Des accords de défense historiques témoignent du renforcement des relations entre l’Arabie saoudite et la Turquie

Le président turc Recep Tayyip Erdogan, et le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane se serrent la main lors d'une cérémonie de bienvenue à Djeddah. (AP)
Le président turc Recep Tayyip Erdogan, et le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane se serrent la main lors d'une cérémonie de bienvenue à Djeddah. (AP)
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Publié le Samedi 22 juillet 2023

Des accords de défense historiques témoignent du renforcement des relations entre l’Arabie saoudite et la Turquie

  • Les nouveaux accords incluent notamment un accord de coopération en matière de défense et un accord avec le fabricant turc d’équipements de défense Baykar pour la fourniture de drones
  • Les analystes estiment que de nouveaux accords et collaborations seront conclus dans le domaine des technologies militaires comme les drones et d’autres systèmes de haute technologie pilotés par l’IA

ANKARA: Les liens entre Ankara et Riyad s’améliorent, les relations bilatérales continuant à se renforcer à la suite de la conclusion d’un important accord d’exportation dans le domaine de la défense, selon les analystes.

Au cours de sa tournée officielle dans le Golfe cette semaine, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a signé un certain nombre d’accords avec l’Arabie saoudite lundi en fin de journée, ce que de nombreux experts ont considéré comme révélateur de l’avenir de la coopération en matière de défense entre les deux pays. Un accord de coopération en matière de défense a été conclu, ainsi qu’un accord entre le ministère saoudien de la Défense et le fabricant turc d’équipements de défense Baykar pour la fourniture de drones.

Le ministre saoudien de la Défense, le prince Khaled ben Salmane, a souligné l’importance de ces accords, affirmant qu’ils visaient à améliorer l’état de préparation des forces armées du Royaume et à renforcer les capacités de défense et de fabrication du pays.

Haluk Bayraktar, PDG de Baykar, a déclaré que cet accord était le plus important contrat d’exportation dans le domaine de la défense et de l’aviation signé par une entreprise turque à ce jour. Son frère, Selçuk Bayraktar, gendre d’Erdogan, est le président du conseil d’administration et le directeur technique de l’entreprise.

Baykar est réputé pour ses drones Bayraktar TB2, des aéronefs sans équipage équipés de missiles à guidage laser qui coûtent à peu près le même prix que les drones américains et israéliens. Dans le cadre de cet accord, la Turquie exportera également un nombre non divulgué de drones armés Bayraktar Akinci de moyenne altitude et de longue endurance, qui seront utilisés par les forces aériennes et navales saoudiennes.

Par ailleurs, l’accord prévoit des transferts de technologie et des projets de production conjointe afin de contribuer à l’amélioration des capacités de développement des hautes technologies dans les deux pays. Un autre accord devrait être signé pour l’achat de munitions intelligentes turques et d’autres charges utiles, qui devraient être produites localement dans le Royaume.

«Ce développement majeur marque certainement le début d’une nouvelle ère dans les relations turco-saoudiennes», indique à Arab News Sine Ozkarasahin, analyste spécialiste des questions de défense au Center for Economics and Foreign Policy Studies (Edam), un groupe de réflexion indépendant situé à Istanbul. Elle estime qu’à l'avenir, «une plus grande collaboration est envisageable entre Ankara et Riyad dans le secteur de la défense, notamment dans la défense aérienne et les missiles, mais surtout dans le domaine des armes intelligentes, comme les systèmes autonomes et sans équipage et d’autres technologies (basées sur l'intelligence artificielle)».

«Les deux pays sont très investis dans la recherche et le développement dans le secteur militaire. Comme l’illustre la Vision 2030, les Saoudiens sont actuellement l’un des pays pionniers de la percée de l’IA au Moyen-Orient», ajoute-t-elle. «Des accords comme celui-ci démontrent également qu’ils voient le potentiel de la base industrielle de la technologie de défense turque, qui se développe rapidement.»

Depuis quatre ans, la Turquie propose des drones développés et produits dans le pays, en particulier ceux fabriqués par Baykar, à des pays amis avec lesquels Ankara cherche à renforcer ses liens. Les drones armés turcs, dont le Bayraktar TB2, ont prouvé leur efficacité dans un certain nombre de zones de conflit, notamment en Syrie, en Irak, en Somalie, en Libye et dans le Haut-Karabakh.

