Niger: la Cedeao ordonne le déploiement de sa «force en attente»

Vue générale du Comité des chefs d'état-major de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) lors de ses délibérations à Abuja (Nigeria) sur les troubles politiques en République du Niger, le 2 août 2023. (Photo, AFP)
Vue générale du Comité des chefs d'état-major de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) lors de ses délibérations à Abuja (Nigeria) sur les troubles politiques en République du Niger, le 2 août 2023. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 11 août 2023

Niger: la Cedeao ordonne le déploiement de sa «force en attente»

  • L'organisation a ordonné « le déploiement de la force en attente de la Cedeao pour rétablir l'ordre constitutionnel au Niger», a déclaré le président de la Commission de la Cedeao, Omar Touray
  • M. Touray a cependant réaffirmé «l'engagement continu à la restauration de l’ordre constitutionnel, à travers des moyens pacifiques»

ABUJA: La Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao) a ordonné jeudi le déploiement d'une "force en attente" pour restaurer l'ordre constitutionnel au Niger, et qui devrait intervenir "dans les plus brefs délais", selon le président ivoirien Alassane Ouattara.

La Cedeao, qui espère toutefois toujours parvenir à une résolution pacifique de la crise, n'a précisé aucun calendrier, ni le nombre ou l'origine des militaires composant cette "force en attente".

Mais jeudi soir, à son retour à Abidjan, le président ivoirien Alassane Ouattara a déclaré que les chefs d'Etat de la Cedeao avaient donné leur feu vert pour que l'opération "démarre dans les plus brefs délais".

M. Ouattara a précisé que la Côte d'Ivoire "fournira un bataillon" de 850 à 1.100 hommes, aux côtés du Nigeria et du Bénin notamment, et que "d'autres pays" les rejoindront.

"Les putschistes peuvent décider de partir dès demain matin et il n'y aura pas d'intervention militaire, tout dépend d'eux", a martelé M. Ouattara.

Le bloc ouest-africain n'écarte cependant pas la voie diplomatique pour rétablir M. Bazoum, le président élu renversé le 26 juillet, dans ses fonctions et détenu depuis.

A l'issue du sommet d'Abuja, le président du Nigeria Bola Tinubu, qui assure la présidence tournante de la Cedeao, a dit espérer "parvenir à une résolution pacifique", ajoutant qu'un recours à la force en "dernier ressort" n'était pas exclu.

Il avait déclaré quelques heures auparavant que la négociation avec le régime militaire au Niger devait être le "socle" de "l'approche" de l'organisation.

Et le président de la Commission de la Cedeao, Omar Touray, a lui réaffirmé "l'engagement continu à la restauration de l’ordre constitutionnel, à travers des moyens pacifiques".

La menace d'un recours à la force avait été brandie la première fois le 30 juillet lors d'un précédent sommet de la Cedeao: un ultimatum de sept jours avait été lancé aux militaires de Niamey pour rétablir le président Bazoum, sous peine d'intervention armée. Mais rien ne s'est passé à son expiration dimanche.

Les Etats-Unis soutiennent le «travail» de la Cedeao

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a déclaré jeudi que son pays soutenait l'action de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao) concernant le Niger, sans toutefois approuver explicitement la décision de déployer sa force.

"La Cedeao, une organisation qui rassemble les pays d'Afrique de l'Ouest, joue un rôle essentiel en démontrant la nécessité d'un retour à l'ordre constitutionnel et nous soutenons le leadership et le travail de la Cedeao dans ce domaine", a-t-il dit.

Nouveau gouvernement

Depuis, les nouveaux maîtres du Niger ont semblé fermés aux tentatives de négociations de la Cedeao.

Mardi, une délégation conjointe de la Cedeao, de l'Union africaine (UA) et des Nations unies avait tenté de se rendre à Niamey. En vain, les militaires leur barrant la route en invoquant des raisons de "sécurité".

Dans la nuit de mercredi à jeudi, les auteurs du coup d'Etat ont également annoncé la formation d'un nouveau gouvernement, quelques heures avant le début du sommet d'Abuja.

