Putsch au Niger: L’Afrique de l'Ouest décide un blocus économique et n'exclut pas la force

Des manifestants applaudissent les troupes nigériennes alors qu'elles se rassemblent devant l'ambassade de France à Niamey lors d'une manifestation qui a suivi un rassemblement de soutien à la junte nigérienne à Niamey le 30 juillet 2023. (AFP)
Des manifestants applaudissent les troupes nigériennes alors qu'elles se rassemblent devant l'ambassade de France à Niamey lors d'une manifestation qui a suivi un rassemblement de soutien à la junte nigérienne à Niamey le 30 juillet 2023. (AFP)
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Publié le Lundi 31 juillet 2023

Putsch au Niger: L’Afrique de l'Ouest décide un blocus économique et n'exclut pas la force

  • Une manifestation de soutien à la junte a lieu dimanche matin à Niamey, qui reste relativement calme, malgré l'interdiction par les putschistes de se rassemble
  • Des centaines de personnes marchent, brandissant des drapeaux russes, en direction de l'Assemblée nationale

ABUJA: Les pays d'Afrique de l'Ouest ont fixé dimanche un ultimatum d'une semaine à la junte putschiste au Niger, affirmant ne pas exclure un "recours à la force" et a ordonné un blocus économique.

Le président français Emmanuel Macron a lui menacé de répliquer "de manière immédiate et intraitable" à toute attaque contre les ressortissants de la France et ses intérêts au Niger, où des milliers de manifestants favorables au putsch militaire ont ciblé son ambassade à Niamey.

Certains ont voulu y entrer, avant d'être dispersées par des grenades lacrymogènes. Une plaque affichant "Ambassade de France au Niger" a été arrachée, avant d'être piétinée et remplacée par des drapeaux russes et nigérien, a constaté un journaliste de l'AFP.

Le Niger est un partenaire stratégique de la France qui compte actuellement quelque 1.500 militaires dans ce pays clef dans la lutte antijihadiste et fournissant par ailleurs 20% de l'uranimum européen.

La pression s'accroît chaque jour un peu plus sur le nouvel homme fort proclamé du Niger, le général putschiste Abdourahamane Tiani, chef de la garde présidentielle, à l'origine de la chute de Mohamed Bazoum retenu par les putschistes depuis quatre jours.

Suspension de toutes les transactions

La France a salué "les décisions prises par les chefs d'Etat" de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao).

Ce bloc ouest-africain, l'Union Africaine, et les pays occidentaux, dont la France et les Etats-Unis, ne reconnaissent pas les "autorités" issues du putsch et demandent un retour à l'ordre constitutionnel.

Un sommet extraordinaire de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (dont le Niger est membre avec 14 autres pays) s'est tenu dimanche à Abuja, sous l'égide du président du Nigeria, Bola Tinubu, à la tête de l'institution régionale depuis le début du mois.

La Cédéao a exigé "la libération immédiate" du président Bazoum et le "retour complet à l'ordre constitutionnel", selon les résolutions lues à la fin du sommet.

Si ces demandes ne "sont pas satisfaites dans un délai d'une semaine", la Cédéao "prendra toutes les mesures nécessaires" et "ces mesures peuvent inclure l'usage de la force", selon ces résolutions.

Washington a fait part de son "indéfectible soutien" à M. Bazoum, assurant que le coup d'Etat mettait en péril le "partenariat" entre les Etats-Unis et le Niger.

"Nous nous joignons à la Cédéao et aux dirigeants de la région pour demander la libération immédiate du président Mohamed Bazoum et de sa famille et la restauration de toutes les fonctions de l'État au gouvernement légitime et démocratiquement élu", a déclaré le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken dans un communiqué.

L'organisation régionale a également décidé de "suspendre toutes les transactions commerciales et financières" entre ses Etats membres et le Niger, et de geler les avoirs des "responsables militaires impliqués dans la tentative de coup.

Le pays sahélien de 20 millions d'habitants est l'un des plus pauvres du monde, en dépit de ses ressources en uranium.

«Le temps est à l'action»

"Il n'est plus temps pour nous d'envoyer des signaux d'alarme", a déclaré M. Tinubu, "le temps est à l'action".

