Tunisie: Deux migrants retrouvés morts dans le désert, inquiétude pour des dizaines d'autres

Des migrants subsahariens tiennent une pancarte lors d'une manifestation contre les conditions désastreuses des migrants dans la ville de Sfax en Tunisie le 7 juillet 2023 (Photo, AFP).
Des migrants subsahariens tiennent une pancarte lors d'une manifestation contre les conditions désastreuses des migrants dans la ville de Sfax en Tunisie le 7 juillet 2023 (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Mercredi 12 juillet 2023

Tunisie: Deux migrants retrouvés morts dans le désert, inquiétude pour des dizaines d'autres

  • Un discours de plus en plus ouvertement xénophobe à l'égard de ces migrants s'est répandu depuis que le président tunisien, Kais Saied, qui s'est arrogé les pleins pouvoirs en juillet 2021, a pourfendu en février l'immigration clandestine
  • Les ONG s'inquiètent du sort de dizaines d'autres repoussés vers la frontière algérienne

TUNIS: Deux corps de migrants d'Afrique subsaharienne ont été retrouvés ces derniers jours dans une zone désertique à la frontière entre la Tunisie et l'Algérie, où des dizaines d'autres errent, abandonnés à leur sort, suscitant l'inquiétude des ONG.

A la suite d'affrontements ayant coûté la vie à un Tunisien la semaine dernière, des dizaines de migrants originaires d'Afrique subsaharienne ont été chassés de Sfax, dans le centre-est de la Tunisie, et conduits par les autorités, selon des ONG, vers des zones inhospitalières frontalières de la Libye et de l'Algérie.

"Un premier corps a été retrouvé il y a dix jours dans le désert de Hazoua", près de la frontière algérienne, et un autre lundi soir, a déclaré mardi à l'AFP Nizar Skander, porte-parole du tribunal de Tozeur (sud-est). Une enquête a été ouverte pour "mort douteuse".

"Il s'agissait de deux jeunes hommes", a témoigné un commerçant local qui a requis l'anonymat, joint au téléphone par l'AFP.

Selon lui, "deux convois en une semaine ont été vus en train de déposer des migrants subsahariens, une centaine au total dans les environs de Hazoua", à plus de 500 kilomètres au sud de Tunis.

"Beaucoup essayent de rejoindre les oasis où les habitants leur donnent de l'eau et de la nourriture", a-t-il ajouté.

D'autres migrants ont été déposés plus au nord, toujours près de la frontière entre l'Algérie et la Tunisie, longue de plus de 1.000 kilomètres.

Mardi, un Ivoirien de 25 ans, Youssouf Bilayer, a dit à l'AFP avoir été arrêté le 4 juillet à Sfax alors qu'il voulait prendre un train pour Tunis, et conduit près de Gafsa, une zone minière à 360 kilomètres au sud de la capitale.

"On était dans six bus et on nous a répartis dans la forêt, on nous a fait descendre en nous frappant", a-t-il raconté, soulignant que depuis, son groupe de huit personnes, qui s'est réduit à six "parce que deux ne pouvaient plus continuer", marche vers le nord.

"On demande qu'on nous sorte d'ici et qu'on nous emmène à Tunis ou Sfax", a-t-il dit, assurant se trouver à 40 kilomètres au sud de Kasserine (centre-ouest).

«Assistance immédiate»

"On souffre beaucoup, on arrive à trouver un peu d'eau dans la forêt mais on n'a rien à manger, les gens disent que la police leur interdit de nous donner à manger, on arrive juste un peu à recharger nos téléphones", dit M. Bilayer, qui travaillait depuis quatre ans comme soudeur à Sfax.

Selon lui, à chaque fois que son groupe essaye d'aller sur la route, la police les repousse vers la forêt et la frontière algérienne.

L'ONG Human Rights Watch a fait part lundi de son inquiétude pour "150 à 200 migrants subsahariens" se trouvant à la frontière algéro-tunisienne. Selon elle, des témoignages ont fait état de "plusieurs morts" dans ces zones.

