Au coeur de l'Iran, les zoroastriens entretiennent le feu sacré

Vue du site zoroastrien de la tour du silence de Yazd (Dakhmeh-ye Zartoshtiyun), à environ 15 kilomètres au sud-est de Yazd, dans le centre de l'Iran. (AFP)
Vue du site zoroastrien de la tour du silence de Yazd (Dakhmeh-ye Zartoshtiyun), à environ 15 kilomètres au sud-est de Yazd, dans le centre de l'Iran. (AFP)
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Publié le Dimanche 23 juillet 2023

Au coeur de l'Iran, les zoroastriens entretiennent le feu sacré

  • Doté de pouvoirs purificateurs et symbole de la vérité, le feu est vénéré dans le zoroastrisme, cette religion fondée il y a environ 3.500 ans par le prophète Zarathoustra
  • Les zoroastriens ont réussi à traverser les siècles. Mais leur nombre ne dépasserait pas les 200.000 dans le monde, surtout en Iran et en Inde, selon les estimations

YAZD: Tout de blanc vêtu, le prêtre dépose délicatement une bûche sur les braises: brûlant depuis des siècles, le feu ne doit pas s'éteindre pour que perdure la religion zoroastrienne, l'un des plus vieux cultes monothéistes du monde.

"Ce feu est actif depuis plus de 1.500 ans. Pour qu'il ne meure jamais, deux personnes le surveillent jour et nuit par roulement", explique Simin, une jeune femme accueillant les visiteurs dans le "temple du feu" de Yazd, ville du centre de l'Iran.

Doté de pouvoirs purificateurs et symbole de la vérité, le feu est vénéré dans le zoroastrisme, cette religion fondée il y a environ 3.500 ans par le prophète Zarathoustra (ou Zoroastre).

Toutes les précautions sont donc prises pour que "le feu ne soit jamais contaminé", indique Simin. Seul le prêtre peut s'approcher de la vasque où il se consume, un masque sur la bouche pour que son souffle ne le souille pas. Croyants et visiteurs le regardent derrière une vitre depuis une grande salle vide, dont le seul décor est un grand tableau représentant Zarathoustra.

Le zoroastrisme a été la religion officielle de la Perse jusqu'à ce que la plupart de ses adeptes ne se convertissent à l'islam lors de la conquête arabe au VIIe siècle.

Depuis, malgré les répressions et les conversions forcées, les zoroastriens ont réussi à traverser les siècles. Mais leur nombre ne dépasserait pas les 200.000 dans le monde, surtout en Iran et en Inde, selon les estimations.

"Notre religion a toujours sa place dans l'histoire du monde et elle continuera à exister", affirme, optimiste, Bahram Demehri, 76 ans, l'un des piliers de la communauté de Yazd.

«Joie de vivre»

Ce professeur retraité cultive le volontarisme en assurant que le zoroastrisme possède des réponses aux préoccupations spirituelles et environnementales de l'époque. Notamment en accordant une dimension sacrée aux quatre éléments indispensables à la vie: l'air, l'eau, la terre et le feu, qui "ne doivent pas être contaminés par l'action de l'homme".

Le code de bonne conduite du zoroastrisme - "bonnes pensées, bonnes paroles, bonnes actions" - est symbolisé par les ailes géantes de l'homme-oiseau (le Faravahar), qui est sculpté aux frontons de tous les temples, celui de Yazd en tête.

"Cultiver la joie de vivre est essentiel dans la pratique de notre religion", souligne Simin. L'année est rythmée par une succession de célébrations, dont les plus anciennes ont été adoptées par l'ensemble des Iraniens, pourtant en très grande majorité musulmans chiites.

C'est le cas de la fête très populaire de Norouz qui marque, le 21 mars, le Nouvel an persan et l'arrivée du printemps.

Depuis la révolution de 1979, la République islamique reconnaît les zoroastriens comme une "minorité religieuse" et leur accorde la liberté de culte.

Ils sont représentés au Parlement avec un député élu par leurs soins, qui siège aux côtés de trois chrétiens (deux Arméniens et un Assyrien) et d'un juif.

