Geoffroy Lejeune au JDD, général sans armée

Le journaliste français Geoffroy Lejeune pose lors d'une séance photo à Paris le 28 septembre 2020. (AFP / Joel Saget)
Le journaliste français Geoffroy Lejeune pose lors d'une séance photo à Paris le 28 septembre 2020. (AFP / Joel Saget)
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Publié le Lundi 31 juillet 2023

Geoffroy Lejeune au JDD, général sans armée

  • Geoffroy Lejeune prendra officiellement la tête du JDD mardi, malgré l'opposition de la rédaction, en grève depuis plus d'un mois
  • La rédaction du JDD (Journal du dimanche) s'était mise en grève lorsque Le Monde avait dévoilé l'arrivée de M. Lejeune, tout juste renvoyé de l'hebdomadaire d'extrême droite Valeurs actuelles

Paris : Trentenaire marqué à l'extrême droite qui se voit volontiers en mousquetaire ferraillant contre le progressisme, Geoffroy Lejeune prendra officiellement la tête du JDD mardi, malgré l'opposition de la rédaction, en grève depuis plus d'un mois.

«C'est un immense honneur dans une carrière de journaliste de pouvoir travailler au service d'un titre aussi prestigieux que le JDD. Je le mesure pleinement et souhaite mettre toute mon énergie à la réussite de ce défi», assurait-il sur Twitter (depuis rebaptisé X) le 23 juin après l'annonce de son recrutement par le groupe Lagardère, propriétaire du JDD.

C'est resté son seul commentaire public. La rédaction du JDD (Journal du dimanche) s'était mise en grève la veille, lorsque Le Monde avait dévoilé l'arrivée de M. Lejeune, tout juste renvoyé de l'hebdomadaire d'extrême droite Valeurs actuelles.

Depuis, la grève a systématiquement été reconduite à la quasi-unanimité, empêchant la parution du JDD six dimanches de suite. La rédaction, qui juge «les valeurs» de M. Lejeune «en totale contradiction avec celles du JDD», craint un virage à droite toute pour le journal.

- L'ombre de Bolloré -

Même si Arnaud Lagardère, le patron du groupe, s'en défend, nombre d'observateurs voient dans cette nomination la main du milliardaire Vincent Bolloré, aux opinions réputées ultra-conservatrices. Vivendi, groupe de M. Bolloré, est en effet en train d'absorber Lagardère.

Sollicité par l'AFP, M. Lejeune n'a pas donné suite.

«On n'abdique pas l'honneur d'être une cible», revendiquait-il en paraphrasant Cyrano, «l'homme du panache français», dans une vidéo sur les réseaux sociaux fin octobre.

La presse le disait en passe d'être viré de Valeurs actuelles mais il avait sauvé sa tête en lançant une campagne de soutien au magazine.

Pour un journaliste de Valeurs actuelles qui veut rester anonyme, l'histoire illustre sa «capacité de rebond»: «Geoffroy a du génie, il a une espèce d'énergie assez hallucinante».

A l'inverse, un ancien collaborateur dépeint le journaliste de 34 ans en «enfant gâté» qui a transformé le magazine en «secte» et le compare au «gamin dans Astérix (en Hispanie, ndlr) qui fait des crises en permanence».

C'est une altercation qui lui a coûté sa place à Valeurs actuelles.

Le 29 mai, avant une réunion, M. Lejeune s'était opposé à la présence de Jean-Louis Valentin, le nouveau président de Valmonde, groupe propriétaire du magazine.

Selon des informations de presse, cela se doublait de désaccords sur la ligne éditoriale du titre, que Valmonde aurait jugée trop à droite. Le groupe n'a pas commenté.

Arrivé à la tête de l'hebdomadaire en 2016, à seulement 27 ans, M. Lejeune en a fait un soutien du candidat d'extrême droite Eric Zemmour à la présidentielle de 2022, sept ans après lui avoir consacré un livre dans lequel il le voyait élu.

- Conquête idéologique -

Chevelure blonde indisciplinée, barbiche et visage poupin, le journaliste est ami depuis l'adolescence avec une autre figure d'extrême droite, Marion Maréchal.

Alors qu'il dirigeait Valeurs actuelles, il assumait une «volonté de conquête» idéologique, dans une interview au site de l'Issep, l'école de sciences politiques cofondée par Marion Maréchal.

«Nous essayons de faire progresser nos idées dans le débat public, de convaincre des gens, de défendre nos positions y compris dans les autres médias traditionnels», disait-il en fustigeant la «bien-pensance relativiste, progressiste et mollassonne».

Habitué des plateaux de CNews, chaîne info de la galaxie Bolloré, M. Lejeune est rompu aux codes modernes de communication, notamment sur Twitter. En avril, lors d'une soirée organisée par Valeurs actuelles, il était monté sur scène guitare en main pour pasticher une chanson de Vianney.

Son efficacité médiatique lui vaut nombre d'admirateurs à la droite de la droite.

«Tu es l'honneur du journalisme français (...) Tes amis sont fiers de l'amitié que tu leur donnes et de la voie que tu traces», avait tweeté Philippe de Villiers après son renvoi de Valeurs actuelles.

Sous la direction de M. Lejeune, l'hebdo a été condamné à une amende de 1.000 euros avec sursis pour injure publique à caractère raciste envers la députée LFI Danièle Obono.

En cause, un article et un dessin parus en août 2020 sous le titre «Obono l'Africaine», où l'élue d'origine gabonaise était dépeinte en esclave.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.