Le TB2, en particulier, a acquis une réputation méritée de plate-forme très performante et rentable, jouant ainsi un rôle essentiel dans l’avancement et la croissance de l’industrie aéronautique de défense turque. Les forces ukrainiennes ont utilisé le drone turc emblématique à des fins de communication stratégique au début du conflit avec la Russie, et on leur a attribué le mérite d’avoir contribué à stopper l’avancée russe.

Entre 2019 et 2023, la Turquie a conclu des accords de coproduction de drones avec plusieurs pays, dont le Kazakhstan, l’Ukraine et maintenant l’Arabie saoudite. Le Royaume est le septième pays à acheter des drones Akinci à Baykar, et comme la liste des clients à l’exportation s’allonge, le nouvel accord signifie que la Turquie a réussi à étendre ses ventes de drones à toutes les riches monarchies du Golfe. L’accord conclu avec Riyad constitue aussi une indication significative de l’amélioration des relations entre les deux pays.

Par ailleurs, Baykar met au point un avion de chasse sans pilote, un projet qui souligne l’engagement continu de la Turquie à développer ses capacités dans le secteur de l’aviation sans pilote.

Léo Péria-Peigné, chercheur au Centre des études de sécurité de l’Institut français des relations internationales à Paris, explique qu’après plusieurs années de relations froides, les liens entre Riyad et Ankara se renforcent et que les autorités turques cherchent activement à utiliser les accords d’armement dans le cadre de ce processus, non seulement dans les relations avec le Royaume, mais aussi avec d’autres pays tels que les Émirats arabes unis et l’Égypte.

«Juste après la fin du blocus du Royaume sur le Qatar, des rumeurs ont émergé sur un potentiel contrat d’armement entre Riyad et Ankara, en particulier sur les drones, rumeurs qui ont été utilisées comme preuve de l’amélioration des relations», explique-t-il à Arab News. «De plus, un contrat d’armement est une sorte de garantie que les deux pays conserveront de bonnes relations pendant un certain temps, étant donné que la plupart des bénéfices de ces contrats sont générés par les services de formation et d’entretien.»

Alors que l’économie turque lutte contre l’hyperinflation, son secteur de la défense constitue un moyen efficace d’attirer un afflux de devises étrangères, a précisé M. Péria-Peigné. «Les contrats d’armement sont également utilisés par Ankara pour renforcer son attractivité diplomatique et soutenir ses “efforts de séduction”, en particulier à l’égard des pays d’Afrique et d’Asie centrale», poursuit-il.

Par ailleurs, M. Péria-Peigné estime que les retombées industrielles de ces accords pour l’Arabie saoudite aideront le Royaume à diversifier son économie conformément aux objectifs de sa Vision 2030, qui exige que la moitié des équipements militaires du pays soit fabriquée localement d’ici à la fin de la décennie.

 

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Israël frappe à nouveau le sud du Liban, un an après le cessez-le-feu

L'armée israélienne a déclaré avoir mené jeudi une série de frappes contre le Hezbollah dans le sud du Liban, la dernière en date malgré le cessez-le-feu conclu il y a un an avec le groupe militant. (X/@fadwa_aliahmad)
L'armée israélienne a déclaré avoir mené jeudi une série de frappes contre le Hezbollah dans le sud du Liban, la dernière en date malgré le cessez-le-feu conclu il y a un an avec le groupe militant. (X/@fadwa_aliahmad)
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  • L’armée israélienne a mené de nouvelles frappes dans le sud du Liban, ciblant des infrastructures et des sites d’armes du Hezbollah, malgré un cessez-le-feu en vigueur depuis un an
  • Le gouvernement libanais est accusé par Israël et les États-Unis de tarder à démanteler la présence militaire du Hezbollah dans la zone frontalière, tandis que Beyrouth dément toute faute et rejette les accusations israéliennes

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé jeudi avoir mené de nouvelles frappes contre le Hezbollah dans le sud du Liban, au moment où elle intensifie ses attaques sur le territoire libanais malgré un cessez-le-feu avec le mouvement pro-iranien qu'elle accuse de chercher à se réarmer.

"Il y a peu, l'armée israélienne a frappé et démantelé des infrastructures terroristes du Hezbollah dans plusieurs zones dans le sud du Liban", écrit l'armée dans un communiqué.

"Dans le cadre de ces frappes, l'armée a visé plusieurs sites de lancement où des armes du Hezbollah étaient stockées", ajoute le communiqué, qui précise que les frappes ont également touché des "postes militaires utilisés par des membres du Hezbollah pour mener des attaques terroristes".

