu'une opération de séparation de jumeaux siamois puisse avoir lieu.

«Pour moi, chaque jumeau est important», a soutenu Al-Rabeeah lors d'une interview accordée à Arab News en mars dernier. «Et je peux vous dire que mes collègues, l’équipe, et moi-même pensons que ces enfants font partie de leur famille.»

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


L'armée israélienne dit se préparer à une «  offensive décisive » contre le Hezbollah libanais

Les violences depuis le 8 octobre entre l'armée israélienne et le Hezbollah ont fait au moins 523 morts au Liban, en majorité des combattants, selon un bilan établi par l'AFP à partir de différentes sources. (AFP)
Les violences depuis le 8 octobre entre l'armée israélienne et le Hezbollah ont fait au moins 523 morts au Liban, en majorité des combattants, selon un bilan établi par l'AFP à partir de différentes sources. (AFP)
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  • "Quand le moment viendra et que nous passerons à l'offensive, ce sera une offensive décisive"
  • Dans un discours prononcé lors d'un déplacement dans le nord, le général israélien Ori Gordin, a déclaré aux soldats: "nous avons déjà éliminé plus de 500 terroristes au Liban, la grande majorité d'entre eux appartenant au Hezbollah"

JERUSALEM: Un commandant de l'armée israélienne a indiqué vendredi que les troupes dans le nord du pays, où Israël à une frontière avec le Liban, se préparaient à une "offensive décisive" contre le Hezbollah, après des mois d'échanges de tirs transfrontaliers.

Le mouvement islamiste libanais Hezbollah et l'armée israélienne échangent des tirs quasi quotidiennement depuis l'attaque le 7 octobre du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël, qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza.

Dans un discours prononcé lors d'un déplacement dans le nord, le général israélien Ori Gordin, a déclaré aux soldats: "nous avons déjà éliminé plus de 500 terroristes au Liban, la grande majorité d'entre eux appartenant au Hezbollah", selon un communiqué de l'armée.

Les troupes israéliennes dans le nord sont actuellement en opération pour protéger les habitants de cette partie du pays et "préparer la transition vers l'offensive", a ajouté le général Gordin, commandant les forces israéliennes dans le nord.

"Quand le moment viendra et que nous passerons à l'offensive, ce sera une offensive décisive", a-t-il encore dit.

Les violences depuis le 8 octobre entre l'armée israélienne et le Hezbollah ont fait au moins 523 morts au Liban, en majorité des combattants, selon un bilan établi par l'AFP à partir de différentes sources.

La plupart d'entre eux, 342 personnes, ont été confirmés comme étant des combattants du Hezbollah, mais le bilan comprend également 104 civils. M. Gordin n'a pas mentionné de victimes civiles. Dans le nord d'Israël, au moins 18 soldats israéliens et 13 civils ont été tués, selon l'armée.

Le Hezbollah, soutenu par l'Iran, affirme que ses attaques contre Israël depuis le 8 octobre ont pour objectif de soutenir son allié du Hamas.

Des dizaines de milliers d'habitants ont depuis été déplacés au Liban et en Israël en raison de cette flambée de violence transfrontalière.


Polio, eaux usées, hôpitaux surchargés: la crise sanitaire à Gaza

Seulement 16 des 36 hôpitaux à Gaza sont opérationnels, mais partiellement, selon l'OMS, qui fait état d'un "afflux massif de blessés". (AFP)
Seulement 16 des 36 hôpitaux à Gaza sont opérationnels, mais partiellement, selon l'OMS, qui fait état d'un "afflux massif de blessés". (AFP)
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  • L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a fait état de vives inquiétudes face à une possible épidémie de polio dans la bande de Gaza
  • De son côté, l'armée israélienne a annoncé dimanche avoir lancé une campagne de vaccination de ses soldats contre la polio

GENEVE: L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a fait état de vives inquiétudes face à une possible épidémie de polio dans la bande de Gaza, alors que la crise sanitaire y est déjà très grave.

Voici un aperçu de certains des défis sanitaires auxquels est confronté le territoire palestinien, selon l'OMS.

Polio dans les eaux usés

Menace largement répandue voici encore une quarantaine d'années, la poliomyélite - qui peut entraîner en quelques heures des paralysies irréversibles - a très largement disparu dans le monde grâce aux vaccins.

Mais il existe une autre forme de poliovirus qui peut se propager: le poliovirus qui a muté à partir de la source contenue à l'origine dans le vaccin antipoliomyélitique oral (VPO). C'est ce poliovirus dérivé d'une souche vaccinale (PVDVc) qui a été retrouvé à Gaza.

Lorsqu'elles se répliquent dans le tube digestif, les souches de VPO changent génétiquement et peuvent se propager dans les communautés qui ne sont pas complètement vaccinées contre la poliomyélite, en particulier dans les zones où les conditions d'hygiène et d'assainissement sont mauvaises, ou dans des zones surpeuplées.

Le 16 juillet, le Réseau mondial de laboratoires de lutte contre la poliomyélite a isolé le poliovirus de type 2 dérivé d'une souche vaccinale (PVDVc2) dans six échantillons d'eaux usées à Deir al-Balah et Khan Younès.

