À Avignon, retour sur un débat historique sur le racisme aux Etats-Unis

Le romancier, écrivain, dramaturge, poète, essayiste et militant des droits civiques américain James Baldwin à Saint-Paul-de-Vence, dans le sud de la France (Photo, AFP).
Le romancier, écrivain, dramaturge, poète, essayiste et militant des droits civiques américain James Baldwin à Saint-Paul-de-Vence, dans le sud de la France (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 10 juillet 2023

À Avignon, retour sur un débat historique sur le racisme aux Etats-Unis

  • Le débat «Baldwin contre Buckley» qui s'est tenu en 1965 et a été réinterprété au Festival d'Avignon par une compagnie américaine
  • Baldwin, dont le discours avait été ovationné debout par des étudiants, dissèque avec une éloquence saisissante «le racisme structurel »aux Etats-Unis

AVIGNON: C'est un débat historique sur le racisme aux Etats-Unis, visionné des millions de fois sur internet: "Baldwin contre Buckley", tenu en 1965 et réinterprété au Festival d'Avignon par une compagnie américaine, reste brûlant d'actualité.

Le face-à-face entre ces deux intellectuels, l'écrivain afro-américain James Baldwin et William F. Buckley, Jr., figure du conservatisme américain, a eu lieu à l'amicale de l'Université de Cambridge, devant un parterre d'étudiants britanniques. 

Près de 60 ans plus tard, une compagnie de théâtre expérimental basée à New York, Elevator Repair Service, ressuscite, presque mot pour mot pendant une heure, ce débat qui avait pour titre: "Le rêve américain n’existe-t-il qu'aux dépens du Noir américain ?".

"Lorsque j'ai regardé le débat, j'étais choqué de découvrir à quel point les questions soulevées étaient d'actualité aujourd'hui autant qu'elles ne l'étaient hier", affirme à l'AFP l'acteur Greig Sargeant, qui incarne Baldwin et qui est à l'origine de cette performance.

Au gymnase du lycée Frédéric Mistral, deux pupitres se font face, entourés du public. Les lumières sont projetées autant sur les spectateurs que sur les interprètes.

Baldwin, dont le discours avait été ovationné debout par des étudiants, dissèque avec une éloquence saisissante "le racisme structurel" aux Etats-Unis.

"C'est un grand choc de découvrir que le pays qui est votre lieu de naissance, et à qui vous devez votre vie et votre identité, n'a pas fait en sorte qu'il y ait une place pour vous dans son système", y affirme l'écrivain mort en 1987.

L'intellectuel, qui avait dans l'un de ses écrits raconté avoir été battu par la police alors qu'il n'était âgé que de 10 ans, a connu un regain d'intérêt après la mort de George Floyd en mai 2020 à Minneapolis lors de son interpellation.

Le policier blanc Derek Chauvin l'avait asphyxié en restant agenouillé sur son cou pendant plus de neuf minutes. Son agonie, filmée par une passante et mise en ligne, avait suscité d'immenses manifestations aux Etats-Unis et dans le monde.

«Intemporel»
Pour Greig Sargeant, le racisme reste "endémique" aux Etats-Unis. "Nous avons des problèmes avec le système de santé, avec le vote. Des hommes noirs se font tuer juste parce qu'ils sont noirs et le suprémacisme blanc montre sa face hideuse", dit-il.

En face, Buckley, tout aussi éloquent, tente de déconstruire le discours de Baldwin, estimant que ses "accusations contre notre civilisation sont injustifiées".

"Il n'y a pas de remède miracle au problème racial en Amérique", juge-t-il. "L'Amérique ne doit en aucune circonstance s'entendre dire que la seule alternative est de renverser cette civilisation, qui n'est autre à nos yeux que la foi de nos pères, la foi de vos pères", martèle l'intellectuel.

"C'est un défi d'écouter le point de vue de Buckley. Ca résonne tellement avec les débats d'aujourd'hui", commente auprès de l'AFP John Collins, cofondateur de la compagnie qui se produit pour la première fois à Avignon.

