Brav-M enregistrée: les policiers mis en cause plaident la «fatigue»

Un ouvrier nettoie les inscriptions sur un panneau d'affichage du plan du métro au lendemain d'une manifestation lors de la 11e journée d'action après que le gouvernement a fait passer une réforme des retraites au parlement sans vote, en utilisant l'article 49.3 de la constitution, à Paris, le 7 avril 2023. (Photo, AFP)
Un ouvrier nettoie les inscriptions sur un panneau d'affichage du plan du métro au lendemain d'une manifestation lors de la 11e journée d'action après que le gouvernement a fait passer une réforme des retraites au parlement sans vote, en utilisant l'article 49.3 de la constitution, à Paris, le 7 avril 2023. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 07 avril 2023

Brav-M enregistrée: les policiers mis en cause plaident la «fatigue»

  • L'audio, révélé le 24 mars par Le Monde et Loopsider, suscite un tollé et débouche sur l'ouverture de deux enquêtes, administrative et judiciaire, confiées à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN)
  • Selon le gardien de la paix Yann C., l'unité a commencé son service à 10H30. Il est 23H00 passé quand ils sont enregistrés

PARIS: Identifiés dans un audio enregistré à leur insu, les policiers de la Brav-M ayant menacé et humilié sept jeunes interpellés à Paris, fin mars, ont plaidé "la fatigue physique et morale" après une longue journée de maintien de l'ordre.

Dans la nuit du 20 au 21 mars, leur équipage, la "Brav Mike 4", est en opération dans le IIIe arrondissement de la capitale.

Depuis l'adoption de la réforme des retraites par l'article 49.3, les rues de la capitale sont le théâtre de cortèges sauvages avec des incendies de poubelles et des rues obstruées par des barricades de fortune.

Sur les indications d'un capitaine de police, un équipage de la Brigade de répression de l'action violente motorisée (Brav-M) interpelle un groupe de sept jeunes soupçonnés d'avoir pris part aux dégradations et les regroupe à l'angle des rues du Béarn et des Minimes. C'est à cet instant que l'un des interpellés enregistre discrètement les policiers.

L'audio, révélé le 24 mars par Le Monde et Loopsider, suscite un tollé et débouche sur l'ouverture de deux enquêtes, administrative et judiciaire, confiées à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN).

Avant d'être entendus par la "police des polices", les policiers mis en cause ont rédigé des rapports à leur hiérarchie, consultés par l'AFP, dans lesquels ils livrent leur version des faits.

«Combat de coqs» 

Selon le gardien de la paix Yann C., l'unité a commencé son service à 10H30. Il est 23H00 passé quand ils sont enregistrés.

"La fatigue physique et morale était à son seuil le plus élevé, nous contraignant à agir bien au-delà de nos capacités", écrit le brigadier Benoît A.

Le gradé décrit "des vacations de 14 heures, voire 16 heures" durant lesquelles "nos besoins fondamentaux et vitaux n'ont pas été respectés, s'hydrater et se restaurer était très compliqué", écrit-il.

"Certains d'entre nous, moi inclus, ont dû prendre des médicaments afin de bloquer leur transit intestinal car il était impossible d'accéder et d'avoir le temps de se rendre aux toilettes", ajoute-t-il.

"A bout", "de plus en plus fatigué et irritable", "à fleur de peau", le policier Pierre L. reconnaît qu'il n'a pas agi "avec le professionnalisme habituel".

L'homme interpellé s'appelle Souleyman et concentre les attaques des policiers. La quasi-totalité des membres de l'équipage, comme le gardien de la paix Victor L., expliquent leur comportement en réaction à "son arrogance et ses provocations dans son ensemble".

"Tu as pleuré comme une fillette", le moque le brigadier Benoît A. Une remarque sexiste "maladroite", reconnaît-il après coup.

«Décompresser» 

Concernant la gifle que Souleyman dit avoir reçue, à laquelle un claquement audible dans l'enregistrement peut correspondre, Pierre L. assure avoir simplement agi en le "repoussant par le visage". "Tu en reveux peut-être une pour te remettre la mâchoire droite ?", l'entend-on dire dans l'audio.

Souleyman, étudiant tchadien de 23 ans, est installé en France depuis quatre ans. Le policier Yannis A. ironise sur son voyage et se demande s'il s'est "accroché à l'aile de l'avion". Une manière, affirme-t-il dans son rapport, de "décompresser sur les propos incohérents de Souleyman".

"Demain tu as une OQTF (obligation de quitter le territoire, ndlr) et c'est fini", lui lance aussi le policier Théo R. Ce n'était pas "une intimidation", écrit-il, mais "pour l'informer des risques judiciaires".

Et quand il apprend que le jeune homme habite Saint-Denis, le même s'amuse: "Ca tombe bien on y va mercredi, on va le retrouver".

"Je voulais dire par là, vu que c'est son lieu d'habitation, et que nous y sommes parfois, il n'est pas impossible que nous croisions son chemin, sans pour autant dire que nous allons le harceler", justifie-t-il.

