Au Moyen-Orient, les entreprises sociales ont fait preuve de force face à la pandémie

Le C3 gère des programmes accélérateurs en matière de durabilité dans 11 pays du Moyen-Orient, d'Afrique du Nord et de Turquie (Fournie)
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Publié le Samedi 12 décembre 2020

Au Moyen-Orient, les entreprises sociales ont fait preuve de force face à la pandémie

  • Les investissements à impact de la région MENA attirent davantage les sociétés de capital-risque depuis le début de la pandémie
  • Les entreprises sociales ont apporté une aide d'urgence dans les régions mal desservies par les gouvernements et par le marché

DUBAÏ : À travers le Moyen-Orient et dans le reste du monde, les entreprises sociales ont été les premières à réagir aux importants enjeux soulevés par la pandémie de coronavirus (Covid-19). 

En Tunisie, la Banque Alimentaire Durable a fourni de l'aide alimentaire aux familles dans le besoin pendant et au-delà du mois de Ramadan. Au Liban, l'organisation non gouvernementale Abaad a reçu, au cours des quatre premiers mois de l'année, près de deux fois plus d'appels sur sa ligne téléphonique dédiée aux victimes de la violence domestique qu'elle ne l'a fait pendant toute l'année 2019. 

Selon une enquête menée au mois de juin par Global Impact Investing Network (GIIN), dont le siège est à New York, cette capacité à fournir une aide d'urgence aux régions mal desservies par les gouvernements et par le marché pourrait permettre aux investissements dans les entreprises sociales de rester relativement stables et peut-être même de croître. 

L'investissement d'impact, évalué à 715 milliards de dollars dans le monde, est défini comme étant le financement de projets qui génèrent un résultat social ou environnemental positif. 

Le C3 gère des programmes accélérateurs en matière de durabilité dans 11 pays du Moyen-Orient, d'Afrique du Nord et de Turquie (Fournie) 
Le C3 gère des programmes accélérateurs en matière de durabilité dans 11 pays du Moyen-Orient, d'Afrique du Nord et de Turquie (Fournie) 

L'enquête menée par GIIN a interrogé 294 investisseurs majeurs représentant 404 milliards de dollars d'actifs d'investissement. La majorité d'entre eux (73 %) ont affirmé qu'ils maintiendraient ou augmenteraient leurs dépenses prévues pour 2020. 

« En raison de la Covid-19, le besoin d'investissements d'impact s'est accru et l'intérêt des investisseurs pour les entreprises axées sur l'impact a augmenté », affirme Medea Nocentini, co-fondatrice et PDG de C3 (Companies Creating Change). 

« La plupart des entreprises sociales n'ont pas seulement survécu pendant la pandémie de Covid-19, mais elles ont également prospéré. Cela prouve que l'avenir appartient aux entreprises qui créent le changement ». 

Le C3 gère des programmes accélérateurs en matière de durabilité dans 11 pays du Moyen-Orient, d'Afrique du Nord et de Turquie (Menat). Son objectif est d'aider les entrepreneurs qui cherchent à réaliser au moins un des Objectifs de Développement durable des Nations unies (ODD), à maximiser leur impact social et à assurer leur stabilité financière. 

Medea Nocentini, co-fondatrice et PDG de C3 
Medea Nocentini, co-fondatrice et PDG de C3 

Mme Nocentini note que les entreprises régionales qui créent un impact positif suscitent un intérêt accru et le désir de mieux comprendre leurs modèles d'entreprise. 

« Les investisseurs considéraient auparavant ces entreprises comme de petites initiatives ou des organisations à but non lucratif. Cependant, la pandémie leur a fait comprendre que les entreprises qui cherchent à créer un impact positif sont évolutives, durables, résilientes et peuvent même attirer des investissements», ajoute-t-elle. 

Les start-ups qui sont à la croisée de la technologie, du développement et de l'impact social pourraient bénéficier de cet intérêt grandissant, en particulier dans les secteurs de la santé, de l'éducation et de la technologie agricole dans la région du MENAT. 