"Les sanctions feront très mal à notre pays", a répété le Premier ministre nigérien Ouhoumoudou Mahamadou, dans un entretien accordé à la chaîne France 24 dimanche.

Il s'est dit "optimiste" sur les médiations en cours.

Le dirigeant du Tchad, Mahamat Idriss Déby Itno, dont le pays n'est pas membre de la Cédéao, mais qui est voisin du Niger, également puissance militaire au Sahel alliée de la France, a participé à ce sommet.

Il a ensuite passé quelques heures à Niamey, pour "voir ce qu'il peut apporter au règlement de la crise", selon N'Djamena. Pendant sa médiation, il a échangé avec Mohamed Bazoum, dont il a publié une photo sur sa page Facebook, première image du président nigérien depuis le putsch. Assis à côté du président tchadien, Bazoum apparaît souriant.

M. Déby Itno s'est également "entretenu avec Tiani et lui a transmis un message de la Cédéao", selon l'entourage de M. Bazoum.

L'ex-président du Niger Mahamadou Issoufou a également annoncé dimanche qu'il s'employait à "trouver une sortie de crise négociée" pour faire "libérer" son successeur Mohamed Bazoum, et "le restaurer dans ses fonctions".

Samedi soir, la junte issue du putsch avait dénoncé le sommet de la Cédéao, y voyant la menace d'une "intervention militaire imminente à Niamey en collaboration avec les pays africains non membres de l'organisation et certains pays occidentaux".

Pivot antidjihadiste 

Des sanctions et ultimatums ont déjà été décidés par d'autres pays, notamment la France qui a annoncé samedi suspendre son aide au développement au Niger.

Quant à l'Union africaine, elle a fixé vendredi un ultimatum de 15 jours aux militaires pour rétablir "l'autorité constitutionnelle".

Situé en plein cœur du Sahel, le Niger est le dernier allié avec lequel la France, ancienne puissance coloniale, entretient un partenariat dit de "combat" contre les jihadistes, dans cette région minée par l'instabilité, la précarité et les attaques de groupes jihadistes.

Après le Mali et le Burkina Faso, le Niger, miné par les attaques de groupes liés à l'Etat islamique et à Al-Qaïda, est le troisième pays de la région à subir un coup d'Etat depuis 2020.


Melinda Gates quitte la fondation philanthropique fondée avec Bill Gates

Melinda Gates, co-fondatrice de la fondation Bill & Melinda Gates, arrive pour une rencontre avec le président français à l'Elysée à Paris le 1er juillet 2021. (Photo, AFP)
Melinda Gates, co-fondatrice de la fondation Bill & Melinda Gates, arrive pour une rencontre avec le président français à l'Elysée à Paris le 1er juillet 2021. (Photo, AFP)
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  • Après ce départ, l'organisation va être renommée et portera le nom de Fondation Gates, a précisé son dirigeant exécutif, Mark Suzman
  • Avant de se lancer dans la philanthropie, Mme French Gates a notamment été programmeuse informatique, puis responsable marketing chez Microsoft

LOS ANGELES: Melinda French Gates, qui présidait l'une des fondations philanthropiques les plus influentes du monde, a annoncé lundi qu'elle allait quitter cette organisation, créée avec son désormais ex-mari, l'un des fondateurs de Microsoft, Bill Gates.

Mme French Gates a déclaré sur X qu'elle était "immensément fière" du travail de la Fondation Bill et Melinda Gates, créée par le couple en 2000. Son dernier jour au sein de cette organisation, particulièrement engagée en matière de santé et de réduction de la pauvreté, sera le 7 juin.

La fondation est l'un des principaux donateurs de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et exerce une influence considérable sur les politiques des pays en développement, notamment dans les domaines de la santé et de l'éducation.

Son travail a entre autres permis de réduire la mortalité liée au paludisme et à d'autres maladies infectieuses.

M. et Mme Gates ont annoncé leur intention de divorcer en mai 2021, après 27 ans de mariage. La fondation avait alors déclaré qu'ils resteraient coprésidents de l'organisation.

"Le moment est venu pour moi d'aborder le prochain chapitre de ma philanthropie", a expliqué Mme French Gates en ajoutant qu'elle allait disposer de 12,5 milliards de dollars pour s'engager "auprès des femmes et des familles".