Depuis les faits, les agents concernés ne sont plus affectés aux opérations de maintien de l'ordre, mais n'ont pas été suspendus.

"Je pense que cette enquête-là sera menée assez vite", avait déclaré le préfet de police Laurent Nuñez, dimanche. "Je le souhaite pour pouvoir prendre des décisions administratives le cas échéant."


Metz: un forcené tué par balles, un policier touché à la main

Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
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  • Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier
  • Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard

STRASBOURG: Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet.

Les faits ont commencé dimanche soir dans une rue très passante de la vieille ville de Metz. "Vers 22h00, un individu menace depuis sa fenêtre, avec une arme à canon long, un passant", a rapporté le maire François Grosdidier sur sa page Facebook.

Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier.

Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard.

"Il sortait alors de son studio, tenant dans chaque main un revolver, et faisait feu sur les policiers présents dans le couloir", a-t-il ajouté. "Un policier était blessé à une main, tandis qu'un de ses collègues tirait à trois reprises, touchant l'individu à l'abdomen et au bras".

L'homme de 56 ans a été hospitalisé mais est décédé lundi matin. "Son casier judiciaire porte trace de neuf condamnations", selon M. Bernard.

Le policier blessé a également été hospitalisé.

L'homme détenait "plusieurs armes, de poing et d'épaule, dans son appartement", selon le maire qui a salué l'intervention des forces de l'ordre.


Tourisme en France : entre recherche de soleil, contraintes budgétaires et destinations alternatives

Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
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  • les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget.
  • L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées

RIYAD : Alors que l'été 2025 se profile, les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget. Si 61 % d’entre eux envisagent de prendre quelques jours de congé, selon un sondage OpinionWay pour Liligo, leur comportement de consommation évolue. Pour la première fois en cinq ans, le budget moyen baisse de 74 euros par personne.

L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées comme la Bretagne, la Normandie ou le nord de la France. Cette tendance s’explique notamment par deux étés précédents jugés peu cléments sur le plan météorologique, ce qui dissuade certains vacanciers de s'y rendre à nouveau.

Dans les établissements touristiques du Grand Ouest, les professionnels constatent un recul des séjours d'une semaine, compensé par une légère hausse des courts séjours (2 à 6 nuits). Les réservations de dernière minute restent fréquentes et très dépendantes des prévisions météorologiques du dimanche soir.

Confrontés à une inflation persistante et à des inquiétudes concernant leur pouvoir d’achat, les Français adaptent leurs comportements. Ils réduisent leurs dépenses dans les restaurants, les commerces ou les activités annexes, et sont plus prudents dans la planification de leurs séjours. Les formules « tout compris », jugées plus économiques et prévisibles, rencontrent un succès croissant.

Selon le cabinet Pro tourisme, les prix des hébergements touristiques ont grimpé de 27 % en quatre ans. Dans ce contexte, les territoires proposant des tarifs plus accessibles, comme l’intérieur des terres ou les destinations proches des grandes agglomérations comme l’Eure, la Vienne, l’Ain ou l’Oise, enregistrent une forte progression des recherches, parfois jusqu’à +150 %.

Si les littoraux restent prisés, un rééquilibrage s’opère en faveur des zones rurales et périurbaines. Ces destinations sont non seulement plus abordables, puisque les locations y sont en moyenne 20 à 30 % moins chères que sur la côte, mais elles offrent également un cadre de vie plus agréable.

Ces destinations répondent à une demande croissante de nature, de tranquillité et d’authenticité. La France rurale, longtemps en retrait, bénéficie désormais d’une attractivité renouvelée. Un phénomène accentué par l’essor du télétravail, le besoin de déconnexion et la quête d’expériences plus simples. L’arrière-pays n’est plus perçu comme une alternative de repli, mais comme un véritable choix de qualité.

Sur le plan international, la France reste solidement installée comme première destination mondiale avec 100 millions de touristes étrangers en 2024, devant l’Espagne. Les métropoles touristiques qui accueillent une clientèle étrangère à fort pouvoir d’achat, comme Paris, Cannes, Nice ou les régions viticoles, affichent des perspectives encourageantes.

Les analystes estiment que les Jeux Olympiques 2024 ont amplifié la visibilité de la France sur la scène mondiale, générant un regain d’intérêt pour la capitale et ses alentours. À Paris, la fréquentation touristique devrait rester élevée en 2025 grâce à l’effet post-événementiel.

Entre contraintes économiques, recherche d’ensoleillement et désir de proximité, le tourisme en France est en pleine mutation. Les professionnels s’adaptent à une clientèle plus exigeante, plus mobile et surtout plus attentive à l’équilibre entre plaisir et dépenses. Le paysage touristique français, longtemps polarisé entre le littoral et la montagne, s’enrichit désormais d’une diversité de choix stratégiques, économiques et culturels.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.