Un migrant guinéen, Mamadou, géolocalisé à Douar El Ma, du côté algérien de la frontière, à plus de 600 kilomètres au sud de Tunis, avait lancé lundi un appel de détresse à l'AFP en disant n'avoir "ni eau ni nourriture". Il n'était plus joignable mardi. Ils étaient une trentaine dans la même situation, avait-il témoigné.

HRW avait annoncé lundi la mise à l'abri de 500 à 700 migrants subsahariens abandonnés la semaine passée dans une zone tampon à la frontière entre Tunisie et Libye dans trois villes du sud tunisien: Ben Guerdane, Tataouine et Médenine.

Mais mardi soir, l'ONG a fait état de la présence de "plusieurs dizaines de personnes expulsées (de Sfax) par les forces de sécurité (tunisiennes) et toujours prises au piège au niveau de la zone tampon" militarisée, à la frontière tuniso-libyenne, au sud de Ras Jedir.

"Ils ont besoin d'une assistance immédiate et d'être conduits en lieu sûr", a indiqué la directrice de HRW pour la Tunisie, Salsabil Chellali, qui a posté sur twitter une vidéo de femmes et d'hommes assis ou allongés en plein soleil.

Un discours de plus en plus ouvertement xénophobe à l'égard des migrants s'est répandu depuis que le président tunisien, Kais Saied, qui s'est arrogé les pleins pouvoirs en juillet 2021, a pourfendu en février l'immigration clandestine.

Lundi, M. Saied a estimé que "la Tunisie a donné une leçon au monde avec la manière dont elle a pris soin de ces migrants", ajoutant toutefois qu'"elle refuse d'être une patrie de substitution pour eux et n'acceptera que ceux qui sont en situation régulière".


Guerre Iran-Israël: les derniers développements

L'ambassadeur israélien auprès des Nations unies, Danny Danon, s'exprime lors d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité des Nations unies à New York, le 22 juin 2025. (Photo de Bryan R. SMITH / AFP)
L'ambassadeur israélien auprès des Nations unies, Danny Danon, s'exprime lors d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité des Nations unies à New York, le 22 juin 2025. (Photo de Bryan R. SMITH / AFP)
Short Url
  • Les États-Unis ont assuré  dimanche avoir « dévasté » le programme nucléaire iranien en bombardant les trois principaux sites nucléaires du pays, rejoignant l'offensive lancée par Israël le 13 juin.
  • Le président Donald Trump a vanté une « réussite militaire spectaculaire » et évoqué un « changement de régime » à Téhéran. 

JERUSALEM : Les États-Unis ont assuré  dimanche avoir « dévasté » le programme nucléaire iranien en bombardant les trois principaux sites nucléaires du pays, rejoignant l'offensive lancée par Israël le 13 juin.

Après des jours de flou autour d'une intervention militaire, Washington a frappé les installations d'enrichissement d'uranium de Fordo, Natanz et Ispahan. Le président Donald Trump a vanté une « réussite militaire spectaculaire » et évoqué un « changement de régime » à Téhéran. 

- Le programme nucléaire iranien « dévasté ». 

Son ministre de la Défense, Pete Hegseth, a affirmé que ces attaques avaient « dévasté » le programme nucléaire iranien grâce à sept avions bombardiers furtifs B-2.

Ce sont les seuls appareils pouvant larguer des bombes anti-bunker de type GBU-57, qui pèsent 13,6 tonnes et peuvent s'enfoncer jusqu'à 60 mètres de profondeur avant d'exploser.

« Les images satellite montrent des dommages monumentaux sur tous les sites nucléaires en Iran. Destruction totale est l'expression qui convient », a affirmé Donald Trump sur les réseaux sociaux.

« Les dégâts les plus importants ont été causés bien en dessous du niveau du sol. C'est on ne peut plus juste ! », s'est-il félicité.