Le gouvernement formé à Niamey est dirigé par un Premier ministre civil, l'économiste Ali Mahaman Lamine Zeine, et comprend 20 ministres. Ceux de la Défense et de l'Intérieur sont des généraux du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) qui a pris le pouvoir, respectivement le général Salifou Mody et le général Mohamed Toumba.

L'annonce de sa formation confirme la détermination du régime militaire qui a renversé Mohamed Bazoum, et apparaît comme un signe de défiance à l'égard des dirigeants de la Cedeao.

Mais tous les pays d'Afrique de l'Ouest ne sont pas hostiles au nouveau pouvoir nigérien: le Mali et le Burkina Faso voisins, eux aussi dirigés par des militaires, ont affiché leur solidarité avec Niamey.

Ils ont même affirmé que si le pays était attaqué par la Cedeao, ce serait "une déclaration de guerre" pour eux.

Mardi, ils ont adressé des lettres conjointes à l'ONU et à l'UA en appelant à leur "responsabilité" pour empêcher "toute intervention militaire contre le Niger dont l'ampleur des conséquences sécuritaires et humanitaires serait imprévisible".

Du coup d'Etat à la décision de déployer une force

Coup d'Etat

Le 26 juillet 2023, des militaires annoncent avoir renversé le président Mohamed Bazoum, élu en 2021. Les institutions sont suspendues, les frontières fermées, un couvre-feu est instauré.

C'est le troisième pays du Sahel à connaître un coup d'Etat depuis 2020, après le Mali et le Burkina Faso, avec le soutien de l'armée et de manifestants.

La communauté internationale condamne le coup d'Etat, réclamant la libération de Bazoum.

Le 28, le général Abdourahamane Tiani, chef de la garde présidentielle, devient le nouvel homme fort du Niger, et justifie le coup d'Etat par "la dégradation de la situation sécuritaire".

Pressions internationales

Les jours suivants, plusieurs pays dont la France, ancienne puissance coloniale, suspendent leur aide au développement au Niger, un des pays les plus pauvres du monde malgré son uranium et son pétrole.

Le 29, l'Union africaine (UA) donne quinze jours pour le rétablissement de "l'autorité constitutionnelle", suivie le 30 par la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao), qui ordonne un blocus économique et fixe un ultimatum d'une semaine pour rétablir le président Bazoum, sous peine de "recours à la force".

Tensions avec Paris, évacuations

Le 30, Paris menace de répliquer à toute attaque contre ses ressortissants et ses intérêts, alors qu'une manifestation violente favorable aux militaires a ciblé son ambassade à Niamey.

Le 31, Paris dément les accusations nigériennes sur une intervention militaire.

Les juntes au pouvoir au Mali et au Burkina Faso préviennent qu'elles considéreraient une intervention militaire au Niger comme une "déclaration de guerre" contre leur propre pays.

A partir du 1er août, Paris puis Rome entament l'évacuation de plus d'un millier de leurs ressortissants et d'autres étrangers. Washington et Londres évacuent leur personnel non essentiel à l'ambassade de Niamey.

Le ton monte

Le 3, des milliers de manifestants favorables au coup manifestent calmement pour la fête de l'indépendance, certains brandissant des drapeaux russes.

La diffusion des médias France 24 et RFI au Niger est suspendue, puis le nouveau pouvoir dénonce les accords militaires avec Paris, qui compte 1.500 soldats au Niger dans le cadre de son dispositif anti-jihadiste au Sahel. Seules les "autorités nigériennes légitimes" sont en mesure de rompre ces accords, rétorque Paris.

Les militaires menacent 

Les militaires au pouvoir à Niamey préviennent qu'ils riposteront à "toute agression" de la Cedeao.

Le 4, le président Bazoum avertit que le Sahel pourrait passer sous "influence" de la Russie, via les mercenaires du groupe Wagner. Le Kremlin estime lui qu'une intervention de la communauté internationale ne résoudra pas la crise.

