"Sacrifiés", stigmatisés, mal aidés: la colère des grands chefs

Le chef français Guy Savoy dans la cuisine vide de son restaurant Guy Savoy à La Monnaie de Paris à Paris. (Christophe Archambault /AFP)
Le chef français Guy Savoy dans la cuisine vide de son restaurant Guy Savoy à La Monnaie de Paris à Paris. (Christophe Archambault /AFP)
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Publié le Vendredi 11 décembre 2020

"Sacrifiés", stigmatisés, mal aidés: la colère des grands chefs

  • Les chefs étoilés Guy Savoy et Jean-François Piège se sentent sacrifiés et s'interrogent sur l'avenir de leurs restaurants fermés depuis six mois
  • "Ce qui me trouble aujourd'hui, c'est de voir notre activité mise en coma artificiel et qu'à côté, il y a des excès, des aberrations", déclare Guy Savoy en montrant une photo de quai de gare bondé qu'il a prise lors d'un récent voyage à Lyon

PARIS : Quand ils voient les trains bondés ou les files d'attente devant les centres commerciaux, ils sont fous de rage. Les chefs étoilés Guy Savoy et Jean-François Piège se sentent sacrifiés et s'interrogent sur l'avenir de leurs restaurants fermés depuis six mois.

Ils se sont pourtant tenus en "bons élèves". Dans son restaurant à la Monnaie de Paris, 3 étoiles Michelin et "meilleur au monde" depuis plusieurs années, selon le classement La Liste, Guy Savoy décontaminait à l'ozone, ouvrait les fenêtres en plein service et faisait venir un laboratoire pour tester régulièrement les collaborateurs: "aucun n'est tombé malade" depuis le début de l'épidémie de Covid.

Jean-François Piège a réduit de 25 à 15 les couverts au Grand Restaurant, 2 étoiles, et a réaménagé la salle. Avec l'instauration du couvre-feu à l'automne, il a avancé le service à 18H dans cet établissement à deux pas de l'Elysée et contre toute attente, "cela fonctionnait!"

"Ce qui me trouble aujourd'hui, c'est de voir notre activité mise en coma artificiel et qu'à côté, il y a des excès, des aberrations", déclare Guy Savoy en montrant une photo de quai de gare bondé qu'il a prise lors d'un récent voyage à Lyon. "Quand vous êtes restaurateur, voir cela fait très mal". 

"Il y avait même des gens debout dans le train, j'ai mis deux masques, je ne peux pas prendre tous ces précautions depuis un an et puis me faire contaminer sur un voyage de deux heures!".

"bêtise"

Les deux chefs refusent de "comprendre" cette nouvelle fermeture fin octobre jusqu'au 20 janvier, au mieux.

Samedi midi, "on serait mieux bien installé dans un restaurant que faire des courses dans un lieu très fréquenté" et le réveillon y serait plus sûr que dans les appartements avec un apéritif debout, assure Guy Savoy.

"On est en train de sacrifier les cafés et restaurants à l'autel de la bêtise", lance Jean-François Piège à l'AFP. "On a été assujetti à de lourdes sanctions parce qu'on s'aperçoit que les restaurants sont fermés et les contaminations reprogressent. Dans ce cas, fermez tout le pays!"

Si leurs confrères étrangers sont admiratifs devant les aides publiques françaises, ils trouvent qu'elles ne sont pas suffisantes.

Sur le premier confinement "on a eu les aides zéro", sur le deuxième "sur 5 restaurants à Paris, il n'y a que 3 qui sont éligibles, les autres n'ont pas assez perdu- 42%, c'est beaucoup, mais il faut perdre 50%", énumère Jean-François Piège.

Par ailleurs, il se bat en justice avec l'assureur Axa qui refuse de l'indemniser pour ses pertes liées à la fermeture administrative. "Axa cherche à préserver ses bénéfices alors que le combat des restaurateurs c'est pour préserver leurs emplois, leurs filières".

S'il est sûr de retrouver sa clientèle dans le restaurant étoilé, Guy Savoy s'interroge sur l'avenir de ses deux Supu Ramen qui servent des nouilles franco-japonaises à des prix abordables.

