La protestation des policiers reste vive mais difficile à mesurer

Des policiers anti-émeute français montent la garde à côté d'une poubelle incendiée lors d'une manifestation contre la police à Marseille, dans le sud de la France, le 1er juillet 2023, après une quatrième nuit consécutive d'émeutes en France à propos du meurtre d'un adolescent par la police. (AFP)
Des policiers anti-émeute français montent la garde à côté d'une poubelle incendiée lors d'une manifestation contre la police à Marseille, dans le sud de la France, le 1er juillet 2023, après une quatrième nuit consécutive d'émeutes en France à propos du meurtre d'un adolescent par la police. (AFP)
Short Url
Publié le Mercredi 26 juillet 2023

La protestation des policiers reste vive mais difficile à mesurer

  • Les policiers mobilisés ont recours au «code 562», terme qui signifie qu'ils n'assument plus que les missions d'urgence et essentielles
  • L'évaluation du phénomène est d'autant plus difficile que les autorités se refusent à toute communication sur l'ampleur du mouvement

MARSEILLE: Le mouvement de protestation des policiers, parti de Marseille après l'incarcération d'un de leurs collègues, s'est poursuivi et propagé mardi, assurent les syndicats, même si les conséquences concrètes et l'ampleur précise de la mobilisation restent difficiles à évaluer.

Tout est parti de la mise en examen et du placement en détention provisoire en fin de semaine dernière d'un policier d'une brigade anticriminalité (BAC) de Marseille, soupçonné d'avoir roué de coups un jeune homme lors des émeutes urbaines qui ont suivi la mort de Nahel à Nanterre.

"On a eu quelques arrêts maladie de fonctionnaires d'abord, effectivement d'unités de voie publique, puis il y a eu un effet de contagion très, très rapide", a affirmé mardi à l'AFP Eddy Sid, délégué Unité SGP Police-Force ouvrière.

"Aujourd'hui, ça concerne l'intégralité de Marseille", poursuit-il. Et "depuis deux jours, ça s'est diffusé dans le Vaucluse, les Alpes-Maritimes, le Gard ou le Var", affirme de son côté Bruno Bartoccetti, en charge de la zone Sud chez Unité SGP Police FO, évoquant "300 à 500 arrêts maladie" mardi dans les Bouches-du-Rhône, où les effectifs de la sécurité publique sont d'environ 4.200 fonctionnaires.

En région parisienne, Unité SGP Police FO, qui avait appelé les fonctionnaires à se mettre en service minimum, recensait à la mi-journée mardi plus de 120 unités impactées, surtout de la voie publique. A Nice, le fonctionnement de deux commissariats sur quatre était aussi perturbé mardi, selon la direction départementale de la sécurité publique des Alpes-Maritimes.

"C’est difficile d’avoir des chiffres, je peux juste dire qu’il y en a énormément", explique de son côté Rudy Manna, porte-parole du syndicat Alliance Police Nationale, majoritaire, évoquant les arrêts maladie de ses collègues.

«Malaise policier»

Outre ces arrêts, les policiers mobilisés ont aussi recours au "code 562", terme qui signifie qu'ils n'assument plus que les missions d'urgence et essentielles.

Les arrêts maladie "sont difficilement quantifiables parce que c'est un mouvement qui est hors de tout cadre syndical", reconnaît Eddy Sid.

L'évaluation du phénomène est d'autant plus difficile que les autorités se refusent à toute communication sur l'ampleur du mouvement. Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, en particulier, ne s'est pas exprimé depuis le début de la crise.

Concrètement, selon Eddy Sid, il y a une "priorisation de certaines missions" avec l'objectif de maintenir ouverts "le plus grand nombre de commissariats" notamment pour les dépôts de plainte. Et "mes collègues ne sortiront que lorsqu'il y aura un appel 17, lorsqu'ils seront requis par une victime demandant effectivement à l'aide", ajoute-t-il.

Pour cet enquêteur de la police judiciaire à Marseille, soutien du mouvement et qui a requis l'anonymat, cette protestation "n'est pas un bras de fer avec la justice" mais "une expression du malaise policier".