Le 5, les chefs d'état-major de la Cedeao annoncent avoir défini les contours d'une "éventuelle intervention militaire", y compris "la manière" et "le moment".

La Cedeao décide de déployer sa force -

Le 6, quelque 30.000 partisans du coup d'Etat se rassemblent dans un stade de Niamey.

Peu avant l'expiration de l'ultimatum ouest-africain, le régime militaire ferme l'espace aérien, qui avait été rouvert avec cinq pays.

Le 7, il nomme un Premier ministre civil, Ali Mahaman Lamine Zeine, puis il forme un gouvernement le 10, juste avant le début d'un sommet de la Cedeao à Abuja.

Soutiens occidentaux

A Niamey, jeudi après-midi, des centaines de manifestants se sont rassemblés dans la capitale pour scander des slogans hostiles à la France, aux Etats-Unis, considérés comme des "ennemis du Niger", avant de se disperser dans la soirée.

Dans ses efforts pour rétablir le président Bazoum, la Cedeao peut quant à elle compter sur le soutien des puissances occidentales, en premier lieu les Etats-Unis et la France qui avaient fait du Niger un pivot de leur dispositif dans la lutte contre les jihadistes armés qui sèment la mort dans un Sahel déstabilisé.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a redit sa préoccupation, exigeant la libération de Mohamed Bazoum et dénonçant "les déplorables conditions" dans lesquelles il vivrait avec sa famille".

Les nouveaux maîtres de Niamey considèrent la Cedeao comme une organisation "à la solde" de la France, ancienne puissance coloniale et alliée indéfectible du président Bazoum. Ils en ont fait leur cible principale depuis qu'ils ont pris le pouvoir.

Soutien total de Paris à la Cedeao

La France a exprimé jeudi soir un soutien total à la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao) qui a validé l'option militaire pour mettre fin au coup d'Etat au Niger tout en ménageant une ultime chance d'issue pacifique à la crise.

Paris soutient "l'ensemble des conclusions adoptées à l'occasion du sommet extraordinaire" de la Cedeao à Abuja, y compris la décision d'activer le déploiement d'une "force en attente", a signifié le ministère français des Affaires étrangères.


Au moins neuf morts dans l'accident d'un avion-cargo aux États-Unis

Au moins neuf personnes sont mortes dans l'accident d'un avion-cargo qui s'est écrasé mardi peu après son décollage de Louisville, dans le centre-est des Etats-Unis, a annoncé mercredi le gouverneur du Kentucky. (AFP)
Au moins neuf personnes sont mortes dans l'accident d'un avion-cargo qui s'est écrasé mardi peu après son décollage de Louisville, dans le centre-est des Etats-Unis, a annoncé mercredi le gouverneur du Kentucky. (AFP)
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  • "Kentucky, d'autres nouvelles déchirantes nous parviennent de Louisville. Le nombre de victimes s'élève désormais à au moins 9, et pourrait encore augmenter. En ce moment, ces familles ont besoin de prières, d'amour et de soutien"
  • L'accident a également fait au moins 11 blessés. Le gouverneur de l'Etat tiendra une conférence de presse à 11H30, heure locale (16H30 GMT)

WASHINGTON: Au moins neuf personnes sont mortes dans l'accident d'un avion-cargo qui s'est écrasé mardi peu après son décollage de Louisville, dans le centre-est des Etats-Unis, a annoncé mercredi le gouverneur du Kentucky.

"Kentucky, d'autres nouvelles déchirantes nous parviennent de Louisville. Le nombre de victimes s'élève désormais à au moins 9, et pourrait encore augmenter. En ce moment, ces familles ont besoin de prières, d'amour et de soutien", a écrit sur X le gouverneur de l'Etat, Andy Beshear.

L'accident a également fait au moins 11 blessés. Le gouverneur de l'Etat tiendra une conférence de presse à 11H30, heure locale (16H30 GMT).

