Normalisation Maroc-Israël: la pâtisserie kasher de Casablanca en effervescence

Un juif marocain (à droite) remplit des sacs de pâtisseries pour servir les clients de la boulangerie casher "Madame Fhal" dans la ville portuaire de Casablanca, à l'ouest du Maroc, le 11 décembre 2020. Après les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Soudan, le Maroc est le quatrième pays arabe depuis le mois d'août à s'engager à établir des relations diplomatiques avec Israël. (FADEL SENNA / AFP)
Un juif marocain (à droite) remplit des sacs de pâtisseries pour servir les clients de la boulangerie casher "Madame Fhal" dans la ville portuaire de Casablanca, à l'ouest du Maroc, le 11 décembre 2020. Après les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Soudan, le Maroc est le quatrième pays arabe depuis le mois d'août à s'engager à établir des relations diplomatiques avec Israël. (FADEL SENNA / AFP)
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Publié le Samedi 12 décembre 2020

Normalisation Maroc-Israël: la pâtisserie kasher de Casablanca en effervescence

  • C'est l'effervescence dans la boulangerie "Madame Fhal", célèbre à Casablanca pour ses pâtisseries kasher, et la récente annonce de la normalisation des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël anime les discussions
  • "Tout le monde en parle, que ce soit nos clients juifs, qui représentent la moitié de notre clientèle, ou musulmans", affirme Kevin Fhal, 36 ans, petit-fils de la fondatrice de cette institution

C'est l'effervescence dans la boulangerie "Madame Fhal", célèbre à Casablanca pour ses pâtisseries kasher, et la récente annonce de la normalisation des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël anime les discussions.

"Tout le monde en parle, que ce soit nos clients juifs, qui représentent la moitié de notre clientèle, ou musulmans", affirme Kevin Fhal, 36 ans, petit-fils de la fondatrice de cette institution, en plein rush du vendredi.

"Depuis la normalisation (avec Israël) annoncée par les Emirats arabes unis et le Bahreïn, c’était obligé qu’on soit sur la liste. Et finalement, c’est venu plutôt que prévu", constate le commerçant qui attend avec impatience l'ouverture des liaisons aériennes directes vers Israël prévues par l'accord officialisé jeudi. 

Après l’annonce, "toute la communauté juive du Maroc était en joie. C’est un geste très fort et très courageux de la part du roi Mohammed VI", lance une cliente quadragénaire venue chercher quelques Hallah, pain consommé durant le shabbat. 

Cette Casablancaise qui préfère ne pas donner son nom estime que la décision "aura un impact positif sur les Marocains en général, pas que sur les juifs". Mais elle s'inquiète depuis qu'elle a "fait un tour sur les réseaux sociaux" où les commentaires de certains, "probablement musulmans", l'ont "refroidie".

"J’ai peur que des manifestations éclatent, qu'un clivage se crée entre les communautés, que les malentendus prennent le pas", confie-t-elle.

"Respect" 

"Nous avons des relations très cordiales depuis fort longtemps. On n’a jamais eu de problèmes. On travaille ensemble dans le plus grand respect", tempère une des employées de la boulangerie, âgée d'une soixantaine d'années.

À la charcuterie "Amsellem", une autre institution culinaire du centre de Casablanca, dans le quartier qui abrite les derniers commerces juifs, le patron se dit lui aussi "très heureux" de l'évolution des relations entre son pays et Israël.

Jacques Bitton "n’arrête pas de recevoir des appels de Marocains, juifs et musulmans, tous satisfaits de cette décision". "J’ai de la famille en Israël, un cousin germain est dans le gouvernement. J’ai parlé avec lui, il était fou de joie", dit ce sexagénaire.

En Israël, les quelques 700.000 juifs d'origine marocaine, ont souvent gardé des liens très forts avec le royaume, son dialecte darija, ses traditions culinaires et musicales. 

La plupart sont partis en famille au début des années 50, après la création de l'Etat hébreu. A l'époque, le Maroc accueillait la plus importante communauté juive d'Afrique du Nord, de 250.000 à 300.000 âmes, selon les estimations. Il en resterait moins de 3.000 aujourd'hui.

"Qu'on nous permette à nous, juifs qui somme nés là-bas ou à nos enfants et nos petits-enfants de retourner sur cette terre où nos ancêtres ont vécu plus de 2.000 ans, c'est immense, c'est un grand jour", commente Avraham Avizemer, joint par téléphone à Cesarée, une petite ville de la côte israélienne.

Originaire de Casablanca, ce septuagénaire entreprenant importe des produits marocains, propose des voyages organisés, écrit des livres sur les juifs marocains et a déjà visité "401 fois" son pays natal que sa famille a quitté quand il avait trois ans.

"Amour interdit" 

Lui aussi dit avoir "reçu plein de messages en arabe d'amis marocains qui disaient +mabrouk+" (félicitations) depuis l'annonce de l'accord de normalisation.