"On a du mal à comprendre cette récente évolution qui voit deux policiers en détention provisoire (le policier marseillais, et celui qui a tué Nahel à Nanterre fin juin, ndlr) suite à ces enquêtes, quand d'un autre côté on a tous vu des auteurs de braquages ou de meurtre se retrouver placés sous contrôle judiciaire", poursuit-il.

Le mouvement a reçu en début de semaine le soutien du patron de la police nationale, Frédéric Veaux, qui a estimé dans un entretien relu par le cabinet du ministre de l'Intérieur, mais pas directement par Gérald Darmanin, qu'"avant un éventuel procès, un policier n'(avait) pas sa place en prison", suscitant l'indignation des magistrats et d'une partie de la classe politique.

Lundi, Emmanuel Macron s'était refusé à commenter les propos de Frédéric Veaux, se bornant à rappeler que "nul en République n'est au-dessus de la loi".

Mardi, niant toute divergence sur le sujet avec le président de la République ou son ministre de l'Intérieur, la Première ministre Elisabeth Borne a insisté sur "la nécessité que la justice puisse faire son travail sereinement".

Le directeur général de la police nationale (DGPN) a voulu "marquer son soutien pour apaiser la colère des policiers et qu'ils se remettent au travail vu les prochaines échéances de la coupe du monde de Rugby en France et des JO", analyse de son côté l'enquêteur de la PJ. Et pour lui, il manque une "réelle volonté politique" face à un malaise policier récurrent depuis des années.


La chaleur s'installe dans le sud de la France, incertitude sur une possible canicule

Des touristes se protègent du soleil avec des parapluies lors d'une balade en gondole dans la lagune de Venise, le 27 juin 2025. Le ministère italien de la Santé a mis en garde les habitants et les touristes le 27 juin 2025. (Photo par ANDREA PATTARO / AFP)
Des touristes se protègent du soleil avec des parapluies lors d'une balade en gondole dans la lagune de Venise, le 27 juin 2025. Le ministère italien de la Santé a mis en garde les habitants et les touristes le 27 juin 2025. (Photo par ANDREA PATTARO / AFP)
Short Url
  • Un épisode de chaleur s'installera à partir de lundi sur le sud-ouest de la France et la vallée du Rhône,
  • Les températures devraient rester moins élevées que lors de la canicule de la fin juin-début juillet, selon Météo-France

TOULOUSE, FRANCE : Un épisode de chaleur s'installera à partir de lundi sur le sud-ouest de la France et la vallée du Rhône, mais les températures devraient rester moins élevées que lors de la canicule de la fin juin-début juillet, selon Météo-France.

« Sur le sud-ouest, on s'attend à un bel épisode de chaleur, mais pour le moment, on n'anticipe pas quelque chose de l'ampleur de ce qu'on a connu en juillet, loin de là », a déclaré à l'AFP le prévisionniste Jérôme Lecou.

« On ne peut pas exclure qu'une partie du sud-ouest passe en vigilance orange canicule, mais il y a quand même des incertitudes sur ce qui peut se passer en fin de semaine », souligne-t-il.

Les modèles de Météo-France dessinent en effet un « scénario incertain pour le week-end », bien que l'option privilégiée reste, à ce stade, le maintien d'une masse d'air chaud sur le sud-ouest, où les températures atteindront 34 à 35 °C, avec des pointes de 36 à 38 °C, précise M. Lecou.

L'air frais présent au nord de l'Hexagone, en raison d'une dépression située au large de l'Écosse, pourrait toutefois se déplacer vers le sud et contribuer, le cas échéant, à rafraîchir la moitié méridionale du pays.