"Nous vivons un moment crucial pour les femmes et les filles aux Etats-Unis et dans le monde entier, et ceux qui luttent pour protéger et faire progresser l'égalité ont un besoin urgent de soutien", a-t-elle ajouté. 

Nouveau nom

La démocrate Hillary Clinton, ex-candidate à la présidence, a notamment salué l'annonce de Mme French Gates.

"Merci pour tout ce que vous avez déjà fait, et j'ai hâte de voir tout ce que vous ferez ensuite", a-t-elle réagi sur X.

Ce départ avait été balisé peu après l'annonce du divorce du couple.

En juillet 2021, la fondation avait publié un communiqué pour annoncer que "si, après deux ans, l'un ou l'autre décide qu'ils ne peuvent pas continuer à travailler ensemble en tant que coprésidents, Mme French Gates démissionnera de son poste".

"Dans ce cas, Mme French Gates recevra des ressources personnelles de M. Gates pour son travail philanthropique", prévoyait déjà l'organisation.

Avant de se lancer dans la philanthropie, Mme French Gates a notamment été programmeuse informatique, puis responsable marketing chez Microsoft.

Bill Gates a salué lundi les "contributions essentielles" de son ex-femme au sein de la fondation.

"Je suis désolée de voir Melinda partir, mais je suis sûre qu'elle aura un impact énorme dans son futur travail philanthropique", a déclaré sur X le milliardaire, l'un des fondateurs du géant de l'informatique basé près de Seattle.

Il restera "pleinement engagé" au sein de la fondation, a-t-il ajouté.

Après ce départ, l'organisation va être renommée et portera le nom de Fondation Gates, a précisé son dirigeant exécutif, Mark Suzman.

Depuis sa création en 2000, l'organisation a dépensé 53,8 milliards de dollars, selon son site internet. Une somme qui a selon elle contribué à la division par deux de la mortalité chez les enfants de moins de cinq ans, observée depuis 1990.

En 2023, la fondation a financé des projets dans 48 Etats des Etats-Unis et 135 pays du monde.

Outre la fortune personnelle de Bill Gates, l'organisation a également été largement financée par le milliardaire et homme d'affaires américain Warren Buffet.

 


Le chancelier Olaf Scholz en Suède pour un sommet sur la sécurité

Le chancelier allemand Olaf Scholz (Photo, AFP).
Le chancelier allemand Olaf Scholz (Photo, AFP).
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  • Les pays nordiques et l'Allemagne figurent parmi les principaux soutiens de l'Ukraine depuis l'invasion russe
  • M. Scholz doit visiter lundi après-midi l'équipementier de télécommunications Ericsson

STOCKHOLM: Le chancelier allemand Olaf Scholz arrive lundi en Suède pour une visite de deux jours, où il va rencontrer ses homologues des pays nordiques pour discuter des questions de sécurité et de compétitivité économique, selon le gouvernement suédois.

M. Scholz doit visiter lundi après-midi l'équipementier de télécommunications Ericsson, dont les locaux se trouvent en banlieue nord de Stockholm, en compagnie des Premiers ministres d'Islande, du Danemark, de la Norvège, de la Finlande et de la Suède.

Ils y "discuteront des questions de politique de sécurité telles que les menaces hybrides, la préparation civile et les nouvelles technologies", précise le gouvernement dans un communiqué. Une conférence de presse est prévue à 15H55 GMT.

"Le soir, lors d'un dîner, la discussion portera sur la poursuite du soutien à l'Ukraine", ajoute le gouvernement, au moment où l'armée ukrainienne est sur le recul face à la Russie dans la région de Kharkiv (nord-est).

Les pays nordiques et l'Allemagne figurent parmi les principaux soutiens de l'Ukraine depuis l'invasion russe en février 2022, Berlin étant le deuxième plus gros donateur au monde (14,5 milliards d'aides au total), selon le Kiel institute.

Compétitivité 

"La politique de sécurité et le prochain sommet de l'Otan figurent en tête de l'ordre du jour", a déclaré lundi le Premier ministre suédois Ulf Kristersson dans une tribune publiée par le quotidien économique Dagens industri.

