L'animal le plus lourd de tous les temps ? Un ancêtre de la baleine bleue pourrait battre le record

Une image diffusée par Nature Publishing Group le 1er août 2023 montre une illustration d'artiste de Perucetus colossus, une baleine ancienne découverte au Pérou qui, selon les scientifiques, pourrait être l'animal le plus lourd ayant jamais vécu. (Photo par Alberto GENNARI / NATURE PUBLISHING GROUP / AFP)
Une image diffusée par Nature Publishing Group le 1er août 2023 montre une illustration d'artiste de Perucetus colossus, une baleine ancienne découverte au Pérou qui, selon les scientifiques, pourrait être l'animal le plus lourd ayant jamais vécu. (Photo par Alberto GENNARI / NATURE PUBLISHING GROUP / AFP)
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Publié le Jeudi 03 août 2023

L'animal le plus lourd de tous les temps ? Un ancêtre de la baleine bleue pourrait battre le record

  • Le mastodonte marin appelé Perucetus colossus, dont les premiers fossiles ont été découverts au Pérou en 2010, vivait il y a 39 millions d'années
  • Son poids moyen a été estimé à 180 tonnes par une équipe de scientifiques dont les travaux sont publiés dans Nature

PARIS : Tremblez baleines bleues ! L'un de vos lointains ancêtres aujourd'hui disparu pourrait dépasser votre record de l'animal le plus lourd ayant jamais vécu sur Terre, selon une étude publiée mercredi.

Le mastodonte marin appelé Perucetus colossus, dont les premiers fossiles ont été découverts au Pérou en 2010, vivait il y a 39 millions d'années. Son poids moyen a été estimé à 180 tonnes par une équipe de scientifiques dont les travaux sont publiés dans Nature.

Un chiffre insuffisant pour remporter le titre d'animal le plus lourd de tous les temps, puisque la plus grosse baleine bleue moderne jamais répertoriée pesait 190 tonnes selon le Guinness World Records. Un record donc, dépassant même les dinosaures géants disparus il y a des millions d'années.

Mais en extrapolant à partir des ossements massifs de Perucetus colossus (la "baleine colossale du Pérou"), les chercheurs suggèrent que le poids de l'ancien cétacé pouvait varier de 85 à... 340 tonnes.

Ils restent prudents dans leurs conclusions, mais "il n'y a aucune raison de penser que le spécimen découvert au Pérou était le plus gros de son espèce", déclare à l'AFP Eli Amson, co-auteur de l'étude.

"Il y a de fortes chances que certains individus aient battu le record" de la baleine bleue, ajoute ce paléontologue du Muséum national d'histoire naturelle de Stuttgart en Allemagne. Ce qui est sûr, c'est "que nous sommes dans la même fourchette".

Le premier fossile de Perucetus colossus a été découvert en 2010 dans le désert de la côte sud du Pérou par le paléontologue Mario Urbina. Mais cela "ressemblait plus à un rocher qu'à un fossile", selon Eli Amson.

Une toute petite tête

Au total, 13 gigantesques vertèbres - dont l'une pesait près de 200 kg - ont été trouvées sur le site, ainsi que quatre côtes et un os de la hanche.

Il a fallu des années et de nombreux voyages pour collecter et préparer les fossiles, et plus longtemps encore pour que l'équipe de chercheurs péruviens et européens détermine exactement à quoi elle avait affaire: une nouvelle espèce de basilosauridae, une famille éteinte de cétacés.

La famille des cétacés actuels comprend les dauphins, les baleines et les marsouins. Leurs premiers ancêtres vivaient sur la terre - certains ressemblaient à de petits cerfs.

Au fil du temps, ils ont migré vers l'eau, et les basilosauridae sont les premiers cétacés à avoir adopté un mode de vie entièrement aquatique. Pour s'adapter à ce changement (et pouvoir stocker notamment plus d'énergie), ces mammifères marins se sont mis à grossir, un processus d'évolution appelé gigantisme.

Ils ont atteint le maximum de leur masse corporelle 30 millions d'années plus tôt qu'estimé, selon l'étude.

