Le président palestinien promet de reconstruire le camp de Jénine

Le président palestinien visite le camp de réfugiés de Jénine après un raid militaire israélien dévastateur. (AP)
Le président palestinien visite le camp de réfugiés de Jénine après un raid militaire israélien dévastateur. (AP)
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Publié le Mercredi 12 juillet 2023

Le président palestinien promet de reconstruire le camp de Jénine

  • Le camp de Jénine est une «icône de la résistance, de la lutte et du défi», a déclaré Mahmoud Abbas dans un bref discours, acclamé par une foule de partisans
  • Les 3 et 4 juillet, la ville de Jénine et le camp de réfugiés voisin ont été le théâtre d'une opération de 48 heures, la plus importante menée depuis des années par Israël en Cisjordanie, territoire sous occupation israélienne depuis 1967

JENINE: Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a promis mercredi de reconstruire le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, visé début juillet par une opération militaire israélienne meurtrière, lors de sa première visite dans la région depuis plus de dix ans.

Le camp de Jénine est une "icône de la résistance, de la lutte et du défi", a déclaré Mahmoud Abbas dans un bref discours, acclamé par une foule de partisans.

Les 3 et 4 juillet, la ville de Jénine et le camp de réfugiés voisin ont été le théâtre d'une opération de 48 heures, la plus importante menée depuis des années par Israël en Cisjordanie, territoire sous occupation israélienne depuis 1967.

Douze Palestiniens et un soldat israélien ont été tués lors de ce raid qui a mobilisé des centaines de soldats, des drones et des bulldozers de l'armée israélienne, endommageant des dizaines de maisons, d'écoles et de rues.

"Notre Etat restera uni (...) et nous affronterons quiconque portera atteinte à son unité et à sa sécurité", a ajouté le président palestinien.

"Nous travaillons à présent à une reconstruction immédiate, pour ramener le pays à ce qu'il était, voire mieux", a-t-il dit avant de conclure sa visite.

Plusieurs pays arabes ont annoncé une aide pour le camp de Jénine, après l'opération israélienne dans cette région du nord de la Cisjordanie théoriquement sous le contrôle de l'Autorité palestinienne.

Sa visite "est un message fort et important" qui signifie "qu'il se tient aux côtés du peuple palestinien dans sa résistance à l'occupation (Israël)", a affirmé à l'AFP Abu Rumaila, secrétaire général du Fatah, le parti de Mahmoud Abbas, dans le camp.

Impact limité

La dernière visite de M. Abbas dans le camp de réfugiés remonte à décembre 2004, alors qu'il était candidat à l'élection présidentielle palestinienne après le décès de Yasser Arafat.

M. Abbas s'est aussi rendu dans la ville de Jénine en 2012, mais sans visiter le camp qui a progressivement échappé au contrôle des forces de sécurité de l'Autorité palestinienne au profit de groupes armés locaux.

Des centaines de soldats de la garde présidentielle patrouillaient mercredi dans les rues du camp et des snipers avaient pris position sur les toits avant l'arrivée du président palestinien, a constaté un journaliste de l'AFP.

Mahmoud Abbas a profité de sa visite pour lancer une menace voilée contre les groupes armés qui "sapent" la sécurité palestinienne.

"Il n'y a qu'une seule autorité et une seule sécurité, celui qui cherche à saper son pouvoir et son unité en subira les conséquences", a-t-il affirmé.

Un résident du camp de réfugiés, Alaa Washahi, 27 ans, qui s'est exprimé après le départ de M. Abbas, a pris la défense du groupe armé des Brigades de Jénine, estimant qu'elles sont "notre fierté et notre gloire". "Leur présence fait partie de notre existence", a-t-il ajouté.

Pour Hugh Lovatt, chercheur au Conseil européen des relations internationales, cette visite vise à "montrer que l'Autorité palestinienne contrôle Jénine".

Mais elle aura un impact limité, "étant donné la crise de légitimité croissante à laquelle elle est confrontée et l'essor des groupes armés palestiniens", prédit-il.

Durant le raid israélien, les infrastructures du camp ont été gravement endommagées: huit kilomètres de canalisations d'eau et trois kilomètres d'égouts ont été détruits, selon les Nations unies.

Plus de 100 maisons ont été endommagées et un certain nombre d'écoles ont subi des dégâts légers.

Le camp de Jénine, où vivent environ 18 000 Palestiniens sur une superficie de 0,43 km2, selon l'Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), est l'un des plus pauvres et des plus densément peuplés de Cisjordanie.