Le premier est au quartier Latin, "un lieu très touristique et on ne sait pas quand le tourisme reprendra", le deuxième dans un quartier de bureaux où les commandes ont chuté de 50% à cause du télétravail "qui va perdurer".

"Manque de vie sociale"

"La moitié des restaurants à Paris ne pourront pas rouvrir", avance Guy Savoy. Certains vont s'installer en province "où les loyers sont plus bas, il y a moins de grèves et de gilets jaunes".

Pendant cette période festive, les deux chefs introduisent des homards, huitres, foie gras et autres volailles fines dans leur menu à emporter  "pour que la gourmandise ne soit pas confinée", selon Guy Savoy.

Il a "pris le risque" et acheté 37 poulardes à son fournisseur habituel, mais a fait ensuite une nuit blanche, n'étant pas sûr de "pouvoir les présenter correctement. "Ce sera bon, mais hors sol".

"On le fait avec tout notre coeur, mais on n'a pas choisi ce métier pour se résoudre à ce qu'il soit mis en barquette et réchauffé", renchérit Jean-François Piège.

"On est dans les vrais rapports humains, ce pain vous le touchez, il est croustillant, le champagne pétille, tout ce qui se passe dans un restaurant est sublimement concret. C'est ce que viennent chercher les convives chez nous dans ce monde de plus en plus virtuel", souligne Guy Savoy qui confie vivre "très mal ce manque de vie sociale".

 


Le drapeau du BIE remis à l’Expo 2030 Riyad: une nouvelle ère commence pour l'Arabie saoudite

Le drapeau du Bureau international des Expositions (BIE) a été officiellement remis à l’Expo 2030 Riyad lors de la cérémonie de clôture de l’Expo 2025 Osaka, marquant la fin de six mois d’échanges mondiaux et le début d’un nouveau chapitre pour le Royaume d’Arabie saoudite sur la scène internationale. (Photo fournie)
Le drapeau du Bureau international des Expositions (BIE) a été officiellement remis à l’Expo 2030 Riyad lors de la cérémonie de clôture de l’Expo 2025 Osaka, marquant la fin de six mois d’échanges mondiaux et le début d’un nouveau chapitre pour le Royaume d’Arabie saoudite sur la scène internationale. (Photo fournie)
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  • Recevant le drapeau des mains des organisateurs japonais, S.E. l’ingénieur Ibrahim Alsultan, Ministre d’État et Directeur général de la Commission royale pour la ville de Riyad, a symboliquement accepté le transfert des responsabilités de ville hôte
  • Ce moment solennel consacre l’entrée du Royaume dans la phase préparatoire vers l’Exposition universelle 2030, qui se tiendra à Riyad sous le thème « Imaginer l’avenir »

OSAKA: Le drapeau du Bureau international des Expositions (BIE) a été officiellement remis à l’Expo 2030 Riyad lors de la cérémonie de clôture de l’Expo 2025 Osaka, marquant la fin de six mois d’échanges mondiaux et le début d’un nouveau chapitre pour le Royaume d’Arabie saoudite sur la scène internationale.

Recevant le drapeau des mains des organisateurs japonais, S.E. l’ingénieur Ibrahim Alsultan, Ministre d’État et Directeur général de la Commission royale pour la ville de Riyad, a symboliquement accepté le transfert des responsabilités de ville hôte. Ce moment solennel consacre l’entrée du Royaume dans la phase préparatoire vers l’Exposition universelle 2030, qui se tiendra à Riyad sous le thème « Imaginer l’avenir ».

L’événement, auquel ont assisté S.E. Faisal Alibrahim, Ministre de l’Économie et de la Planification, et S.E. le Dr Ghazi Binzagr, Ambassadeur du Royaume au Japon, illustre l’unité nationale et la détermination du Royaume à faire de cette Exposition une réussite mondiale.

« La passation du drapeau du Japon à Riyad marque une étape décisive dans notre parcours vers l’accueil du monde à l’Expo 2030 », a déclaré S.E. l’ingénieur Ibrahim Alsultan. « C’est le lancement officiel du compte à rebours vers une édition sans précédent de la plus prestigieuse exposition mondiale. »

Le ministre a souligné que cette étape reflète la vision stratégique du Royaume, portée par le Serviteur des Deux Saintes Mosquées, le Roi Salman ben Abdelaziz Al Saoud, et par Son Altesse Royale le Prince héritier Mohammed ben Salman ben Abdelaziz Al Saoud, Premier Ministre, dont le leadership inspire l’ensemble du programme de transformation nationale, Vision 2030.