"Les questions de compétitivité économique" figurent aussi au menu, a-t-il ajouté, soulignant que "la région nordique souhaite jouer un rôle moteur dans les efforts visant à renforcer l'économie européenne",

Mardi, des entretiens bilatéraux sont prévus entre Olaf Scholz et Ulf Kristersson, et un "partenariat stratégique d'innovation" sera signé entre les deux pays.

Une visite à la pépinière d'entreprises Norrsken Foundation, qui soutient les jeunes sociétés en croissance, est également programmée.

C'est la première fois que les deux chefs de gouvernement se rencontrent depuis l'adhésion de la Suède à l'Otan en mars 2024.

Le prochain sommet de l'Alliance atlantique aura lieu de 9 au 11 juillet à Washington.

"La Suède a et doit avoir une voix internationale claire dans le monde", a noté M. Kristersson dans la tribune, soulignant qu'avec "les deux autres pays de la mer Baltique, la Pologne et l'Allemagne, notre région sera plus sûre et plus forte".


La Turquie annonce un plan de rigueur sur trois ans anti-inflation

Un employé d'un bureau de change compte les billets de banque en livres turques (Photo, AFP).
Un employé d'un bureau de change compte les billets de banque en livres turques (Photo, AFP).
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  • L'inflation a atteint 69,8% sur un an en avril en Turquie, contre 68,5% en mars
  • M. Simsek a confirmé le retour à une inflation à un chiffre à la fin 2025

La Turquie a annoncé lundi un plan d'économies sur trois ans visant à réduire les dépenses publiques pour sortir de l'inflation qui atteignait 70% sur un an en avril.

"Notre priorité est de combattre la cherté de la vie. Une faible inflation à un chiffre est indispensable pour une croissance durable", a affirmé le ministre de l'Economie Mehmet Simsek lors de la présentation du plan d'économies à Ankara.

Le plan prévoit de nombreuses restrictions de budget "pour l'ensemble du service public", dont certaines nécessitant des changements législatifs qui seront soumis au Parlement, a précisé le ministre.

L'achat ou la location de tout nouveau véhicule de service public sera ainsi interdit pendant trois ans, à l'exception des "besoins obligatoires" concernant le secteur de la santé, de la sécurité et de la défense.

L'usage de véhicules importés prendra aussi fin au sein du service public, a promis le ministre et le recours aux transports publics imposés aux fonctionnaires.

A l'exception de ceux effectués contre les risques sismiques, ou à la suite de catastrophes naturelles, la construction ou l'achat de bâtiments publics sont aussi suspendus pour trois ans.

D'autres coupures budgétaires sont aussi prévus pour "discipliner les dépenses" comme la réduction de 10% des budgets publics pour l'achat des biens et des services et de 15% pour les investissements, à l'exception des dépenses concernant les régions affectées par le séisme de février 2023 (plus de 55.000 morts).

Le ministre n'a pas précisé la politique du gouvernement sur les salaires, mais le nombre des recrutements dans la fonction publique sera limité au nombre des départs à la retraite, a-t-il assuré.

Mi-avril, le ministre turc du Travail, Vedat Isikhan, avait annoncé mi-avril le gel du salaire minimum d'ordinaire relevé en juillet, contrairement aux deux années précédentes.

Le salaire minimum net a été relevé de près de 50% au 1er janvier, pour atteindre 17.002 livres turques (489 euros).

69.8% 

L'inflation a atteint 69,8% sur un an en avril en Turquie, contre 68,5% en mars, selon les données officielles publiées début mai.

La semaine dernière, le gouverneur de la Banque centrale de Turquie Fatih Karahan avait estimé que l'inflation commencerait à baisser en juin, et revu légèrement en hausse sa prévision pour la fin de l'année, à 38% contre 36%.

M. Simsek a confirmé le retour à une inflation à un chiffre à la fin 2025.

La hausse vertigineuse des prix à la consommation et l'affaissement de la livre turque face à dollar et à l'euro sont jugés responsables du sévère revers électoral infligé au président Recep Tayyip Erdogan et à son parti, l'AKP, lors des municipales du 31 mars.

Un groupe d'économistes turcs indépendants (Enag) estime l'inflation à plus de 124% sur un an en avril, en hausse de 5 points sur un mois.