L'agence de presse d'Etat libanaise ANI a annoncé une série de "raids aériens israéliens sur Al-Mahmoudiya et Al-Jarmak dans la région de Jezzine."

En vertu de l'accord de cessez-le-feu, signé il y a un an jour pour jour, l'armée libanaise doit démanteler la présence militaire du Hezbollah sur une bande d'une trentaine de kilomètres entre la frontière avec Israël et le fleuve Litani, plus au nord.

L'armée a soumis un plan au gouvernement, dans lequel elle s'engage à accomplir cette tâche titanesque, avant de procéder par étapes sur le reste du territoire libanais. Mais les Etats-Unis et Israël accusent les autorités libanaises de tarder, face à la ferme opposition du Hezbollah.

Mercredi, le ministre israélien de la Défense Israël Katz avait averti qu'il n'y aura "pas de calme" au Liban sans sécurité pour son pays.

"Nous ne permettrons aucune menace contre les habitants du nord, et une pression maximale continuera à être exercée et même s'intensifiera", a déclaré M. Katz lors d'une intervention devant le parlement israélien, avançant pour preuve "l'élimination" dimanche à Beyrouth du chef militaire du Hezbollah.

La Présidence libanaise a publié mercredi une déclaration du président Joseph Aoun qui "a rejeté les allégations israéliennes qui portent atteinte au rôle de l'armée et remettent en question son travail sur le terrain, notant que ces allégations ne reposent sur aucune preuve tangible."


Un an après le cessez-le-feu au Liban, la paix reste fragile alors que les violations israéliennes se multiplient

Cette frappe est la cinquième opération israélienne visant la banlieue sud depuis le 27 novembre 2024, et la deuxième à avoir lieu sans avertissement préalable. (Photo d'archive: AFP)
Cette frappe est la cinquième opération israélienne visant la banlieue sud depuis le 27 novembre 2024, et la deuxième à avoir lieu sans avertissement préalable. (Photo d'archive: AFP)
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  • Le cessez-le-feu demeure extrêmement fragile : plus de 5 000 violations israéliennes, une frappe majeure à Beyrouth et un risque réel d’escalade malgré les appels internationaux à la retenue
  • Le Sud-Liban vit une crise humanitaire profonde, avec des villages détruits, jusqu’à 70 000 déplacés et une population abandonnée entre l’État libanais et le Hezbollah

BEYROUTH : Alors que le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah s'apprête à entrer dans sa deuxième année vendredi, les signaux d'alarme retentissent plus fort que jamais quant au risque d’une reprise du conflit au Liban.

L’assassinat dimanche dernier de Haytham Ali Tabatabai, chef militaire du Hezbollah et deuxième figure la plus puissante du mouvement après le secrétaire général Naim Qassem, lors d’une attaque audacieuse dans la banlieue sud de Beyrouth, a brisé les espoirs d’une stabilité durable.

La réponse du Hezbollah — qu’elle prenne la forme d’une action militaire ou d’un simple blâme diplomatique, comme certains cadres l’ont laissé entendre — pourrait déterminer si le cessez-le-feu survivra.

Cette frappe représente la cinquième opération israélienne visant la banlieue sud depuis le 27 novembre 2024, et la deuxième menée sans avertissement préalable.

Les registres officiels font état de 5 350 violations israéliennes du cessez-le-feu en douze mois. Ces violations ont coûté la vie à plus de 340 personnes — principalement des combattants et commandants du Hezbollah, mais aussi des civils, dont des enfants et des femmes — et ont blessé plus de 650 autres.

Dans une escalade notable, les forces israéliennes ont frappé pour la première fois Aïn Al-Héloué, un camp de réfugiés palestiniens.

Les violations répertoriées comprennent 2 198 incursions terrestres, 2 983 opérations aériennes et 169 violations maritimes.

Les forces de maintien de la paix de l’ONU dressent un tableau encore plus sombre, rapportant plus de 7 500 violations aériennes et environ 2 500 violations terrestres au nord de la Ligne bleue depuis l’accord de l’an dernier, ainsi que la découverte et la saisie de plus de 360 caches d’armes abandonnées, remises à l’armée libanaise.

La stratégie d’Israël s’apparente à une campagne d’usure progressive contre le Hezbollah, visant à réduire systématiquement ses capacités tandis que l’armée libanaise s’emploie à désarmer le groupe au sud du fleuve Litani.

