Le marché noir au Niger menacé par la fin des subventions sur l'essence au Nigeria

Un motocycliste transportant des bidons remplis d'essence passés en contrebande du Nigeria à la ville de Maradi, dans le centre-sud du Niger, le 19 octobre 2019. (AFP)
Un motocycliste transportant des bidons remplis d'essence passés en contrebande du Nigeria à la ville de Maradi, dans le centre-sud du Niger, le 19 octobre 2019. (AFP)
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Publié le Jeudi 27 juillet 2023

Le marché noir au Niger menacé par la fin des subventions sur l'essence au Nigeria

  • Dans la capitale Niamey, les résidents des banlieues n'assistent plus aux spectaculaires courses-poursuites entre douaniers et vendeurs d'essence à la sauvette
  • La fin des subventions au Nigeria a déjà des effets directs sur la vie de millions de Nigériens

NIAMEY: Sur la route nationale reliant la capitale Niamey à Zinder, la deuxième ville du Niger située dans le sud, entrepôts illicites et intrépides rabatteurs agitant des entonnoirs au passage des voitures ont disparu du décor.

En cause, de fortes pénuries sur le très florissant marché noir nigérien alimenté à partir du Nigeria voisin, géant économique et l'un des premiers producteurs mondiaux de pétrole, où les prix ont triplé après la suppression fin mai des subventions sur l'essence par le gouvernement.

Dans la capitale Niamey, les résidents des banlieues n'assistent plus aux spectaculaires courses-poursuites entre douaniers et vendeurs d'essence à la sauvette.

Même les interminables navettes de voitures et de motos chargées de bidons d'essence qui franchissaient la frontière au nez et à la barbe des douaniers "ont cessé", témoigne Adamou Guéraou, le maire de la commune de Dan-Issa, porte d'entrée des contrebandiers dans le sud du Niger.

Avant la fin des subventions au Nigeria, le litre d'essence sur le marché noir nigérien oscillait entre 250 FCFA et 275 FCFA (0,38 et 0,40 euros). Aujourd'hui, il oscille entre 550 FCFA et 700 FCFA (0,83 et 1, 05 euro), plus cher qu'à la pompe où il coûte 540 FCFA (0,83 euro).

Depuis 2011, le Niger produit quelque 20.000 barils d'essence et gasoil raffinés par jour, mais le fléau de la contrebande lui fait perdre "des milliards de FCFA" (plusieurs millions d'euros) de recettes, selon les autorités.

La pénurie actuelle qui frappe le marché noir, provoque une ruée vers les rares stations-service, surtout dans les grandes zones proches du Nigeria, comme Zinder, Maradi (sud), Tahoua et Dosso (sud-ouest) qui dépendent fortement de l'essence de contrebande.

Impact sur les groupes armés

"L'essence ne coule plus, nous sommes foutus !", se plaint Dari Amadou, un des nombreux nigériens qui arpentaient les ruelles de Niamey pour écouler l'essence "tombée du camion", le carburant de contrebande.

Ilia Mahamadou, autre vendeur et père de quatre enfants est inquiet: "L'avenir est sombre, on va inévitablement vers un assèchement total de notre principale source de revenus".

Et cela pourrait aussi avoir un impact sur le financement des groupes armés jihadistes dans le Sahel: un récent rapport de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), notait que la contrebande des carburants à partir du Nigeria "finance même des groupes terroristes" au travers de "taxes" prélevées pour le transit et le stockage dans les zones qu'ils contrôlent.

Selon le ministère nigérien du Pétrole, les ventes officielles ont "doublé" entre mai et de juin. Elles ont même été "multipliées par dix" à Zinder, Maradi et Tahoua, indique Kabirou Zakari, directeur général des hydrocarbures au ministère nigérien du Pétrole.

"A mesure que les stocks du marché noir s'épuisent, la demande à la pompe augmente", explique à l'AFP Bio Abdourahamane, responsable de la communication de la Société nigérienne des produits pétroliers (Sonidep).

Cette société "a été prévoyante" et parvient pour l'instant "à satisfaire la forte demande" grâce à ses propres réserves et celles de l'unique raffinerie basée à Zinder, assure-t-il.