Le vol UPS 2976, qui devait rejoindre Hawaï, "s'est écrasé vers 17H15 heure locale" (22H15 GMT) mardi, selon le régulateur américain de l'aviation, la FAA. L'appareil était un McDonnell Douglas MD-11.

L'avion avait "trois membres d'équipage à son bord", a déclaré dans un communiqué le transporteur UPS, dont le siège de la division aérienne est installé à Louisville.

L'appareil aurait percuté "de manière assez directe" une installation de recyclage de pétrole, a précisé le gouverneur.

Une vidéo amateur partagée par la chaîne locale WLKY montre le moteur gauche de l'avion en feu tandis que l'appareil rase le sol en tentant de décoller de la piste, avant visiblement d'exploser plus loin, provoquant un large panache de fumée noire.

L'appareil a terminé sa course à près de 5 km de l'aéroport, selon la police.

Des images aériennes de télévisions locales montraient aussi, peu après le crash, un large brasier s'étalant sur plusieurs centaines de mètres de long dans une zone de hangars et de parkings, avec les gyrophares des équipes de secours à proximité.

Les vols, annulés mardi soir, ont été rétablis à l'aéroport international Mohamed-Ali de Louisville, a annoncé mercredi matin sur X le maire de la ville, Craig Greenberg.

UPS a annoncé mercredi via un communiqué suspendre toutes les opérations de tri des colis sur place, pour la deuxième journée consécutive.

Louisville sert de principal hub aérien américain pour UPS, selon une fiche d'information de l'entreprise.

Paralysie budgétaire 

Les enquêteurs de l'Agence américaine de sécurité des transports (NTSB) doivent arriver mercredi sur place.

L'accident de mardi intervient au moment où les conséquences de la paralysie budgétaire, due à un désaccord entre républicains et démocrates au Congrès, se font particulièrement ressentir dans le domaine du transport aérien.

Depuis plusieurs semaines, des pénuries de contrôleurs aériens - qui travaillent depuis le 1er octobre sans être payés - entraînent retards et annulations de vols à travers le pays.

Si la paralysie budgétaire se prolonge au-delà de cette semaine, l'espace aérien américain pourrait même être partiellement fermé, a mis en garde mardi le ministre des Transports, Sean Duffy.

UPS Airlines, la division aérienne du groupe américain de messagerie et de livraison de colis, opérait début septembre une flotte d'environ 500 avions de transport de marchandises, dont 27 MD-11, l'appareil impliqué dans l'accident de mardi.

Le dernier accident aérien majeur aux Etats-Unis s'est produit le 29 janvier dernier à proximité de l'aéroport Ronald-Reagan de Washington, quand un hélicoptère militaire est entré en collision avec un avion de ligne sur le point d'atterrir, tuant 67 personnes au total.


Mamdani élu maire de New York, soirée de revers pour Trump

Le socialiste Zohran Mamdani a remporté mardi la mairie de New York au terme d'une soirée d'élections locales dans lesquelles Donald Trump a essuyé plusieurs revers, un message de défiance à un an des élections de mi-mandat. (AFP)
Le socialiste Zohran Mamdani a remporté mardi la mairie de New York au terme d'une soirée d'élections locales dans lesquelles Donald Trump a essuyé plusieurs revers, un message de défiance à un an des élections de mi-mandat. (AFP)
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  • L'élu local de 34 ans, opposant résolu au président américain, a largement devancé son principal adversaire, l'ancien gouverneur de l'Etat, le centriste Andrew Cuomo, selon les projections de plusieurs médias
  • Zohran Mamdani deviendra le 1er janvier le premier maire musulman de la plus grande ville des Etats-Unis

NEW YORK: Le socialiste Zohran Mamdani a remporté mardi la mairie de New York au terme d'une soirée d'élections locales dans lesquelles Donald Trump a essuyé plusieurs revers, un message de défiance à un an des élections de mi-mandat.

L'élu local de 34 ans, opposant résolu au président américain, a largement devancé son principal adversaire, l'ancien gouverneur de l'Etat, le centriste Andrew Cuomo, selon les projections de plusieurs médias.

