Les canicules en Europe et aux Etats-Unis auraient été «quasiment impossibles» sans le changement climatique

Les habitants évacués des villages de Malonas et Masari se tiennent au sommet d'une colline en regardant le feu approcher de leurs villages sur l'île grecque de Rhodes le 24 juillet 2023.  (Photo Spyros BAKALIS / AFP)
Les habitants évacués des villages de Malonas et Masari se tiennent au sommet d'une colline en regardant le feu approcher de leurs villages sur l'île grecque de Rhodes le 24 juillet 2023. (Photo Spyros BAKALIS / AFP)
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Publié le Mardi 25 juillet 2023

Les canicules en Europe et aux Etats-Unis auraient été «quasiment impossibles» sans le changement climatique

  • Le changement climatique, causé par les émissions de gaz à effet de serre d'origine humaine, "a rendu les canicules plus chaudes, plus longues et plus fréquentes", souligne le WWA
  • "Les récentes vagues de chaleur ne sont plus des évènements exceptionnels" et celles qui adviendront "seront encore plus intenses et plus courantes si les émissions ne sont pas réduites rapidement", concluent les chercheurs

PARIS: Plus de 50 degrés dans la Vallée de la mort aux Etats-Unis, un record historique de 45,3°C en Catalogne, plus de 43°C à Phoenix depuis 24 jours: sans le changement climatique, de telles canicules auraient été "quasiment impossibles" en Europe et aux Etats-Unis, démontre mardi le réseau World Weather Attribution (WWA).

Ce réseau scientifique qui évalue le lien entre événements météorologiques extrêmes et dérèglement climatique estime aussi que ce dernier a rendu la vague de chaleur en Chine "au moins 50 fois plus probable".

Le changement climatique, causé par les émissions de gaz à effet de serre d'origine humaine, "a rendu les canicules plus chaudes, plus longues et plus fréquentes", souligne le WWA.

"Les récentes vagues de chaleur ne sont plus des évènements exceptionnels" et celles qui adviendront "seront encore plus intenses et plus courantes si les émissions ne sont pas réduites rapidement", concluent les chercheurs.

Car si des phénomènes naturels comme les anticyclones ou El Nino peuvent contribuer à déclencher ces canicules, "réchauffer les températures de la planète en brûlant des énergies fossiles est bien la raison majeure pour laquelle elles sont si graves", souligne le WWA.

2,5°C plus chaudes

Pour arriver à ces conclusions, les auteurs de l'étude - sept scientifiques néerlandais, britannique et américain - se sont basés sur des données météorologiques historiques et des modèles climatiques afin de comparer le climat d'aujourd'hui et son réchauffement planétaire de 1,2 degré avec ce qu'il était autrefois.

Ces résultats, produits en urgence, sont publiés sans passer par le long processus des revues à comité de lecture, mais combinent des méthodes approuvées par leurs pairs.

Les scientifiques se sont particulièrement penchés sur les périodes où la chaleur était "la plus dangereuse", soit du 12 au 18 juillet en Europe du sud, du 1er au 18 juillet dans l'ouest des Etats-Unis, au Texas et dans le nord du Mexique, et du 5 au 18 juillet dans le centre et l'est de la Chine.

Ils ont rappelé que le réchauffement planétaire aggravait l'intensité des températures: avec lui, les canicules en Europe sont 2,5 °C plus chaudes, celles en Amérique du nord augmentent de 2°C et celles en Chine de 1°C, indique le WWA.

Juillet 2023 est "en passe de devenir le mois de juillet le plus chaud jamais mesuré", selon la Nasa et l'observatoire européen Copernicus.

"Dans le passé, de tels évènements auraient été aberrants. Mais dans le climat d'aujourd'hui, ils peuvent maintenant se reproduire approximativement tous les 15 ans en Amérique du nord, tous les 10 ans en Europe du sud et tous les 5 ans en Chine", a expliqué lors d'un point téléphonique Mariam Zachariah, scientifique à l'Imperial College de Londres, qui a contribué à l'étude.

«Ennuyeuse»

Ces canicules "deviendront encore plus fréquentes et arriveront tous les deux à cinq ans" si le réchauffement climatique atteint les 2 degrés, "ce qui pourrait arriver dans une trentaine d'années, à moins que tous les pays signataires de l'Accord de Paris ne mettent pleinement en œuvre leurs engagements actuels de réduire rapidement leurs émissions", a-t-elle ajouté.

Ce début d'été "pourrait devenir la norme (...) et même être considéré comme frais si on n'atteint pas la neutralité carbone", souligne la climatologue britannique Friederike Otto.

Pour elle, "les résultats de cette étude d'attribution ne sont pas une surprise. (...) D'un point de vue scientifique, elle est même ennuyeuse car elle ne fait que confirmer ce que nous avions prévu. Mais ce que nous n'avions pas prévu, c'est à quel point nous sommes vulnérables face aux effets du réchauffement climatique. Car cela tue des gens", a-t-elle martelé.

Pourtant, "ces vagues de chaleur ne sont pas la preuve d'un +emballement du réchauffement + ou d'un +effondrement du climat+. Nous avons encore le temps" d'inverser les choses, déclare la scientifique.

"Il est urgent d'arrêter la combustion des énergies fossiles et de travailler à réduire nos vulnérabilités. Si nous ne le faisons pas, des dizaines de milliers de personnes continueront à mourir", estime Mme Otto, jugeant "absolument essentiel" l'adoption d'une législation internationale sur l'élimination progressive des fossiles lors de la 28e conférence climat des nations unies (COP), en novembre à Dubaï.


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.