Au moins 93 morts dans les incendies à Hawaï, les autorités très critiquées

Un incendie de forêt à Lahaina, le 9 août 2023 (AFP).
Un incendie de forêt à Lahaina, le 9 août 2023 (AFP).
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Publié le Dimanche 13 août 2023

Au moins 93 morts dans les incendies à Hawaï, les autorités très critiquées

  • Les habitants, encore sous le choc, ont commencé à constater l'étendue des dégâts à Lahaina, une cité balnéaire de 13 000 habitants quasiment réduite à néant
  • Comme les habitants, la justice cherche à comprendre comment le drame a pu prendre de telles proportions : une enquête a été ouverte sur la gestion de la crise par les autorités

LAHAINA: Au moins 93 personnes sont mortes dans les incendies qui ont ravagé Maui, une île de l'archipel de Hawaï, selon un nouveau bilan du désastre dont la gestion est âprement critiquée.

Le comté de Maui a annoncé samedi soir ce nouveau bilan (dimanche en heure GMT, Hawai étant sur le fuseau GMT-10), bien au-delà des conséquences humaines de la dernière grande catastrophe naturelle dans cet Etat américain, le tsunami de 1960 qui avait fait 61 morts sur l'île d'Hawaï.

Les habitants, encore sous le choc, ont commencé à constater l'étendue des dégâts à Lahaina, une cité balnéaire de 13 000 habitants quasiment réduite à néant.

"Ça a tout pris, tout! Ça me brise le coeur", se désole Anthony Garcia, 80 ans, installé dans la ville depuis une trentaine d'années.

Autour, les survivants remuent les cendres dans l'espoir de retrouver photos ou objets.

Un majestueux figuier des banians, attraction touristique, a été léché par les flammes mais semble avoir survécu. Il se dresse, désormais solitaire, au milieu des ruines.

Comme les habitants, la justice cherche à comprendre comment le drame a pu prendre de telles proportions : une enquête a été ouverte sur la gestion de la crise par les autorités.

Leur communication pendant le drame est en question. Des habitants ont souligné auprès de l'AFP n'avoir ont pu compter que sur le "réseau noix de coco" - le bouche-à-oreille. Une femme, Vilma Reed, a raconté "avoir  découvert qu'il y avait le feu quand il était en face" de sa maison - partie en fumée.

Maui a subi de nombreuses coupures de courant pendant la crise et le numéro d'urgence 911 a cessé de fonctionner dans certaines parties de l'île, tandis que les sirènes d'alerte aux incendies n'ont pas été actionnées.

Les alertes, habituellement transmises par téléphone, n'ont pas pu être reçues car "il n'y avait pas de réseau" et "clairement, nous n'avons pas prévu de solutions de secours pour assurer la sécurité des habitants", a admis samedi Jill Tokuda, une élue démocrate de Hawaï.

"Nous avons sous-estimé la dangerosité et la rapidité du feu", a-t-elle regretté.

L'île n'a sans doute pas fini de compter ses morts. Seule une petite partie de la zone incendiée a été fouillée, selon le chef de la police John Pelletier.

Et seules deux victimes de ce brasier, qui a fait fondre les objets en métal, ont pu être identifiées, a-t-il aussi dit.

Les Etats-Unis n'avaient pas connu de feux aussi meurtriers depuis "Camp Fire", un incendie en Californie qui avait détruit la petite ville de Paradise et tué 86 personnes en 2018.

Condoléances et solidarité de la France

La France a présenté samedi ses condoléances aux familles et aux proches des victimes du terrible incendie qui a ravagé l'île de Maui, dans l'archipel américain de Hawaï.

"La France exprime ses condoléances aux familles des victimes et à leurs proches, ainsi que toute sa solidarité avec le gouverneur Josh Green et aux habitants de l'île de Maui dans l'État de Hawaï, ravagé par les incendies et où les évacuations se poursuivent", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

5,52 milliards de dollars

Quelque 2 207 bâtiments, majoritairement résidentiels, ont été détruits ou endommagés, selon l'agence fédérale chargée de la réponse aux catastrophes naturelles (Fema).

Rien que pour l'incendie de Lahaina, le coût de la reconstruction est estimé à 5,52 milliards de dollars.

Le feu a été "incroyablement dévastateur", selon Jeremy Greenberg, un responsable de la Fema interviewé sur MSNBC. "Ces types d'incendies peuvent se propager sur une distance équivalente à un terrain de football américain en 20 secondes ou moins."

Les pompiers ont dû lutter contre de multiples brasiers simultanés et alimentés par des vents violents, eux-mêmes nourris par la force de l'ouragan Dora.

Face à la vitesse de la progression des flammes, et un incendie "aussi intense que l'enfer", selon un rescapé, Ekolu Brayden Hoapili, la population de Lahaina a dû fuir sans se retourner, parfois même en se jetant dans l'océan pour s'en échapper.

Samedi soir les pompiers continuaient à lutter contre un autre incendie dans une région montagneuse de l'île.

Ce désastre intervient au milieu d'un été marqué par une série d'événements météorologiques extrêmes partout sur la planète, dont une vague de chaleur intense dans le sud des Etats-Unis et des mégafeux de forêt au Canada, des phénomènes liés au réchauffement climatique selon les experts.

Ils se sont propagés d'autant plus facilement que la partie ouest de Maui, où se trouve Lahaina, subit actuellement une sécheresse "sévère" à "modérée", selon le US Drought Monitor.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com