"Grand cru" des forêts françaises, le chêne de Darney s'arrache à prix d'or

Laurent Kontor, technicien forestier territorial de l'Office National des Forêts mesure une grume de chêne Darney, au milieu de billes de chêne Darney, est de la France, le 11 décembre 2020. (Jean-Christophe Verhaegen /AFP)
Laurent Kontor, technicien forestier territorial de l'Office National des Forêts mesure une grume de chêne Darney, au milieu de billes de chêne Darney, est de la France, le 11 décembre 2020. (Jean-Christophe Verhaegen /AFP)
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Publié le Dimanche 13 décembre 2020

"Grand cru" des forêts françaises, le chêne de Darney s'arrache à prix d'or

  • Les grumes de chênes de Darney sont exposés à la lisière de la forêt, où les spécialistes de la tonnellerie et de l'ameublement de luxe viennent s'assurer de leur qualité
  • Avec des clients américains, européens, néo-zélandais ou australiens, la merranderie française exporte 70% de sa production

DARNEY, France "Un arbre comme ça, c'est trois siècles de travail" : à Darney, petite commune des Vosges réputée pour sa forêt, une vente de chênes plusieurs fois centenaires attire des acheteurs internationaux, venus observer ces "bois exceptionnels" qui font la réputation de la France à l'étranger.

Ces imposants troncs d'arbres, des "grumes" dans le langage forestier, ont été abattus après avoir atteint la taille idéale pour l'exploitation : plus de 80 centimètres de diamètre. Ils sont exposés à la lisière de la forêt, où les spécialistes de la tonnellerie et de l'ameublement de luxe viennent s'assurer de leur qualité.

"On est sur des arbres qui gagnent 2 millimètres de diamètre par an. Ils poussent très lentement mais aussi très régulièrement, ce qui leur donne ce grain exceptionnel", explique Denis Dagneaux, directeur de l'Office national des forêts (ONF) dans le secteur Vosges Ouest. "Quand vous fabriquez un tonneau, si vous n'avez pas un grain parfait, quelque chose d'homogène, de régulier, vous avez un tonneau qui fuit".

Ces bois sont également recherchés pour leurs propriétés organoleptiques, des tannins subtiles qui vont imprégner les vins et cognacs de prestige une fois mis en fûts. Des qualités liées aussi bien au travail de l'homme qu'aux spécificités du terroir local, comme en viticulture.

"Ces arbres font l'objet d'un suivi individuel, on les repère, on s'assure de leur état sanitaire", précise Denis Dagneaux. L'ensoleillement et la composition des sols font le reste: à Darney, limons et argiles offrent une terre fertile, dans laquelle chaque chêne puise quotidiennement 300 litres d'eau dans la nappe qui alimente également les villes thermales de Vittel ou Contrexeville.

Un produit rare

Alors, quand de telles "pépites" sont mises en vente, une fois par an en décembre, pas question de les laisser passer. Sur le marché du bois, ce sont des produits "très rares, deux ou trois pièces sur 10.000", calcule Gérard Guérin, patron de B2M. Cette entreprise installée à Vincey, à une cinquantaine de kilomètres de Darney, est spécialisée dans la fabrication de merrains, ces planches utilisées pour façonner la paroi des tonneaux.

Dans ses locaux d'où se dégage une entêtante odeur de bois, cet imposant quinquagénaire montre quelques signes d'anxiété au moment de s'installer derrière son ordinateur. Pandémie oblige, la vente se fait en ligne, et la concurrence s'annonce féroce. Mais il retrouve son sourire à l'issue des adjudications : il a obtenu certains des plus beaux lots parmi les 18 grumes proposées.

"C'est la conclusion d'un long travail de prospection", explique-t-il avec satisfaction. "Je vais passer une meilleure nuit ce soir que les deux précédentes".

Pour se positionner en acheteur face à des concurrents français, allemands ou italiens, Gérard Guérin a dû s'aligner : les chênes de Darney ont été attribués au prix de moyen de 907 euros le mètre cube, et jusqu'à 1.443 euros pour le lot le plus cher, quand le bois de chauffe est vendu 30 à 40 euros.

Forêt d'exception

Ces arbres ont permis aussi un développement économique local : Merrain International, filiale du groupe américain Independant Stave Company, a implanté à proximité immédiate un site de production qui emploie une centaine de salariés.

"La proximité de la forêt et la qualité de la ressource sont les raisons pour lesquelles le groupe est venu s'installer dans les Vosges", révèle le directeur général, Jean-Marc Pernigotto. "L'objectif était notamment de monter en gamme pour Kendall-Jackson", l'un des plus importants groupes vinicoles californiens, également actionnaire du groupe.

Avec des clients américains, européens, néo-zélandais ou australiens, la merranderie française exporte 70% de sa production : elle est l'une des rares activités excédentaires de la filière bois, qui accuse un déficit commercial annuel de 7 milliards d'euros.

Pour mettre en valeur ce patrimoine, le territoire postule désormais pour obtenir l'exigeant label "Forêt d'Exception", et vient de franchir avec succès la première étape de la procédure. La forêt de Darney pourrait ainsi être bientôt reconnue parmi les plus beaux massifs français, au même titre que la forêt de Fontainebleau, ou celle de Tronçais dans l'Allier.

 

 

 


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».