"La raison pour laquelle ce débat est intemporel est qu'on n'arrive pas à se mettre d'accord sur l'Histoire", ajoute-t-il.

Il considère que, malgré les différences historiques, le face-à-face peut avoir une résonance en France, traversée également par son propre débat sur le racisme et récemment secouée par des émeutes à la suite de la mort du jeune Nahel.

La compagnie Elevator Repair Service est connue notamment pour avoir déroulé pendant huit heures l'intégralité "Gatsby le Magnifique" dans une sorte de lecture théâtrale.

Pourquoi a-t-elle voulu récréer sur scène le débat "Baldwin contre Buckley", enregistré par la BBC ?

"Si vous regardez le débat sur YouTube, vous êtes un peu déconnecté. Au théâtre, on s'adresse directement au public comme s'ils étaient les étudiants de Cambridge, il y a une immédiateté", explique M. Collins. Et, surtout, "il est important de continuer la conversation", assure-t-il.


Le 87ème prix Albert Londres sera remis le 25 octobre à Beyrouth

Le journaliste français et président du Prix Albert Londres, Hervé Brusini, s'exprime lors du dévoilement d'une plaque commémorative en hommage au caméraman de l'AFP Arman Soldin, tué en Ukraine, sur l'esplanade du Centre universitaire de Vichy, dans le centre de la France, le 7 mai. (AFP)
Le journaliste français et président du Prix Albert Londres, Hervé Brusini, s'exprime lors du dévoilement d'une plaque commémorative en hommage au caméraman de l'AFP Arman Soldin, tué en Ukraine, sur l'esplanade du Centre universitaire de Vichy, dans le centre de la France, le 7 mai. (AFP)
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  • La capitale libanaise devait l'an dernier accueillir les délibérations de la plus prestigieuse récompense de la presse francophone, mais les bombardements israéliens sur plusieurs régions du Liban ont obligé le jury à rapatrier ses travaux sur Paris
  • "Il y a d'abord Beyrouth, Beyrouth est une ville heureuse", écrit Albert Londres en novembre 1919, cité par le communiqué de l'association

PARIS: Le 87ème prix Albert Londres, qui récompense le meilleur reportage écrit et audiovisuel francophone de l'année, sera remis le 25 octobre à Beyrouth, a annoncé mercredi l'association.

La capitale libanaise devait l'an dernier accueillir les délibérations de la plus prestigieuse récompense de la presse francophone, mais les bombardements israéliens sur plusieurs régions du Liban ont obligé le jury à rapatrier ses travaux sur Paris.

"Il y a d'abord Beyrouth, Beyrouth est une ville heureuse", écrit Albert Londres en novembre 1919, cité par le communiqué de l'association.

"Mais l'histoire en décida autrement. Quand le journaliste est revenu dans la région dix ans plus tard, les mots massacres et assassinats se sont imposés sous sa plume. Le conflit israélo-palestinien voyait ses premières victimes", poursuit le texte.

"Déjà ! Près de cent ans plus tard, la tragédie est massive. Informer est un enjeu vital malgré les bombes, malgré les murs. Le Prix Albert Londres se devait d'aller y voir. Le propre du reportage, en somme".

L'association Albert Londres a dévoilé la liste des articles, films et livres pré-sélectionnés pour l'édition 2025, sur 134 candidatures.

Pour le 87ème prix de la presse écrite, ont été choisis : Eliott Brachet (Le Monde), Julie Brafman (Libération) , Emmanuel Haddad (L'Orient-Le Jour), Iris Lambert (Society, Libération), Ariane Lavrilleux (Disclose), Célian Macé (Libération), Matteo Maillard (Libération, Jeune Afrique) et Arthur Sarradin (Libération, Paris Match).