"Les lois nous protègent. Les zoroastriens sont des membres actifs de la société iranienne. Beaucoup d'entre eux sont secrétaires, professeurs d'université, employés du gouvernement ou ouvriers", assure Bahram Demehri.

En revanche, le rang d'officier de l'armée leur est interdit, ainsi que la possibilité d'être candidat à la présidence de la République.

Discrets 

Au fil des siècles, les zoroastriens ont pris l'habitude de rester discrets, se gardant de tout prosélytisme.

Ils ont également dû abandonner certaines de leurs traditions, comme les "funérailles célestes" au sommet des "tours de silence", des monticules situés dans le désert, à la périphérie de Yazd. Ils y disposaient leurs morts pour qu'ils y soient dévorés par les oiseaux charognards, vautours et corbeaux en tête.

Depuis l'interdiction de cette pratique pour raisons sanitaires à la fin des années 1960, le site déserté accueille les curieux et les zoroastriens enterrent leurs défunts dans un cimetière implanté à proximité.

Pour l'avenir, l'un des défis est de maintenir les rites alors que la communauté s'éparpille dans le monde, avec le départ de nombreux jeunes vers les Etats-Unis, le Canada ou l'Europe.

"Des efforts ont été faits pour moderniser les rites. Mais il est difficile de demander à des jeunes qui aiment la pizza de manger nos pains traditionnels insipides cuits à l'occasion des célébrations", explique Bahram Demehri.

Alors qu'il ne resterait qu'environ 35.000 zoroastriens en Iran, des centres ouvrent à l'étranger, comme celui qui occupe depuis peu un bâtiment historique en Californie, où vit une importante communauté iranienne.

Le plus célèbre de ces exilés est Freddy Mercury, le chanteur du groupe Queen, dont la famille zoroastrienne avait quitté l'Inde pour s'installer en Angleterre. Après son décès en 1991, une partie de ses obsèques se déroula selon les rites zoroastriens.


«Fever Dream» avec Fatima Al-Banawi débarque sur Netflix

Le film est sorti sur Netflix cette semaine. (Instagram)
Le film est sorti sur Netflix cette semaine. (Instagram)
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  • Soutenu par le Fonds de la mer Rouge, le film, qui explore les thèmes de la manipulation des médias, de l'identité numérique et du coût de la célébrité à l'ère de l'influence en ligne, a été présenté au Festival international du film de la mer Rouge 2023
  • Il raconte l'histoire de Samado, une star du football à la retraite qui, accablé par la surveillance des médias et la notoriété publique, trouve une chance de reprendre le contrôle

DUBAI : Le dernier long métrage du cinéaste saoudien Faris Godus, "Fever Dream", est désormais disponible en streaming sur Netflix, réunissant un casting local étoilé comprenant Fatima Al-Banawi, Sohayb Godus, Najm, Hakeem Jomah et Nour Al-Khadra.

Soutenu par le Fonds de la mer Rouge, le film, qui explore les thèmes de la manipulation des médias, de l'identité numérique et du coût de la célébrité à l'ère de l'influence en ligne, a été présenté en première mondiale au Festival international du film de la mer Rouge 2023.

Il raconte l'histoire de Samado, une star du football à la retraite qui, accablé par la surveillance des médias et la notoriété publique, trouve une chance de reprendre le contrôle. Avec sa fille, il entreprend de se venger d'un puissant portail de médias sociaux. Mais à mesure qu'ils s'enfoncent dans leur quête de célébrité et de rédemption numérique, la frontière entre l'ambition et l'obsession commence à s'estomper.


Najm joue le rôle d'Ahlam, la fille de Samado, tandis que Jomah apparaît dans le rôle de Hakeem, un agent de relations publiques engagé pour aider à restaurer l'image publique de Samado. Al-Banawi joue le rôle d'Alaa, un autre agent de relations publiques qui travaille aux côtés de Hakeem.

Godus est célèbre pour son œuvre "Shams Alma'arif" (Le livre du soleil), également diffusée sur Netflix, et "Predicament in Sight".