L’armée affirme avoir rempli plus de 80 % de ce mandat, avec une échéance fixée à la fin de l’année avant que les opérations ne s’étendent vers le nord — une zone dans laquelle le Hezbollah refuse catégoriquement de rendre ses armes, estimant que la décision revient aux dirigeants politiques libanais.

Le conflit lui-même a porté de lourds coups au Hezbollah, décimant ses rangs et infligeant des pertes catastrophiques à ses stocks d’armement. Mais le plus inquiétant est peut-être l’empiètement physique d’Israël sur le territoire libanais.

Les observateurs de l’ONU ont documenté la construction par l’armée israélienne de murs en T en béton près de la Ligne bleue. Des relevés confirment que ces barrières s’enfoncent dans le territoire libanais au sud-ouest de Yaroun, isolant plus de 4 000 m² de terres libanaises. Des constructions similaires sont apparues au sud-est de la même ville ces dernières semaines.

Plus largement, les forces israéliennes contrôlent cinq positions réparties sur 135 km de territoire libanais — des Fermes de Chebaa à Ras Al-Naqoura — situées 500 à 1 000 mètres au-delà de la Ligne bleue.

L’ONU a exigé des enquêtes rapides et impartiales sur les opérations militaires israéliennes, en particulier la frappe contre le camp de réfugiés palestiniens, évoquant des violations potentielles du droit international humanitaire et appelant à la reddition de comptes.

Vingt ressortissants libanais croupissent dans les prisons israéliennes, principalement à Ofer, parmi lesquels dix membres du Hezbollah capturés lors de combats près d’Aïta Al-Chaab, un officier de marine enlevé lors d’un raid commando, et neuf civils. Leurs familles n’ont reçu aucune information officielle du Comité international de la Croix-Rouge sur leurs conditions ou leur état de santé.

Une source officielle libanaise a estimé que « la libération des détenus fait partie des termes de l’accord de cessez-le-feu, tout comme le retrait des territoires occupés, et le Liban ne détient aucun prisonnier israélien en échange. »

La politique de la terre brûlée menée par Israël dans les villages frontaliers s’est poursuivie, les attaques visant toute tentative de reconstruction. La Banque mondiale estime le coût des travaux à environ 11 milliards de dollars.

« Entre 10 et 15 villages ont été complètement rayés de la carte », affirme Tarek Mazraani, ingénieur à Houla et coordinateur du « Rassemblement des villages frontaliers du Sud ».

Mazraani estime que 65 000 à 70 000 personnes restent déplacées de leurs maisons et de leurs villages détruits.

« Ceux qui sont revenus sont ceux qui ne peuvent littéralement aller nulle part ailleurs, principalement des personnes âgées vivant au milieu des décombres, exposées quotidiennement à l’horreur des bombardements et aux couvre-feux, sans aucun hôpital pour les soigner », a-t-il déclaré à Arab News.

Toute personne souhaitant enterrer un proche doit obtenir l’autorisation de la FINUL, qui informe ensuite Israël pour permettre l’inhumation.

« Malgré cela, l’armée israélienne bombarde à chaque fois les abords du cortège funéraire », ajoute Mazraani.

Il précise que les déplacés ont loué des logements à Nabatiyé, Tyr, Saïda, Iqlim Al-Kharroub, dans la banlieue sud de Beyrouth et au Mont-Liban. La plupart sont agriculteurs, mais on compte aussi des enseignants, des ingénieurs, des travailleurs indépendants et des membres des forces de sécurité.

« Depuis la fin de la guerre, ces gens sont laissés sans aucun soutien officiel ou partisan. L’un des habitants les plus riches de la région, qui a tout perdu, travaille désormais comme livreur », dit-il.

Les personnes déplacées sont prises entre l'État parallèle du Hezbollah et l'État libanais : « Tout le monde exploite leur tragédie, même au sein de notre propre communauté du sud. Les loyers sont extrêmement élevés et nous ne nous sentons jamais chez nous. »

L’un d’eux, qui souhaite rester anonyme, explique : « Ceux qui ne sont affiliés à aucun parti sont loin de la politique. Notre seule préoccupation est d’assurer notre subsistance et une couverture financière en cas d’hospitalisation. Nous nous sentons orphelins et abandonnés, surtout quand une institution du Hezbollah nous dit qu’elle n’a plus d’argent. »

Il ajoute : « Les habitants des zones détruites paient le prix fort. Certains en veulent au Hezbollah pour la guerre et les milliers de morts qu’elle a entraînés, tandis que d’autres craignent que l’autre camp se réjouisse de notre malheur sans jamais nous rassurer. »

Les attentes libanaises face aux menaces israéliennes de relancer la guerre — sapant l’accord de cessez-le-feu négocié par la France et les États-Unis et dont les termes ressemblent fortement aux points principaux de la résolution 1701 — restent contradictoires.