Comme les autres basilosauridae, Perucetus colossus avait une tête "ridiculement petite" par rapport à son corps, même si l'on n'a pas trouvé d'os l'attestant, précise le Dr Amson. 

Dans 10 mètres d'eau

En l'absence de dents, il est impossible de savoir avec certitude ce que mangeaient ces géants aquatiques. Mais le scientifique émet l'hypothèse qu'ils ratissaient les fonds marins, notamment parce qu'ils ne pouvaient pas nager rapidement.

L'animal évoluait certainement en eaux peu profondes au vu de la lourdeur de ses os: le squelette entier du spécimen retrouvé au Pérou pesait entre cinq et sept tonnes, soit plus de deux fois le poids du squelette d'une baleine bleue.

"Il s'agit sans aucun doute du squelette le plus lourd de tous les mammifères connus à ce jour, ainsi que de tous les animaux aquatiques", souligne l'auteur de l'étude.

L'imposant mammifère avait besoin d'un squelette lourd pour compenser l'énorme quantité de graisse flottante - et d'air dans ses poumons - qui auraient pu le faire remonter à la surface.

Ce juste équilibre entre la densité osseuse et la graisse lui a permis de se maintenir au milieu d'environ 10 mètres d'eau "sans bouger un muscle", explique Eli Amson.

Perucetus colossus "est très différent de tout ce que nous avons trouvé jusqu'à présent", commente auprès de l'AFP Felix Marx, expert en mammifères marins au musée néo-zélandais Te Papa Tongarewa, qui n'a pas participé à l'étude.

Les fossiles sont exposés au Muséum d'histoire naturelle de Lima.


Le cinéma soudanais pour faire sortir la guerre de l'indifférence

L'actrice soudanaise Eiman Yousif pose lors d'une séance photo à la huitième édition du Festival international du film de femmes d'Assouan, dans la ville d'Assouan, au sud de l'Égypte, le 21 avril 2024. (Photo Khaled Desouki AFP)
L'actrice soudanaise Eiman Yousif pose lors d'une séance photo à la huitième édition du Festival international du film de femmes d'Assouan, dans la ville d'Assouan, au sud de l'Égypte, le 21 avril 2024. (Photo Khaled Desouki AFP)
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  • Cinq courts-métrages soudanais sont présentés dans le cadre de la huitième édition du Festival du film de femmes d'Assouan, ville du sud égyptien à 300 kilomètres de la frontière soudanaise
  • Eiman Yousif est la révélation de «Goodbye Julia», le premier long-métrage soudanais présenté en 2023 en sélection officielle à Cannes

ASSOUAN, Egypte : Le cinéma pour faire sortir la guerre au Soudan de l'indifférence: au Festival du film d'Assouan en Egypte, des réalisateurs et des acteurs soudanais témoignent du désespoir d'un peuple plongé dans des conflits sans fin.

«Il faut que nous parlions de nous et de nos problèmes passés sous silence, même via une simple production artistique», dit à l'AFP l'actrice soudanaise Eiman Yousif.

Un an de guerre sanglante entre généraux rivaux au Soudan ont mis à genoux ce pays du nord-est de l'Afrique, déjà l'un des plus pauvres avant la guerre.

Cinq courts-métrages soudanais sont présentés dans le cadre de la huitième édition du Festival du film de femmes d'Assouan, ville du sud égyptien à 300 kilomètres de la frontière soudanaise. Des acteurs et des réalisateurs soudanais de premier plan sont venus soutenir la production de leur pays.

Eiman Yousif est la révélation de «Goodbye Julia», le premier long-métrage soudanais présenté en 2023 en sélection officielle à Cannes.

Dans ce film, ayant pour trame de fond les événements ayant mené le Soudan du Sud à indépendance en 2011, l'actrice incarnait Mona, une chanteuse originaire du Nord ayant renoncé à sa carrière pour son mari.

«La sécession du sud a été un événement majeur et nous avons tous été atteints psychologiquement» par cette guerre, affirme l'actrice drapée dans une robe traditionnelle soudanaise blanche.

