Cent jours: Jean-Louis Debré préconise une dissolution ou un référendum

L'ancien président de l'Assemblée et du Conseil constitutionnel Jean-Louis Debré (Photo, Twitter).
L'ancien président de l'Assemblée et du Conseil constitutionnel Jean-Louis Debré (Photo, Twitter).
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Publié le Dimanche 16 juillet 2023

Cent jours: Jean-Louis Debré préconise une dissolution ou un référendum

  • Il se montre en revanche bien plus dubitatif à propos d'une nouvelle loi sur l'immigration
  • Selon M. Debré, Emmanuel Macron «s'est enfermé dans ce slogan des cent jours, promettant un apaisement du pays»

PARIS: L'ancien président de l'Assemblée et du Conseil constitutionnel Jean-Louis Debré préconise une "dissolution ou référendum" afin de "sortir de l'impasse politique actuelle", dans un entretien au Parisien publié samedi.

"Pour sortir de l’impasse politique actuelle, je pense que le retour au souverain, c’est-à-dire au peuple, s’impose", assure l'ancien ministre de l'Intérieur de Jacques Chirac (1995-97).

"Dissolution ou référendum, c’est un choix du président", poursuit-il, rappelant que le général de Gaulle avait "réglé la crise de 1968 par un retour devant le peuple souverain", avec une dissolution de l'Assemblée nationale qui lui était pourtant favorable.

"Vous ne pouvez pas passer des textes aussi importants que la réforme des retraites sans avoir une consultation populaire", insiste encore l'ancien titulaire du Perchoir de 2002 à 2007. Faute de majorité absolue à l'Assemblée, l'exécutif avait fait adopter le texte en recourant à l'article 49-3, qui permet d'échapper au vote.

Selon M. Debré, Emmanuel Macron "s'est enfermé dans ce slogan des cent jours, promettant un apaisement du pays".

"Or, force est de constater que ces cent jours", décrétés le 17 avril et dont l'échéance était fixée au 14 juillet, "n’ont pas été à la hauteur de l’espérance présidentielle", estime celui qui déplore la "disparition du sentiment national".

"Il faut retrouver une volonté politique", plaide l'ex président du Conseil constitutionnel (2007-2016), en ironisant sur l'effet que pourrait produire un remaniement.

"Les Français n’ont rien à fiche des changements de ministres. D’ailleurs, on n’en connaît que quatre ou cinq", fait-il valoir.

M. Debré appelle à des "mesures fortes aux effets immédiats" sur "le problème fondamental du pouvoir d’achat", et "ensuite, s’occuper de réformer l’école, la justice, mais sans partir dans toutes les directions".

Il se montre en revanche bien plus dubitatif à propos d'une nouvelle loi sur l'immigration, relevant que"le texte qui serait proposé serait le 21e depuis 1981, avec les mêmes objectifs". "Nous avons tous les moyens juridiques pour lutter contre l’immigration illégale", souligne-t-il.


La reconnaissance de la Palestine, révélateur des fractures politiques françaises

Vue du siège des Nations unies à New York le 17 septembre 2025. (AFP)
Vue du siège des Nations unies à New York le 17 septembre 2025. (AFP)
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  • La décision de Macron de reconnaître l’État palestinien ravive le clivage gauche-droite en France
  • Le camp présidentiel reste divisé et silencieux, redoutant les réactions de l’électorat juif

PARIS: La reconnaissance de la Palestine voulue par Emmanuel Macron est un révélateur des fractures et recompositions politiques en France, avec un RN et des LR alignés sur Israël, un camp présidentiel embarrassé et une gauche qui soutient cette décision après s'être déchirée depuis les attentats du 7-Octobre.

Lorsque le chef de l'Etat a annoncé sa décision fin juillet, les réactions furent vives à droite et à gauche.

"Reconnaître aujourd'hui un État palestinien, c'est reconnaître un État Hamas et donc un État terroriste", avait martelé Marine Le Pen (RN). "Le président de la République se retrouve félicité par le Hamas", avait renchéri Laurent Wauquiez (LR). A gauche, Jean-Luc Mélenchon (LFI) s'était réjoui d'une "victoire morale" tout comme Olivier Faure (PS) qui avait salué "une avancée fondamentale".

"Sur cette question, le clivage gauche/droite est réactivé", constate le sondeur Frédéric Dabi (Ifop).

A gauche, le politologue Vincent Martigny constate que la reconnaissance de la Palestine "masque au moins temporairement les mois d'oppositions virulentes" consécutives au refus de LFI de qualifier de terroristes les massacres du 7-Octobre.

"Il y a eu un véritable divorce à gauche, une fracture sur les valeurs, notamment sur les accusations d'antisémitisme à l'encontre de Jean-Luc Mélenchon", rappelle-t-il.

Effaçant le Parti communiste, historiquement en pointe dans la défense des droits des Palestiniens, les Insoumis ont repris le flambeau de cette "gauche tiers-mondiste, en solidarité instinctive avec la cause palestinienne qui représente son paradigme de l'injustice", selon M. Martigny.

