En France, le Mont-Saint-Michel cherche à mieux réguler le flot de touristes

Les touristes font la queue pour prendre les bus et rejoindre les parkings en quittant le site du Mont-Saint-Michel, dans le nord-ouest de la France, le 25 juillet 2023. (AFP)
Les touristes font la queue pour prendre les bus et rejoindre les parkings en quittant le site du Mont-Saint-Michel, dans le nord-ouest de la France, le 25 juillet 2023. (AFP)
Les touristes font la queue pour prendre les bus et rejoindre les parkings en quittant le site du Mont-Saint-Michel, dans le nord-ouest de la France, le 25 juillet 2023. (AFP)
Les touristes font la queue pour prendre les bus et rejoindre les parkings en quittant le site du Mont-Saint-Michel, dans le nord-ouest de la France, le 25 juillet 2023. (AFP)
Des touristes se rassemblent à l'entrée du site du Mont-Saint-Michel, dans le nord-ouest de la France, le 25 juillet 2023. (Photo de Damien MEYER / AFP)
Des touristes se rassemblent à l'entrée du site du Mont-Saint-Michel, dans le nord-ouest de la France, le 25 juillet 2023. (Photo de Damien MEYER / AFP)
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Publié le Mercredi 26 juillet 2023

En France, le Mont-Saint-Michel cherche à mieux réguler le flot de touristes

  • Première destination touristique en France après Paris, le Mont et sa réputation de site surfréquenté, attirent autant qu'ils effraient
  • Le site normand (dans le nord-ouest du pays), qui fête les mille ans de son abbatiale, accueille chaque année trois millions de visiteurs, dont un million en été

LE MONT-SAINT-MICHEL: Avant le déjeuner en été, une affluence digne du métro à l'heure de pointe; dès la fin d'après-midi, des ruelles quasi-désertes. Pour tenter de mieux réguler son flux de touristes, le Mont-Saint-Michel va adopter des "mesures incitatives", comme des parkings moins chers voire gratuits le soir.

Première destination touristique en France après Paris, le Mont et sa réputation de site surfréquenté, attirent autant qu'ils effraient. Le site normand (dans le nord-ouest du pays), qui fête les mille ans de son abbatiale, accueille chaque année trois millions de visiteurs, dont un million en été.

Le 18 août 2022, le Mont, d'une superficie de moins de 4 km2, avait connu un pic d'affluence pour la saison avec plus de 36.000 visiteurs en une journée.

Or ces touristes organisent pour la plupart leur visite de la même manière: arrivée avant le déjeuner, pique-nique ou restaurant, visite, retour vers le domicile ou l'hébergement en milieu d'après-midi.

Un schéma "classique" qui entraîne une sur-fréquentation du site de 10H à 16H, éloignant certains visiteurs potentiels. Ils ne se doutent pas que cette commune qui ne compte que 132 chambres d'hôtel intramuros, est quasiment vide le soir venu.

Pour tenter d'y remédier, l'Établissement public du Mont-Saint-Michel met en place à partir de cet été plusieurs "mesures incitatives", dont certaines entreront en vigueur le mois prochain.

"La première mesure, c'est de la communication, inciter les visiteurs sur les réseaux sociaux, dans la presse, à venir avant 10H le matin et après 16H" déclare Thomas Velter, directeur de l'Etablissement public du Mont-Saint-Michel. "Avant et après, c'est ce qu'on appelle +les ailes+ de journée, où il y a le moins de monde".

"Il y a aussi de la régulation logistique, technique, par la fréquence des navettes et les autres mesures incitatives: gratuité des parkings à partir de 18H30 dix mois sur douze, hors juillet - août" explique-t-il, "on incite plutôt les personnes à venir hors saison".

Ces sites qui se protègent face au surtourisme

Réservation obligatoire, quota de visiteurs, fermeture temporaire voire totale: nombre de sites touristiques à travers le monde imposent des mesures parfois drastiques pour limiter les conséquences d'une fréquentation de masse qui les engorge et les endommage.

Voici quelques cas emblématiques:

Calanques sur réservation 

Dans le sud-est de la France, le parc national des Calanques soumet à réservation l'accès à la crique de Sugiton menacée d'érosion. Depuis 2022, l'accès est limité à 400 personnes par jour en été, quand 2.500 personnes pouvaient s'entasser auparavant dans cet étroit espace rocheux.