Eviter la pénurie générale 

Mais il reconnaît que "lorsque ces réserves vont s'épuiser, il va falloir prendre des dispostions: le Niger doit acheter l'essence ailleurs ou faire tourner la raffinerie de Zinder à plein régime pour augmenter sa production".

La fin des subventions au Nigeria a déjà des effets directs sur la vie de millions de Nigériens.

Des syndicats ont annoncé des hausses des tarifs des transports, surtout sur les axes menant au Nigeria où l'essence devient rare.

Ces hausses concernent également le fret: sur certains marchés, le sac de maïs de 100 kgs est subitement monté à 28.000 FCFA (42,6 euros) au lieu de 24.000 FCFA (36,5 euros).

A Zinder, la course des motos-taxi et tricycles à moteur, principaux moyens de déplacement connait une hausse de 50 FCFA (0,07 euros).

Et à N'Konni, ville aux confins du Nigeria, "les activités sont au ralenti", conséquence des turbulences que vit son rayonnant marché noir de l'essence, affirme Daouda Kaka, un journaliste local.

Les réseaux de contrebande du carburant "sont une bouée de sauvetage pour des milliers de jeunes: si cette activité disparaît, certains pourraient tomber dans la délinquance", avertit Abdoul-Wahab Soumana, socio-anthropologue et enseignant à l'université de Zinder.


Le ministre saoudien des communications appelle à combler le fossé mondial de l’IA

Le monde doit agir de manière décisive pour combler les fossés afin qu'aucune nation ne soit laissée pour compte, a déclaré le ministre Abdullah Al-Swaha. (SPA)
Le monde doit agir de manière décisive pour combler les fossés afin qu'aucune nation ne soit laissée pour compte, a déclaré le ministre Abdullah Al-Swaha. (SPA)
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  • À l'ère de l'IA, a-t-il dit, il existe actuellement des lacunes dans l'infrastructure informatique, la disponibilité des données et les algorithmes qui pourraient ralentir les avancées nécessaires pour soutenir le progrès humain
  • M. Al-Swaha a réitéré "l'engagement inébranlable" de l'Arabie saoudite à soutenir et à diriger les efforts internationaux visant à combler les fractures technologiques émergentes

GENÈVE : Le ministre saoudien des communications et des technologies de l'information a appelé à une "collaboration internationale décisive" pour remédier à l'inégalité des infrastructures informatiques qui pourrait laisser d'autres nations à la traîne à l'ère de l'intelligence artificielle.

Dans un discours prononcé à l'occasion du 160e anniversaire de l'Union internationale des télécommunications (UIT) à Genève, le ministre Abdullah Al-Swaha a évoqué "la concentration de la puissance informatique dans quelques régions, le manque d'infrastructures d'intelligence artificielle dans de nombreux pays et la participation limitée des pays du Sud à l'élaboration des cadres de gouvernance et des politiques de réglementation".

Aujourd'hui, le monde est confronté à un "fossé existentiel" en raison des disparités alarmantes dans l'accès aux technologies de l'IA, a déclaré le ministre, selon l'agence de presse saoudienne.

M. Alswaha a déclaré que le monde pouvait tirer des leçons des phases précédentes de la transformation technologique : l'ère analogique, qui a pris plus d'un siècle pour connecter 800 millions de personnes, et l'ère numérique, qui a connecté 5,5 milliards d'individus en seulement 50 ans, mais qui a laissé 2,6 milliards d'individus sans connexion.

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Le ministre Al-Swaha a déclaré que l'Arabie saoudite sous le roi Salmane et le prince héritier Mohammed ben Salmane avait positionné le Royaume en tant que leader mondial à l'ère de l'IA grâce à une série d'initiatives audacieuses. (SPA)

À l'ère de l'IA, a-t-il dit, il existe actuellement des lacunes dans l'infrastructure informatique, la disponibilité des données et les algorithmes qui pourraient ralentir les avancées nécessaires pour soutenir le progrès humain.

M. Al-Swaha a réitéré "l'engagement inébranlable" de l'Arabie saoudite à soutenir et à diriger les efforts internationaux visant à combler les fractures technologiques émergentes.

Il a souligné les efforts déployés par l'Arabie saoudite pour combler ces fossés, en citant l'autonomisation numérique des femmes dans le Royaume - qui ont maintenant un taux de participation d'environ 35 % - et le fait que le Royaume se soit classé en tête du classement mondial en matière de compétitivité numérique pendant deux années consécutives.