"LFI en a fait une stratégie lors de la campagne des Européennes où c'était +tout Gaza+ avec la Franco-palestienne Rima Hassan comme égérie", rappelle M. Dabi. "C'est un moyen de mobilisation de sa base, des jeunes qui sont les plus acquis à la cause palestinienne, des Français de confession musulmane, des habitants des quartiers populaires", souligne-t-il.

Ces clivages à gauche se sont atténués ces derniers mois du fait de la tournure de la guerre à Gaza qui a conduit fin mai le Premier secrétaire du PS Olivier Faure à reprendre pour la première fois le mot "génocide" utilisé très tôt par les Insoumis.

Mais le PS, qui historiquement recueillait une large part des voix de la communauté juive avant que celle-ci ne commence à se droitiser sous Nicolas Sarkozy, marche toujours sur des oeufs en interne quand il s'agit d'Israël. Comme l'a encore montré la dernière polémique autour de la proposition d'Olivier Faure de pavoiser les mairies de drapeaux palestiniens le 22 septembre.

- "Basculement" de la droite -

Pour M. Martigny, "l'évolution la plus frappante" de ces dernières années reste cependant le "basculement de la droite", plutôt pro-arabe de De Gaulle à Chirac et aujourd'hui "alignée" sur Israël. Un positionnement partagé avec le RN, devenu premier défenseur du gouvernement Netanyahu et désireux de faire oublier le passé antisémite de l'extrême droite française.

"C'est le courant +occidentaliste+ qui fait d'Israël l'avant-pont des démocraties engagées contre l'islamisme politique incarné par le Hamas. La lutte du gouvernement israélien répond à leur propre obsession contre les islamistes", résume M. Martigny.

De fait, après bientôt deux ans de guerre, les responsables LR et RN continuent de justifier toutes les actions d'Israël, même les plus meurtrières, au nom de son "droit à la sécurité".

Officiellement, LR et RN restent favorables à la création un jour d'un Etat palestinien - après notamment la libération des otages et la reddition du Hamas. Mais ils ne critiquent pas M. Netanyahu quand il répète "qu'il n'y aura pas d'Etat palestinien" ou fait en sorte que cela devienne sur le terrain impossible.

Ce rejet d'une reconnaissance aujourd'hui de l'Etat palestinien est partagé plus discrètement par une partie du camp présidentiel (chez Renaissance ou Horizons) resté "dubitatif" depuis l'annonce du chef de l'Etat, selon un cadre macroniste.

"La reconnaissance de l'Etat palestinien est perçue par une grande partie de la communauté juive comme une provocation. Et Renaissance est très structuré par la solidarité sans faille avec les Juifs de France", souligne M. Martigny.

"Il y a un grand silence. Vous avez entendu Gabriel Attal ou Edouard Philippe ?", remarque M. Dabi selon qui cet embarras est renforcé par "la godille" d'Emmanuel Macron qui "pose des conditions à la reconnaissance au printemps puis les lève à l'été".


France: les tours de Notre-Dame de Paris de nouveau accessibles dès samedi

Le président français Emmanuel Macron (R) et le président de l'établissement public 'Rebatir Notre-Dame de Paris' Philippe Jost assistent à une visite du nouveau parcours de visite des tours de la cathédrale, le 19 septembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron (R) et le président de l'établissement public 'Rebatir Notre-Dame de Paris' Philippe Jost assistent à une visite du nouveau parcours de visite des tours de la cathédrale, le 19 septembre 2025. (AFP)
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  • Les tours de Notre-Dame, entièrement restaurées après l’incendie de 2019, rouvrent dès samedi avec un nouveau parcours immersif culminant à 69 mètres
  • L’accès est limité à 400.000 visiteurs par an, sur réservation en ligne, pour une visite de 45 minutes mêlant patrimoine, technique et panorama exceptionnel

PARIS: A partir de samedi, il sera de nouveau possible de monter au sommet des tours de Notre-Dame de Paris, totalement restaurées après l'incendie ayant ravagé la cathédrale en 2019.

Le président français Emmanuel Macron est monté vendredi matin sur le toit du monument pour célébrer cette réouverture, à l'occasion des Journées du patrimoine ce week-end, et remercier une fois de plus les acteurs qui ont permis la restauration.

Pourquoi visiter les tours?

Il faut gravir 424 marches mais l'effort est récompensé: les toits de Notre-Dame offrent l'une des plus belles vues, à 360 degrés, sur Paris.

Suspendu après l'incendie du 15 avril 2019, le parcours de la visite des tours a été totalement réorganisé et repensé pour en faire "une expérience inspirante", selon Marie Lavandier, présidente du Centre des monuments nationaux (CMN).

Le circuit, de 45 minutes environ, débute par la tour sud avec une montée dans le beffroi, auparavant invisible, grâce à la construction d'un grand escalier à double révolution en chêne massif.

Le visiteur accède ensuite aux terrasses qui culminent à 69 mètres, puis découvre les deux principales cloches de la cathédrale, dont l'une est nommée "Emmanuel", d'un poids supérieur à 13 tonnes, qui ne sonnent que pour les grands évènements.