"Il va y avoir des vols directs, plus besoin de passer par Istanbul, Rome, Paris, Madrid ou Amsterdam pour aller au Maroc, on gagne du temps. Et aussi de l'argent", jubile-t-il.

Actuellement, entre 50.000 et 70.000 juifs d'origine marocaine, la plupart en provenance de l'Etat hébreu partent chaque année au Maroc, en visite touristique, en pélerinage ou pour des fêtes religieuses.

"Les relations entre le Maroc et Israël avaient lieu dans les coulisses. C’était une sorte d’amour interdit, officialisé aujourd’hui", estime Fanny Mergui, ancienne cheville ouvrière de la jeunesse sioniste dans les années 60. 

Cette juive marocaine qui se présente comme une "militante pour la paix israélo-palestinienne" regrette cependant que "les Palestiniens n’aient pas été impliqués dans ce processus". 


Imane Alaoui, auteure de «Flavors of Morocco Transcended», rejoint E& Beach Canteen pour un cours culinaire en direct ce dimanche

Imane Alaoui, auteure du livre de recettes « Flavors of Morocco Transcended » (fournie)
Imane Alaoui, auteure du livre de recettes « Flavors of Morocco Transcended » (fournie)
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  • Rejoignez Imane pour un cours de cuisine marocaine à la pittoresque cantine E& Beach, située sur la plage de Jumeirah à Dubaï
  • Imane Alaoui s'est donné pour mission de détruire le mythe selon lequel la cuisine marocaine est trop complexe

DUBAÏ : Imane Alaoui, auteure du livre de recettes « Flavors of Morocco Transcended », invite les aficionados de la cuisine à embarquer pour un voyage culinaire sans précédent.

Rejoignez Imane pour un cours de cuisine marocaine à la pittoresque cantine E& Beach, située sur la plage de Jumeirah à Dubaï.

Au cours de cette expérience immersive, les participants visiteront la cuisine marocaine, découvrant et savourant des recettes exquises adaptées aux palais et aux styles de vie modernes. Au cœur de l'événement se trouve le célèbre tajine marocain, pour s'adapter à l'emploi du temps trépidant des habitants de Dubaï.

Flavors of Morocco Trenscended par Imane Alaoui (fournie)
Flavors of Morocco Transcended par Imane Alaoui (fournie)

Imane Alaoui s'est donné pour mission de détruire le mythe selon lequel la cuisine marocaine est trop complexe, en veillant à ce qu'elle soit accessible à tous ceux qui ont une passion pour la cuisine et un amour pour les saveurs diverses. Grâce à ce cours culinaire, les participants acquerront des connaissances inestimables, des compétences pratiques et une nouvelle appréciation de la riche tapisserie de la gastronomie marocaine.

Pour vous lancer dans cette aventure culinaire, rendez-vous sur : www.breakbread.com/experiences .

À propos d'Imane Alaoui :

Passionnée de cuisine et par le partage de son héritage, Imane Alaoui est connue pour son approche innovante de la cuisine marocaine. Elle cherche à inspirer les autres pour embrasser la richesse et la diversité de la gastronomie marocaine.

À propos de « Flavors of Morocco Transcended » (Les saveurs du Maroc transcendées)

« Les saveurs du Maroc transcendées » est un livre de recettes qui réinvente les plats marocains traditionnels pour un public moderne. Le livre présente un mélange harmonieux de saveurs authentiques et de tournures contemporaines, invitant les lecteurs à un voyage culinaire captivant à travers le paysage culinaire vibrant du Maroc.

 


L'Arabie saoudite annonce la Semaine de la mode de la mer Rouge

Parmi les moments forts, notons la participation de cent marques saoudiennes, une initiative lancée par la Commission de la mode afin de soutenir et de promouvoir les talents locaux émergents. (Photo Arab News).
Parmi les moments forts, notons la participation de cent marques saoudiennes, une initiative lancée par la Commission de la mode afin de soutenir et de promouvoir les talents locaux émergents. (Photo Arab News).
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  • Organisé par la Commission saoudienne de la mode, cet événement mettra en vedette des créateurs locaux et internationaux
  • L’Arabie saoudite avait accueilli sa première semaine de la mode en 2023 à Riyad

DUBAÏ: Le Royaume s’apprête à accueillir la toute première Semaine de la mode de la mer Rouge. Prévu en bord de mer sur l'île d'Ummahat, cet événement glamour se déroulera du 16 au 18 mai au St. Regis Red Sea Resort. Organisé par la Commission saoudienne de la mode, cet événement mettra en vedette des créateurs locaux et internationaux. Son objectif est de célébrer la fusion entre l'esthétique traditionnelle saoudienne et le design contemporain de pointe.

Parmi les moments forts, notons la participation de cent marques saoudiennes, une initiative lancée par la Commission de la mode afin de soutenir et de promouvoir les talents locaux émergents.