Zohran Mamdani deviendra le 1er janvier le premier maire musulman de la plus grande ville des Etats-Unis.

Sa victoire a été accueillie par des cris de joie et parfois les larmes de ses partisans réunis dans une grande salle rococo des années 1920 du centre de Brooklyn.

"En cette période d'obscurité politique, New York sera la lumière", leur a lancé le jeune élu, ajoutant que la ville pouvait "montrer à une nation trahie par Donald Trump comment le vaincre".

L'ancien président démocrate Bill Clinton, dont M. Cuomo a fait partie de l'administration, a souhaité au vainqueur de "transformer l'élan de (sa) campagne" pour construire "un New York meilleur, plus juste et plus abordable".

"L'avenir s'annonce un peu meilleur", a commenté pour sa part Barack Obama, évoquant les différentes victoires démocrates de la soirée.

Participation record 

Donald Trump, qui a fait de Zohran Mamdani l'une de ses nouvelles bêtes noires, a lui aussi rapidement réagi. Dans un message publié sur son réseau Truth Social, il a cité des "sondeurs" anonymes affirmant que les défaites républicaines étaient dues à la paralysie budgétaire -- le  "shutdown" -- et au fait que son propre nom ne figurait pas sur les bulletins de vote.

Plus tôt dans la journée, il avait appelé les électeurs juifs à faire barrage au candidat, militant de la cause palestinienne. En réponse, Zohran Mamdani s'est de nouveau engagé, dans son discours de victoire, à "bâtir une mairie qui (...) ne faiblira pas dans la lutte contre le fléau de l'antisémitisme".

Vainqueur surprise de la primaire démocrate en juin, l'élu du Queens à l'Assemblée de l'Etat de New York n'a jamais, depuis lors, quitté la tête des sondages, même après le retrait de la course du maire sortant Eric Adams, qui a également appelé à le battre en ralliant Andrew Cuomo.

Signe de l'engouement pour le scrutin, avant la fermeture des bureaux de vote à 21H00, plus de deux millions d'électeurs s'étaient rendus aux urnes, la plus importante participation depuis près de 60 ans.

Né en Ouganda dans une famille d'intellectuels d'origine indienne, arrivé aux Etats-Unis à sept ans et naturalisé en 2018, Zohran Mamdani a fait de la lutte contre la vie chère le coeur de sa campagne.

Si Donald Trump l'a qualifié de "communiste", ses propositions -- encadrement des loyers, bus et crèches gratuits -- relèvent plutôt de la social-démocratie.

Autres victoires démocrates 

Très populaire auprès des jeunes, le futur maire a également ramené à lui de nombreuses personnes qui s'étaient éloignées de la politique, "des électeurs frustrés par le status quo, en quête de nouvelles personnalités", selon le politologue Costas Panagopoulos.

"Si Zohran Mamdani devient maire, Trump n'en fera qu'une bouchée", a prédit Andrew Cuomo avant le verdict mardi, insistant, comme il l'a fait durant toute la campagne, sur l'inexpérience de son adversaire.

Plusieurs fois, le président républicain a promis de mettre des bâtons dans les roues du jeune candidat démocrate s'il était élu, en s'opposant au besoin au versement de certaines subventions fédérales à la ville.

Voisin de New York, l'Etat du New Jersey a choisi la démocrate Mikie Sherrill contre l'homme d'affaires républicain Jack Ciattarelli. L'Etat a longtemps été considéré comme un bastion démocrate. Mais à la dernière présidentielle, Donald Trump y avait considérablement réduit l'écart.

Plus au sud sur la côte est, la Virginie a élu la première femme à sa tête, la démocrate Abigail Spanberger, battant la républicaine Winsome Earle-Sears.

Enfin, les Californiens ont approuvé un texte visant à redécouper leur carte électorale en faveur des démocrates, qui cherchent à compenser ce qu'ont fait au Texas les républicains sous la pression de Donald Trump.


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".