Marche interdite: La Brav-M de nouveau mise en cause pour des violences

Des membres de la Brav-M opèrent lors d'une manifestation à Paris le 7 mars 2023 (Photo, AFP).
Des membres de la Brav-M opèrent lors d'une manifestation à Paris le 7 mars 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 11 juillet 2023

Marche interdite: La Brav-M de nouveau mise en cause pour des violences

  • L'interpellation musclée samedi de Youssouf Traoré et les violences sur une femme et des journalistes ont remis la lumière sur la Brav-M
  • Le préfet de police de Paris Laurent Nuñez avait défendu «l'utilité» de la Brav-M

PARIS: L'interpellation musclée samedi de Youssouf Traoré, à l'issue du rassemblement interdit en mémoire de son frère Adama, et les violences sur une femme et des journalistes ont remis la lumière sur la Brav-M, une unité de police à moto déjà décriée pour son comportement lors du mouvement contre la réforme des retraites.

Le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, qui avait défendu "l'utilité" de la Brav-M lors de la contestation sociale au printemps, a fait savoir dimanche qu'il "assumait pleinement" les interpellations de Youssouf Traoré et d'un autre membre du Comité Adama, identifié comme Samir.

"Les violences commises contre les forces de l'ordre, survenues en plus dans le contexte d'une manifestation interdite, (sont) intolérables", a poursuivi la préfecture de police (PP).

Youssouf (Yssoufou sur son état civil) Traoré est accusé par la police d'avoir "porté un coup" à une commissaire au début du rassemblement, place de la République.

C'est lors de son interpellation près de la gare de l'Est, lors de la dispersion dans le calme des participants, qu'une femme et au moins trois journalistes ont été violentés et projetés au sol, selon les images diffusées sur les réseaux sociaux.

Leur dossard, de couleur orange, indique que les policiers mis en cause, casqués et cagoulés pour certains, appartiennent à la 31e compagnie d'intervention de la préfecture de police, en formation Brav-M (Brigade de répression de l'action violente motorisée).

«Davantage d'agressivité»

"Jusqu'à ces dernières semaines, on n'avait pas eu tellement de problèmes avec cette compagnie", explique à l'AFP Clément Lanot, qui fait partie des journalistes brutalisés. En avril et début juillet, il s'était plaint que les policiers de cette unité dirigent leurs lampes vers les caméras pour empêcher les médias de filmer.

Le Schéma national du maintien de l'ordre (SNMO) autorise la presse à filmer la dispersion d'un attroupement s'ils ne "font pas obstacle à l'action des forces de l'ordre".

"On était proche mais pas sur leur chemin", se défend Clément Lanot, qui a déposé plainte à l'IGPN lundi, tout comme le photographe Florian Poitout.

Les Brav-M, créées au printemps 2019, servent à "intervenir vite, là où les grosses compagnies ne passent pas ou sont trop lourdes avec leurs kilos de matériel", expliquait en mars à l'AFP le commandant de police Patrick L., qui a participé à leur création.

"Sur le papier, le concept est pertinent, mais il présente des défauts structurels, comme la vulnérabilité ou le manque de cohésion des unités, qui sont peut-être compensés par davantage d'agressivité", analyse un policier de région parisienne.

"C'est une unité couteau-suisse. Qui peut être employée sur de la sécurité routière ou faire des opérations de contrôle dans des cités difficilement accessibles. Cela peut diluer les compétences", souligne Mathieu Zagrodzki, chercheur associé au Centre de recherche sociologique sur le droit et les institutions pénales (Cesdip).

Enquête administrative

Une Brav-M était ainsi intervenue en février au Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis) lors de la violente interpellation d'un mineur, accusé d'avoir pris à partie la police après une interpellation pour un refus d'obtempérer.

Le jeune homme de 17 ans avait reçu plusieurs coups de poings au visage, selon une vidéo diffusée par un témoin sur les réseaux sociaux. L'IGPN a été saisie de l'enquête.

Les Brav-M restent "parmi les unités les plus défendues par l'administration pour tout ce qui concerne les litiges survenus avec des personnes extérieures", estime le policier francilien.

"C'est une unité très valorisée par la PP, car déployée sur des situations compliquées. Cela peut être interprété comme un blanc-seing pour des interventions plus musclées", complète Mathieu Zagrodzki.

"Le comportement de quelques individus ne doit pas jeter l'opprobre sur toute une unité", avait estimé Laurent Nuñez après l'enregistrement des propos menaçants et humiliants tenus par des policiers de la Brav-M sur de jeunes manifestants en mars à Paris.

Le préfet de police a décidé de renvoyer trois d'entre eux en conseil de discipline et d'en sanctionner quatre autres d'un avertissement, la sanction la plus basse de la fonction publique.

Concernant les violences commises samedi sur les journalistes et la jeune femme, "une enquête administrative a été ouverte immédiatement, afin d'établir avec exactitude les circonstances des faits", a assuré la PP.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».