Pour le 41ème prix audiovisuel, ont été retenus : Solène Chalvon-Fioriti pour "Fragments de guerre" (France 5), Marianne Getti et Agnès Nabat pour "Tigré : viols, l'arme silencieuse" (Arte), Jules Giraudat et Arthur Bouvart pour "Le Syndrome de La Havane" (Canal+), Julien Goudichaud pour "Calais-Douvres, l'exil sans fin" (LCP), Louis Milano-Dupont et Elodie Delevoye pour "Rachida Dati, la conquête à tout prix" (France 2) et Solène Oeino pour "Le Prix du papier" (M6).

Pour le 9ème prix du livre, ont été désignés Charlotte Belaich et Olivier Pérou pour "La Meute" (Flammarion), Siam Spencer pour "La Laverie" (Robert Laffont), Quentin Müller pour "L'Arbre et la tempête" (Marchialy) et Elena Volochine pour "Propagande : l'arme de guerre de Vladimir Poutine" (Autrement).

L'an dernier, la journaliste du Monde Lorraine de Foucher avait remporté le prix pour l'écrit pour ses reportages et enquêtes sur les viols de Mazan, les migrantes violées et encore les victimes de l'industrie du porno.

Le prix de l'audiovisuel avait été décerné à Antoine Védeilhé et Germain Baslé pour leur film "Philippines: les petits forçats de l'or" (Arte) et le prix du livre avait couronné Martin Untersinger pour "Espionner, mentir, détruire" (Grasset), une enquête sur les attaques dans le cyberespace.

Créé en 1933 en hommage au journaliste français Albert Londres (1884-1932), père du grand reportage moderne, le prix est doté de 5.000 euros pour chacun des candidats, qui doivent avoir moins de 41 ans.


Des projets architecturaux saoudiens parmi les 15 finalistes du nouveau prix RIBA

Le Wadi Safar Experience Center est une porte d'entrée vers le développement plus large de Wadi Safar et s'inspire du style vernaculaire Najdi. (Fourni)
Le Wadi Safar Experience Center est une porte d'entrée vers le développement plus large de Wadi Safar et s'inspire du style vernaculaire Najdi. (Fourni)
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  • Deux projets innovants situés à Riyad – le parc King Salman et le centre d’expérience de Wadi Safar – ont été sélectionnés parmi les 15 finalistes du nouveau prix RIBA
  • Ce prix célèbre des projets ayant un impact social fort et une vision durable

DUBAÏ : Riyad s'impose comme un centre du design de pointe, alors que le Royal Institute of British Architects (RIBA) a dévoilé les 15 finalistes de son tout premier prix des bâtiments les plus transformateurs du Moyen-Orient.

Cette nouvelle distinction récompense les projets architecturaux récents ayant le plus d’impact social et de transformation à travers le Golfe, et deux des candidats les plus remarquables se trouvent dans la capitale saoudienne.

Au cœur de la contribution de Riyad figure le parc King Salman, une vaste opération de réhabilitation de l’ancien aéroport de la ville, réalisée par Gerber Architekten, Buro Happold et Setec. Ce projet ambitieux transforme une relique de l’ère aérienne en une oasis urbaine immense, offrant aux habitants et visiteurs un réseau de jardins, de plans d’eau et d’espaces de loisirs. Il met en œuvre des techniques novatrices de régénération des sols désertiques, d’utilisation durable de l’eau et de plantation résistante au climat.

Non loin de là, le centre d’expérience de Wadi Safar sert de porte d’entrée au développement plus large de Wadi Safar. Conçu par Dar Al Omran – Rasem Badran, il s’inspire du style vernaculaire najdi, avec des cours intérieures et un aménagement paysager en bermes de terre créant une atmosphère fraîche et contemplative tout en valorisant le patrimoine régional.

La liste des finalistes met également en lumière l’excellence dans tout le Moyen-Orient. Aux Émirats arabes unis, le sanctuaire des tortues et de la faune de Khor Kalba (Hopkins Architects) soutient la réhabilitation des tortues et oiseaux en danger dans la mangrove ancestrale de Sharjah, avec des pavillons arrondis se fondant dans le paysage côtier. À Dubaï, le centre Jafar du Dubai College (Godwin Austen Johnson) offre un espace STEM flexible, baigné de lumière naturelle, où l’acoustique et l’efficacité énergétique sont prioritaires.