« Grâce au soutien indéfectible de nos dirigeants et à la mobilisation de toutes les institutions publiques et privées, nous offrirons une expérience exceptionnelle, incarnant l’excellence et le leadership du Royaume dans l’accueil d’événements mondiaux », a-t-il ajouté.

De son côté, l’ingénieur Talal AlMarri, Directeur général de l’Expo 2030 Riyadh Company, a déclaré :

« Nous entrons désormais dans la phase opérationnelle. L’Expo 2030 Riyad établira de nouveaux standards mondiaux en matière de durabilité, d’innovation et d’inclusivité. Ce ne sera pas seulement un rassemblement de nations, mais un héritage vivant et une plateforme d’action pour le Royaume et pour le monde. »

Quelques jours avant la cérémonie, le 10 octobre, l’équipe de l’Expo 2030 Riyad avait organisé à l’Expo Area Matsuri l’événement culturel « From Osaka to Riyadh », qui a attiré plus de 15 000 visiteurs. Cette initiative a illustré la capacité organisationnelle et la créativité du Royaume à l’approche de 2030.
Le pavillon saoudien à l’Expo 2025 a d’ailleurs connu un succès retentissant, accueillant plus de 3 millions de visiteurs et figurant parmi les plus fréquentés de l’exposition.

L’Expo 2030 Riyad, prévue du 1er octobre 2030 au 31 mars 2031, rassemblera 197 pays et 29 organisations internationales. Elle devrait accueillir plus de 42 millions de visites sur un site de 6 millions de mètres carrés, réparti en cinq zones thématiques.
L’exposition mettra l’accent sur des solutions concrètes pour un avenir durable, inclusif et interconnecté.

À l’issue de l’événement, le site se transformera en un Village mondial permanent, symbole de l’héritage durable laissé par l’Expo 2030 — pour Riyad, le Royaume et la communauté internationale.


La Riyadh Season 2025 débute par une parade d’ouverture éblouissante

L'événement a donné lieu à un large éventail de représentations par des groupes internationaux et locaux, y compris des ballons géants. (Photo AN d'Abdulrahman bin Shalhoub)
L'événement a donné lieu à un large éventail de représentations par des groupes internationaux et locaux, y compris des ballons géants. (Photo AN d'Abdulrahman bin Shalhoub)
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  • La Riyadh Season 2025 a débuté avec une parade spectaculaire mêlant ballons géants, musiques festives et performances internationales, attirant une foule enthousiaste à Riyad

RIYAD : D’immenses foules se sont rassemblées vendredi pour assister à la parade d’ouverture de la Riyadh Season 2025, qui s’est déroulée entre la Kingdom Arena et Boulevard World, au cœur de la capitale saoudienne.

Cette parade figure parmi les événements les plus attendus de l’année, marquant le lancement officiel d’une nouvelle saison.

Le spectacle a mis en scène une grande diversité de performances issues de groupes internationaux et locaux, avec des ballons géants et des personnages adorés du grand public, tels que Captain Tsubasa et Baby Yoda.

Avec une musique entraînante, des couleurs éclatantes et des spectacles vivants, Riyad s’est transformée en une fête rayonnante, pleine d’enthousiasme et de joie.

Turki Alalshikh, président de la General Entertainment Authority, a déclaré sur son compte X :
« La parade a commencé. Tous les regards sont tournés vers les ballons géants alors que chacun vit ce moment tant attendu. #RiyadhSeason 2025 commence sur un départ inoubliable. »

Les organisateurs ont précisé : « La parade est organisée en partenariat avec Macy’s, l’un des organisateurs de parades festives les plus emblématiques de New York, qui présente — pour la première fois hors des États-Unis — une sélection de ses célèbres ballons géants, véritables symboles de ses célébrations annuelles. Ces ballons énormes et finement conçus nécessitent des centaines de participants pour être manœuvrés en parfaite synchronisation, apportant une touche internationale à cette ouverture spectaculaire de la saison. »