Le parc réfléchit aussi à limiter la fréquentation sur les îles du Frioul face à Marseille.

Toujours sur le littoral méditerranéen, l'île varoise de Porquerolles, dans le parc national de Port-Cros, limite à 6.000 visiteurs sa fréquentation au plus fort de l'été.

Mesure similaire en Bretagne où l'île de Bréhat restreint pour la première fois l'afflux de touristes à 4.700 visiteurs maximum par jour en semaine, du 14 juillet au 25 août.

 

Des répliques pour Lascaux 

Découverte en 1940 dans le sud-ouest de la France, la grotte préhistorique de Lascaux est fermée au public depuis 1963. L'affluence et les aménagements réalisés pour en faciliter l'accès ont déstabilisé durablement le site, menacé par des champignons et des moisissures.

Trois répliques, construites entre 1983 et 2016, permettent toutefois d'admirer ce site inscrit depuis 1979 au patrimoine mondial de l'Unesco.

 

Haro sur les navires de croisière 

Deux bateaux de croisière par jour. 4.000 passagers dans chaque maximum. Emblématique du surtourisme, la ville croate de Dubrovnik, surnommée "la perle de l'Adriatique", rationne depuis 2019 les arrivées par la mer dans les ruelles de sa cité médiévale, submergées par les fans de la série "Game of Thrones".

Destination touristique espagnole parmi les plus populaires, l'île de Majorque, dans l'archipel des Baléares, limite aussi depuis 2022 l'arrivée sur ses côtes à trois bateaux de croisière maximum, dont un seul "méga-paquebot". La mesure a été mise en place pour cinq ans. Sa voisine de Minorque va elle limiter l'accès des voitures.

Allongeant sa déjà longue liste de mesures contre le tourisme de masse, Amsterdam a aussi adopté jeudi une motion visant la fermeture d'un important terminal de bateaux de croisière dans son centre-ville.

 

Jauge sur la Plage  

En Thaïlande, Maya Bay, plage paradisiaque sur l'île de Koh Phi Phi Ley, a fermé entre juin 2018 et janvier 2022, afin d'obtenir une restauration complète des récifs coralliens.

Immortalisé en 2010 dans le film "La Plage" avec Leonardo di Caprio, le site avait été ravagé par des années de tourisme de masse. Jusqu'à 6 000 personnes par jour déferlaient alors sur l'étroite plage longue de 250 mètres, provoquant une catastrophe écologique, entre érosion sévère et coraux endommagés. Les lieux ont rouvert avec une jauge limitée.

 

Ticket d'entrée à Venise 

Imposer une taxe à ses visiteurs d'une journée: c'est le projet, plusieurs fois reporté, que Venise vient de relancer.

Cette taxe, payable en ligne et contrôlable via un QR code aux accès à la ville, coûtera 3 à 10 euros suivant l'affluence.

La Cité des Doges limite déjà l'accès à sa lagune aux immenses paquebots de croisière, dont les vagues sur leur passage érodent les fondations de la Sérénissime et menacent un fragile écosystème, selon les défenseurs de l'environnement et du patrimoine.

 

Accès contingenté au Machu Picchu

Véritable casse-tête pour les autorités péruviennes qui en ont à plusieurs reprises restreint la fréquentation, la cité inca du Machu Picchu, en butte à "un excès de visiteurs", a été placée "sous haute surveillance" par l'Unesco en 2011.

Actuellement, environ 4.000 personnes peuvent y accéder quotidiennement.

 

Appel pour le mont Fuji

Autre site victime de son succès, le mont Fuji où les réservations des refuges ont explosé, en raison de la levée des restrictions liées au Covid-19. Des responsables locaux ont réclamé en juin des mesures pour limiter l'affluence sur le plus haut sommet du Japon, accessible uniquement en été.

L'abbaye sans bouchons 

"On essaie de lisser la fréquentation à d'autres moments de l'année" car aujourd'hui 30% des touristes viennent en été, déclare M. Velter. "Seuls 4,5% des 365 jours de l'année sont des pics de fréquentation, le reste du temps le Mont-Saint-Michel est un endroit calme, de contemplation".

Un dispositif de réservation en ligne des places de parking à coût avantageux (plafonné à 17 euros contre 25 euros au maximum sans réservation) sur les "ailes" de la journée, des messages autoroutiers et des pop-ups sur l'application Waze seront mis en place pour une expérimentation du 9 au 31 août.