À Doha, le centre Al-Mujadilah et sa mosquée pour femmes (Diller Scofidio + Renfro) réinterprètent de manière contemporaine un espace sacré, avec un toit percé de plus de 5 000 puits de lumière diffusant une lumière naturelle apaisante dans les salles de prière et les espaces communautaires.

Plusieurs projets revisitent les formes patrimoniales dans un contexte contemporain. À Sharjah, The Serai Wing, Bait Khalid Bin Ibrahim (ANARCHITECT) transforme deux maisons familiales des années 1950, autrefois propriétés d’un marchand de perles, en un hôtel boutique alliant préservation du patrimoine et design contemporain.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Cate Blanchett sera à l’honneur au Festival du film d’El Gouna

Cate Blanchett sera l'invitée d'honneur de cette année et recevra le prix Champion de l'humanité. (Getty Images)
Cate Blanchett sera l'invitée d'honneur de cette année et recevra le prix Champion de l'humanité. (Getty Images)
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  • L’actrice australienne sera l’invitée d’honneur du festival égyptien et recevra le Champion of Humanity Award pour son engagement humanitaire auprès des réfugiés en tant qu’ambassadrice du HCR
  • Reconnue pour ses rôles marquants au cinéma et son implication sur scène, Blanchett est aussi saluée pour son action sur le terrain dans des camps de réfugiés, incarnant la vision du festival : le cinéma au service de l’humanité

DUBAÏ : L’actrice et productrice australienne Cate Blanchett sera mise à l’honneur lors de la 8e édition du Festival du film d’El Gouna, en Égypte, qui se tiendra du 16 au 24 octobre.

Elle sera l’invitée d’honneur de cette édition et recevra le Champion of Humanity Award (Prix de la Championne de l’Humanité).

« De ses rôles emblématiques dans Elizabeth, Blue Jasmine et TÁR, à ses collaborations remarquables avec les plus grands réalisateurs, Cate Blanchett a laissé une empreinte indélébile sur le cinéma mondial », a publié le festival sur Instagram.

« Au-delà de son art, elle continue de défendre des causes humanitaires urgentes en tant qu’ambassadrice de bonne volonté mondiale pour le HCR, reflétant ainsi la vision du festival : le cinéma au service de l’humanité », ajoute le communiqué. « Pour saluer son engagement en faveur des réfugiés et des personnes déplacées de force, Cate Blanchett recevra le Champion of Humanity Award du Festival du film d’El Gouna. »

Cate Blanchett est également connue pour son travail sur scène, ayant été co-directrice artistique de la Sydney Theatre Company. Elle est aussi cofondatrice de Dirty Films, une société de production à l’origine de nombreux films et séries récompensés.

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Depuis 2016, elle occupe le rôle d’ambassadrice de bonne volonté pour le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés. À ce titre, elle utilise sa notoriété pour sensibiliser à la cause des réfugiés et encourager le soutien international. Elle a visité des camps de réfugiés et des communautés hôtes dans des pays comme la Jordanie, le Liban, le Bangladesh, le Soudan du Sud, le Niger et le Brésil.

En 2018, elle a reçu le Crystal Award lors du Forum économique mondial en reconnaissance de son engagement humanitaire.

Amr Mansi, fondateur et directeur exécutif du Festival d’El Gouna, a déclaré : « C’est un immense honneur d’accueillir une artiste du calibre de Cate Blanchett. Son talent exceptionnel fascine le public depuis des décennies, et son engagement humanitaire à travers le HCR est véritablement inspirant.

Ce partenariat avec le HCR et la Fondation Sawiris, ainsi que sa venue, illustrent parfaitement la mission essentielle de notre festival : utiliser la force du cinéma pour promouvoir un changement positif et soutenir l’humanité. »

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com