Au Soudan, l'industrie du cinéma a beaucoup souffert du régime conservateur, sécuritaire et liberticide de l'autocrate Omar el-Béchir renversé en 2019.

- Une production «résultat de souffrances» -

Sous ses trente ans de dictature de nombreux cinémas de la capitale Khartoum ou du reste du pays ont fermé leurs portes.

«On fait tout notre possible pour que la production cinématographique ne s'arrête pas à nouveau» dans un pays où «elle est le résultat de souffrances», explique à l'AFP le réalisateur soudanais Mohammed al-Tarifi en marge du festival.

Parmi les courts-métrages projetés à Assouan, «Une brique pour elles» du réalisateur Razan Mohamed raconte le destin sinueux de femmes déplacées en 2003 vers un camp de réfugiés pendant la guerre au Darfour.

«A l'heure où nous parlons, elles ont été déplacées pour une deuxième fois, on ne sait pas vers où», dit M. al-Tarifi.

Egalement à l'affiche, le film «Femmes de guerre» du réalisateur soudanais Al-Qadal Hassan qui traite de l'impact des guerres sur des femmes dans l'Etat du Nil Bleu (sud).

«Les guerres et les crises épuisent» mais elles sont aussi sources de «rêves et de nouvelles idées», dit Eiman Yousif.

Un an de guerre a dévasté le Soudan et fait des milliers de morts. Elle a aussi jeté plus de deux millions de Soudanais sur les routes de l'exil, dont 500.000 ont choisi l'Egypte.

«La diaspora génère de la créativité et la présence soudanaise au Caire s'accompagne d'un mouvement artistique très actif qui va permettre à davantage de productions de voir le jour», poursuit M. Tarifi.

Dans un Soudan avide de changements, un nouveau cinéma nourri par la révolution qui a chassé du pouvoir Omar el-Béchir a émergé.

En tête de ceux-ci, «Tu mourras à 20 ans», réalisé par Amjad Abou Alala, a été le premier film soudanais sélectionné aux Oscars et le premier à être diffusé sur la plateforme en ligne Netflix après avoir raflé plusieurs récompenses internationales, dont à la Mostra de Venise.

Dans ce long-métrage, un mystique soufi prédit la mort à 20 ans du protagoniste Muzamil, qui vit dans l'inquiétude, jusqu'à sa rencontre avec un vieux réalisateur misanthrope qui l'initie à l'hédonisme.

Un hymne à la liberté questionnant le rigorisme religieux, fait impensable il y a encore quelques années dans ce pays très majoritairement musulman.

Même si les salles de cinéma sont rares au Soudan, pour Eiman Youssif «il suffit d'un projecteur et d'un mur blanc pour montrer des films aux gens. Le plus important, c'est de regarder».


La réalisatrice marocaine Asmae El-Moudir rejoint le jury Un Certain Regard à Cannes

Asmae El-Moudir est la réalisatrice du film « La Mère de tous les mensonges » (AFP)
Asmae El-Moudir est la réalisatrice du film « La Mère de tous les mensonges » (AFP)
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  • Le Festival de Cannes a annoncé jeudi que Asmae El-Moudir fera partie du jury Un Certain Regard lors de la 77e édition de l'événement
  • Un Certain Regard met en valeur les films d'art et de découverte d'auteurs émergents

DUBAÏ: Le Festival de Cannes a annoncé jeudi que la réalisatrice, scénariste et productrice marocaine Asmae El-Moudir fera partie du jury Un Certain Regard lors de la 77e édition de l'événement, qui se tiendra du 14 au 25 mai.

Elle sera accompagnée de la scénariste et réalisatrice sénégalaise Maïmouna Doucouré, de l'actrice luxembourgeoise Vicky Krieps et du critique de cinéma, réalisateur et écrivain américain Todd McCarthy.

Xavier Dolan sera le président du jury Un Certain Regard.

L'équipe supervisera l'attribution des prix de la section Un Certain Regard, qui met en valeur les films d'art et de découverte d'auteurs émergents, à partir d'une sélection de 18 œuvres, dont huit premiers films.