Emmanuel Conan, gérant du magasin Les Mouettes, donne des conseils aux voyageurs: "Si les gens arrivaient plus tôt, ils seraient les premiers pour monter à l'abbaye, sans bouchons".

"Après, ça s'étale dans la journée, il y a un système de navettes qui est fait pour que les gens viennent régulièrement, c'est-à-dire on dépose, on reprend, on dépose" détaille-t-il, "quand il n'y avait pas ce système de navettes, les gens arrivaient tous en même temps, maintenant c'est régulé, c'est bien".

Les premiers concernés, les touristes, n'en pensent pas moins: "Les deux endroits où nous avons dormi, on nous a effectivement conseillé de visiter le Mont en nocturne" se souvient Marilou Vinson, touriste de 53 ans venue de Savoie, "on nous avait dit +soit très tôt le matin, soit tard le soir+, et du coup voilà, nous on a choisi la formule +tard+".

Même organisation pour Matthias, touriste allemand de 56 ans vivant à Dortmund: "Nous voulions rester jusqu'au soir et prendre quelques photos au coucher du soleil" détaille-t-il, "et nous espérions que la plupart des gens auraient déjà quitté les lieux dans la soirée, donc nous sommes arrivés tard aujourd'hui".


Narcobanditisme: le gouvernement et la classe politique représentés à la marche blanche à Marseille

Plusieurs personnalités politiques, dont la présidente de l'Assemblée nationale et la porte-parole du gouvernement participeront à la marche blanche prévue samedi à Marseille en hommage à Mehdi Kessaci, le frère du militant Amine Kessaci engagé contre le narcobanditisme, afin d'illustrer par leur présence le soutien de l'Etat et de la nation. (AFP)
Plusieurs personnalités politiques, dont la présidente de l'Assemblée nationale et la porte-parole du gouvernement participeront à la marche blanche prévue samedi à Marseille en hommage à Mehdi Kessaci, le frère du militant Amine Kessaci engagé contre le narcobanditisme, afin d'illustrer par leur présence le soutien de l'Etat et de la nation. (AFP)
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  • À l’appel de la famille Kessaci, des marches blanches et rassemblements auront lieu partout en France "pour honorer sa mémoire et dire, ensemble, que ces drames doivent cesser"
  • Des rassemblements sont ainsi prévus à 12H à Paris et Toulouse, à 13H à Lyon et Rennes, selon la page Facebook de l'association Conscience d'Amine Kessaci

PARIS: Plusieurs personnalités politiques, dont la présidente de l'Assemblée nationale et la porte-parole du gouvernement participeront à la marche blanche prévue samedi à Marseille en hommage à Mehdi Kessaci, le frère du militant Amine Kessaci engagé contre le narcobanditisme, afin d'illustrer par leur présence le soutien de l'Etat et de la nation.

Le jeune homme de 20 ans a été assassiné le 13 novembre par deux hommes à moto. La justice étudie la piste d'"un crime d'intimidation" lié au militantisme de son frère.

Ce crime "a profondément choqué tous nos concitoyens", a déclaré sur TF1 la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon qui se rendra à Marseille en compagnie de son collègue Vincent Jeanbrun, ministre de la Ville et du Logement.

À l’appel de la famille Kessaci, des marches blanches et rassemblements auront lieu partout en France "pour honorer sa mémoire et dire, ensemble, que ces drames doivent cesser". Des rassemblements sont ainsi prévus à 12H à Paris et Toulouse, à 13H à Lyon et Rennes, selon la page Facebook de l'association Conscience d'Amine Kessaci.

Il s'agit, selon Mme Bregeon, de "marquer l'engagement total du gouvernement et le soutien de l'État, du président de la République et du Premier ministre, à cette famille et aux proches de Mehdi Kessaci".

La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet sera également présente "pour affirmer l'unité nationale dans la lutte contre le narcotrafic" selon son entourage.

De nombreuses autres personnalités, dont beaucoup issues de la gauche, comme Olivier Faure et Boris Vallaud (PS), Marine Tondelier (les Ecologistes) ou François Ruffin, viendront aussi à Marseille.

François-Xavier Bellamy, vice-président délégué des Républicains, représentera LR.