Le parcours passe ensuite par la Cour des citernes, qui sépare les deux tours et permet de jeter un œil à la "forêt", la charpente reconstruite après avoir été dévastée par les flammes. La descente se fait par la tour nord.

Comment les visiter?

C'est moins facile que la cathédrale puisqu'une jauge a été fixée à 400.000 visiteurs par an, alors qu'environ 30.000 personnes entrent chaque jour dans le bâtiment gothique.

Il faut acheter en ligne un billet sur le site http://www.tours-notre-dame-de-Paris.fr. et 19 personnes au maximum peuvent entrer en même temps. Une bonne condition physique est requise.

Les billets pour les deux jours des Journées du Patrimoine se sont arrachés en 24 minutes, selon le CMN.

Si la visite de la cathédrale est gratuite, celle des tours coûte 16 euros.

Quels travaux ont été menés?

La priorité a été la tour nord puisque les flammes avaient commencé à attaquer son beffroi. "Les pompiers ont été héroïques pour le sauver", rappelle Philippe Jost, président de l'établissement chargé de la restauration de la cathédrale.

Il a donc fallu remplacer les poutres calcinées et décrocher les huit cloches pour les inspecter dans une fonderie de la Manche (nord). Avec un exploit technique à la clé: le soulèvement par vérin des 150 tonnes du beffroi.

Épargnée par l'incendie, la tour sud a été restaurée car des poutres étaient vermoulues. La couverture en plomb du toit a été changée.

Des équipements importants ont été installés pour faciliter les visites et renforcer la sécurité, notamment contre les incendies.

Les travaux des tours ont été financés dans le cadre de la phase 2 du chantier, celle de la restauration, d'un montant de 552 millions d'euros selon la Cour des Comptes.

Que reste-t-il à faire dans Notre-Dame?

L'essentiel a été fait, avec l'ouverture de la cathédrale le 8 décembre 2024 puis celle des tours.

"Notre ambition est désormais d'aller au bout de la restauration complète", souligne Philippe Jost. Les prochains travaux visent à rénover le chevet, à l'extrémité est de l'édifice, au-delà du chœur.


Drapeaux palestiniens sur les mairies le 22 septembre: l'Intérieur demande aux préfets de s'y opposer

Le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure avait appelé "à faire flotter" le drapeau palestinien sur les mairies le 22 septembre, jour de la reconnaissance par la France d'un Etat palestinien, qui sera officialisée à New York à l'assemblée générale des Nations unies par le président Emmanuel Macron. (AFP)
Le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure avait appelé "à faire flotter" le drapeau palestinien sur les mairies le 22 septembre, jour de la reconnaissance par la France d'un Etat palestinien, qui sera officialisée à New York à l'assemblée générale des Nations unies par le président Emmanuel Macron. (AFP)
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  • Les maires des villes de Nantes et Saint-Denis, notamment, ont déjà annoncé vouloir afficher le drapeau palestinien sur leur fronton
  • La note de l'Intérieur insiste également sur "les risques d'importation sur le territoire national d'un conflit international en cours" ainsi que "sur les troubles graves à l'ordre public identifiés localement"

PARIS: Le ministère de l'Intérieur a demandé aux préfets de s'opposer à la pose de drapeaux palestiniens sur des mairies et autres édifices publics lundi, jour de reconnaissance par la France d'un Etat de Palestine, dans un télégramme consulté vendredi par l'AFP.

"Le principe de neutralité du service public interdit de tels pavoisements", indique la place Beauvau, demandant aux préfets de saisir la justice administrative contre les décisions des maires qui ne renonceraient pas à pavoiser leur hôtel de ville aux couleurs palestiniennes.

Le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure avait appelé "à faire flotter" le drapeau palestinien sur les mairies le 22 septembre, jour de la reconnaissance par la France d'un Etat palestinien, qui sera officialisée à New York à l'assemblée générale des Nations unies par le président Emmanuel Macron.

Cette date correspond aussi cette année à Roch Hachana, le Nouvel an juif.

Les maires des villes de Nantes et Saint-Denis, notamment, ont déjà annoncé vouloir afficher le drapeau palestinien sur leur fronton. Or, selon le télégramme signé par le secrétaire général du ministère de l'Intérieur Hugues Moutouh, "un tel pavoisement constitue une prise de parti dans un conflit international" et "une ingérence contraire à la loi".

La note de l'Intérieur insiste également sur "les risques d'importation sur le territoire national d'un conflit international en cours" ainsi que "sur les troubles graves à l'ordre public identifiés localement".

"Il vous convient donc", détaille le télégramme, "de demander aux maires qui procèderaient à un tel pavoisement de leurs bâtiments publics de le faire cesser et, en cas de refus ou de non-exécution, de déférer à la juridiction administrative" la décision des édiles qui maintiendraient des drapeaux étrangers sur des édifices publics.

"Un ministre démissionnaire devrait gérer les affaires courantes, pas chercher à s'opposer symboliquement à la décision prise par le président de la République de reconnaître un État palestinien", a répondu Olivier Faure sur le réseau social X vendredi.

Le patron du PS a également relevé que "les préfets n'ont pas de pouvoir propre d'interdiction à la différence des manifestations", et que "la justice tranchera au besoin".