Certains observateurs politiques jugent ces menaces « exagérées », tandis que d’autres estiment qu’« une frappe est inévitable mais n’aboutira pas à une guerre totale ; elle vise à pousser le Liban à négocier ».

Plus tôt ce mois-ci, le président libanais Joseph Aoun a déclaré : « Le Liban n’a pas d’autre choix que de négocier, et le langage de la négociation est plus important que celui de la guerre. »

Le Premier ministre Nawaf Salam l’a confirmé, exprimant son espoir d’un « soutien américain à une solution diplomatique ».

Pour l’heure, cependant, des négociations directes entre le Liban et Israël restent totalement exclues.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël: le ministre de la Défense avertit qu'il n'y aura "pas de calme" au Liban sans sécurité pour son pays

Un an après le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne maintient toujours cinq positions dans le sud du Liban, avec des fortifications et des voies d'accès élargies, selon des images satellites analysées par l'AFP. (AFP)
Un an après le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne maintient toujours cinq positions dans le sud du Liban, avec des fortifications et des voies d'accès élargies, selon des images satellites analysées par l'AFP. (AFP)
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  • Israël avertit qu’aucun calme ne reviendra au Liban tant que sa propre sécurité ne sera pas garantie, intensifiant ses frappes malgré la trêve et affirmant vouloir désarmer le Hezbollah
  • L’Égypte tente de désamorcer les tensions, tandis que l’application du cessez-le-feu reste bloquée : l’armée libanaise dit vouloir démanteler les positions du Hezbollah, mais Israël et les États-Unis accusent Beyrouth de traîner

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien a averti mercredi qu'il n'y aura "pas de calme" au Liban sans sécurité pour son pays, alors qu'Israël a intensifié ses opérations militaires au Liban ces dernières semaines, en dépit d'un accord de cessez-le-feu.

"Nous ne permettrons aucune menace contre les habitants du nord, et une pression maximale continuera à être exercée et même s'intensifiera", a déclaré Israël Katz lors d'une intervention devant le parlement israélien, avançant pour preuve "l'élimination" dimanche à Beyrouth du chef militaire du Hezbollah.

"Il n'y aura pas de calme à Beyrouth ni d'ordre et de stabilité au Liban tant que la sécurité de l'Etat d'Israël ne sera pas garantie", a ajouté M. Katz en affirmant que son pays allait désarmer le Hezbollah.

Le ministre égyptien des Affaires étrangères a déclaré mercredi que son pays oeuvrait à la désescalade des tensions entre Israël et le mouvement armé libanais soutenu par l'Iran.

"Nous craignons toute escalade et nous sommes inquiets pour la sécurité et la stabilité du Liban", a déclaré ce ministre, Badr Abdel Ati, après sa rencontre avec le président libanais Joseph Aoun à Beyrouth mercredi.

"Nous engageons des efforts considérables pour épargner au Liban tout risque, ou toute atteinte, concernant sa sécurité", a-t-il ajouté.

Israël a frappé le Liban à plusieurs reprises malgré la trêve, affirmant régulièrement cibler les membres et les infrastructures du Hezbollah pour empêcher le groupe de se réarmer, ce qu'il nie être en train de faire.

En vertu de l'accord de cessez-le-feu, l'armée libanaise doit démanteler la présence militaire du Hezbollah sur une bande d'une trentaine de kilomètres entre la frontière avec Israël et le fleuve Litani, plus au nord.

L'armée a soumis un plan au gouvernement, dans lequel elle s'engage à accomplir cette tâche titanesque, avant de procéder par étapes sur le reste du territoire libanais. Mais les Etats-Unis et Israël accusent les autorités libanaises de tarder, face à la ferme opposition du Hezbollah.

Ce dernier invoque notamment le maintien par Israël de cinq postes dans le sud du Liban, dont l'accord de cessez-le-feu stipule pourtant que l'armée israélienne doit se retirer.