USA: le marché de l’emploi se détend un peu en juillet, pas assez face à l’inflation

Les gens font leurs courses dans un magasin Trader Joe's alors que les employés et les militants syndicaux organisent un rassemblement à Manhattan le 18 avril 2023, à New York (Photo, AFP).
Les gens font leurs courses dans un magasin Trader Joe's alors que les employés et les militants syndicaux organisent un rassemblement à Manhattan le 18 avril 2023, à New York (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 05 août 2023

USA: le marché de l’emploi se détend un peu en juillet, pas assez face à l’inflation

  • Le taux de chômage est tombé en juillet à 3,5%, contre 3,6% le mois précédent, a annoncé vendredi le département du Travail
  • Le président Joe Biden s'est félicité de ces chiffres: «le taux de chômage au plus bas et la part des Américains en âge de travailler qui occupent un emploi à un plus haut en 20 ans»

WASHINGTON: Le marché de l'emploi est resté tendu en juillet aux États-Unis et même les créations d'emplois moins fortes qu'attendu n'ont pas suffi à faire ralentir la croissance des salaires, condition nécessaire à une baisse durable de l'inflation.

Le taux de chômage est tombé en juillet à 3,5%, contre 3,6% le mois précédent, a annoncé vendredi le département du Travail. Il reste ainsi dans la fourchette historiquement basse de 3,4 à 3,7% dans laquelle il évolue depuis un an et demi.

Le président Joe Biden s'est félicité de ces chiffres: "le taux de chômage au plus bas et la part des Américains en âge de travailler qui occupent un emploi à un plus haut en 20 ans: ce sont les Bidenomics", c'est-à-dire sa politique économique, a-t-il souligné dans un communiqué.

Car le marché du travail reste solide, malgré le ralentissement de l'activité économique provoqué par la banque centrale américaine (Fed) en vue de ralentir l'inflation.

Les créations d'emplois, en revanche, ont déçu, avec 187 000 emplois créés seulement, quand les analystes tablaient sur 200 000, selon le consensus de Market Watch. Celles de mai et juin ont été révisées à la baisse, avec au total 49 000 emplois de moins qu'initialement annoncé.

"Des emplois ont été créés dans les services de santé, l'assistance sociale, les activités financières et le commerce de gros", a détaillé le département du Travail.

Ces chiffres ont satisfait Wall Street, qui a ouvert en hausse vendredi matin. Vers 14H00 GMT, le Dow Jones s'élevait de 0,34%, l'indice Nasdaq prenait 0,34% et l'indice élargi S&P 500 s'octroyait 0,29%.

De «brûlant» à «chaud»

Malgré cela, le marché de l'emploi, qui fait face depuis deux ans à une importante pénurie de main d’œuvre, reste tendu.

"Le marché du travail, qui était brûlant, a perdu quelques degrés, et est désormais chaud", a commenté Robert Frick, économiste pour Navy Federal Credit Union.

Et "il pourrait rester ainsi pendant des mois étant donné le manque d'emplois dans les secteurs clés qui continuent de générer des postes supplémentaires, dont les services de santé et le gouvernement", estime-t-il.

Cela ne devrait pas suffira à convaincre la Fed qu'une baisse durable de l'inflation est sur les rails, estime Rubeela Farooqi, cheffe économiste pour High Frequency Economics.

Elle souligne que les responsables de l'institution "voudront voir des preuves supplémentaires d'un assouplissement de la croissance de l'emploi, des salaires et de l'inflation à des niveaux plus durables".

Car tant que les employeurs ne trouveront pas assez de personnel, les salaires, eux, continueront à grimper. Le rythme de croissance a certes déjà bien ralenti, mais pas assez encore pour que cela cesse d'alimenter l'inflation.

Hausse toujours forte des salaires

Ainsi, en juillet, la hausse des salaires n'a montré aucun signe de ralentissement par rapport à juin, et reste de 4,4% sur un an, a détaillé le département du Travail.

"Reflétant les tensions sur le marché du travail, les salaires horaires moyens continuent d'augmenter à un rythme soutenu, (...), bien supérieur au-dessus du rythme d'avant Covid de 3% à 3,5%", a souligné dans une note Kathy Bostjancic, cheffe économiste de la compagnie d'assurances Nationwide.

"Cela n'est pas compatible avec un taux d'inflation de 2%", que vise la Fed, ajoute-t-elle, rappelant que le président de la Fed, Jerome Powell, "a souligné que le taux de croissance des salaires devrait ralentir à environ 3,5%".

L'inflation a certes bien baissé depuis son pic de l'été dernier, et était en juin de 3,0% sur un an, selon l'indice CPI, dont les chiffres de juillet seront publiés le 10 août.

Cela reste trop élevé au goût de la Fed, qui vise 2,0%.

La Fed a ainsi relevé ses taux 11 fois depuis mars 2022, pour rendre le crédit toujours plus onéreux, et ainsi décourager la consommation et l'investissement.

Une dégradation économique est toujours attendue pour la fin de l'année et le début de l'année suivante. Néanmoins, il semble désormais possible d'échapper à la récession, qui paraissait pourtant inéluctable il y a peu.

Le secteur manufacturier, notamment, est à la peine depuis plusieurs mois.


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
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  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.