Aucun prélèvement humain n'a encore été effectué à Gaza de sorte que l'OMS ne sait toujours pas si quelqu'un y a été infecté par le poliovirus. L'OMS et le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) espèrent collecter cette semaine les premiers échantillons humains.

De son côté, l'armée israélienne a annoncé dimanche avoir lancé une campagne de vaccination de ses soldats contre la polio.

Manque d'eau et d'assainissement

L'OMS et ses partenaires espèrent achever l'évaluation des risques liés à la polio cette semaine. Mais l'OMS a prévenu qu'il y a "un risque élevé" de propagation du poliovirus à Gaza et au niveau international "si cette épidémie ne fait pas l'objet d'une réponse rapide et optimale".

Le Dr Ayadil Saparbekov, chef d'équipe à l'OMS pour les urgences sanitaires dans les territoires palestiniens, espère que des recommandations pourront être publiées dimanche.

Mais "étant donné les limites actuelles en matière d'hygiène et assainissement de l'eau à Gaza, il sera très difficile pour la population de suivre le conseil de se laver les mains et de boire de l'eau salubre", a-t-il relevé mardi, lors d'un point de presse.

"Avec le système de santé paralysé, le manque d'eau et d'assainissement, ainsi que le manque d'accès de la population aux services de santé... la situation s'annonce très mauvaise", a-t-il souligné.

Au-delà de la polio, l'OMS est "très inquiète" face à de possibles épidémies dans la bande de Gaza.

Système de santé dévasté 

Seulement 16 des 36 hôpitaux à Gaza sont opérationnels, mais partiellement, selon l'OMS, qui fait état d'un "afflux massif de blessés" dans le complexe médical Nasser après de nouveaux bombardements lundi à Khan Younès, dans un contexte de "grave pénurie de réserves de sang, de fournitures médicales et de lits d'hôpitaux".

Avant le conflit à Gaza, déclenché le 7 octobre par les attaques du Hamas, il y avait environ 3.500 lits d'hôpitaux dans le territoire palestinien. Aujourd'hui, l'OMS estime qu'il y en a 1.532.

Seulement 45 des 105 établissements de soins de santé primaires sont opérationnels. Huit des dix hôpitaux de campagne sont opérationnels, dont quatre seulement partiellement.

Dans une telle situation, "il se peut que davantage de personnes meurent de maladies transmissibles que des blessures" liées à la guerre, a averti le Dr Saparbekov.

Selon ce responsable de l'OMS, "jusqu'à 14.000 personnes pourraient" avoir besoin d'une évacuation médicale hors de Gaza.


Les EAU proposent une mission internationale temporaire pour l'après-guerre à Gaza

Reem bint Ebrahim Al-Hashimy, ministre d'État émiratie pour la coopération internationale, a déclaré que la mission contribuerait à rétablir l'ordre public et à répondre à la crise humanitaire dans Gaza d'après-guerre. (Archive/AFP)
Reem bint Ebrahim Al-Hashimy, ministre d'État émiratie pour la coopération internationale, a déclaré que la mission contribuerait à rétablir l'ordre public et à répondre à la crise humanitaire dans Gaza d'après-guerre. (Archive/AFP)
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  • Elle a souligné le rôle clé des États-Unis dans le succès de la mission
  • La mission ouvrirait la voie à la réunification de Gaza et de la Cisjordanie occupée sous une Autorité palestinienne unique et légitime

ABOU DHABI : Les Émirats arabes unis ont appelé à l'établissement d'une mission internationale temporaire pour poser les jalons d'une nouvelle gouvernance à Gaza après la guerre.

Jeudi, dans un communiqué relayé par l'agence de presse nationale, Reem Al-Hashimy, ministre d'État pour la coopération internationale,  a déclaré que cette mission viserait à rétablir l'ordre et à faire face à la crise humanitaire dans Gaza post-conflit.
Selon la ministre, la mission devrait être déployée à l'invitation du gouvernement palestinien, sous la houlette d'un "nouveau Premier ministre crédible et indépendant", pour répondre aux besoins des Palestiniens et reconstruire Gaza. 

Elle préparerait le terrain pour la réunification de Gaza et de la Cisjordanie occupée sous une Autorité palestinienne unique et légitime.

Al-Hashimy a souligné qu'un retour à la situation d'avant le 7 octobre ne garantirait pas une paix durable, cruciale pour la stabilité régionale. 

Elle a exhorté les États-Unis à mener les efforts internationaux pour reconstruire Gaza, parvenir à la solution à deux États et faciliter les réformes palestiniennes, autant d'éléments qui contribueraient au succès de la mission internationale.

Israël, a-t-elle ajouté, doit également respecter le droit humanitaire international.

"Gaza ne peut se relever sous un blocus continu, ou si l'Autorité palestinienne légitime est empêchée d'assumer ses responsabilités", a-t-elle affirmé, appelant à l'arrêt des colonies israéliennes illégales et des violences en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. 

La ministre a réitéré le soutien des EAU aux efforts internationaux pour la solution à deux États.
"Notre ambition dépasse les frontières de Gaza et exige une collaboration internationale. L'établissement de la paix n'est pas seulement une nécessité régionale, mais un enjeu global qui profiterait à tout le Moyen-Orient et au monde entier", a-t-elle souligné pour conclure.