Il a également souligné que les chercheurs de l'université saoudienne King Abdullah University of Science and Technology (KAUST) se classent parmi les premiers pour cent au niveau mondial en matière de citations scientifiques, ce qui laisse espérer l'avenir de l'IA.

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Le ministre Abdullah Al-Swaha et sa délégation. (SPA)

Il a également souligné les progrès réalisés par le Royaume en matière de réglementation sur la protection des données et le développement de "modèles linguistiques qui favorisent un accès inclusif à la technologie pour diverses communautés".

M. Al-Swaha a en outre cité le projet HUMAIN lancé par le prince héritier et Premier ministre saoudien Mohammed ben Salmane "pour fournir tout le spectre des capacités d'IA, des processeurs avancés aux meilleurs talents, et pour positionner le Royaume en tant que pionnier mondial de l'IA."

"Les efforts du Royaume sont une réponse directe aux défis mondiaux urgents", a-t-il déclaré.

M. Al-Swaha a souligné que les dix prochaines années seront déterminantes pour combler les fossés. Il a appelé à des "partenariats multinationaux sous l'égide de l'UIT pour construire un écosystème de l'IA équitable, sûr et inclusif qui soutienne le développement durable et améliore le bien-être humain".

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La plateforme Booking épinglée en France pour «pratiques restrictives de concurrence»

La plateforme de réservation en ligne Booking a été épinglée en France pour "pratiques restrictives de concurrence" envers les hôteliers français par la Répression des fraudes, qui lui ordonne sa mise en conformité d'ici fin 2025, a annoncé cette dernière jeudi dans un communiqué. (Photo capture d'écran Booking)
La plateforme de réservation en ligne Booking a été épinglée en France pour "pratiques restrictives de concurrence" envers les hôteliers français par la Répression des fraudes, qui lui ordonne sa mise en conformité d'ici fin 2025, a annoncé cette dernière jeudi dans un communiqué. (Photo capture d'écran Booking)
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  • Booking a jusqu'au 31 décembre au plus tard pour mettre en conformité les "clauses et pratiques non conformes" dans ses contrats avec les hôteliers, sous peine d'une "astreinte financière journalière "
  • Cette décision s'appuie sur une législation européenne, le règlement P2B, qui oblige les plateformes à davantage de transparence envers les entreprises, ainsi que sur le code du commerce français

PARIS: La plateforme de réservation en ligne Booking a été épinglée en France pour "pratiques restrictives de concurrence" envers les hôteliers français par la Répression des fraudes, qui lui ordonne sa mise en conformité d'ici fin 2025, a annoncé cette dernière jeudi dans un communiqué.

Booking a jusqu'au 31 décembre au plus tard pour mettre en conformité les "clauses et pratiques non conformes" dans ses contrats avec les hôteliers, sous peine d'une "astreinte financière journalière dont le montant total pourra atteindre 69,35 millions d'euros", précise dans son communiqué la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF).

Cette décision s'appuie sur une législation européenne, le règlement P2B, qui oblige les plateformes à davantage de transparence envers les entreprises, ainsi que sur le code du commerce français.

Selon la DGCCRF, les conditions générales de prestations (CGP) de Booking "comportent des clauses manifestement déséquilibrées au détriment des hôteliers français".

La Répression des fraudes souligne que, selon le code du commerce, "il est interdit de tenter de soumettre ou de soumettre l'autre partie à des obligations créant un déséquilibre significatif dans les droits et obligations des parties". Or, "le fait d'entraver la liberté commerciale et tarifaire des hôteliers contrevient notamment à cet article", note-t-elle.

Le règlement P2B, lui, oblige les plateformes à "garantir l'accessibilité des conditions générales, lesquelles doivent être rédigées de manière claire et compréhensible", et à "notifier aux entreprises utilisatrices, sur un support durable, tout changement envisagé de leurs conditions générales".

"La plateforme se doit d'indiquer et de décrire, dans ses conditions générales, les principaux paramètres déterminant le classement des biens et services proposés en justifiant l'importance relative de ces paramètres par rapport aux autres", indique encore la DGCCRF.

Et "en cas de suspension ou de résiliation du compte d'une entreprise utilisatrice, la plateforme doit systématiquement lui transmettre un exposé des motifs", ajoute l'administration.

