Attentats de janvier 2015: la défense foudroie les «gouffres» de l'accusation

«Ce qui est terrifiant, c'est qu'on n'apporte aucune preuve et qu'on demande dix-sept ans», lance Me Pugliesi, d'un air hautain (Photo,AFP)
«Ce qui est terrifiant, c'est qu'on n'apporte aucune preuve et qu'on demande dix-sept ans», lance Me Pugliesi, d'un air hautain (Photo,AFP)
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Publié le Samedi 12 décembre 2020

Attentats de janvier 2015: la défense foudroie les «gouffres» de l'accusation

  • Le parquet a requis des peines allant de 5 ans d'emprisonnement à la réclusion criminelle à perpétuité
  • La défense a tenté de démonter la thèse selon laquelle son client connaissait les projets terroristes du tueur de l'Hyper Cacher

PARIS: «Ce ne sont même pas des zones d'ombre, ce sont des gouffres!» Au procès des attentats de janvier 2015, la défense a attaqué vendredi un dossier d'accusation bâti, selon elle, sur des «hypothèses» et dépourvu de «la preuve».

«Vous avez entendu Madame l'avocate générale vous dire on vous regarde depuis le monde entier et l'intime conviction vous suffira». Devant la cour d'assises spéciale de Paris, qui juge depuis le 2 septembre 14 personnes accusées de soutien aux auteurs des attentats, Me Christian Saint-Palais «en tremble».

«Mais ce n'est pas ça le droit pénal !», s'écrie l'avocat qui, à la suite de ses confrères de la défense, exige «la preuve, la preuve, la preuve».

«Oui, la preuve ! Il faut garder cette vigilance jusqu'au bout», adjure le pénaliste, «saisi d'un vertige» devant «un appétit de condamnations», «un besoin de combler le vide», en l'absence des frères Saïd et Chérif Kouachi et d'Amedy Coulibaly, abattus par les forces de sécurité, de la cour qui juge les attaques jihadistes qui ont fait 17 morts et traumatisé la France.

Mardi, le parquet national antiterroriste a requis des peines allant de cinq ans d'emprisonnement à la réclusion criminelle à perpétuité à l'encontre des 14 accusés, «cheville ouvrière» et «base arrière» des attentats de Charlie Hebdo, Montrouge et l'Hyper Cacher.

Dix-sept ans de réclusion ont été réclamés contre Amar Ramdani, l'accusé que Me Saint-Palais défend. Cet ancien codétenu d'Amédy Coulibaly est soupçonné d'avoir aidé son «ami» à acquérir des armes en se rendant à six reprises dans la région lilloise avec Saïd Makhlouf, un cousin éloigné et son voisin dans le box des accusés, entre octobre et décembre 2014.

Broderie

Tout l'après-midi, Christian Saint-Palais et Daphné Pugliesi, l'autre avocate d'Amar Ramdani, ont tenté de démonter «la thèse» de l'accusation, selon laquelle leur client «connaissait l'idéologie jihadiste» et les projets terroristes du tueur de l'Hyper Cacher.

«Avez-vous un seul témoignage qui vous autorise à le mettre à l'extérieur de notre communauté nationale ? Vous n'en avez aucun», estime Me Saint-Palais. L'association de malfaiteurs terroriste criminelle - passible de vingt ans de prison – «ne peut être retenue que si on a la preuve que Ramdani a eu les confidences que (Coulibaly) passerait à l'acte», insiste-t-il.

Et de «preuve», il n'y en a pas, des «éléments à charge», il n'y en a pas, martèle à son tour Me Pugliesi, une pile de dossiers disposés devant elle.

Longuement, l'avocate décortique un à un les éléments de téléphonie, pointe des «incohérences» sur les voyages dans le Nord, fait valoir qu'aucune «trace papillaire» ne relie Amar Ramdani aux attentats. «Ce qui est terrifiant, c'est qu'on n'apporte aucune preuve et qu'on demande dix-sept ans», grince-t-elle.

Les avocats généraux avaient reconnu des «zones d'ombre» dans le dossier. Mais pour Me Pugliesi, «ce sont des gouffres», et Amar Ramdani doit être «acquitté».