Il avait été fondé en 1953 pour accueillir une partie des 760 000 Palestiniens qui ont fui ou ont été chassés de chez eux au moment de la création de l'Etat d'Israël en 1948.

Avec le temps, les tentes ont été remplacées par des maisons et le lieu ressemble maintenant à un quartier de la ville de Jénine.

Il est devenu le symbole de la lutte palestinienne contre Israël, qui le considère comme "une plaque tournante du terrorisme".

L'armée israélienne mène régulièrement des raids dans le nord de la Cisjordanie, bastion de groupes armés palestiniens. Cette région a connu une récente vague d'attaques contre des Israéliens, ainsi que des violences anti-palestiniennes de la part de colons juifs.


L'Arabie saoudite condamne les actions d'Israël à Gaza devant la CIJ

 Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
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  • Tel-Aviv "continue d'ignorer" les décisions de la Cour internationale de justice, déclare le représentant du Royaume
  • M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

DUBAI : L'Arabie saoudite a condamné mardi devant la Cour internationale de justice la campagne militaire israélienne en cours à Gaza, l'accusant de défier les décisions internationales et de commettre de graves violations des droits de l'homme.

S'exprimant devant la Cour, le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, a déclaré qu'Israël "continue d'ignorer les ordres de la Cour" et a insisté sur le fait que "rien ne justifie les violations commises par Israël à Gaza".

M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

Ses remarques ont été formulées au deuxième jour des audiences de la CIJ sur les obligations humanitaires d'Israël à l'égard des Palestiniens, qui se déroulent dans le cadre d'un blocus israélien total de l'aide à la bande de Gaza, qui dure depuis plus de 50 jours.

Ces audiences s'inscrivent dans le cadre d'efforts plus larges visant à déterminer si Israël a respecté les responsabilités juridiques internationales dans sa conduite lors de la guerre contre Gaza.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Syrie: neuf morts dans des affrontements entre forces de sécurité et combattants druzes près de Damas

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
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  • Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité "
  • "La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué

DAMAS: Neuf personnes ont été tuées dans des affrontements entre les forces de sécurité syriennes et des combattants de la minorité druze à Jaramana, dans la banlieue de Damas, sur fond de tension confessionnelle, selon un nouveau bilan mardi d'une ONG.

Ces violences interviennent un mois après des massacres qui ont visé la minorité alaouite, faisant des centaines de morts, dans le pays où la coalition islamiste qui a pris le pouvoir en décembre est scrutée par la communauté internationale.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), "les forces de sécurité ont lancé un assaut" contre la banlieue à majorité druze de Jaramana, après la publication sur les réseaux sociaux d'un message vocal attribué à un druze et jugé blasphématoire envers l'islam.

L'OSDH, basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un solide réseau de sources en Syrie, a précisé que six combattants locaux de Jaramana et trois "assaillants" avaient été tués.

Plusieurs habitants de Jaramana joints au téléphone par l'AFP ont indiqué avoir entendu des échanges de tirs dans la nuit.

"Nous ne savons pas ce qui se passe, nous avons peur que Jaramana devienne un théâtre de guerre", a affirmé Riham Waqaf, une employée d'une ONG terrée à la maison avec son mari et ses enfants.

"On devait emmener ma mère à l'hôpital pour un traitement, mais nous n'avons pas pu" sortir, a ajouté cette femme de 33 ans.

Des combattants locaux se sont déployés dans les rues et aux entrées de la localité, demandant aux habitants de rester chez eux, a dit à l'AFP l'un de ces hommes armés, Jamal, qui n'a pas donné son nom de famille.

"Jaramana n'a rien connu de tel depuis des années". La ville est d'habitude bondée, mais elle est morte aujourd'hui, tout le monde est à la maison", a-t-il ajouté.

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants.

 "Respecter l'ordre public" 

Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité de ce qui s'est produit et de toute aggravation de la situation".

"La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué.

Il a dénoncé dans le même temps "toute atteinte au prophète Mahomet" et assuré que le message vocal était fabriqué "pour provoquer la sédition".

Le ministère de l'Intérieur a souligné mardi "l'importance de respecter l'ordre public et de ne pas se laisser entraîner dans des actions qui perturberaient l'ordre public".

Il a ajouté qu'il enquêtait sur le message "blasphématoire à l'égard du prophète" Mahomet pour identifier l'auteur et le traduire en justice.

Les druzes, une minorité ésotérique issue de l'islam, sont répartis notamment entre le Liban, la Syrie et Israël.