Le projet de loi anti-fraude sociale suscite la méfiance des experts et des professionnels

La ministre française du Travail, de la Santé, des Solidarités et de la Famille Catherine Vautrin (à gauche) écoute le Premier ministre français François Bayrou (à droite) s'adresser aux médias lors d'une visite au Centre Opérationnel de Gestion Interministérielle des Crises (COGIC (Photo de Thibaud MORITZ / AFP)
La ministre française du Travail, de la Santé, des Solidarités et de la Famille Catherine Vautrin (à gauche) écoute le Premier ministre français François Bayrou (à droite) s'adresser aux médias lors d'une visite au Centre Opérationnel de Gestion Interministérielle des Crises (COGIC (Photo de Thibaud MORITZ / AFP)
Short Url
  • Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles, a présenté, ce week-end, dans Le Parisien, les grandes lignes d'un projet de loi qui devrait être présenté à l'automne.
  • Le Haut conseil du financement de la protection sociale (HCFiPS), à l'origine de cette évaluation, estime d'ailleurs que « la fraude imputable aux assurés sociaux est de l'ordre d'un tiers ».

PARIS : La question des employeurs fautifs est un angle mort décelé par les experts de la politique de santé dans le futur projet de loi anti-fraude sociale du gouvernement, texte qui fait également grincer des dents les taxis, concernés par le volet transport sanitaire.

Pour remédier à un préjudice estimé à 13 milliards d'euros, Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles, a présenté, ce week-end, dans Le Parisien, les grandes lignes d'un projet de loi qui devrait être présenté à l'automne. Mais les priorités font tiquer les spécialistes du dossier.

Mme Vautrin entend notamment « faciliter le contrôle des allocataires de prestations sociales » et « améliorer les capacités de recouvrement des allocations chômage ». En cas de « fraude avérée », il serait possible de recouvrer « l'intégralité des sommes indûment perçues ». Et « si cela ne suffit pas », débiter « le compte bancaire du fraudeur ».

« Sauf que, quand on regarde dans le détail, sur ces 13 milliards, la moitié relève de la fraude liée aux cotisations sociales, ce qui supposerait d'aller voir du côté des employeurs », commente pour l'AFP Nicolas Da Silva, économiste des politiques de santé.

Frédéric Bizard, autre économiste, fait le même rappel : « À peu près 1 euro sur 2, c'est une fraude à la cotisation, c'est-à-dire du travail non déclaré, du travail au noir, et le reste, c'est de la fraude aux prestations », décrit à l'AFP ce spécialiste des questions de protection sociale et de santé. 

« discours anti-pauvres » 

Le Haut conseil du financement de la protection sociale (HCFiPS), à l'origine de cette évaluation, estime d'ailleurs que « la fraude imputable aux assurés sociaux est de l'ordre d'un tiers ».

Selon son rapport, la fraude provient à 56 % des entreprises et des travailleurs indépendants, à 34 % des assurés et à 10 % des professionnels de santé. Le Haut conseil réfute l'idée d'une « fraude sociale souvent réduite à la fraude au RSA ou à la fraude à la résidence, ce qui tend à nourrir un discours anti-pauvres ».

Or, la réponse apportée aux entreprises pratiquant le travail dissimulé n'est abordée par Mme Vautrin qu'en une seule phrase : « bloquer leurs comptes bancaires pendant la période de contrôle pour éviter qu’elles organisent leur insolvabilité ».

« L'essentiel de la fraude, c'est la fraude des professionnels ; on s'attendrait à ce que ce sujet soit davantage abordé », renchérit Nicolas Da Silva. Le Haut conseil note également qu'en matière de « taux de cotisations éludées, le risque le plus important porte sur les micro-entrepreneurs ».

Les experts s'interrogent également sur la lumière jetée par Mme Vautrin sur les transporteurs sanitaires, qui devraient « se doter d'un dispositif de géolocalisation et d'un système électronique de facturation intégrée afin de garantir l'exactitude des kilomètres facturés ». 

« Politique populiste » 

Ce secteur est désigné comme le terreau d'une « fraude abondante », remarque Nicolas Da Silva, dans le sillage de rapports constatant que « le transport sanitaire augmente ».

Le nombre de patients « transportés a en effet crû de 14 % entre 2016 et 2023, dont 25 % pour les seuls taxis », selon l'Assurance Maladie.