Intérêt croissant pour les technologies de la santé 

Sophie Smith est la co-fondatrice et la directrice générale de Nabta Health, une entreprise hybride de soins médicaux qui se concentre sur le diagnostic des problèmes de santé sous-jacents chez les femmes. Elle observe un intérêt grandissant pour son entreprise depuis la flambée de la Covid-19. 

« Avant la pandémie, les sociétés de capital-risque du Moyen-Orient étaient peu ou pas disposées à investir dans les sciences de la vie et les soins médicaux. Aujourd'hui, nous voyons que plusieurs grands investisseurs en capital-risque (CR) abandonnent le commerce électronique, les marchés, la logistique et les technologies financières pour se concentrer presque exclusivement sur les technologies de la santé », déclare- t-elle. 

« Les investisseurs en capital-risque (CR) sont conscients de la nécessité d'investir dans des soins médicaux abordables et accessibles pour les habitants de la région, afin d'améliorer le niveau de santé de la population et de la protéger contre de futures pandémies ». 

Les entreprises à impact social conviennent tous que la pandémie de Covid-19 a permis d'attirer les investissements beaucoup plus facilement, et non l'inverse, ajoute-t-elle. 

Sophie Smith, co-fondatrice et PDG de Nabta Health 
Sophie Smith, co-fondatrice et PDG de Nabta Health 

« Avec le bouclage des pays et la suspension des échanges commerciaux, les gouvernements ont réalisé l'importance des entreprises locales durables, particulièrement axées sur la sécurité alimentaire et la santé de la population. C'est là un élément favorable pour les entreprises à impact social qui ont presque toujours la mission d’assurer la durabilité et le désir de renforcer la communauté locale », affirme Mme Smith. 

Contribution au PIB 

Au-delà de leur impact au niveau micro, les entreprises sociales pourraient également jouer un rôle plus important au niveau national. Par exemple, les entreprises sociales financièrement viables en Arabie saoudite pourraient contribuer à hauteur de 2,5 % supplémentaires au produit intérieur brut (PIB) par an et créer plus de 250 000 emplois d'ici 2030, selon les estimations de PWC publiées en septembre. En revanche, le secteur représente 3 % du PIB au Royaume-Uni. 

Actuellement, il existe une seule organisation sociale à but non lucratif pour 10 000 personnes en Arabie saoudite, contre 50 environ au Canada et aux États-Unis, et 200 en France, pour le même nombre de citoyens, indique le rapport du cabinet de conseil PwC. Celui-ci perçoit les entreprises sociales comme un instrument prometteur qui permettra au Royaume de réaliser l'ambitieuse transformation économique définie dans son plan de développement de la Vision 2030. 

Que ce soit en Arabie Saoudite ou ailleurs, les investissements à impact peuvent favoriser une distribution plus équitable des ressources, tout en générant des bénéfices sociaux, environnementaux et économiques. 

Middle East Exchange est l'une des initiatives mondiales de Mohammed ben Rashid Al-Maktoum. Elle vise à refléter la vision du Premier ministre des EAU et gouverneur de Dubaï sur les questions humanitaires et le développement mondial, et à explorer la possibilité de changer la situation dans le monde arabe. Middle East Exchange propose à la presse une série d'articles sur des questions qui touchent les sociétés des pays arabes. 

EN CHIFFRES :  

L’Arabie saoudite compte une organisation sociale à but non lucratif pour 10 000 personnes  

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com  


France: la pleine puissance du nouveau réacteur nucléaire EPR repoussée à la fin de l'automne

Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
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  • EDF prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne"
  • Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur

PARIS: Electricité de France (EDF) prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne", alors que le groupe espérait jusqu'à présent pouvoir franchir cette étape d'ici la fin de l'été.