Il a précédemment déclaré dans une interview accordée à Arab News : "(En Arabie saoudite), nous disposons d'un sol riche pour créer du contenu et nous avons tant d'histoires à raconter. Je pense qu'aujourd'hui, le soutien apporté par notre pays est tout simplement formidable. Les gens ont tellement de chances de créer des films aujourd'hui".

Mme Al-Banawi est connue pour ses rôles dans "Barakah Meets Barakah" et dans le thriller saoudien "Route 10".

Elle a fait ses débuts de réalisatrice avec "Basma", dans lequel elle joue également le rôle-titre - une jeune femme saoudienne qui revient dans sa ville natale de Jeddah après avoir étudié aux États-Unis. De retour chez elle, elle est confrontée à la maladie mentale de son père, à des liens familiaux tendus et au défi de renouer avec une vie passée qui ne lui semble plus familière.

"Je me suis vraiment lancée dans le cinéma - en 2015 avec mon premier long métrage en tant qu'actrice - avec une intention : combler le fossé entre les arts, l'impact social et la psychologie", avait-elle déclaré à Arab News. "Et j'ai pu me rapprocher de cette union lorsque je me suis positionnée en tant qu'auteur-réalisateur, plus qu'en tant qu'acteur."


Nintendo écoule 3,5 millions de consoles Switch 2 en 4 jours, un record

Cette photo d'archive prise le 5 juin 2025 montre un client (à droite) achetant une Nintendo Switch 2 dans un magasin d'électronique à Tokyo.(Photo de Kazuhiro NOGI / AFP)
Cette photo d'archive prise le 5 juin 2025 montre un client (à droite) achetant une Nintendo Switch 2 dans un magasin d'électronique à Tokyo.(Photo de Kazuhiro NOGI / AFP)
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  • « Il s'agit d'un record pour une console Nintendo sur les quatre premiers jours » de sa commercialisation, a indiqué le groupe dans un communiqué.
  • L'enjeu est énorme pour Nintendo : même s'il se diversifie dans les parcs à thème et les films à succès, environ 90 % de ses revenus proviennent de l'activité liée à sa console vedette.

TOKYO : Le géant japonais du jeu vidéo Nintendo a affirmé mercredi avoir vendu 3,5 millions d'unités de sa nouvelle console hybride Switch 2 à travers le monde en l'espace de quatre jours, établissant un nouveau record dans l'industrie.

« Il s'agit d'un record pour une console Nintendo sur les quatre premiers jours » de sa commercialisation, a indiqué le groupe dans un communiqué.

Selon plusieurs analystes, elle a également battu des records de ventes pour une console de salon, devançant la première Switch et la PlayStation 5 de Sony, respectivement vendues à 2,7 et 3,4 millions d'unités au cours de leur premier mois de commercialisation.

La Playstation 2, la console la plus vendue de tous les temps, n'avait franchi la barre des 2 millions de ventes qu'après deux semaines.

La Switch 2 avait fait l'objet d'une importante vague de précommandes, avec 2,2 millions de demandes sur la boutique en ligne Nintendo pour le seul Japon avant son lancement. 

Le géant japonais du jeu vidéo Nintendo a affirmé mercredi avoir vendu 3,5 millions d'unités de sa nouvelle console hybride Switch 2 à travers le monde en l'espace de quatre jours, établissant un nouveau record dans l'industrie.

« Il s'agit d'un record pour une console Nintendo sur les quatre premiers jours » de sa commercialisation, a-t-il indiqué dans un communiqué.

Selon plusieurs analystes, elle a également battu des records de ventes pour une console de salon, devançant la première Switch et la PlayStation 5 de Sony, respectivement vendues à 2,7 et 3,4 millions d'unités au cours de leur premier mois de commercialisation.

La Playstation 2, la console la plus vendue de tous les temps, n'avait franchi la barre des 2 millions de ventes qu'après deux semaines.

La Switch 2 avait fait l'objet d'une importante vague de précommandes, avec 2,2 millions de demandes sur la boutique en ligne Nintendo pour le seul Japon avant son lancement. 

« Le coffret Mario Kart World pour Switch 2 comprend une console Switch 2 en japonais (disponible au Japon uniquement) et une version numérique de Mario Kart World sortie le même jour. Il s'agit d'une offre à prix abordable », s'est défendu Nintendo mercredi.