Côté RN, pas de personnalité nationale. Le député et candidat à la mairie de Marseille Franck Allisio, qui a demandé au gouvernement de décréter l'"état d'urgence" dans la ville, n'a pas encore indiqué s'il serait là. Des membres de sa liste seront présents selon son entourage.

Le député LFI des Bouches-du-Rhône et coordinateur national du mouvement Manuel Bompard sera présent samedi et a exhorté à un "changement de doctrine complet", demandant par exemple plus de moyens pour la police judiciaire.

"Plutôt que d'envoyer des policiers chasser le petit consommateur, je pense au contraire qu'il faut concentrer les moyens dans le démantèlement des réseaux de la criminalité organisée", a-t-il dit.

Quant à la suggestion du maire de Nice Christian Estrosi d'engager l'armée contre le narcotrafic, Maud Bregeon a rappelé que ce n'était "pas les prérogatives de l'armée": "on a pour ça la police nationale, la gendarmerie nationale, la justice de la République française."

 


Législatives 2026: la diaspora libanaise se lance timidement dans le jeu électoral

À Paris, jeudi soir, lors de la réception organisée par l’ambassade du Liban à l’occasion de la fête de l’Indépendance, le ministre de l’Intérieur Ahmad Hajjar a lancé un message sans ambiguïté : « Votre voix, d’ici ou du Liban, est capable de renverser les équations et de modifier les équilibres. » Une manière de reconnaître que la scène politique libanaise, secouée par les crises successives, retrouve dans ses expatriés un réservoir d’espoir et de légitimité. (Photo X Ambassade du Liban en France)
À Paris, jeudi soir, lors de la réception organisée par l’ambassade du Liban à l’occasion de la fête de l’Indépendance, le ministre de l’Intérieur Ahmad Hajjar a lancé un message sans ambiguïté : « Votre voix, d’ici ou du Liban, est capable de renverser les équations et de modifier les équilibres. » Une manière de reconnaître que la scène politique libanaise, secouée par les crises successives, retrouve dans ses expatriés un réservoir d’espoir et de légitimité. (Photo X Ambassade du Liban en France)
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  • À Paris comme ailleurs, un appel pressant a été lancé pour convaincre une diaspora fatiguée mais toujours vibrante de s’inscrire sur les listes électorales avant la date limite
  • C’est un effort collectif, presque obstiné, qui illustre la conviction profonde que, malgré la lassitude et l’exil, chaque voix libanaise conserve une force singulière

PARIS: Bien que les modalités du scrutin restent enveloppées de flou, une chose est désormais certaine : la voix des Libanais de l’étranger comptera dans l’équation politique de 2026.
À Paris comme ailleurs, un appel pressant a été lancé pour convaincre une diaspora fatiguée mais toujours vibrante de s’inscrire sur les listes électorales avant la date limite (le 20 novembre).
C’est un effort collectif, presque obstiné, qui illustre la conviction profonde que, malgré la lassitude et l’exil, chaque voix libanaise conserve une force singulière.

Avec la clôture des inscriptions pour le vote des non-résidents, l’ambassade du Liban en France vous informe qu’elle examinera toutes les demandes d’inscriptions avant de les transmettre au Ministère des Affaires étrangères et des Émigrés Libanais, au plus tard le 20/12/2025 pic.twitter.com/fI7psLmHB5

— Ambassade du Liban en France (@AmbLibanFrance) November 21, 2025

Le ministère libanais de l’Intérieur l’a rappelé : la date du vote pour les expatriés, tout comme les modalités finales — à savoir, vote pour les 128 députés du pays ou maintien de la circonscription dédiée aux six sièges de la diaspora — seront annoncées ultérieurement.
La question divise le Parlement et attise les tensions, au point de peser sur le calendrier électoral. Mais pour les autorités, une certitude demeure : la diaspora ne doit pas se tenir à l’écart.

Renverser les équations

À Paris, jeudi soir, lors de la réception organisée par l’ambassade du Liban à l’occasion de la fête de l’Indépendance, le ministre de l’Intérieur Ahmad Hajjar a lancé un message sans ambiguïté : « Votre voix, d’ici ou du Liban, est capable de renverser les équations et de modifier les équilibres. »
Une manière de reconnaître que la scène politique libanaise, secouée par les crises successives, retrouve dans ses expatriés un réservoir d’espoir et de légitimité.