La prolongation d'un arrêt "pour réaliser une opération de contrôle et de maintenance préventive sur une soupape de protection du circuit primaire principal" conduit à modifier "la date d'atteinte de la pleine puissance, désormais prévue avant la fin de l'automne", a indiqué l'électricien public français sur son site internet vendredi.

Alors que le réacteur à eau pressurisée de nouvelle génération était à l'arrêt depuis le 19 juin pour des opérations d'essais de mise en service, classiques pour de nouvelles installations nucléaires, EDF a décidé le 2 juillet de le maintenir à l'arrêt pour intervenir sur des soupapes.

EDF avait en effet constaté pendant les essais que deux des trois soupapes placées au sommet du pressuriseur qui permet de maintenir l'eau du circuit primaire à une pression de 155 bars "n'étaient pas complètement conformes" aux attendus en termes d'"étanchéité".

En raison de ces "aléas", EDF a décidé vendredi de prolonger cet arrêt pour mener une opération de maintenance préventive sur la 3e soupape.

"Les expertises menées sur les deux premières soupapes conduisent EDF, dans une démarche pro-active de sûreté, à étendre les vérifications à la troisième soupape en profitant de la logistique déjà en place et mobilisant les compétences disponibles", a expliqué le groupe.

Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur.

"Il y a 1.500 critères de sûreté qui sont testés lors d'un premier démarrage" de réacteur, a expliqué à l'AFP une porte-parole d'EDF. Lors de ces phases d'essais et de contrôle, il est parfois nécessaire de "refaire des réglages", selon elle.

Le réacteur de nouvelle génération a été raccordé au réseau électrique le 21 décembre 2024, avec douze ans de retard par rapport à la date prévue. Son coût a explosé par rapport au devis initial de 3,3 milliards d'euros: selon un rapport de la Cour des comptes française publié en,janvier, EDF l'estime aujourd'hui à 22,6 milliards d'euros aux conditions de 2023.


Engie confirme ses perspectives 2025 malgré un contexte "incertain et mouvant"

Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
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  • Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre
  • L'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025

PARIS: Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre, et se dit désormais plus confiant pour ses projets renouvelables aux Etats-Unis après une période d'incertitude.

Son résultat net récurrent a reculé de 19% à 3,1 milliards d’euros au cours des six premiers mois de l'année. Le résultat opérationnel (Ebit) hors nucléaire est ressorti à 5,1 milliards d'euros, en baisse de 9,4% en raison d'une base de comparaison élevée par rapport au premier semestre 2024 et "dans un contexte de baisse des prix".

Mais l'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025.

"Nous abordons les prochains mois avec confiance et nous confirmons notre +guidance+ annuelle", a commenté Catherine MacGregor, sa directrice générale, citée dans le communiqué de résultats.

Elle a néanmoins insisté sur le contexte économique et géopolitique "assez incertain et mouvant", lors d'une conférence téléphonique.

A la Bourse de Paris, Engie cédait 2,45% à 10H53 (8H53 GMT) à 19,15 euros vendredi, après avoir lâché 5% à l'ouverture.

Interrogée sur les Etats-Unis, Catherine MacGregor s'est montrée plus confiante après une période d'incertitude qui a suivi l'entrée en fonction du gouvernement Trump.

"Avec la promulgation du +Big beautifull bill+ (la loi budgétaire de Donald Trump, ndlr) et une première clarification du cadre réglementaire et fiscal qui était attendue, nous nous apprêtons à lancer trois projets pour plus de 1,1 GW de capacité totale, éolien, solaire et batteries qui vont conforter notre croissance jusqu'en 2028", a-t-elle déclaré.

Engie a pour l'heure "juste en dessous de 9 GW en opération aux États-Unis", a-t-elle rappelé.

"Il y avait beaucoup, beaucoup d'incertitudes sur le traitement qui serait donné à ces projets", a-t-elle souligné, mais avec cette nouvelle loi, "on a beaucoup plus de clarté".