Le géant japonais du jeu vidéo espère égaler le succès fulgurant de la Switch : sortie en mars 2017, elle s'est écoulée à plus de 154 millions d'exemplaires depuis, ce qui en fait la troisième console la plus vendue de tous les temps derrière la PlayStation 2 de Sony et la Nintendo DS.

Mais après huit ans, les ventes s'étaient essoufflées (elles ont plongé de 22 % en 2024-2025), laissant place à la lassitude des consommateurs qui attendaient la sortie d'une nouvelle version.

L'enjeu est énorme pour Nintendo : même s'il se diversifie dans les parcs à thème et les films à succès, environ 90 % de ses revenus proviennent de l'activité liée à sa console vedette.

Comme la Switch originale, la nouvelle version est une console hybride qui peut être utilisée en déplacement ou connectée à un téléviseur, mais elle dispose d'un écran plus grand, d'une mémoire huit fois supérieure et d'un micro intégré. 

De nouvelles fonctionnalités permettent aux utilisateurs de discuter en ligne et de partager temporairement une partie avec des amis, atout jugé crucial pour séduire des consommateurs habitués à regarder des jeux en streaming.


Le mystère de Cléopâtre: l’IMA dépoussière la légende et lui rend justice

L’exposition de l’IMA ne se contente pas de montrer, elle invite à déconstruire les clichés, à explorer les strates d’un récit façonné par les vainqueurs, à redécouvrir une Cléopâtre plus proche de la cheffe d’État que de la courtisane.  (photo Arlette Khouri)
L’exposition de l’IMA ne se contente pas de montrer, elle invite à déconstruire les clichés, à explorer les strates d’un récit façonné par les vainqueurs, à redécouvrir une Cléopâtre plus proche de la cheffe d’État que de la courtisane.  (photo Arlette Khouri)
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  • À une époque sans journaux ni télévision, la monnaie était le principal vecteur de communication politique, Cléopâtre s’en est servi pour véhiculer son image
  • Sur ces pièces qui allaient de mains en mains, Cléopâtre apparaît fière, solennelle, entourée de symboles de pouvoir et de fertilité, une véritable déesse protectrice de son peuple

PARIS: Depuis plus de deux millénaires, Cléopâtre ne cesse de fasciner. 

Reine d’Égypte, amante des puissants, femme politique ou simple séductrice, sa légende s’est forgée au croisement de la réalité historique, de la propagande romaine et de l’imaginaire collectif, mais qui était-elle réellement ? 

À Paris, l’Institut du Monde Arabe (IMA) propose une ambitieuse exposition qui entend déconstruire les stéréotypes misogynes et orientalistes pour révéler la figure complexe d’une souveraine érudite et stratège. 

Cette exposition constitue un voyage immersif à travers l’histoire, la légende, le mythe et l’icône, dont le but est de réhabiliter une figure brouillée par les siècles.

Depuis l’Antiquité, Cléopâtre est un objet de fantasmes et de caricatures, les auteurs romains, presque exclusivement masculins et hostiles à la figure féminine du pouvoir, l’ont peinte comme une menace pour l’ordre patriarcal. 

Les femmes n’avaient pas de rôle politique à Rome, pas de droit de vote, pas de sénatrices, pas de magistrates. 

Dans ce contexte misogyne, la souveraine égyptienne ne pouvait être que perverse, manipulatrice ou nymphomane, Horace entre autres la décrit comme une créature aussi séductrice que dangereuse.

Cette vision déformée n’a cessé d’alimenter une légende noire, reprise dans la littérature, les arts et jusqu’au cinéma. 

De la séductrice à la reine frivole, Cléopâtre a été réduite à ses liaisons avec César et Marc Antoine, l’exposition de l’IMA entend inverser cette perspective, en redonnant à Cléopâtre son statut de cheffe d’État et en montrant à quel point les représentations qui la définissent relèvent d’une construction idéologique.

La première section de l’exposition s’emploie à reconstituer l’image historique de Cléopâtre VII Philopator, dernière souveraine de la dynastie des Ptolémées. Grâce à des sources rares mais précieuses, notamment les monnaies qu’elle fit frapper à son effigie.

