Visé par la CPI, Poutine n'ira pas au sommet des Brics

Le président russe Vladimir Poutine participe à une réunion avec les membres du Conseil de sécurité par téléconférence à Moscou, le 22 juin 2023. Le président russe Vladimir Poutine ne participera pas au sommet des nations BRICS en Afrique du Sud en août, a déclaré la présidence sud-africaine le 19 juillet 2023, mettant fin à des mois de spéculation (Photo, AFP).
Le président russe Vladimir Poutine participe à une réunion avec les membres du Conseil de sécurité par téléconférence à Moscou, le 22 juin 2023. Le président russe Vladimir Poutine ne participera pas au sommet des nations BRICS en Afrique du Sud en août, a déclaré la présidence sud-africaine le 19 juillet 2023, mettant fin à des mois de spéculation (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 20 juillet 2023

Visé par la CPI, Poutine n'ira pas au sommet des Brics

  • Mercredi, un porte-parole du président africain, Vincent Magwenya, a annoncé que «d'un accord mutuel, le président de la Fédération russe Vladimir Poutine ne participera pas au sommet»
  • Cette décision a été prise après «un certain nombre de consultations» menées par le président Cyril Ramaphosa ces derniers mois, dont la dernière «la nuit dernière»

JOHANNESBURG: Le président russe Vladimir Poutine, dans le collimateur de la Cour pénale internationale (CPI), ne participera pas au sommet des Brics fin août à Johannesburg, mettant fin à des mois de spéculations sur le sujet et à un épineux dilemme pour Pretoria.

L'Afrique du Sud préside le groupe des Brics (Afrique du Sud, Brésil, Chine, Inde et Russie), et accueillera du 22 au 24 août le 15e sommet de ces puissances émergentes, auquel M. Poutine était convié.

Mais le président russe est visé depuis mars par un mandat de la CPI pour le crime de guerre de "déportation" d'enfants ukrainiens depuis l'invasion de l'Ukraine, des accusations que Moscou rejette en bloc.

En tant que membre de la CPI, l'Afrique du Sud est théoriquement censée arrêter M. Poutine s'il entre sur son territoire.

Mais Pretoria reste proche de Moscou, et a refusé de condamner l'invasion russe de l'Ukraine

Mercredi, un porte-parole du président africain, Vincent Magwenya, a annoncé que "d'un accord mutuel, le président de la Fédération russe Vladimir Poutine ne participera pas au sommet", où la Russie sera représentée par son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.

"Le président Poutine a décidé de participer au sommet des Brics par visioconférence", a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, cité par les agences de presse russes. "Il s'agira d'une participation à part entière".

La décision de M. Poutine ne pas se rendre en personne au sommet après "un certain nombre de consultations" menées par le président sud-africain Cyril Ramaphosa ces derniers mois, dont la dernière "la nuit dernière", a précisé M. Magwenya dans un communiqué.

Dans une interview récente avec un média local, le vice-président sud-africain Paul Mashatile avait indiqué que son gouvernement cherchait à convaincre Vladimir Poutine de ne pas venir au sommet.

Les leaders de tous les autres pays membres des Brics seront eux présents au sommet, a par ailleurs précisé Vincent Magwenya.

"Le président Ramaphosa est confiant dans le fait que ce sommet sera un succès et appelle la nation à fournir l'hospitalité nécessaire aux nombreux délégués qui arriveront de diverses parties du continent et du monde", a souligné le porte-parole.

«Irresponsable»

L'affaire de la venue ou non de M. Poutine a pris un tour judiciaire en Afrique du Sud car le principal parti d'opposition, l'Alliance démocratique (DA), a demandé à la justice de forcer le gouvernement à s'assurer que le président russe serait arrêté et livré à la CPI s'il mettait le pied dans le pays.

Arrêter Vladimir Poutine serait une "déclaration de guerre" à la Russie et menacerait "la sécurité, la paix et l'ordre de l'Etat" sud-africain, a estimé M. Ramaphosa dans une déclaration sous serment jointe à la procédure, et publiée mardi par les médias, où il dénonce la requête "irresponsable" de la DA.

"Cela ne serait pas cohérent avec notre constitution de risquer d'engager le pays dans une guerre avec la Russie", a-t-il écrit, estimant que cela contreviendrait à son devoir de protéger le pays.

Cette déclaration révèle que l'Afrique du Sud a cherché à obtenir une exemption des règles de la CPI au motif que l'arrestation de M. Poutine pourrait menacer "la sécurité, la paix et l'ordre de l'Etat", selon les mots de M. Ramaphosa.

Dmitri Peskov a démenti toute menace de guerre de la part de Moscou, tout en déclarant qu'il était "absolument clair pour tout le monde ce que signifierait une tentative de porter atteinte à la tête de l'Etat russe".

Pretoria a depuis longtemps affiché sa volonté de rester neutre vis-à-vis de la guerre en Ukraine, et a été accusé de pencher en faveur de Moscou.

Certains responsables sud-africains craignaient que la réception de M. Poutine soit vue comme un signe de soutien à la Russie, et ne menace les importants liens économiques et commerciaux de l'Afrique du Sud avec les Etats-Unis et l'Europe, farouches opposants du président russe.

Les échanges commerciaux entre l'Afrique du Sud et la Russie sont eux bien plus modestes.

Mais les liens entre les deux pays remontent à plusieurs décennies, à l'époque de l'apartheid, où le Kremlin avait apporté son soutien au Congrès national africain (ANC, aujourd'hui au pouvoir) dans sa lutte contre le régime raciste.

M. Ramaphosa doit par ailleurs se rendre à Saint-Pétersbourg la semaine prochaine pour un sommet Russie-Afrique. Le mois dernier, il avait mené une médiation de paix à la tête d'une délégation africaine de sept pays, avec des discussions à Kiev et à Saint-Pétersbourg avec des dirigeants ukrainiens puis russes.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.