"Le marché aux États-Unis reste évidemment très, très porteur", a-t-elle poursuivi. "Les projections de demande d'électricité sont absolument massives et aujourd'hui, il n'y a pas de scénarios (...) sans une grande partie de projets renouvelables", notamment en raison du fort développement des centres de données dans le pays.

Le groupe table sur un résultat net récurrent - qui exclut des coûts de restructuration et la variation de la valeur de ses contrats de couverture - "entre 4,4 et 5,0 milliards d'euros" en 2025.

Engie vise par ailleurs un Ebit hors nucléaire "dans une fourchette indicative de 8,0 à 9,0 milliards d'euros" en 2025.

"Comme prévu, l'Ebit hors nucléaire va atteindre son point bas cette année et le second semestre 2025 sera en hausse par rapport à 2024", a indiqué Catherine MacGregor.

Le bénéfice net en données publiées s'établit à 2,9 milliards d'euros au premier semestre, en hausse de 50%, en raison d'un impact moindre de la variation de la valeur de ses contrats de couverture.

Le chiffre d'affaires a atteint 38,1 milliards d'euros au premier semestre, en croissance de 1,4%.

Engie disposait d'une capacité totale renouvelables et de stockage de 52,7 gigawatts (GW) à fin juin 2025, en hausse de 1,9 GW par rapport à fin 2024. A cela s'ajoutent 95 projets en cours de construction qui représentent une capacité totale de près de 8 GW.

Le groupe dispose d'un portefeuille de projets renouvelables et de batteries en croissance qui atteint 118 GW à fin juin 2025, soit 3 GW de plus qu'à fin décembre 2024.


ArcelorMittal: les taxes douanières américaines érodent la rentabilité au premier semestre

La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
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  • ArcelorMittal a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexiqu
  • ArcelorMittal espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année

PARIS: ArcelorMittal, qui a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexique, espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année.

Malgré un résultat net en hausse de 39% au premier semestre 2025, à 2,6 milliards de dollars, le bénéfice avant intérêt, impôt, dépréciation et amortissement (Ebitda) du deuxième fabricant d'acier mondial a reculé de 10%, à 3,4 milliards de dollars, notamment après l'application de droits de douane de 50% sur l'acier importé aux Etats-Unis depuis le Canada et le Mexique à partir du 4 juin, a expliqué le groupe dans un communiqué jeudi.

Le chiffre d'affaires a aussi pâti du recul de 7,5% des prix moyens de l'acier dans le monde: les ventes se sont amoindries de 5,5%, à 30,72 milliards de dollars au premier semestre.

Jeudi à la Bourse de Paris, après ces annonces, le titre ArcelorMittal a terminé la séance en recul de 2,58%, à 27,52 euros.

Le directeur général du groupe, Aditya Mittal, s'est félicité de la reprise à 100% du site de Calvert aux Etats-Unis, qui devient un site d'acier bas carbone grâce à la construction d'un nouveau four à arc électrique.

En Europe, les tendances à l'accroissement des dépenses publiques sur la défense et les infrastructures "sont un encouragement pour l'industrie de l'acier", a jugé M. Mittal.

Néanmoins, alors que le plan d'action annoncé en mars par la Commission européenne a lancé des "signaux clairs" pour défendre la production européenne d'acier, "nous attendons toujours la concrétisation des mesures de sauvegarde (ou quotas sur les importations d'acier en Europe, NDLR) du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières et sur les prix de l'énergie", a-t-il souligné.

A condition que ces mesures soient mises en place, le groupe prévoit d'investir 1,2 milliard d'euros pour un four à arc électrique sur son site français de Dunkerque (Nord), a-t-il rappelé.

Au total, ArcelorMittal en exploite 29 dans le monde, pour une capacité de production de 21,5 millions de tonnes d'acier recyclé par an, qui augmentera à 23,4 millions de tonnes en 2026 après la mise en service des deux sites espagnols de Gijon et Sestao.