Les visiteurs découvrent une reine active, soucieuse de son image et de la prospérité de son royaume. 

À une époque sans journaux ni télévision, la monnaie était le principal vecteur de communication politique, Cléopâtre s’en est servi pour véhiculer son image.

Sur ces pièces qui allaient de mains en mains, Cléopâtre apparaît fière, solennelle, entourée de symboles de pouvoir et de fertilité, une véritable déesse protectrice de son peuple.

Contrairement à ce que laissent entendre les chroniqueurs romains, elle ne se contentait pas d’être l’amante de puissants, mais elle gouvernait, réformait, et négociait. 

Sous son règne, l’Égypte connaît une relative stabilité et une politique économique dynamique, le royaume, sous protectorat romain mais encore indépendant, reste une puissance intellectuelle et commerciale majeure, avec Alexandrie pour capitale culturelle du monde hellénistique.

L’exposition souligne également l’écart considérable entre les sources occidentales et les représentations orientales de Cléopâtre. 

Dans la littérature arabe du Moyen Âge jusqu’à nos jours, la souveraine est célébrée pour son intelligence, sa sagesse, son rôle de mère nourricière et de protectrice. 

Elle est parfois décrite comme une femme savante, auteure d’ouvrages et même alchimiste, aucune mention sulfureuse sur sa vie intime, mais un profond respect pour son autorité et ses compétences politiques.

Ce contraste éclaire la manière dont les civilisations se sont réapproprié l’image de Cléopâtre selon leurs propres codes culturels, leurs valeurs ou de leurs fantasmes, et là où l’Occident voyait une menace féminine, l’Orient voyait un modèle de leadership.

Répartie sur deux niveaux, l’exposition propose une traversée visuelle et sensorielle de cette transformation. 

Tableaux classiques, sculptures, objets archéologiques, manuscrits, projections, costumes et bijoux jalonnent le parcours. 

On y croise les Cléopâtre incarnée par des comédiennes légendaires, telles que Sarah Bernhardt, Liz Taylor, Sophia Loren ou Monica Bellucci, autant d’incarnations qui illustrent l’évolution d’une figure devenue icône de la sensualité hollywoodienne.

Un dispositif marquant ouvre cette partie : une drachme argentée, reproduite en 3D, flotte en apesanteur, tournant sur elle-même comme un astre, pour rappeler la souveraineté et l’héritage politique de la reine. 

Non loin, un empilement de téléviseurs diffuse plus de 40 publicités françaises et internationales exploitant l’image de Cléopâtre, preuve de sa récupération commerciale.

L’œuvre contemporaine de la créatrice Shourouk Rhaiem, « Kiosk » rassemble des dizaines de produits de consommation décorés à l’effigie de la reine, surchargés de cristaux Swarovski, illustrant l’invasion par l’icône de l’espace marchand.

Plus qu’un personnage historique, Cléopâtre est devenue une figure polyvalente, oscillant entre star hollywoodienne et symbole féministe. 

Dès la fin du XIXe siècle, elle est récupérée par différents mouvements : en Égypte, comme symbole anticolonial, aux États-Unis, par la communauté afro-américaine qui revendique en elle une reine africaine puissante, et plus largement, par les féministes qui y voient l’image d’une femme libre, souveraine jusqu’à la mort.

Ce destin posthume interroge, pourquoi Cléopâtre, dont aucune biographie antique ne subsiste, continue-t-elle à nourrir autant d’imaginaires ? 

Peut-être parce qu’elle cristallise les contradictions du rapport au pouvoir féminin, à l’Orient, au corps, à la beauté et à la mémoire.

L’exposition de l’IMA ne se contente pas de montrer, elle invite à déconstruire les clichés, à explorer les strates d’un récit façonné par les vainqueurs, à redécouvrir une Cléopâtre plus proche de la cheffe d’État que de la courtisane. 

En mettant face à face l’histoire et les images, l’analyse et les mythes, cette exposition ambitieuse réhabilite une figure injustement discréditée, et constitue une invitation à repenser l’histoire.

L’exposition qui vient d’ouvrir ses portes se prolonge jusqu’au 21 janvier prochain.