L'UE veut muscler sa logistique pour exporter les céréales ukrainiennes

Un navire cargo escorté par des gardes-côte ukrainiens, le 15 juillet au large d’Odessa (Photo, Reuters).
Un navire cargo escorté par des gardes-côte ukrainiens, le 15 juillet au large d’Odessa (Photo, Reuters).
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Publié le Mercredi 26 juillet 2023

L'UE veut muscler sa logistique pour exporter les céréales ukrainiennes

  • «Transporter les grains via la Pologne ou les pays Baltes sera toujours beaucoup plus cher que ce que propose la Russie sur le marché mondial»
  • Ouvert en août 2022 avec l'accord de Moscou, le corridor maritime céréalier a permis de sortir 33 millions de tonnes de grains d'Ukraine en un an

BRUXELLES: L'Union européenne veut muscler et subventionner ses voies d'acheminement des céréales ukrainiennes vers le reste du monde après la fin du transit via la mer Noire, mais se déchire toujours sur les restrictions imposées par cinq pays de l'Est.

La Russie ayant refusé mi-juillet de reconduire l'accord permettant d'exporter les céréales d'Ukraine par voie maritime, "il faut absolument améliorer et renforcer les ‘corridors de solidarité’ via l'Europe", a observé mardi le ministre espagnol de l'Agriculture Luis Planas, dont le pays occupe la présidence tournante de l'UE.

"Nous ne pouvons esquiver notre responsabilité", a-t-il insisté, en marge d'une réunion à Bruxelles avec ses homologues de l'UE.

Ouvert en août 2022 avec l'accord de Moscou, le corridor maritime céréalier a permis de sortir 33 millions de tonnes de grains d'Ukraine en un an, soulageant les pays importateurs, notamment en Afrique, et faisant refluer les prix mondiaux.

Parallèlement, l'UE a développé des corridors terrestres et fluviaux, à travers la Pologne et la Roumanie, par lesquels 41 millions de tonnes de céréales ukrainiennes ont pu être acheminées. Désormais, c'est la seule voie d'exportation pour l'Ukraine.

Pour faciliter le fret, un projet d'harmonisation de l'écartement des rails entre UE et Ukraine est en cours. Mais dans l'immédiat, pour éviter la saturation des corridors existants, la Lituanie propose de recourir aux ports des États baltes —d'une capacité annuelle combinée de 25 millions de tonnes pour les grains.

"Il faut aussi des procédures douanières et administratives plus efficaces, qui peuvent se faire à l'arrivée dans les ports européens", et pas uniquement à la frontière ukrainienne où "cela prend du temps et fonctionne mal", a observé le ministre lituanien Kestutis Navickas.

Le commissaire européen à l'Agriculture Janusz Wojciechowski estime cependant que le plus grand obstacle à l'exportation des céréales ukrainiennes via l'UE reste le coût — bien plus élevé que la route maritime traditionnelle.

"Transporter les grains via la Pologne ou les pays Baltes sera toujours beaucoup plus cher que ce que propose la Russie sur le marché mondial" pour ses propres céréales, a-t-il déploré, défendant l'idée de subventions européennes pour combler cet "écart d'attractivité".

"Certains États comme la Pologne ont adopté des aides au niveau national, mais je préférerais une solution européenne, équitable pour tous (...) il est nécessaire de trouver des financements (de l'UE) pour accroître le transport", a-t-il indiqué.

«Discussion collective»

Pour M. Wojciechowski, cela permettrait aussi de relâcher la pression sur les États membres riverains de l'Ukraine, déstabilisés par l'afflux massif de produits agricoles ukrainiens qui ont un temps saturé leurs silos et plombé les marchés locaux.

Bruxelles avait autorisé fin avril cinq États membres voisins de l'Ukraine (Pologne, Hongrie, Slovaquie, Bulgarie et Roumanie) à interdire la commercialisation de blé, maïs, colza et tournesol ukrainiens sur leur territoire, à condition qu'ils n'empêchent pas leur transit vers d'autres pays.

Des restrictions "provisoires" censées prendre fin le 15 septembre, mais dont les cinq pays réclament désormais la prolongation jusqu'à la fin de l'année et leur extension à d'autres produits (framboises...) pour protéger leurs agriculteurs.

Observant que ces cinq pays jouent le jeu en facilitant le transit vers d'autres pays, Janusz Wojciechowski ne ferme pas la porte à une prolongation des restrictions, selon les volumes des récoltes et l'état des marchés en septembre.

Une perspective "inacceptable" selon Kiev, comme pour une grande partie des Vingt-Sept, dont la moitié avait déjà vivement dénoncé au printemps ces "distorsions" au sein du marché commun.

"La Commission doit dire clairement que ce n'est pas possible, il est inacceptable que certains États membres passent outre les traités en vigueur", s'est indigné le ministre allemand de l'Agriculture Cem Özdemir et ce, alors que les cinq pays riverains se sont vu allouer cette année 156 millions d'euros d'aide tirée de la réserve de crise agricole de l'UE, tout en étant autorisés à distribuer des milliards d'aides publiques.

"Il ne peut y avoir de mesures unilatérales, ni d'aventure individuelle (...) Il faut exprimer notre solidarité, mais pas au prix du chacun pour soi", a abondé le ministre français Marc Fesneau.

S'il reconnaît des perturbations y compris sur les marchés français des œufs ou de la volaille, il plaide pour une "discussion collective", en dialogue avec l'Ukraine.


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.