Yassin Nour, venu des Philippines, a été émerveillé par la parade et a confié à Arab News : « Ma partie préférée, c’était les feux d’artifice en plein jour. J’ai hâte de découvrir d’autres événements comme celui-ci. »

Mahmoud Samir, d’Égypte, a déclaré : « La parade était magnifique. Elle a dépassé nos attentes. On s’attendait à quelque chose de bien, mais c’était encore mieux que prévu. »

Samir a ajouté que les cérémonies d’ouverture de la Riyadh Season s’améliorent chaque année :
« Si Dieu le veut, nous serons les premiers visiteurs et profiterons de cette belle ambiance. »

Ali Al-Yami, originaire de Najran, a lui aussi été impressionné : « La Riyadh Season me surprend toujours avec ses spectacles d’ouverture. Les ballons étaient vraiment fantastiques et magnifiques. »

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Des racines et des recettes : l’art de se retrouver autour d’un plat

Sous les lumières vibrantes de la Green Room, « LéLa Cuisine », offre une fusion harmonieuse des traditions libanaises et latino-américaines. (Photo: fournie)
Sous les lumières vibrantes de la Green Room, « LéLa Cuisine », offre une fusion harmonieuse des traditions libanaises et latino-américaines. (Photo: fournie)
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  • « LéLa Cuisine » incarne une exploration des identités culturelles, en tissant des liens entre les traditions libanaises et latino-américaines à travers des saveurs partagées et réinventées
  • La cuisine devient ici un outil de dialogue interculturel, capable de raconter des histoires de migration, de mémoire et de rencontre, au-delà des frontières géographiques

DUBAÏ: Sous les lumières vibrantes de la Green Room, aux parfums entêtants d'épices mêlées et au rythme d'une musique aux accents du Levant et des Andes, Soul Kitchen invite au voyage. À l’occasion de son deuxième anniversaire, le restaurant a célébré bien plus qu’un simple jalon : il a révélé une philosophie culinaire audacieuse baptisée « LéLa Cuisine », fusion harmonieuse des traditions libanaises et latino-américaines.

Au cœur de cette initiative, une idée forte: la cuisine comme langage universel, capable de traverser les frontières, de raconter l’histoire des diasporas et de créer des ponts entre les cultures.

« Concevoir ces plats consiste à trouver des liens simples entre les cuisines libanaise et latino-américaine, et à créer quelque chose qui semble à la fois familier et nouveau », explique la cheffe exécutive Margarita Vaamonde, qui incarne à elle seule ce mélange d'identités culinaires.

De Caracas à Beyrouth, de Buenos Aires à Baalbek, chaque bouchée offrait une rencontre: le hummus chimichurri, le ceviche tabbouleh, ou encore les arepas à la kafta devenaient des symboles vivants de ces histoires partagées par des générations de migrants en quête d’un nouveau foyer.

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Chaque bouchée offrait une rencontre. Le ceviche tabbouleh. (Photo: fournie)

Ce projet n’est pas né du hasard. Il est l’aboutissement d’une vision portée par Factory People, groupe à l’origine de Soul Kitchen, et en particulier par les associés Tala Mortada, Wassim Bou Malham et la cheffe Vaamonde. À travers « LéLa Cuisine », ils racontent une histoire de voyage, d’exil, mais aussi d’ancrage et de réinvention.

« Il s'agit de créer des liens entre les cultures à travers la nourriture », affirme Tala Mortada. Et ces liens ne sont pas théoriques : chaque plat était une escale, chaque saveur un échange.

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La cuisine devient ici un outil de dialogue interculturel, capable de raconter des histoires de migration. "Migration birds" (Photo: fournie)

Au-delà de la gastronomie, Soul Kitchen se positionne comme un espace d’échange culturel, où la musique, les arômes et les récits personnels se croisent. Une véritable ode à la diaspora arabe en Amérique latine, qui, depuis le XIX siècle, a semé les graines d’une culture métissée et vibrante.

Deux ans après son ouverture, Soul Kitchen ne se contente plus de nourrir : il connecte, raconte, unit. Un pari réussi, dans une ville aussi cosmopolite que Dubaï, où la cuisine devient un passeport vers l’autre, et un rappel que, malgré les distances, nos racines peuvent se rejoindre dans une assiette.