L'Umih, principale organisation professionnelle dans l'hôtellerie et la restauration, a salué jeudi dans un communiqué l'"avancée significative" que constitue cette injonction, qui doit permettre "un rééquilibrage des relations entre les plateformes numériques et les professionnels du tourisme".

Booking, dont la maison mère est aux Pays-Bas, a indiqué à l'AFP que "bien que Booking.com soit en désaccord avec les conclusions de l'enquête", l'entreprise s'emploie "activement à dissiper toutes les préoccupations".

Elle assure avoir "collaboré étroitement avec la DGCCRF afin de répondre à ses préoccupations et d'élaborer des solutions qui continuent de stimuler la demande pour (ses) partenaires d'hébergement en France, tout en satisfaisant les besoins des consommateurs".


Tutelle du FMI: «nous n'en sommes pas là», dit le gouverneur de la Banque de France

Une intervention du FMI, comme en Grèce au tournant des années 2010, parait improbable, d'autant que l'Union européenne a depuis mis en place ses propres dispositifs d'intervention d'urgence, à travers le Mécanisme européen de stabilité (MES) et la Banque centrale européenne (BCE). (AFP)
Une intervention du FMI, comme en Grèce au tournant des années 2010, parait improbable, d'autant que l'Union européenne a depuis mis en place ses propres dispositifs d'intervention d'urgence, à travers le Mécanisme européen de stabilité (MES) et la Banque centrale européenne (BCE). (AFP)
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  • Le Fonds monétaire international "intervient dans une situation extrême, quand un pays ne peut plus s'en sortir tout seul. Nous n'en sommes pas là, nous avons dans les mains notre destin, mais c'est maintenant qu'il faut agir"
  • "Je redis avec un peu de gravité, avec toute l'indépendance de la Banque de France, qu'il y a là un sujet d'intérêt national"

PARIS: "Nous n'en sommes pas là", a répondu jeudi le gouverneur de la Banque de France, interrogé sur le risque agité par le gouvernement d'une mise sous tutelle de la France par le FMI en cas de dérive des comptes, à quelques jours de l'annonce d'un grand plan d'économies par Matignon.

Le Fonds monétaire international "intervient dans une situation extrême, quand un pays ne peut plus s'en sortir tout seul. Nous n'en sommes pas là, nous avons dans les mains notre destin, mais c'est maintenant qu'il faut agir", a dit François Villeroy de Galhau en présentant devant la presse le rapport annuel de la balance des paiements à la Banque de France à Paris.

"Je redis avec un peu de gravité, avec toute l'indépendance de la Banque de France, qu'il y a là un sujet d'intérêt national", a affirmé le gouverneur, selon qui "il y a un lien très direct entre le niveau de notre dette et la liberté de la France".

"J'espère que nous n'avons pas besoin du FMI pour réaliser que le sujet est extrêmement sérieux", a-t-il poursuivi, précisant qu'il n'avait lui-même "jamais employé cette expression", à propos du mot tutelle.

La ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin a de nouveau pointé mercredi le risque "qu'un jour, les institutions internationales décident pour nous", après avoir à plusieurs reprises ces dernières semaines évoqué le risque d'une "tutelle" des institutions internationales, dont le FMI, en cas de dérive des comptes publics.

Ces mises en garde surviennent avant que le gouvernement annonce, le 15 juillet, un grand plan d'économies qui doit représenter un effort budgétaire de 40 milliards d'euros.

"Il faut évidemment tout faire pour éviter ça, notre destin budgétaire, il est entre nos mains", a dit M. Villeroy de Galhau.

Une intervention du FMI, comme en Grèce au tournant des années 2010, parait improbable, d'autant que l'Union européenne a depuis mis en place ses propres dispositifs d'intervention d'urgence, à travers le Mécanisme européen de stabilité (MES) et la Banque centrale européenne (BCE).

L'économiste en chef de l'institution de Washington, interrogé mi-juin, avait affirmé que "la question pourrait se poser mais, j'ai envie de dire, ni demain ni après-demain. Si vraiment rien n'était fait (...), s'il n'y avait aucune volonté d'infléchir la trajectoire de la dette, évidemment qu'à un moment donné, la question se poserait", avait estimé Pierre-Olivier Gourinchas.