«Le doute, c'est l'acquittement», plaide également l'avocate de Saïd Makhlouf, Me Zoé Royaux, qui dénonce un «dossier friable» et des réquisitions relevant de «l'exercice de broderie».

Ça sort d'où ?

«Sans en apporter la preuve, l'accusation soutient que M. Makhlouf connaissait Amédy Coulibaly. Mais ça sort d'où ça ?», s'énerve l'avocate, soutenant que son client l'avait vu deux fois sans lui parler.

De même, elle a essayé de battre en brèche un autre élément à charge: la découverte de son ADN sur la lanière d'un taser en possession du jihadiste dans l'épicerie casher.

L'hypothèse d'un «transfert d'ADN» n'a jamais été totalement écartée par les enquêteurs et cet ADN ne doit donc pas être retenu «comme une preuve», défend Zoé Royaux.

Estimant que Saïd Makhlouf avait «déployé beaucoup d'énergie à masquer ses relations avec Amédy Coulibaly» et qu'il avait «sciemment participé» à une association de malfaiteurs terroriste, le parquet antiterroriste avait réclamé treize ans de réclusion à l'encontre de cet ancien ambulancier.  

«Parce que le parquet n'est pas sûr de lui, il demande moins pour Saïd Makhlouf et je devrais m'en contenter. Non, je vous demande de rendre la justice, sereinement, sans trembler», lance Me Royaux avant de se rasseoir. 

Les plaidoiries de la défense s'achèvent lundi. Verdict attendu mercredi.


Paris : les envoyés spéciaux américain, saoudien et français réaffirment leur soutien aux forces armées libanaises

Paris a accueilli, le 18 décembre, une réunion de haut niveau consacrée au Liban, réunissant les envoyés spéciaux des États-Unis, de l’Arabie saoudite et de la France avec le commandant des Forces armées libanaises (FAL). (AFP)
Paris a accueilli, le 18 décembre, une réunion de haut niveau consacrée au Liban, réunissant les envoyés spéciaux des États-Unis, de l’Arabie saoudite et de la France avec le commandant des Forces armées libanaises (FAL). (AFP)
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  • Les envoyés spéciaux ont unanimement exprimé leur soutien aux Forces armées libanaises
  • Dans le prolongement de la cessation des hostilités entrée en vigueur le 26 novembre 2024 et en appui au plan « Bouclier de la Nation », les participants ont convenu de la création d’un groupe de travail tripartite

PARIS: Paris a accueilli, le 18 décembre, une réunion de haut niveau consacrée au Liban, réunissant les envoyés spéciaux des États-Unis, de l’Arabie saoudite et de la France avec le commandant des Forces armées libanaises (FAL). Cette rencontre s’inscrit dans le cadre des efforts internationaux visant à soutenir la stabilité du Liban et le renforcement de ses institutions sécuritaires.

Au cours de la réunion, le général Haykal a présenté aux trois envoyés l’état d’avancement de la mise en œuvre du plan « Bouclier de la Nation », une initiative destinée à renforcer les capacités opérationnelles des Forces armées libanaises et à consolider la sécurité nationale.

Les envoyés spéciaux ont unanimement exprimé leur soutien aux Forces armées libanaises, saluant leur engagement et les sacrifices consentis dans un contexte sécuritaire et économique particulièrement difficile. Ils ont réaffirmé l’importance du rôle central de l’armée libanaise dans la préservation de la stabilité du pays.

Dans le prolongement de la cessation des hostilités entrée en vigueur le 26 novembre 2024 et en appui au plan « Bouclier de la Nation », les participants ont convenu de la création d’un groupe de travail tripartite. Celui-ci sera chargé de préparer une conférence internationale de soutien aux Forces armées libanaises et aux Forces de sécurité intérieure, prévue pour février 2026.

Cette initiative vise à mobiliser un appui politique, financier et opérationnel accru en faveur des institutions sécuritaires libanaises, considérées par la communauté internationale comme un pilier essentiel de la stabilité du Liban et de la sécurité régionale.