Rappelons que l'Arabie saoudite avait accueilli sa première semaine de la mode en 2023 à Riyad. L'événement, qui s’était déroulé dans le quartier financier du roi Abdallah du 20 au 23 octobre, a jeté les bases de la nouvelle capitale de la mode au Moyen-Orient.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


La rappeuse afghane Sonita Alizada, voix des jeunes filles pour la liberté

Sonita Alizada elle-même a failli être vendue à un homme vers l'âge de 10 ans, puis à 14 ans pour 9.000 dollars. (AFP).
Sonita Alizada elle-même a failli être vendue à un homme vers l'âge de 10 ans, puis à 14 ans pour 9.000 dollars. (AFP).
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  • Non au travail des enfants, aux mariages forcés, au renoncement à ses rêves: à travers le rap, Sonita Alizada (ou Alizadeh) a trouvé un médium parfait pour crier ses combats et raconter son histoire démarrée sous le régime taliban
  • Postée sur internet, la vidéo est vue plus de 8.000 fois le premier jour, tant les mariages forcés sont répandus dans le monde avec 12 millions de mineures mariées chaque année, selon l'Unicef

ARROMANCHES-LES-BAINS: Non au travail des enfants, aux mariages forcés, au renoncement à ses rêves: à travers le rap, Sonita Alizada (ou Alizadeh) a trouvé un médium parfait pour crier ses combats et raconter son histoire démarrée sous le régime taliban.

"Comme toutes les filles, je suis en cage, je ne suis qu'un mouton qu'on élève pour le dévorer", chante-t-elle, en 2014 en Iran, dans "Brides for sale" (Mariées à vendre), en robe de mariée, code-barre et ecchymoses sur le visage. "Relis le Coran! Il ne dit pas que les femmes sont à vendre."

Postée sur internet, la vidéo est vue plus de 8.000 fois le premier jour, tant les mariages forcés sont répandus dans le monde avec 12 millions de mineures mariées chaque année, selon l'Unicef.

Sonita Alizada elle-même a failli être vendue à un homme vers l'âge de 10 ans, puis à 14 ans pour 9.000 dollars.

Repérée par la documentariste iranienne Rokhsareh Ghaem Maghami qui verse 2.000 dollars, elle a droit à six mois de sursis et saisit sa chance lorsqu'une ONG américaine lui propose d'étudier aux Etats-Unis.

Dans l'Utah, les débuts sont difficiles pour celle qui ne sait dire en anglais que "salut, je suis une rappeuse". Elle découvre aussi qu'aux Etats-Unis les mariages de mineures existent.

Elle décide de raconter son histoire dans les écoles, jusqu'au très prisé festival américain du film de Sundance où le documentaire qui lui est consacré, "Sonita", remporte en 2016 le prix du jury.

Ses jeunes années sont marquées par la peur des Talibans et la faim. Née à Herat en 1996, elle a environ cinq ans lorsqu'elle fuit avec ses parents et ses sept frères et sœurs, sans papiers, vers l'Iran.

"On pensait que la vie y serait plus facile, sans guerre mais c'était très difficile de se faire accepter à cause de l'image des Afghans", se rappelle Sonita Alizada, 27 ans, dans un entretien avec l'AFP.

Là aussi, interdiction d'aller à l'école: "Je cirais des chaussures avec mes frères puis je vendais des fleurs." Sa première bonne étoile est une femme qui apprend clandestinement aux filles à lire et à écrire dans une mosquée.

« Toujours en colère »

De retour en Afghanistan, son père, malade, meurt. Son mariage est planifié puis annulé lorsqu'elle retourne en Iran. Sonita y rencontre une association qui lui permet de prendre des cours de guitare en secret... et l'encourage à écrire après avoir remporté un prix de poésie.

Un jour l'artiste en devenir entend le rappeur star Eminem et, sans comprendre les paroles, pense que c'est "probablement la meilleure façon de partager une histoire".

La jeune fille écrit "Brides for sale" même si sa mère, mariée à 12 ans et illettrée, lui interdit de faire du rap. C'est le succès et le départ vers les Etats-Unis.

Devenue sa plus grande admiratrice, sa mère apparaît dans son clip "Run Boy", qui parle des Talibans essayant d'empêcher la scolarisation des filles.

Le 4 juin, elle sera à Caen, dans le nord-ouest de la France, pour le prix Liberté, qu'elle a remporté en 2021. La jeune artiste chantera "Stand up" avec des locaux et le clip de la chanson, filmé sur les plages du Débarquement, sera diffusé devant des vétérans de la Seconde Guerre mondiale.

"Toujours en colère", elle continue de défendre avec le rap et sur les réseaux sociaux la liberté sous toutes ses formes: à l'éducation, à s'exprimer, à choisir son partenaire. Elle a aussi mis en place deux projets en Afghanistan pour aider les enfants et les femmes.

Diplômée l'année dernière en droits humains et en musique à New York, Sonita Alizada veut maintenant étudier la politique à Oxford.

"L'art et la politique vont ensemble. Toute ma musique parle de politique, de faire la différence, de donner de l'espoir, de prendre conscience. Alors j'essaye d'éveiller les consciences à travers la musique", souligne celle qui espère, un jour, pouvoir prendre une part active dans l'avenir de son pays.