Ces dernières semaines, l’ambassade du Liban en France a déployé une énergie peu commune pour inciter les Libanais à s’inscrire : campagnes intensives sur les réseaux sociaux, messages réguliers, vidéos, rappels pratiques, jusqu’à l’implication personnelle de l’ambassadeur Rabih Al Chaer, qui a lui-même enregistré une vidéo expliquant la démarche d’inscription, soit via la plateforme en ligne, soit en se rendant au consulat.

Jour -J-
Dernière ligne droite!
si vous n’êtes toujours pas encore inscrit pour voter de puis la France, il est encore temps d’agir! Vous avez jusqu’à ce soir à 23h00 de Paris. Soit via le lien: https://t.co/utd3GeWVwM pic.twitter.com/cxq6IRnZuQ

— Ambassade du Liban en France (@AmbLibanFrance) November 20, 2025

D’après une source diplomatique libanaise, à deux jours de la clôture des inscriptions, un peu plus de 13 000 Libanais de France s’étaient inscrits, contre 28 000 en 2022.
Une chute nette, qui a redoublé l’effort de communication de la mission diplomatique pour éviter une désaffection plus large, sachant que la régression ne surprend pas totalement ceux qui observent l’évolution de la société libanaise en exil.
En 2022, l’élan né du soulèvement du 17 octobre 2019, ou la « révolution du cèdre », avait galvanisé la diaspora, rendant le fait de s’inscrire pour voter presque un acte militant.

Liban: Une vie quotidienne paralysée

Malheureusement, pour 2026, l’ambiance est différente : la lassitude domine, nourrie par l’incertitude persistante autour du scrutin, prévu en mai prochain mais qui pourrait être décalé à une date ultérieure.
Cette lassitude est aussi alimentée par la déception face aux promesses d’un renouveau politique qui tarde à prendre forme, malgré l’arrivée d’un nouveau président, Joseph Aoun, et d’un nouveau Premier ministre, Nawaf Salam.
À cela s’ajoute l’impression tenace que le pays demeure figé dans ses logiques communautaires, malgré les attentes de millions de Libanais.

Pour beaucoup, la vie quotidienne au Liban reste paralysée par les mêmes maux : le manque d’eau et d’électricité, la gestion calamiteuse des déchets, la crise financière sans issue, les avoirs bancaires bloqués, l’enquête sur l’explosion du port de Beyrouth au point mort, et l’insécurité persistante dans le Sud du pays.
Un océan de crises où les promesses politiques s’échouent l’une après l’autre. Mais, malgré ce tableau sombre, l’appel lancé depuis Paris et depuis Beyrouth sonne juste, puisque la diaspora représente aujourd’hui la bouée d’oxygène politique du Liban.

En 2022, seize nouveaux députés, dont dix issus du mouvement du changement, avaient pu faire leur entrée au Parlement grâce, en partie, au vote des expatriés, preuve que la diaspora peut infléchir les rapports de force.
Le ministre Hajjar l’a rappelé avec insistance : « Votre participation a un impact réel », car l’enjeu dépasse l’acte administratif d’une inscription.
Il s’agit de savoir si les Libanais de l’étranger accepteront de laisser le système se verrouiller davantage ou s’ils reprendront leur rôle dans le combat pour une autre voie.

Contre toute attente, certains Libanais continuent de résister, d’entreprendre, de créer, de tenir bon ; leur vitalité contraste avec la paralysie du système politique.
Pour eux, l’inscription sur les listes électorales n’est pas un geste vain, mais un acte de fidélité à un pays qui vacille.

Le Liban attend encore le règlement de ses crises multiples — financières, sociales, institutionnelles, humanitaires. Il attend la vérité sur l’explosion du port, il attend une gouvernance qui ne soit plus l’otage de ses contradictions internes.
Mais d’ici là, le pays attend aussi que ses enfants à l’étranger ne détournent pas le regard.
Les autorités libanaises, l’ambassade de Paris et les acteurs de la diaspora ont, chacun à leur manière, rappelé une évidence : si le Liban s’effondre, il ne le fera pas uniquement depuis ses frontières.

L’inscription des expatriés aux législatives de 2026 n’est pas un geste automatique, ni même simple, mais c’est un choix : celui de rester partie prenante, malgré la fatigue, malgré la distance et malgré la déception.