L’ambassadeur d’Arabie saoudite en France célèbre la journée internationale de solidarité

Selon Fahd Al Ruwaily, la solidarité humaine et le dialogue constituent des piliers centraux de l’action du Royaume, tant sur le plan national qu’international. (Photo Arlette Khouri)
Selon Fahd Al Ruwaily, la solidarité humaine et le dialogue constituent des piliers centraux de l’action du Royaume, tant sur le plan national qu’international. (Photo Arlette Khouri)
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  • Instituée par l’Assemblée générale des Nations unies en 2006, cette journée vise à promouvoir l’unité dans la diversité, à sensibiliser l’opinion publique à l’importance de la solidarité
  • À Paris, cette journée a été marquée par une réception organisée à la résidence de l’ambassadeur d’Arabie saoudite en France, Fahd Al Ruwaily

PARIS: Célébrée chaque année le 20 décembre, la Journée internationale de la solidarité humaine rappelle une évidence, mise à l’épreuve par les crises contemporaines et pourtant toute simple : l’humanité partage un destin commun.

Instituée par l’Assemblée générale des Nations unies en 2006, cette journée vise à promouvoir l’unité dans la diversité, à sensibiliser l’opinion publique à l’importance de la solidarité et à encourager des actions concrètes en faveur de la lutte contre la pauvreté et des Objectifs de développement durable.

Dans la Déclaration du Millénaire adoptée en 2000, la solidarité est d’ailleurs consacrée comme l’une des valeurs fondamentales devant structurer les relations internationales au XXIᵉ siècle, aux côtés de la liberté, de l’égalité et de la justice sociale.

C’est dans ce cadre que l’ONU a mis en place le Fonds de solidarité mondial, destiné à soutenir les populations les plus vulnérables et à lutter contre l’extrême pauvreté.

La Journée internationale de la solidarité humaine sert donc de rappel annuel du fait que les engagements pris lors des grandes conférences internationales ne doivent pas rester de simples déclarations d’intention, mais se traduire par des politiques et des initiatives tangibles.

Une solidarité au cœur de l’action internationale

À Paris, cette journée a été marquée par une réception organisée à la résidence de l’ambassadeur d’Arabie saoudite en France, Fahd Al Ruwaily.

Devant un parterre de diplomates, de responsables religieux et de parlementaires, l’ambassadeur a souligné la portée universelle de cette date symbolique : « C’est une journée qui nous rappelle que notre humanité est partagée et que notre avenir est commun », a-t-il déclaré, inscrivant son propos dans un contexte international marqué par les conflits, les crises humanitaires et les inégalités croissantes.

Selon Fahd Al Ruwaily, la solidarité humaine et le dialogue constituent des piliers centraux de l’action du Royaume, tant sur le plan national qu’international.

Ces valeurs, a-t-il insisté, sont profondément enracinées dans la culture saoudienne, les principes de l’islam et la Vision 2030, feuille de route stratégique qui guide la transformation du pays.

Engagement humanitaire et dialogue interculturel

Sur le terrain humanitaire, l’Arabie saoudite déploie une aide « sans distinction d’origine ou de religion », notamment à travers le Centre Roi Salmane pour l’aide humanitaire et le secours, qui intervient dans de nombreux pays en fournissant une assistance alimentaire, des soins médicaux, une aide à l’éducation et des secours d’urgence lors de crises majeures.

À cet engagement s’ajoute l’action du Fonds saoudien pour le développement, qui finance plus de 700 projets dans 93 pays, contribuant au développement des infrastructures, de la santé et de l’éducation.

Le secteur privé et les fondations caritatives jouent également un rôle important, à l’image de la Fondation caritative du prince Sultan, active en Arabie saoudite, en France et dans de nombreux pays, notamment à travers un partenariat durable avec l’UNESCO.

Sur le plan du dialogue interculturel et interreligieux, l’ambassadeur a salué le rôle de la Ligue mondiale islamique, reconnue comme membre observateur du Conseil économique et social de l’ONU.

Depuis La Mecque, cette organisation œuvre à promouvoir les valeurs de tolérance de l’islam et à combattre l’extrémisme et le radicalisme. Son action s’inscrit dans une vision plus large de coexistence pacifique et de compréhension mutuelle entre les peuples.

Selon Fahd Al Ruwaily, le Fonds franco-saoudien pour le Liban, créé en 2022, illustre cette volonté commune d’agir concrètement pour soutenir des populations en détresse. De même, les efforts humanitaires du Royaume se déploient dans des zones de crise comme Gaza, la Syrie, l’Ukraine ou le Yémen.