« Mais il est logique que le transport sanitaire augmente, tout simplement parce qu'il y a une concentration des lieux de soins, avec des fermetures de sites : quand vous avez moins de sites, les gens sont plus éloignés des soins, et donc il faut les déplacer un peu plus loin », rebondit Nicolas Da Silva.

Dominique Buisson, responsable de la Fédération nationale du taxi (FNDT), déplore auprès de l'AFP « un effet de communication » de Mme Vautrin, qui « stigmatise une profession en en faisant des potentiels fraudeurs ».

Il rappelle également que l'Assurance maladie a déjà demandé la généralisation de logiciels de facturation reliés à des dispositifs de géolocalisation, qui devront être installés d'ici le 1^(er) janvier 2027. Sur les 60 000 chauffeurs de taxi en France, « à peu près 35 000 font des transports conventionnés », précise-t-il encore.

Pour Frédéric Bizard, les annonces de Mme Vautrin s'inscrivent avant tout dans une « stratégie politique populiste » : « comment s'opposer à un projet de loi qui lutte contre la fraude ? »


Élections législatives à Paris : Barnier exhorte Dati à « ne pas se tromper » d'élection

La ministre française de la Culture, Rachida Dati, prononce un discours lors d'une visite au centre social et culturel La Croix des Oiseaux à Avignon, dans le sud de la France, le 24 juillet 2025. (Photo de CLEMENT MAHOUDEAU / AFP)
La ministre française de la Culture, Rachida Dati, prononce un discours lors d'une visite au centre social et culturel La Croix des Oiseaux à Avignon, dans le sud de la France, le 24 juillet 2025. (Photo de CLEMENT MAHOUDEAU / AFP)
Short Url
  • a ministre de la Culture a annoncé lundi sa candidature à cette législative partielle, lançant les hostilités contre l'ex-Premier ministre qui brigue le même siège de député et qui est également membre du parti LR.
  • Ils lui reprochent également d'être « parachuté ».

PARIS : Selon Michel Barnier, Rachida Dati a « une ambition légitime » pour la mairie de Paris et ne doit « pas se tromper » d'élection en se présentant également à la législative dans la deuxième circonscription de la capitale.

La ministre de la Culture a annoncé lundi sa candidature à cette législative partielle, lançant les hostilités contre l'ex-Premier ministre qui brigue le même siège de député et qui est également membre du parti LR.

« Je veux que les Parisiens puissent voter pour quelqu’un plutôt que contre. C’est à Rachida Dati, qui a une ambition légitime pour animer des listes d’union à Paris, de ne pas se tromper et de choisir la bonne voie », commente Michel Barnier, désigné par LR comme candidat à cette législative, dans La Tribune Dimanche.

« Je ne suis candidat qu’à la députation », martèle l'éphémère ancien Premier ministre. « Rachida Dati le sait. Je le lui ai dit et je l’ai même écrit aux adhérents LR (…). Il n’y a aucune ambiguïté là-dessus », ajoute-t-il, se disant prêt à soutenir la ministre dans sa course pour l’Hôtel de Ville.

Des proches de la maire du VIIe arrondissement, renvoyée en procès pour corruption et trafic d'influence le 22 juillet, craignent que Michel Barnier ait lui aussi des ambitions pour la mairie de Paris si elle ne pouvait pas se présenter.

Ils lui reprochent également d'être « parachuté ».

« Cela fait plus de vingt-cinq ans que j’ai quitté, volontairement, mes fonctions en Savoie » et « je suis Parisien depuis plus de vingt ans ». J’habite dans cette circonscription depuis plus de douze ans », répond-il.

Ces rivalités risquent d'entraîner une nouvelle guerre fratricide, dont Les Républicains ont le secret. Pour l'éviter, LR espère trouver un accord avec Rachida Dati « d'ici la rentrée ».

Interrogé sur les ambitions que lui prêtent certains pour 2027, Michel Barnier réitère qu'il sera « présent dans le débat public » pour la présidentielle et les législatives.