Asmae El-Moudir est la réalisatrice du film « La Mère de tous les mensonges », acclamé par la critique.

Le film a remporté les honneurs de la section Un Certain Regard, ainsi que le prestigieux prix L'œil d'Or du meilleur documentaire au festival de 2023. Le film explore le parcours personnel de la réalisatrice, élucidant les mystères de l'histoire de sa famille avec pour toile de fond les émeutes du pain de 1981 à Casablanca.

Asmae El-Moudir n'est pas la seule Arabe à rejoindre l'équipe de Cannes. 

L'actrice maroco-belge Lubna Azabal a été nommée cette semaine présidente du jury des courts-métrages et de La Cinef lors du festival. Les prix La Cinef sont la sélection du festival dédiée aux écoles de cinéma.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


Le plus grand projet de restauration corallienne au monde dévoilé en mer Rouge

La pépinière, construite sur la côte de Neom, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, devrait transformer les efforts de restauration corallienne grâce à une capacité de production de 40 000 coraux par an. (SPA)
La pépinière, construite sur la côte de Neom, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, devrait transformer les efforts de restauration corallienne grâce à une capacité de production de 40 000 coraux par an. (SPA)
La pépinière, construite sur la côte de Neom, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, devrait transformer les efforts de restauration corallienne grâce à une capacité de production de 40 000 coraux par an. (SPA)
La pépinière, construite sur la côte de Neom, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, devrait transformer les efforts de restauration corallienne grâce à une capacité de production de 40 000 coraux par an. (SPA)
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  • «KCRI est le plus grand projet de restauration corallienne du monde et constitue une étape importante vers la restauration des récifs à l’échelle mondiale»
  • «Les événements récents nous rappellent brutalement la crise mondiale à laquelle sont confrontés les récifs coralliens»

RIYAD: Des scientifiques de l’université des sciences et technologies du roi Abdallah (Kaust), en collaboration avec Neom, ont inauguré la première pépinière de l’Initiative de restauration corallienne de la Kaust (KCRI).

«KCRI est le plus grand projet de restauration corallienne du monde et constitue une étape importante vers la restauration des récifs à l’échelle mondiale. Une première pépinière est officiellement opérationnelle et une seconde est en cours de construction. Elles sont toutes deux situées en mer Rouge», indique un communiqué publié jeudi.

La pépinière, construite sur la côte de Neom, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, devrait transformer les efforts de restauration corallienne grâce à une capacité de production de 40 000 coraux par an.

Les chercheurs se serviront de cette installation pilote pour lancer des initiatives de restauration corallienne à grande échelle, avec notamment la pépinière de coraux terrestre la plus grande et la plus avancée au monde.

Située sur le même site, cette dernière aura une capacité décuplée et pourra produire 400 000 coraux par an. Le projet devrait être achevé en décembre 2025.

Abritant 25% des espèces marines connues, bien qu’ils couvrent moins d’1% des fonds marins, les récifs coralliens sont le fondement de nombreux écosystèmes marins. Les experts estiment que jusqu’à 90% des récifs coralliens de la planète subiront un stress thermique grave d’ici à 2050.

«Les événements récents nous rappellent brutalement la crise mondiale à laquelle sont confrontés les récifs coralliens. Nous avons donc pour ambition de trouver un moyen de faire passer les efforts de restauration actuels, à forte intensité de main-d’œuvre, à des processus industriels afin d’inverser le rythme actuel de dégradation des récifs coralliens», a expliqué le professeur Tony Chan, président de la Kaust.

Cette initiative s’aligne sur la Vision 2030 de l’Arabie saoudite et sur ses efforts pour renforcer la conservation marine en tirant parti des recherches réalisées par la Kaust sur les écosystèmes marins et en servant de plate-forme pour tester des méthodes de restauration innovantes.

«Grâce à notre partenariat de longue date avec la Kaust, nous mettrons également en lumière le rôle des récifs coralliens, qui comptent parmi les systèmes environnementaux marins les plus importants, ainsi que l’importance de leur préservation pour les générations futures», a confié le PDG de Neom, Nadhmi al-Nasr.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com