France: l'adoption d'un budget compromise après le rejet des députés

Les résultats du vote sur le projet de loi de finances pour 2026 à l'Assemblée nationale, à Paris, tôt dans la matinée du 22 novembre 2025. (AFP)
Les résultats du vote sur le projet de loi de finances pour 2026 à l'Assemblée nationale, à Paris, tôt dans la matinée du 22 novembre 2025. (AFP)
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  • L’Assemblée nationale a rejeté massivement en première lecture le budget 2026, renvoyant le texte au Sénat et illustrant l’extrême fragmentation politique depuis la dissolution de 2024
  • Le gouvernement minoritaire, sous pression pour réduire un déficit public record, peine à trouver une majorité, malgré l’espoir d’un compromis sur fond de tensions entre blocs politiques

PARIS: Les députés français ont rejeté à la quasi-unanimité en première lecture le budget de l'État pour 2026, dans la nuit de vendredi à samedi, un vote inédit depuis des décennies qui augure mal d'une adoption avant la fin de l'année.

Après des semaines de débats parfois houleux sur la fiscalité du patrimoine, ou celle des grandes entreprises, 404 députés ont rejeté la partie "recettes" du texte (un seul a voté pour), emportant ainsi l'ensemble du projet de loi, sans même étudier la partie "dépenses".

En vertu des procédures parlementaires françaises, ce vote renvoie le texte initial du gouvernement à la chambre haute du Parlement, qui s'en saisira la semaine prochaine.

Dans un paysage politique très facturé depuis la dissolution de l'Assemblée nationale décidée par le président Emmanuel Macron en 2024, la difficulté à adopter un budget de l'Etat constitue le sujet majeur à l'origine de la chute des derniers Premier ministres.

Le gouvernement minoritaire de Sébastien Lecornu, un proche d'Emmanuel Macron, se trouve pourtant sous forte pression pour réduire le déficit public, le plus élevé de la zone euro, dont l'ampleur inquiète les marchés financiers.

L'Assemblée avait déjà rejeté en 2024 le budget de l'État, de manière inédite depuis l'adoption de la Ve République en 1958. Mais c'est une première qu'il le soit avec une telle ampleur.

Les groupes de gauche et l'extrême droite ont voté contre, ceux du camp gouvernemental se sont divisés entre votes contre et abstentions. Seul un député centriste a voté en faveur du texte.

- Compromis? -

Si l'exécutif espère toujours une adoption avant la fin de l'année, cela apparaît comme une gageure, en terme de délais comme en terme de majorité pour le voter.

Minoritaire, le quatrième gouvernement en moins d'un an et demi, le sixième depuis la réélection de M. Macron en mai 2022, avait promis de laisser le dernier mot au Parlement pour éviter une censure.

Mais la recherche d'un compromis reste très difficile entre un camp présidentiel fracturé, une gauche traversée de tensions et une extrême droite favorable à une union des droites.

Si elle a vu dans le "plus long débat budgétaire" de la Ve République, un "travail utile", la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin a aussi déploré un "certain nombre de mesures inconstitutionnelles, irréalistes ou inapplicables".

Dans le viseur du camp gouvernemental, plusieurs hausses d'impôts, dont un "impôt universel" sur les multinationales, une hausse de taxe sur les rachats d'action, ou une contribution sur les dividendes.

Avec elles, le déficit passerait à "4,1%" du PIB (contre un objectif à 4,7% dans le texte initial), sans elles il serait de "5,3%", a estimé Amélie de Montchalin.

Sur X, elle a dénoncé l'"attitude cynique" des "extrêmes", se disant cependant "convaincue" de la possibilité d'un compromis.

"Le compte n'y est pas", a lancé le chef de files des élus socialistes, Boris Vallaud, estimant les "recettes" insuffisantes pour "effacer" des économies irritantes sur les politiques publiques.

Le PS continuera toutefois à "chercher le compromis", a-t-il assuré.

Les socialistes, qui avaient accepté de ne pas censurer le Premier ministre en échange notamment de la suspension de la réforme des retraites, espéraient que les débats permettent d'arracher une taxe sur le patrimoine des ultra-riches. Mais les propositions en ce sens ont été rejetées.

Si le Parlement ne se prononce pas dans les délais, le gouvernement peut exécuter le budget par ordonnance. Une loi spéciale peut aussi être votée permettant à l'Etat de continuer à percevoir les impôts existants l'an prochain, tandis que ses dépenses seraient gelées, en attendant le vote d'un réel budget.