Dès la chute du pouvoir de Bachar al-Assad le 8 décembre en Syrie, après plus de 13 ans de guerre civile, Israël multiplié les gestes d'ouverture envers cette communauté.

Début mars, à la suite d'escarmouches à Jaramana, Israël avait menacé d'une intervention militaire si les nouvelles autorités syriennes s'en prenaient aux druzes.

Ces propos ont été immédiatement rejetés par les dignitaires druzes, qui ont réaffirmé leur attachement à l'unité de la Syrie. Leurs représentants sont en négociation avec le pouvoir central à Damas pour parvenir à un accord qui permettrait l'intégration de leurs groupes armés dans la future armée nationale.

Depuis que la coalition islamiste dirigée par Ahmad al-Chareh, qui a été proclamé président intérimaire, a pris le pouvoir, la communauté internationale multiplie les appels à protéger les minorités.

Début mars, les régions du littoral dans l'ouest de la Syrie ont été le théâtre de massacres qui ont fait plus de 1.700 tués civils, en grande majorité des alaouites, selon l'OSDH.


Gaza 2025: 15 journalistes tués, selon le Syndicat des journalistes palestiniens

 Les violences contre les journalistes interviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. (AFP)
Les violences contre les journalistes interviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. (AFP)
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  • Le dernier rapport du syndicat fait état d'une augmentation des arrestations, des menaces et du harcèlement des journalistes par les Israéliens
  • Le syndicat a également enregistré 49 menaces de mort proférées à l'encontre de journalistes

LONDRES: Au moins 15 professionnels des médias ont été tués à Gaza depuis le début de l'année 2025, selon un nouveau rapport publié par le Syndicat des journalistes palestiniens.

Le rapport, publié ce week-end par le comité des libertés du syndicat chargé de surveiller les violations commises par Israël à l’encontre des journalistes, souligne la persistance du ciblage direct des professionnels des médias.

Sept journalistes ont été tués en janvier et huit en mars, selon le rapport.

Par ailleurs, les familles de 17 journalistes ont été endeuillées, tandis que les habitations de 12 autres ont été détruites par des tirs de roquettes et d’obus. De plus, 11 personnes ont été blessées au cours de ces attaques.

Le rapport note que la violence à l'encontre des équipes de journalistes ne se limite pas aux attaques mortelles. Il fait état de l'arrestation de 15 journalistes, à leur domicile ou alors qu'ils étaient en mission. Certains ont été libérés quelques heures ou quelques jours plus tard, tandis que d'autres sont toujours en détention.

Le syndicat a également enregistré 49 menaces de mort proférées à l'encontre de journalistes, dont beaucoup ont été avertis d'évacuer les zones qu'ils couvraient.

Le rapport relève également une intensification du harcèlement judiciaire, avec plus d’une dizaine de cas où des journalistes – en majorité issus du quotidien Al-Quds, basé en Cisjordanie – ont été convoqués pour interrogatoire et se sont vu interdire de couvrir des événements aux abords de la mosquée Al-Aqsa et dans la vieille ville de Jérusalem.

En Cisjordanie occupée, environ 117 journalistes ont été victimes d'agressions physiques, de répression ou d'interdictions de reportage, en particulier à Jénine et à Jérusalem. La commission a également recensé 16 cas de confiscation ou de destruction de matériel de travail.

Les violences à l'encontre des journalistes surviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. Les forces israéliennes ont intensifié leur offensive, coupant les approvisionnements vitaux des 2,3 millions d'habitants de Gaza, laissant l'enclave au bord de la famine.

Les actions d'Israël font désormais l'objet d'audiences à la Cour internationale de justice de La Haye, où Tel-Aviv est accusé de violer le droit international en restreignant l'aide humanitaire à Gaza.

Le bilan humanitaire est catastrophique.

Selon le ministère de la santé de Gaza, plus de 61 700 personnes ont été tuées à Gaza depuis qu'Israël a lancé son offensive le 7 octobre 2023. Plus de 14 000 autres sont portées disparues et présumées mortes, les civils constituant la grande majorité des victimes.

Le Comité pour la protection des journalistes, organisme de surveillance de la liberté de la presse basé à Washington, a également lancé un signal d’alarme face au nombre élevé de journalistes tués, indiquant qu’au moins 176 d’entre eux – en grande majorité des Palestiniens – ont perdu la vie depuis le début de l’offensive israélienne sur les territoires occupés.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com