En conclusion, Fahd Al Ruwaily a rappelé que, face aux défis mondiaux tels que les conflits armés, le terrorisme, les crises humanitaires, le changement climatique et les inégalités, la solidarité humaine n’est plus une option, mais une nécessité.

En cette Journée internationale de la solidarité humaine, son appel est clair : renouveler l’engagement collectif en faveur d’un monde plus juste, plus sûr et plus digne, où la coopération et le dialogue demeurent les meilleurs remparts contre les fractures contemporaines.


Enquête pour corruption et perquisitions chez la ministre de la Culture Rachida Dati

Des perquisitions ont été menées jeudi au domicile de la ministre française de la Culture Rachida Dati, ainsi qu'à la mairie de l'arrondissement de Paris qu'elle dirige, dans le cadre d'une enquête pour corruption, selon une source proche du dossier à l'AFP. (AFP)
Des perquisitions ont été menées jeudi au domicile de la ministre française de la Culture Rachida Dati, ainsi qu'à la mairie de l'arrondissement de Paris qu'elle dirige, dans le cadre d'une enquête pour corruption, selon une source proche du dossier à l'AFP. (AFP)
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  • L'enquête est ouverte "notamment des chefs de corruption active et passive, trafic d'influence, détournement de fonds publics, recel et blanchiment de ces délits en lien avec l'exercice du mandat de parlementaire européen de Madame Rachida Dati"
  • Il y est fait mention jeudi d'"opérations de perquisition visant divers lieux, dont notamment la mairie du 7e arrondissement de Paris et le ministère de la Culture, ainsi que des domiciles"

PARIS: Des perquisitions ont été menées jeudi au domicile de la ministre française de la Culture Rachida Dati, ainsi qu'à la mairie de l'arrondissement de Paris qu'elle dirige, dans le cadre d'une enquête pour corruption, selon une source proche du dossier à l'AFP.

La ministre, par ailleurs candidate à la mairie de Paris, est soupçonnée d'avoir perçu 299.000 euros d'honoraires du groupe industriel français GDF Suez quand elle était députée européenne, sans en déclarer la provenance au Parlement européen.

L'enquête est ouverte "notamment des chefs de corruption active et passive, trafic d'influence, détournement de fonds publics, recel et blanchiment de ces délits en lien avec l'exercice du mandat de parlementaire européen de Madame Rachida Dati", a écrit le procureur de la République financier, Jean-François Bohnert, dans un communiqué.

Il y est fait mention jeudi d'"opérations de perquisition visant divers lieux, dont notamment la mairie du 7e arrondissement de Paris et le ministère de la Culture, ainsi que des domiciles".

Ces perquisitions s'inscrivent dans le cadre d'une enquête ouverte le 14 octobre et confiée à deux juges d'instruction du tribunal judiciaire de Paris, toujours selon ce communiqué, confirmant des informations de presse.

Tout est parti d'une enquête préliminaire conduite depuis le 16 avril "sur la base, notamment, d'un signalement Tracfin (renseignement financier, ndlr) reçu par le PNF (Parquet national financier)", explique Jean-François Bohnert.

Me Olivier Pardo, un des avocats de Mme Dati, sondé par l'AFP, s'est refusé à tout commentaire. Ses autres conseils Ses autres conseils n'ont pas donné suite.

Selon une enquête diffusée début juin sur la chaîne de télévision publique France 2, les fonds du géant français de l'énergie avaient transité par un cabinet d'avocats, STC Partners, avant d'être rebasculés sur les comptes de Mme Dati en 2010 et 2011. D'après Complément d'enquête, l'origine de ces revenus n'a pas été déclarée au Parlement européen comme cela est requis pour éviter les conflits d'intérêt.

La candidate à la mairie de Paris avait qualifié sur les radio Europe 1 et télévision CNews ces accusations de "diffamatoires", assurant que les documents évoqués dans cette émission ont déjà "été examinés par la justice" dans le cadre des investigations sur l'affaire Carlos Ghosn.

Car Mme Dati est déjà renvoyée devant le tribunal correctionnel dans un autre dossier, pour corruption et trafic d'influence, dans lequel elle devra comparaître aux côtés de l'ancien tout-puissant patron de Renault-Nissan, Carlos Ghosn.