Les avions ont largué 14 bombes GBU-57 sur l'Iran, soit « la première utilisation opérationnelle de cette arme », a déclaré le chef d'état-major, le général Dan Caine. Deux d'entre elles sont tombées sur l'usine d'enrichissement de Fordo, au sud de Téhéran.

Les trois principaux sites nucléaires iraniens ont subi « de graves dommages », a-t-il souligné.

Cependant, un conseiller du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a affirmé que son pays possédait toujours des stocks d'uranium enrichi et que « la partie n'était pas terminée », ce qui laisse entendre que l'Iran pourrait poursuivre son programme nucléaire.

« L'Amérique n'a plus sa place » au Moyen-Orient.

Le président iranien Massoud Pezeshkian a promis une « riposte » à l'« agression » des États-Unis. Le ministre Araghchi a qualifié ce comportement d'« extrêmement dangereux, anarchique et criminel ».

Le conseiller de M. Khamenei a prévenu que les bases américaines au Moyen-Orient utilisées pour frapper l'Iran étaient des cibles « légitimes » et qu'« il n'y avait plus de place pour l'Amérique dans le monde islamique ».

- 40 missiles sur Israël.

Après les frappes américaines, l'agence de presse iranienne Irna a fait état de 40 missiles tirés sur Israël depuis l'Iran, visant l'aéroport Ben Gourion, près de Tel-Aviv, ainsi qu'un « centre de recherche biologique ».

Les journalistes de l'AFP ont constaté d'importants dégâts dans des quartiers habités au nord et au sud de Tel-Aviv, où des maisons et des immeubles ont été éventrés. Les secours ont annoncé avoir pris en charge 23 blessés. 

- « Des dizaines de cibles militaires » en Iran.

L'armée israélienne a affirmé avoir frappé « des dizaines de cibles militaires » dans quatre régions iraniennes, dont « pour la première fois » celle de Yazd, dans le centre du pays.

Selon des médias iraniens, trois personnes ont trouvé la mort dans cette région après qu'un drone israélien a touché une ambulance.

Dans la soirée, d'autres frappes israéliennes ont touché le nord-ouest de l'Iran.

- Israël prie pour Trump.

Dans une vidéo destinée à Donald Trump, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a salué son action qui, selon lui, marque un « tournant historique » susceptible de conduire le Moyen-Orient vers « un avenir de prospérité et de paix ». Il s'est ensuite rendu devant le mur des Lamentations, à Jérusalem, pour réciter une prière spécialement dédiée à cet effet.

Et grâce au président américain, a renchéri le chef du gouvernement, Israël « s'est rapproché » de ses objectifs dans la guerre avec l'Iran. 

- Guerre aux « prétextes absurdes ».

Lors d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité à New York, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a dénoncé le « risque » que le monde « s'engouffre dans un cycle sans issue de représailles ».

L'ambassadeur iranien auprès des Nations unies, Amir Saeid Iravani, a accusé les États-Unis d'avoir « encore une fois eu recours à la force illégale » et de « lancer une guerre (...) sous des prétextes absurdes et inventés ».


L'Arabie saoudite condamne l'attentat suicide contre une église en Syrie

Des personnes et des secouristes inspectent les dégâts sur le site d'un attentat suicide signalé à l'église Saint-Élie, dans le quartier de Dwelaa à Damas, le 22 juin 2025.  (Photo de LOUAI BESHARA / AFP)
Des personnes et des secouristes inspectent les dégâts sur le site d'un attentat suicide signalé à l'église Saint-Élie, dans le quartier de Dwelaa à Damas, le 22 juin 2025. (Photo de LOUAI BESHARA / AFP)
Short Url
  • Le ministère syrien de la Santé a déclaré qu'une attaque contre une église à Damas dimanche avait fait au moins 20 morts.

RIYAD : l'Arabie saoudite a condamné dimanche un attentat suicide contre une église à Damas qui a fait au moins 20 morts.

Dans un communiqué, le ministère syrien de l'Intérieur a déclaré qu'« un kamikaze affilié au groupe terroriste Daech est entré dans l'église Saint-Élie, dans le quartier de Dwelaa, à Damas, où il a ouvert le feu avant de se faire exploser avec une ceinture d'explosifs ».

Le ministère des Affaires étrangères a réaffirmé la position du Royaume, qui rejette les attaques contre les lieux de culte, la terreur infligée aux civils et le sang innocent versé.

Il a réaffirmé le soutien du Royaume à la République arabe syrienne contre toutes les formes de violence, d'extrémisme et de terrorisme. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


En Syrie, une attaque a visé une église, faisant 22 morts

Dégâts sur le site d'un attentat suicide à l'église Saint Elias dans le quartier de Dwelaa à Damas, le 22 juin 2025. (AFP)
Dégâts sur le site d'un attentat suicide à l'église Saint Elias dans le quartier de Dwelaa à Damas, le 22 juin 2025. (AFP)
Short Url
  • Selon le ministère syrien des Affaires étrangères, « cet acte criminel qui a pris pour cible des fidèles chrétiens est une tentative désespérée de saper la coexistence nationale et de déstabiliser le pays ».
  • Pour le ministre de l'Intérieur Anas Khattab, « ces actes terroristes n'arrêteront pas les efforts de l'État syrien pour parvenir à la paix civile ».

DAMAS : Un attentat suicide a fait au moins 22 morts dimanche dans une église chrétienne de Damas, selon les autorités syriennes, qui ont accusé un membre du groupe jihadiste État islamique d'en être l'auteur.

Les Nations unies ainsi que de nombreux pays, des États-Unis à la France, ont condamné cette attaque, la première de ce type dans la capitale syrienne depuis que des forces dirigées par des islamistes radicaux ont renversé l'ex-président Bachar al-Assad le 8 décembre 2011.

La sécurité reste l'un des plus grands défis pour les nouvelles autorités syriennes, que la communauté internationale a appelées à protéger les minorités et à les inclure dans le processus de transition.

Selon le ministère de l'Intérieur, un « assaillant suicide affilié au groupe terroriste Daech » serait entré dans l'église Saint-Elie, dans le quartier de Dwelaa à Damas, aurait ouvert le feu, puis se serait fait exploser avec une ceinture explosive. 

Selon le ministère syrien des Affaires étrangères, « cet acte criminel qui a pris pour cible des fidèles chrétiens est une tentative désespérée de saper la coexistence nationale et de déstabiliser le pays ».

Toutefois, le patriarcat orthodoxe de Damas a exhorté les nouvelles autorités islamistes à « assumer l'entière responsabilité » de l'attentat, leur demandant d'assurer « l'inviolabilité des églises et la protection de tous les ressortissants » du pays.

Pour le ministre de l'Intérieur Anas Khattab, « ces actes terroristes n'arrêteront pas les efforts de l'État syrien pour parvenir à la paix civile ».

M. Khattab avait récemment déclaré que le groupe EI avait opté pour « des attaques précises contre des cibles stratégiques », et annoncé que des tentatives d'attentat du groupe jihadiste sunnite contre les communautés chrétienne et chiite avaient été déjouées. 

En mai, il avait revendiqué sa première attaque contre les nouvelles forces gouvernementales syriennes.

Ces dernières avaient alors affirmé avoir arrêté des membres d'une cellule de l'EI près de Damas, accusés de préparer des attaques, tandis qu'une autre opération à Alep, dans le nord du pays, s'était soldée par la mort d'un agent de sécurité et de trois membres de l'organisation jihadiste.

Au début de la guerre civile syrienne, en 2011, le groupe État islamique avait pris le contrôle de vastes pans du territoire syrien et irakien, proclamant la création d'un « califat » transfrontalier en 2014.

Les forces kurdes syriennes, soutenues par les États-Unis, l'ont vaincu en 2019, mais les djihadistes ont maintenu une présence, en particulier dans le vaste désert syrien.